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| Philip K. Dick | |
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Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Philip K. Dick Dim 9 Déc 2012 - 13:43 | |
| merci. on verra ce qui se présente(je n'ai pas vu tant de sf que ça, ça aidera peut-être...). | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Philip K. Dick Ven 21 Déc 2012 - 12:00 | |
| loterie solaire (publié en 1955) En 1944, deux scientifiques (von Neumann et Morgenstern) imaginent la théorie des jeux pour expliquer les lois sociales, stratégiques, économiques et militaires qui régissent les relations humaines. Partant du postulat que la théorie des jeux pourrait être applicable à un gouvernement, P. K. Dick imagine un monde dans lequel le dirigeant suprême serait tiré au sort. Irrationnel. Dangereux. Impossible. Réfléchissons : si on part du principe que la personne éligible au jeu est une personne qui possède une carte d'électeur, on peut sans trop se poser de question estimer que cette personne capable de voter pour des idées est également capable de les défendre ou de les réaliser. En donnant ma voix à un élu, je le fais parler pour moi, sous-entendu je pourrais parler à sa place, défendre mes idées… etc… ce qui tout à coup n'est plus complètement irrationnel. D'ailleurs, allez voir la manière dont les Islandais tentent de gérer autrement l'idée de la démocratie, et vous serez sans doute surpris par la volonté d'implication et de participation de chacun. Mais je suis tout à fait hors du sujet. Revenons à P. K. Dick. Donc le Meneur de Jeu est choisi par hasard (un tirage au sort qui se produit de manière aléatoire), du jour au lendemain n'importe qui peut se retrouver Meneur et être destituer n'importe quand. C'est la première règle. Le n'importe qui fait peur ? Un tyran, un imbécile, un dément pourraient diriger l'univers… non, car il y a une seconde règle (plus étrange encore) censée réguler cette difficulté : la Convention lance un Défi, ce défi consiste à désigner parmi des volontaires un assassin qui va chercher par tous les moyens à abattre le Meneur… Donc si le Meneur est malin il peut s'en tirer, sinon il est remplacé par son assassin… qui lui est un gros malin… Bon. Voilà nous avons donc une histoire de Meneur, d'assassin et d'ancien Meneur qui désire par tous les moyens reprendre sa place. Télépathie, conspiration, politique, jeu de dupes, hasard, combinaisons aléatoires sont au rendez-vous pour pimenter le tout (on pense à Minority Report ou Blade runner). Le livre est bien écrit, l'affaire rondement menée mais finalement plus le livre avance et plus j'ai eu l'impression d'assister à une mise en pratique un peu stérile de la théorie des jeux… Une histoire un peu désincarnée, même si certaines scènes sont attachantes, il manque un tout petit supplément d'action ou d'empathie pour totalement adhérer au texte, un brin de folie, d'emballement aurait été bienvenu . Loin de certains excès de certaines théories politiques, il se dégage du texte une tranquille naïveté face au pouvoir et le personnage de Ted Bentheley (le sauveur) honnête homme, attaché aux 'bonnes' règles semble un peu abstrait, un peu trop brute épaisse pour être crédible. Une manière plaisante sans être renversante d'entrée par la petite porte dans l'univers de Dick. | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: Philip K. Dick Jeu 10 Jan 2013 - 19:22 | |
| Le guérisseur de cathédrales
Ils sont tous venus de différents univers, ayant quitté leur monde sinistre pour réaliser ensemble une oeuvre magnifique : remettre en état une cathédrale engloutie. Tout ça pour une somme d'argent importante, et surtout pour avoir enfin une occupation qui correspond à leur passion. C'est ainsi que Joe, qui répare les céramiques, a rejoint le groupe et espère connaître ainsi une nouvelle dimension dans sa vie si triste. Je ne sais pas trop comment exprimer mon ressenti après la lecture de ce livre. J'ai eu l'impression que l'action venait juste de se mettre en place et qu'on arrivait déjà à la fin. J'aurais préféré qu'on voie davantage les personnages travaillant sur la cathédrale, ce que le titre laissait espérer. En fait, tout se passe en préambule à la découverte du monument englouti, et des efforts fournis pour le remettre sur la terre. Il y a de bons moments, quand le robot philosophe sur Faust ou que le bivalve se met à raconter une histoire drôle à laquelle personne ne comprend rien... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Ven 18 Jan 2013 - 20:34 | |
