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| Joël Pourbaix | |
| | Auteur | Message |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Joël Pourbaix Jeu 18 Fév 2016 - 6:12 | |
| Pendant longtemps, j'ai tergiversé. Joël Pourbaix constitue l'un des sommets, avec Denise Desautels, de ce qui s'écrit dans le domaine de la poésie en prose au Québec. Né à Montréal le 2 juin 1958 d'un père belge et d'une mère luxembourgeoise, Joël Pourbaix a écrit une oeuvre qui s'échelonne depuis les années 1980 sans trop faire de bruit. Il vient de gagner le prix du Gouverneur général pour Le mal du pays est un art oublié (2014). La genèse de cette oeuvre s'inscrit sous le signe d'une rébellion. Thierry Bissonnette - aussi connu sous le nom de Thierry Dimanche - a signé en 2007 pour la revue Nuit blanche le compte-rendu d'une entrevue qu'il avait réalisée avec Joël Pourbaix. Je ne saurais pas mieux faire que vous conseiller à lire le compte-rendu de cette entrevue qui explique bien le parcours de Joël Pourbaix qui a beaucoup voyagé, les métamorphoses de son rapport à l'écriture et les influences qu'il a assumées ( Joyce et Pessoa). Voici la bibliographie de son oeuvre : - Citation :
- Séquences initiales (1980)
Sous les débris du réel (1985) Vous oublierez de nous séduire (1986) Dans les plis de l'écriture (1987) Passage mexicain (1989) Le Simple geste d'exister (1989) Voyages d'un ermite et autres révoltes (1992) La survie des éblouissements (1994) On ne naît jamais chez soi (1996) Les enfants de Mélusine (1999) Disparaître n'est pas tout (2001) Labyrinthe 5 (2003) Les morts de l'infini (2005) Dictature de la solitude (2008) Le mal du pays est un art oublié (2014) En guise d'introduction à son univers particulier, je vais vous citer un passage de Voyages d'un ermite et autres révoltes. Avant de le citer, je vous dirai que Joël Pourbaix gagne sa vie à la tête d'un regroupement des commerçants et boutiques de la rue Saint-Denis à la hauteur du Plateau-Mont-Royal. Il faut bien gagner sa vie après tout... - Joël Pourbaix, Voyages d'un ermite et autres révoltes, 1992, Montréal : Noroît/Ubacs, coll. «Résonance», p. 80. a écrit:
- Se souvenir de ce qui n'existe pas? L'âme erre, veut goûter au sel des lointaines visions. L'enfant s'enferme seul, il se sait seul, si proche maintenant de la sensation. Ne rien faire, je n'ai qu'un seul corps. Pas celui qui naît, pas celui qui meurt, pas celui qui renaît sous le joug de ses actes anciens. Je n'ai qu'un seul corps.
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| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Joël Pourbaix Jeu 18 Fév 2016 - 6:47 | |
| On ne naît jamais chez soi (1996) : Joël Pourbaix est un habitué de la maison d'édition du Noroît. Nous y retrouvons plusieurs poètes en prose assez accomplis tout comme nous pouvons en trouver par exemple aux Herbes rouges. Dans ce recueil, il est question d'une «aventure amoureuse». Ce n'est pas le seul thème. Plus je lis Joël Pourbaix et en m'appuyant sur l'entrevue de Thierry Bissonnette alias Thierry Dimanche, je me rends compte que la posture de Pourbaix a tout d'une ascèse. Nous pouvons le constater au fil des lectures successives. Dans On ne naît jamais chez soi, Joël Pourbaix décrit les rues et les paysages en plus des nostalgies perdues. Cet univers ne m'est pas si étranger... sauf que Pourbaix n'a rien du regard du Québécois typique... - Joël Pourbaix, On ne naît jamais chez soi, 1996, Montréal : Noroît, p. 27. a écrit:
- Adieux perdus sous les roues du taxi
la goulée d'air ne vient pas incrédule gardien de mon rythme j'enjambe Ontario Rachel Laurier la borne moussue du viaduc m'arrête sur la joue grésille l'étincelle salée ton odeur n'a rien d'un souvenir lien sans noeud lien nu - Ibid., p. 30. a écrit:
- J'observe les arbres cerclés de fer
un érable maigre me retient son désert me raconte d'autres déserts milliards d'événements loin de l'humain forêts ouvrant leurs bras à la foudre tornades incendies tremblements de feuilles ont-ils besoin de moi Je vous disais plus tôt que Joël Pourbaix écrivait de la poésie en prose. Voici un exemple de ce qu'il écrit en prose : - Ibid., p. 62. a écrit:
- Dès mon retour, je traduis les paroles de la
Rousse, déformées et trahies bien sûr. Écrire désobéit toujours. Je ne t'ai rien dévoilé de cette rencontre, Juliette, mais je griffonne à côté de toi; cette chambre d'un jour protège le passage des mots. Sur le mur la reproduc- tion d'un Cézanne, grosses pommes au bord d'un gouffre que la nappe plisse. Touche après touche, la saisie de l'objet a fixé l'élan d'une disparition. La sphère des pommes insiste, se détache, baigne en cette lumière des doigts; les courbes de ton corps n'en finissent pas de commencer. Comme vous voyez, Pourbaix privilégie le sensuel dans ses descriptions. Il peut à l'occasion se montrer plus dramatique : - Ibid., p. 81. a écrit:
- Sur le fil du mur une femme
elle n'est pas d'ici et n'a pas d'ailleurs des voyelles transparentes voltigent épuisent leur mélopée la détresse bave au bas des joues une chose plus terrible que la peur ses bras battent l'air il n'y a plus d'air le vide crispé la corde claque dernière danse au-dessus du sol silhouette grise pendue ma mère ma vierge ma violée l'amande des yeux ouverts sur l'ouvert Revenons sur les entrefaites de ce que je qualifierais à décrire de démarche ascétique dans l'écriture de Pourbaix : - Ibid., p. 84. a écrit:
- Sarcle bêche tond désherbe
sème arrose étête arrache cueille creuse élague jamais seule toujours seule la prière des gestes que des rêves versés en actes devenir chose parmi les choses faire accueil à l'indifférence la loi du sol décompose tes oeuvres une plante t'apprend à lui survivre
la mince lame de l'éveil elle traverse le chaos du coeur le jardinier quitte toujours son jardin J'ai eu beaucoup de plaisir à lire le recueil. Il faut savoir y revenir de façon constante, alterner les temps de lecture et digérer ce qu'il nous évoque. Cette prose est si riche à travers la poésie qui transperce son propos. | |
| | | | Joël Pourbaix | |
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