Joël Egloff, écrivain français, est né en 1970... clic
Edmond Ganglion & fils (1999)
Les Ensoleillés (2000)
L'Étourdissement (2004)
L'Homme que l'on prenait pour un autre (2008)
L'ÉTOURDISSEMENT Une crêpe, ce livre.
De mémoire, 100 pages au maximum. De ces volumes fins dont on fait trop vite le tour, alors que des pavés de 600 pages moins raffinés prennent une place de pacha dans nos rayons.
A
L'Etourdissement, il n'y a rien à ajouter.
D’ailleurs si Ben devait en faire un commentaire il écrirait sûrement à la craie blanche sur son ardoise :
- Citation :
- « J’ai rien à dire »
Ou bien il laisserait l’ardoise vide. Toute noirte.
Parce que dès fois, ce qu’on lit a l’air tellement juste, que c’est vraiment pas la peine d’en rajouter.
Certains diront que l'histoire est terriblement triste mais moi j’ai gardé le sourire tout du long.
Certains encore prétendront qu’un paysage dégueu comme ça, avec des dimanches de merde comme ça, ça ne valait pas la peine d’en faire un roman, encore moins un prix du
Livre Inter.
Mais pour ceux qui ont le sens de la métaphore et qui ont eu un papa qui rentrait tard le soir après avoir tout donné sur sa chaîne d’exploitation, ça crèvera les yeux qu’il y a une recherche du temps perdu pour tout le monde.
Chaque bref chapitre vient faire le ménage dans l'étendue complexe de nos neurones. Il est loin du minimalisme, Egloff. Il faut juste regarder ce qu'on voit pour faire le tour et tant pis pour ceux qui n'y verront rien.
Ne comptez pas sur moi pour vous faire un résumé conforme.
Un ciel égloffien reste suspendu longtemps au-dessus de la perception métaphorique que je me fais de cette
rivière-qui-mousse.
Parce que, ces poissons irradiés et sans écaille, s’ils se précipitent d’eaux-mêmes, suicidaires et déprimés, sur les hameçons des pêcheurs dominicaux (ouvriers de la semaine), "
pour se tirer d'ici"
coûte que coûte tellement c'est effroyable pour eux d’essayer de nager dans nos eaux polluées, ces poissons-là pourraient bien ressembler aux enfants pauvres du monde riche. Cette portion du monde qui s’est grassement débarrassé de ses gazes polluants dans le cours d’eau des banlieues.
Un peu comme on avait relégué à la fin du 19e sur le 93 les usines chimiques parce qu’il n’y avait aucun risque que le vent n’en renvoie les effluves sur les beaux quartiers de Paris…
Chez l’Egloff de
L’Etourdissement, il y a des zones comme ça, en France profonde et aussi dans les replis de notre cœur, que le soleil n'atteint pas. Alors quand un enfant du pays qui ne part jamais en vacances s'en fait le narrateur pour nous en ouvrir les portes, il faut être là pour passer.
Je sais que j'aime un livre lorsque mon rythme de lecture subit ce genre de retournement : le rythme interne, habituel et rapide, se brise pour laisser place à un ralentissement. Le ralentissement qui sied à la lecture à voix haute.
La lecture, ici, c'est : avoir à saisir le bonheur qui passe au carrefour de la déchetterie, de l'usine d'équarrissage, de la
rivière-qui-mousse et du chemin de randonnée inventorié à l'office de tourisme de la place du village. Sur le dépliant il n’est pas spécifié que le chemin est pavé de pneus crevés, de matelas dépecés et de vieilles gazinières rouillées.