| Ubik (1966) Ubik –le livre- s’est engagé vers le futur dès lors qu’il fut publié… Pas besoin d’ Ubik –le remède miracle multiforme, qui s’adapte aux évolutions de la société au cours des décennies qu’elle traverse- pour le préserver de cette forme de régression inéluctable qui s’attaque à ses personnages. Ubik est intemporel. Publié en 1966, il invente le monde de 1992, tel que l’imaginait Philip K. Dick, et tel que nous l’attribuerions nous, plutôt, à un monde futuriste qui correspondrait mieux aux siècles à venir. Après une explosion survenue sur la Lune, les rescapés de la mission expérimentent encore un nouveau rapport au temps… Autour d’eux, des éléments infimes semblent se recourber dans un mouvement involutif –une dégénérescence ? une régression ?- et le passé redevient présent. Les personnages découvrent progressivement les années passées ; puis le mouvement s’accélère…de 1969, voici que les dates de publication des journaux indiquent 1939… Le temps semble s’effriter entre les doigts des personnages, et si l’expression peut nous sembler seulement métaphorique, elle représente pour eux une vérité bien tangible. Il suffit de cesser un instant de fixer un objet pour que, la seconde suivante, il n’existe plus sous la même forme ; il suffit de se laisser distraire par une parole pour que l’objet qu’on tenait en main ait régressé vers son niveau inférieur –ainsi passerait-on aujourd’hui de nos tablettes tactiles aux premiers calculateurs. Les bâtiments disparaissent, les routes se perdent, tout est sans cesse reconfiguré. Se posent alors de nombreuses questions : que va devenir le corps, lui aussi pris au piège de ce jeu de la régression ? puisque tout semble cesser d’exister dès lors que je détourne le regard, qu’est-ce que la réalité ? existe-t-elle hors de moi, ou est-elle contenue en moi ? Ce retour en l’an de grâce de 1939 peut-il s’apparenter à un voyage dans le temps ? Ou s’agit-il du déroulement d’un jour de 1939 qui n’a jamais existé, et qui découle seulement de l’aspect régressif de la journée de 1992 qui aurait normalement dû se dérouler ? « Ce n’est pas l’univers qui est enseveli sous des linceuls de vent, de froid, de ténèbres et de glace ; tout se passe à l’intérieur de moi, et pourtant il me semble que je le vois de l’extérieur. […] Le monde entier est-il contenu en moi ? Est-il englobé par mon corps ? Quand cela s’est-il produit ? Ce doit être le signe que je vais mourir, se dit-il. Cette sensation d’incertitude, ce ralentissement dû à l’entropie… »
Devant toutes ces incertitudes, face à ce flot de questions qui embourbent les personnages en même temps qu’ils essaient de répondre aux sollicitations contradictoires des hommes et des objets qui les entourent, ne demeure plus qu’une seule constante : le remède Ubik :
« Ubik instantané possède tout l’arôme du café filtre fraîchement moulu. Votre mari vous dira : « Chérie, je trouvais ton café comme ci comme ça ; mais maintenant… miam, quel régal ! » Sans danger si l’on se conforme au mode d’emploi. » Ubik dans chaque publicité, sur chaque affiche, dans la bouche de chaque commerçant… Ubik revient sans cesse et l’on se demande pourquoi. Menaçant, il donne l’impression de vouloir s’imposer à des personnages déjà sérieusement atteints par la régression temporelle qu’ils connaissent par ailleurs. Surtout, à travers Ubik, Glen Runciter, le chef de mission qui a trouvé la mort lors de l’exploration lunaire, semble vouloir adresser un message à ses anciens sous-fifres. Le message, monstrueux, déformé, prend des allures de cauchemar à travers les expériences que vivent les « rescapés ». Ici, l’écriture de Philip K. Dick se montre magistrale à décrire les intempéries corporelles comme autant de ballets organiques incontrôlables, soumis à un mécanisme qui laisse la part belle à l’improvisation, et qui est d’autant plus effrayant qu’il peut provoquer la mort d’un instant à l’autre. Mais ces sensations excèdent le corps humain et s’ouvrent sur les espaces infinis de l’Univers –un paysage qui, sur le plan macroscopique, est aussi effrayant que la carte microscopique de nos êtres cellulaires :
