jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Annie Lafleur Lun 30 Mai 2016 - 9:37 | |
| Annie Lafleur est née en 1980. À l'instar de Marjolaine Deschênes, ça m'a pris un second recueil pour apprécier la démarche d' Annie Lafleur. Je n'étais pas au bout de mes surprises. Ce n'est peut-être pas grand chose, mais j'ai apprécié la lecture d'un article dans Le Devoir signé de sa propre main et intitulé «Marie dans les arbres», article qui revient sur sa connaissance intime de l'oeuvre de Marie Uguay. nous pouvons retrouver l'article ici : http://www.ledevoir.com/culture/livres/439479/marie-dans-les-arbres. La poétesse a une formation multidisciplinaire dans la mesure où elle s'intéresse à plusieurs formes d'art. Elle sort - ou a sorti - avec un cinéaste liégeois. Jusqu'à ce jour, Annie Lafleur a publié trois recueils de poésie. Oeuvres - Prolégomènes à mon géant, 2007 - Handkerchief, 2009 - Rosebud, 2013 | |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
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| Sujet: Re: Annie Lafleur Lun 30 Mai 2016 - 10:15 | |
| Handkerchief (2013) : J'ai enfin l'occasion de vous entretenir à propos d'un livre de la maison d'édition Le lézard amoureux. Je m'aperçois que j'ai oublié de vous en parler dans mon dernier classement des maisons d'édition de poésie québécoises. Thierry Dimanche a fondé la maison d'édition. Handkerchief est un recueil de poésie à la démarche rustique qui témoigne par son côté costaud de la profondeur de la démarche poétique d' Annie Lafleur. Rosebud m'avait laissé mi-figue-mi-raisin dans un premier temps... Handkerchief a une structure complexe. Je vous dirais qu'il y a une partie cryptique. Nous pouvons apprendre à la décoder quand nous prenons connaissance de ses interventions au fil du temps. Tout d'une coulée, le premier extrait en impose : - Annie Lafleur, Handkerchief, 2009, Québec : Le Lézard amoureux, p. 12. a écrit:
- Ton atelier faiblit
sur la ville qu'impose la vue quand on entre par le cirage des dieux en blocs s'alignent sur nous
or le spectacle maintient son clignotement au bord et tombe comme le matin évité du chauffeur
des débris pointent fort sans avoir vu le ciel mégalithe obéit aux métaux de la rue
maintenant que j'y suis vers le haut entassé le capot repose sur toi les barils de l'Atlantique frôlent à faire comme toi le grand feu gruge la foule illuminée et tuée Je pense que l'extrait qui suit se passe de commentaires et doit se contenter d'être lu : - Ibid., p. 17. a écrit:
- Crachin anormal embellit
ta beauté crémage ferreux sérieuse éclairée anatomique plus crue que toi les chaînes hissent la sculpture à tes pieds
le crâne du faucon en cadran sur ta main sa proie aiguisée attache dorsale tu bourriques l'omoplate sous l'ovale dort pierre dort déviée
pend l'animal chimique le grain conique interminable cri du rock
nirvana écarté et fou de fluor le minéral noir décoré visqueux en son socle que je lèche ce soir
la ville laisse fondre sa cire sur ton corps neuf Schématiquement : - Ibid., p. 36. a écrit:
- XV.
La finalité qu'en clôture aurait été invisible tailler la cime des pendus prendre leur tête l'amener plus haut
XVI. Ton atelier retrouve les papiers Hollande en fumant les craques d'identité on s'est éveillé, façonné
prière de contrebande, fiévreux le glacier soulève ton menton et un sourire pour finir, Hamlet Veut, veut pas, Annie Lafleur a le sens du tabloïd : - Ibid., p. 64. a écrit:
- Repousser les kodaks au bord
pour gaver l'écho récent des toupies cassées contre les flashs du ciment
renflement des images cannées de rares crises en pépites distraction Voici un extrait que j'apprécie particulièrement : - Ibid., p. 68. a écrit:
- Sourire costaud, sorte d'empire de joie
une comète moulante du Christ notée au bas, des king lignés sans voiture toi dans cet édit de gifles dont les portes automatiques traînent, épatent
plusieurs qu'à trembler dans, l'encore dramatique récolte, outres qui te font boire n'importe quoi
reconnus dans la gravure des êtres sans char, devant leur nouveau dieu À la fin du recueil, la poésie se resserre de plus en plus : - Ibid., p. 78. a écrit:
- La nef de ton appartement s'agrandit
et l'astérisque au-dessus nous renvoie au château habité d'échos précis plus que ta voix ramastique Le coup de grâce : - Ibid., p. 84. a écrit:
- Le ventilateur a lâché ses hélices sur mon visage
personne n'a parlé de la fenêtre napolitaine en paysan étoilé le beau sourire de l'hyène
l'oxygène du passé reviendra sur ta selle revivre Annie Lafleur m'a convaincu à la lumière de ce recueil qu'il fallait que je la lise inlassablement. Heureusement, il y a tant de poètes avec qui partager sa solitude de poète. | |
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