« Il prenait maintenant conscience d’une sensation de froid insidieuse, suintante, qui avait commencé à l’envahir auparavant sans qu’il se souvienne à quel moment –à le submerger en même temps que le monde alentour. Cela lui rappelait leurs dernières minutes sur la Lune. Le froid altérait la surface des objets ; il les déformait, s’amoncelait sur eux en provoquant une explosion de bulles qui chuintaient avant d’éclater. Et, aspiré à travers les trous béants de ces crevaisons, il s’insinuait jusqu’au cœur des choses, jusqu’au noyau qui leur donnait la vie. Al avait maintenant sous les yeux un désert de glace hérissé de roches dénudées. Un vent soufflait sur cette plaine gelée en quoi s’était transformée la réalité ; le vent accentuait la glaciation, et la plupart des roches se mettaient à disparaître. »
S’il n’est pas toujours facile de suivre Philip K. Dick parce que son imagination très personnelle, proche du délire et du mécanisme onirique, risque de perdre le lecteur trop peu attentif au détour d’une contorsion narrative, la récompense pour s’être accroché, pour avoir voulu comprendre, avec ses personnages, quelles explications appliquer à un monde douloureux et absurde, vaudra toutes les incertitudes précédemment infligées. Philip K. Dick n’épargne pas ses personnages ; il n’épargne pas non plus ses lecteurs, et lorsque les premiers semblent tanguer le long d’un gouffre abyssal, les seconds se battent aussi pour ne pas perdre pied dans un univers fascinant qui amène à se poser sans cesse de nouvelles questions… Et quand bien même on croirait s’être enfin sorti de la menace de l’incertitude, se mettant d’accord sur un consensus explicatif qui semble rationnel, jetant les armes et voulant dire à Philip K. Dick : « Fous-nous la paix avec ta paranoïa ! », l’écrivain, plus fourbe que jamais, s’amuse une dernière fois à ébranler tout l’édifice explicatif qu’il venait pourtant consciencieusement de construire… Petit florilège de couvertures... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Ven 18 Jan 2013 - 20:45 | |
| - Aaliz a écrit:
J’ai été bluffée par ce roman, par son étrangeté, sa richesse et sa cohérence, par son côté absurde qui m’a rappelé l’univers de Boris Vian. D’ailleurs, le style aussi et la liberté de ton m’ont rappelé Boris Vian également. Boris Vian ?! Je n'y aurais pas pensé, tiens ! en beaucoup moins optimiste, alors... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Philip K. Dick Dim 20 Jan 2013 - 18:56 | |
| La brèche dans l'espace
Ecrit en 1966, ce court roman est avant tout une réflexion politique : imaginez qu'à la fin du XXIème siècle, l'Amérique s'apprête à élire un président noir, imaginez que la terre soit surpeuplée et que (en gros) tous les chômeurs, les miséreux et les malheureux (auxquels on a interdit le recours au suicide) se soient fait cryogéniser et qu'ils attendent la découverte d'une nouvelle planète à coloniser.
Bien sur, un type découvre par hasard (à cause d'un défaut de matériel) une planète et bien sur les choses ne vont pas exactement se passer comme espérées…
Un livre léger, très léger, peuplé de personnages sans relief, parfois mus par des réactions assez aléatoires, voir incompréhensibles, des ingérences bizarres du politique dans la sphère du privé (mais doit-on encore s'en étonner)… Un livre passablement décousu et même si l'idée centrale est assez intéressante, le traitement reste un brin frivole.
Le prochain sera du lourd ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Dim 20 Jan 2013 - 22:01 | |
| Déjà des idées pour le prochain, donc ? (histoire que ça m'en donne aussi !) | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Philip K. Dick Mar 22 Jan 2013 - 20:15 | |
| - colimasson a écrit:
- Déjà des idées pour le prochain, donc ? (histoire que ça m'en donne aussi !)
je comptais lire Ubik en raison de ton commentaire et des conseils d'eXPie... rien d'original, du coup... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Jeu 24 Jan 2013 - 21:57 | |
| Ah oui, j'aimerais bien savoir ce que tu vas en penser ! Bon, pour ma part j'ai une anthologie avec une bonne dizaine de romans de l'auteur donc je vais choisir le prochain un au titre qui m'inspire le plus... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Mar 5 Mar 2013 - 16:38 | |
| Les Clans de la Lune Alphane (1964) A la surface de la Lune Alphane vivent des individus séparés à l’intérieur de différents clans : il peut s’agir du clan Manse, Heeb, Pare ou Dep. Si la mention de ces catégories ne vous évoque rien, c’est parce que ces dénominations ont justement été choisies afin de dissimuler une certaine vérité. Que diriez-vous si je vous apprenais qu’aujourd’hui même, sur notre planète Terre, de tels individus vivent –librement ou sous contrôle des hôpitaux psychiatrique- et font partie intégrante de notre quotidien ? Peut-être êtes-vous d’ailleurs l’un des leurs… En tout cas, certains d’entre eux ont laissé une trace historique sur le parcours de l’humanité : Adolf Hitler était un Pare –paranoïaque dépassé par des visions de destruction le visant en premier lieu- ; Léonard de Vinci était un Manse –maniaque à l’intellect et à la perversité débordants- ; et combien compte-t-on de Dep –dépressifs- et de Heebs –psychotiques aux visions hallucinées ? Les terriens imaginés par Philip K. Dick dans ce roman ont trouvé un bon moyen de se débarrasser du poids morts de ces individus. Profitant de l’acquisition de la Lune Alphane, ils décident d’en faire un gigantesque hôpital psychiatrique et d’y déporter tous les malades mentaux diagnostiqués par l’institution médicale. Le système fonctionne quelque temps mais, suite à une guerre qui oppose les terriens aux insectoïdes d’Alpha, le personnel se fait la malle et laisse les déments livrés à eux-mêmes. Une nouvelle société s’organise. Les terriens, un peu dépassés, regrettent d’avoir filé si vite de cette Lune finalement pas si inintéressante qu’elle ne le paraissait… et ils organisent une nouvelle mission pour en reprendre possession. Expliquer l’intrigue des Clans de la Lune Alphane dans ses moindres détails relèverait de la gageure. Philip K. Dick est un Manse, qu’on n’en doute pas. Et sans doute partage-t-il également des traits communs avec les Heebs. Son écriture traduit un monde fantasmagorique qui se déroule certainement sans anicroche dans son esprit. En tout cas, il ne lui semble pas utile d’approfondir et de définir la quasi-totalité des néologismes qui parsèment le texte. Et si les difficultés ne relevaient que du vocabulaire… mais Philip K. Dick nous laisse également nous débrouiller pour comprendre sur quelle planète Terre nous avons malencontreusement atterri, et tant pis pour nous si nous loupons l’unique indice qui permettra peut-être de débroussailler la jungle luxuriante dans laquelle nous nous empêtrons en ouvrant son roman. Toutefois, même si le fonctionnement de cet univers nous échappe souvent dans ses détails, le génie Manse de Philip K. Dick se révèle dans l’entremêlement d’intrigues qui peuvent se comprendre indépendamment les unes des autres –ou presque. Chaque lecteur peut y trouver son compte, et le plus assidu se passionnera peut-être triplement pour les Clans de la Lune Alphane, qu’il s’agisse de mener à bien cette nouvelle mission de reconquête de la Lune, de résoudre le jeu des complots entre la C.I.A. et l’organisation du comique Bunny Hentman, ou d’étudier l’évolution des relations entre Chuck et Mary Rittersdorf à travers le diagnostic de leurs propres déficits ou incompatibilités psychologiques. D’ailleurs, cette dernière intrigue semble être celle autour de laquelle sont bâties les intrigues secondaires des luttes cosmologique et policière. Autour de ces deux atomes instables que sont Mary et Chuck –tantôt anions, tantôt cations, se rejetant ou s’attirant en toute imprévisibilité- se joue un conflit interplanétaire qui n’a d’autre but, semble-t-il, de mettre à jour les fondements psychologiques de l’ambivalence de leurs sentiments. Si les Manses, les Pares, les Deps et les Heebs forment des coalitions, si la C.I.A et Bunny Hentman s’affrontent à coups de lasers, si les fongus meurent sous forme de spores puis régénèrent sur une autre planète, si les télépathes ne laissent passer aucune des pensées les plus secrètes, c’est, ne semble-t-il, que pour mieux cerner et conduire le parcours de maturité affective de Chuck et de Mary. En tout cas la psychologie ni l’étude de la complexité des tourments de l’âme n’échappent à l’œil quasi-télépathe de Philip K. Dick. Lui aussi semble lire dans les pensées de ses semblables… C’est ici que la présence de cet univers dégénéré et morcelé prend tout son intérêt. Il permet à un discours psychologique qui n’a finalement rien d’exceptionnel en soi de se renouveler et de s’exprimer à travers des concepts qui trouvent toute leur pertinence dans ce conflit d’intérêts entre la Terre et la Lune Alpha ; entre les terriens et les membres des castes Manse, Heeb, Dep et Pare. « - Ne vous tuez pas parce que vous l’avez quittée […]. Dans quelques mois, ou même dans quelques semaines, vous vous sentirez entier à nouveau. En ce moment, vous vous sentez comme la moitié d’un organisme qui vient de se séparer en deux ; la scission est toujours douloureuse ; je le sais à cause d’un protoplasme qui a vécu ici quelque temps… il souffrait à chaque fois qu’il devait se scinder, mais cette scission était nécessaire, il devait croître. »Philip K. Dick est un auteur frémissant parce qu’il donne ses règles universelles à ce qui aurait pu n’être qu’une histoire réduite à sa sphère individuelle. Même s’il l’exprime avec des termes et des notions qui nous sont inconnus, elle entre en résonnance avec notre propre expérience et la transcende en nous permettant de l’observer presque objectivement –en tout cas en modifiant radicalement notre référentiel d’observation. Tout cela sur la pointe des pieds, sans jamais envahir le texte de développements alambiqués. Un peu comme ce fongus qui s’excusait en ces termes devant Chuck : « J’avais projeté de vous emprunter un pot de culture de yogourt, mais en regard de vos préoccupations, cela me semble être une requête outrageante », Philip K. Dick laisse son imagination se délier pleinement, mais se repent finalement devant son lecteur en lui donnant la possibilité de trouver son propre intérêt à cette écriture fondamentalement individuelle. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Lun 22 Juil 2013 - 13:31 | |
| La brèche dans l’espace (1966) Hommages à Jim Briskin, premier Président noir des Etats-Unis. Encore une fois, Philip K. Dick semble avoir louché avec précision sur l’avenir. Quelques-uns se réjouissent encore de ce qu’ils considèrent être comme un progrès dépassant les ambitions des dernières luttes raciales lorsque d’autres, un peu moins optimistes, ne doutent pas des failles bien plus alarmantes qui menacent un monde en apparence apaisé. Pour qui connait la situation, celle-ci est critique. La planète, menacée de surpopulation, ne survit qu’à l’aide de ses congélateurs dans lesquels sont enfermés dix millions de cryos. L’idéal serait de découvrir une nouvelle planète habitable pour envoyer ce surplus de vie loin de la Terre. En attendant, les cryos servent allègrement de réserves d’organes pour les habitants bien vivants en manque de rein, de foie ou de cœur. Les rumeurs s’ébruitent et prennent peu à peu la forme d’un scandale. Le gouvernement doit réagir rapidement pour régler ce problème, et il ne va pas sans dire qu’une des raisons pour lesquelles Jim Briskin a été élu tient à l’annonce d’une solution radicale : la découverte d’une brèche dans l’espace qui permettrait d’accéder à d’autres mondes. Comme à son habitude, Philip K. Dick ne nous explique rien et laisse le lecteur comprendre les mécanismes de la planète sur laquelle il a atterri. Les néologismes techniques foisonnent et laissent parfois pantois, dépassé de toutes parts par des éléments critiques qui s’amoncellent pour mieux nous déstabiliser. Est-ce donc ce que ressentent les personnages de Brèche dans l’espace ? Est-ce la raison pour laquelle ils se précipitent sans réfléchir dans les recoins les plus hasardeux de l’univers ? La brèche à travers laquelle ils envoient quelques-uns de leurs techniciens, deux couples cobayes et un mutant à deux têtes, leur révèle de plus en plus d’éléments inquiétants. La colonisation reprend ses droits mais cherche à se donner un autre nom pour n’affoler personne et ne pas faire croire à une régression dans les droits civiques –les droits de l’homme peuvent-ils d’ailleurs s’appliquer aux formes de vie décelées sur d’autres planètes ? Philip K. Dick introduit les éléments d’une physique imprévisible sur les bases d’une science apparemment irréfutable pour dresser le portrait peu flatteur d’une société qui ne doute plus de ses solutions et qui, par son optimisme forcené et aveugle, frôle les désastres les plus incontrôlables. Pas besoin d’accumulation de faits frappants : Philip K. Dick projette des fulgurances angoissantes. Son livre n’est qu’une autre forme de Brèche dans l’espace permettant de calmer nos ardeurs scientistes. - Citation :
- Peut-être pouvons-nous les tuer ? songea-t-il. Leur refiler une maladie par exemple, pour qu’ils tombent comme des mouches.
Il s’en voulait de telles pensées. Mais la chose était claire dans son esprit. Nous avons terriblement besoin de place, se rendit-il compte. Il faut qu’on l’obtienne, et peu importe le reste. Peu importe la manière. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Ven 6 Sep 2013 - 9:26 | |
| Le Dieu venu du Centaure (1965) Plus incompréhensible, nous serions définitivement perdus. S’il fallait toutefois essayer de résumer ce Dieu venu du Centaure –au moins essayer d’en extraire des motifs rationnels- on parlerait d’un monde surpeuplé qui ne peut échapper à son cannibalisme qu’à condition d’expatrier de force ses habitants sur les planètes colonisables de son système solaire. La vie dans ces colonies est mélancolique tandis que le monde d’origine se meurt, atteint par un réchauffement climatique si intense que quiconque sortirait à l’air libre sans protection cuirait aussitôt. Cette vision angoissée d’un futur s’inspire directement des craintes de Philip K. Dick. De ses prémonitions ? ce thème aussi est un leitmotiv de son œuvre et, une fois n’est pas coutume, le personnage le plus important de ce Dieu venu du Centaure est un précog. Parcouru de flashs futuristes, celui-ci est employé par la société Combiné P. P. pour évaluer la popularité potentielle d’objets avant leur mise en miniaturisation. Le business marche toujours aussi bien –et mieux encore lorsque les pertes financières sont écartées par la lucidité d’une vision. Cette société importe des poupées à taille humaine, prototypes d’une humanité jeune, belle et en pleine santé, directement inspirées des jouets avec lesquels s’amusait la fille de Philip K. Dick. Elle importe également, de manière illégale, la drogue D-Liss qui permet aux joueurs de s’incorporer dans le corps des poupées pour vivre des existences de substitution. Le rêve devient réalité. Les fantasmes peuvent enfin se libérer dans un univers qui tient uniquement du délire hallucinogène. Mine de rien, Philip K. Dick touche à un point sensible en évoquant le désir de chaque homme de pouvoir être quelqu’un d’autre au moins une heure dans sa vie. « Grâce au K-Priss, on passe de vie en vie, on est insecte, professeur de physique, épervier, protozoaire, moisissure, péripatéticienne dans le Paris de 1904 ou encore… »L’expérience s’effectue en parfaite impunité et constitue un exutoire fantastique pour les hommes civilisés que nous sommes –et qui sont encore ceux de l’univers imaginé par Philip K. Dick. Comment résister à la monotonie d’une vie cerclée de carcans, se résumant à une éducation, à un mariage, à une profession ? En se permettant des incursions dans des corps rêvés, en se livrant à l’adultère, à l’inceste, en tuant, en se consumant dans l’excès puis en retournant chez soi, comme si de rien n’était, seulement apaisé par l’assouvissement abstrait de ses pulsions. « Pendant toute la durée de la translation, tout était permis : l’inceste, le meurtre, n’importe quoi, en restant du point de vue juridique une simple illusion, un désir sans conséquence. »Mais cela ne suffit plus… Le D-Liss est en phase d’être détrôné par une drogue encore plus puissante. Ramenée du système Proxien par le dénommé Palmer Eldritch, le K-Priss fait l’objet d’une lutte grandiose déployée par les lobbies du D-Liss pour en interdire la commercialisation. Cette drogue peut se consommer sans l’intermédiaire des poupées et ne se contente plus de faire naître des visions fantasmatiques : elle projette ceux qui en consomment dans un univers parallèle –réel ou irréel ?- au sein duquel peuvent se matérialiser en temps réel les désirs et les objets de l’imagination. Face à Palmer Eldritch se dresse Leo Bulero, qui entend préserver le marché du D-Liss en interdisant la commercialisation du K-Priss. Et quoi de mieux qu’infiltrer la source même du mal pour mieux la combattre… Leo Bulero se fait injecter du K-Priss par intraveineuse et virevolte avec Palmer Eldritch dans un univers inventé de toutes pièces par ce dernier. Il est bien obligé de le reconnaître : le pouvoir de cette drogue est immense et le D-Liss n’y résisterait pas. L’effet du K-Priss s’estompant, Leo Bulero revient au monde réel… et c’est là que la perversité de Philip K. Dick intervient une fois de plus pour embrouiller son lecteur aux confins de l’impossible. Leo Bulero croit avoir retrouvé ses pénates, mais n’est-ce pas une nouvelle illusion créée par son adversaire dans son univers parallèle pour l’empêcher justement de réincorporer son véritable corps ? Les niveaux de réalités s’emmêlent au point qu’il est impossible de s’y retrouver. Philip K. Dick perd ses personnages dans des univers imbriqués, et il nous perd avec eux. Palmer Eldritch devient une sorte de nouveau dieu, « véritable protoplasme », qui a « la capacité de se répandre, de se reproduire et de se diviser » dans un univers de « trois planètes et six lunes, envahies de répliques et d’extensions d’un seul homme ». L’angoisse est sourde et se mure d’incompréhension. Les personnages acharnés cherchent à jouir à tout prix, quels que soient les risques encourus, et ils continuent même lorsqu’ils prennent conscience des processus d’autodestruction qu’ils enclenchent. Le Dieu venu du Centaure porte un regard pessimiste sur une humanité égoïste qui se focalise uniquement sur ses impressions et ses plaisirs pour juger de la direction que devra emprunter l’existence globale d’un univers. Parce qu’il réussit à décrire des processus inhérents à la nature humaine aussi bien que s’il bâtissait un système philosophique en pratique, Philip K. Dick restera pertinent à jamais. La construction de ses romans se base sur des écheveaux difficiles à démêler et souvent hermétiques mais ce défaut même n’empêche pas d’être touché par l’angoisse et la mélancolie qui marquent profondément ses textes -et ce Dieu du Centaure en particulier. Philip K. Dick propose une vision peu flatteuse de l’humanité : des êtres vils et laids qui, ne réussissant rien à obtenir par la persévérance et le courage, finissent par pomper la vie et le plaisir à des sources obscures. Le compte à rebours est enclenché. - Citation :
- Le glacier principal, Ol’ Skintop, avait encore régressé de 4,62 Grables pendant les dernières vingt-quatre heures. Et la température relevée à New York à midi était en augmentation de 1,46 Wagner par rapport à celle du jour précédent. En outre, le taux d’humidité dû à l’évaporation des océans avait progressé de 16 Selkirks. Toujours plus chaud, toujours plus humide. La nature poursuivait sa marche inexorable, et vers quoi ? […]
Un jour, se dit-il, il fera si chaud que tout fondra comme du beurre. Il se rappelait le jour où sa collection de 33 tours s’était liquéfiée en un bloc compact –c’était juste au début du siècle- à la suite d’une panne du système de réfrigération. […] Et au même moment, chaque perroquet, chaque oiseau ming vénusien de l’immeuble était tombé raide mort. Sans compter la tortue du voisin qui avait été ébouillantée vive dans son aquarium. *peinture de Philip Pearlstein | |
| | | marc et cie Main aguerrie
Messages : 479 Inscription le : 01/12/2013 Age : 58 Localisation : lyon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Ven 7 Mar 2014 - 16:43 | |
| Je viens de finir UBIK et j’ai beaucoup aimé ce livre qui malgré les apparences et les multiples inventions de l’auteur, reste logique. Au début tout est confus, foutraque comme presque toujours chez Dick. puis petit à petit l’histoire prend forme jusqu’à cette sublime et fameuse phrase : - phrase clé du livre:
Je suis vivant et vous êtes morts
et là, on commence à comprendre. Plus que le questionnement sur la réalité du monde (à laquelle je crois) ou du temps (là, c’est déjà plus confus ) c’est cette phrase qui m’a interpellée car elle nous questionne sur une angoisse essentielle, sur notre existence. Bien sûr, en vieillissant cela s’arrange, mais quand même... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Lun 10 Mar 2014 - 13:47 | |
| Contente que tu aies été touché toi aussi par cette lecture... phrase interpellante, n'est-ce pas ? - marc et cie a écrit:
- Bien sûr, en vieillissant cela s’arrange, mais quand même...
... comme tu dis ! | |
| | | marc et cie Main aguerrie
Messages : 479 Inscription le : 01/12/2013 Age : 58 Localisation : lyon
| Sujet: Re: Philip K. Dick Lun 10 Mar 2014 - 14:40 | |
| - colimasson a écrit:
Ubik (1966)
Ubik –le livre- s’est engagé vers le futur dès lors qu’il fut publié… Pas besoin d’Ubik –le remède miracle multiforme, qui s’adapte aux évolutions de la société au cours des décennies qu’elle traverse- pour le préserver de cette forme de régression inéluctable qui s’attaque à ses personnages.
Ubik est intemporel. Publié en 1966, il invente le monde de 1992, tel que l’imaginait Philip K. Dick, et tel que nous l’attribuerions nous, plutôt, à un monde futuriste qui correspondrait mieux aux siècles à venir. Après une explosion survenue sur la Lune, les rescapés de la mission expérimentent encore un nouveau rapport au temps… Autour d’eux, des éléments infimes semblent se recourber dans un mouvement involutif –une dégénérescence ? une régression ?- et le passé redevient présent. Les personnages découvrent progressivement les années passées ; puis le mouvement s’accélère…de 1969, voici que les dates de publication des journaux indiquent 1939… Le temps semble s’effriter entre les doigts des personnages, et si l’expression peut nous sembler seulement métaphorique, elle représente pour eux une vérité bien tangible. Il suffit de cesser un instant de fixer un objet pour que, la seconde suivante, il n’existe plus sous la même forme ; il suffit de se laisser distraire par une parole pour que l’objet qu’on tenait en main ait régressé vers son niveau inférieur –ainsi passerait-on aujourd’hui de nos tablettes tactiles aux premiers calculateurs. Les bâtiments disparaissent, les routes se perdent, tout est sans cesse reconfiguré. Se posent alors de nombreuses questions : que va devenir le corps, lui aussi pris au piège de ce jeu de la régression ? puisque tout semble cesser d’exister dès lors que je détourne le regard, qu’est-ce que la réalité ? existe-t-elle hors de moi, ou est-elle contenue en moi ? Ce retour en l’an de grâce de 1939 peut-il s’apparenter à un voyage dans le temps ? Ou s’agit-il du déroulement d’un jour de 1939 qui n’a jamais existé, et qui découle seulement de l’aspect régressif de la journée de 1992 qui aurait normalement dû se dérouler ?
« Ce n’est pas l’univers qui est enseveli sous des linceuls de vent, de froid, de ténèbres et de glace ; tout se passe à l’intérieur de moi, et pourtant il me semble que je le vois de l’extérieur. […] Le monde entier est-il contenu en moi ? Est-il englobé par mon corps ? Quand cela s’est-il produit ? Ce doit être le signe que je vais mourir, se dit-il. Cette sensation d’incertitude, ce ralentissement dû à l’entropie… »
Devant toutes ces incertitudes, face à ce flot de questions qui embourbent les personnages en même temps qu’ils essaient de répondre aux sollicitations contradictoires des hommes et des objets qui les entourent, ne demeure plus qu’une seule constante : le remède Ubik :
« Ubik instantané possède tout l’arôme du café filtre fraîchement moulu. Votre mari vous dira : « Chérie, je trouvais ton café comme ci comme ça ; mais maintenant… miam, quel régal ! » Sans danger si l’on se conforme au mode d’emploi. »
Ubik dans chaque publicité, sur chaque affiche, dans la bouche de chaque commerçant… Ubik revient sans cesse et l’on se demande pourquoi. Menaçant, il donne l’impression de vouloir s’imposer à des personnages déjà sérieusement atteints par la régression temporelle qu’ils connaissent par ailleurs. Surtout, à travers Ubik, Glen Runciter, le chef de mission qui a trouvé la mort lors de l’exploration lunaire, semble vouloir adresser un message à ses anciens sous-fifres. Le message, monstrueux, déformé, prend des allures de cauchemar à travers les expériences que vivent les « rescapés ». Ici, l’écriture de Philip K. Dick se montre magistrale à décrire les intempéries corporelles comme autant de ballets organiques incontrôlables, soumis à un mécanisme qui laisse la part belle à l’improvisation, et qui est d’autant plus effrayant qu’il peut provoquer la mort d’un instant à l’autre. Mais ces sensations excèdent le corps humain et s’ouvrent sur les espaces infinis de l’Univers –un paysage qui, sur le plan macroscopique, est aussi effrayant que la carte microscopique de nos êtres cellulaires :
« Il prenait maintenant conscience d’une sensation de froid insidieuse, suintante, qui avait commencé à l’envahir auparavant sans qu’il se souvienne à quel moment –à le submerger en même temps que le monde alentour. Cela lui rappelait leurs dernières minutes sur la Lune. Le froid altérait la surface des objets ; il les déformait, s’amoncelait sur eux en provoquant une explosion de bulles qui chuintaient avant d’éclater. Et, aspiré à travers les trous béants de ces crevaisons, il s’insinuait jusqu’au cœur des choses, jusqu’au noyau qui leur donnait la vie. Al avait maintenant sous les yeux un désert de glace hérissé de roches dénudées. Un vent soufflait sur cette plaine gelée en quoi s’était transformée la réalité ; le vent accentuait la glaciation, et la plupart des roches se mettaient à disparaître. »
S’il n’est pas toujours facile de suivre Philip K. Dick parce que son imagination très personnelle, proche du délire et du mécanisme onirique, risque de perdre le lecteur trop peu attentif au détour d’une contorsion narrative, la récompense pour s’être accroché, pour avoir voulu comprendre, avec ses personnages, quelles explications appliquer à un monde douloureux et absurde, vaudra toutes les incertitudes précédemment infligées. Philip K. Dick n’épargne pas ses personnages ; il n’épargne pas non plus ses lecteurs, et lorsque les premiers semblent tanguer le long d’un gouffre abyssal, les seconds se battent aussi pour ne pas perdre pied dans un univers fascinant qui amène à se poser sans cesse de nouvelles questions… Et quand bien même on croirait s’être enfin sorti de la menace de l’incertitude, se mettant d’accord sur un consensus explicatif qui semble rationnel, jetant les armes et voulant dire à Philip K. Dick : « Fous-nous la paix avec ta paranoïa ! », l’écrivain, plus fourbe que jamais, s’amuse une dernière fois à ébranler tout l’édifice explicatif qu’il venait pourtant consciencieusement de construire…
c'est toujours un plaisir de lire les commentaires de Colimasson | |
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