Marisha Pessl

Je suis du même avis que toi, j'attends son deuxième roman afin de voir si elle va corriger le tir, maintenant qu'elle s'est fait connaître avec ce premier roman 'exercice de style'...

sentinelle a écrit:

Je suis du même avis que toi, j'attends son deuxième roman afin de voir si elle va corriger le tir, maintenant qu'elle s'est fait connaître avec ce premier roman 'exercice de style'...

Roman "exercice de style" dis-tu...
C'est déjà l'impression qu'on pouvait avoir avec les romans de Jonathan Safran Foer et de son épouse Nicole Krauss...Tous deux jeunes auteurs américains en vogue.
Je les avais beaucoup aimés pourtant mais avec la sensation tout de même d'avoir un peu affaire à des "exercices de style" comme tu dis...

Je vous renvoie sur le fil La littérature américaine dans la presse afin de ce qui a pu s'écrire en France à proposde ce roman sur lequel vos avis divergent...

coline a écrit:

sentinelle a écrit:

Je suis du même avis que toi, j'attends son deuxième roman afin de voir si elle va corriger le tir, maintenant qu'elle s'est fait connaître avec ce premier roman 'exercice de style'...

Roman "exercice de style" dis-tu...
C'est déjà l'impression qu'on pouvait avoir avec les romans de Jonathan Safran Foer et de son épouse Nicole Krauss...Tous deux jeunes auteurs américains en vogue.
Je les avais beaucoup aimés pourtant mais avec la sensation tout de même d'avoir un peu affaire à des "exercices de style" comme tu dis...

C'est exactement ce à quoi j'ai pensé en lisant les commentaires de Sentinelle. On peut rajouter sur la liste Jonathan Franzen qui m'a lassée dans son dernier livre, Zone de turbulences, tout comme m'avait lassée Nicole Krauss et la plupart de ces auteurs américains sortis d'ateliers d'écriture... Dommage, ils y perdent en spontanéité et nous en émotion :silent:

Jonathan Franzen a également été la révélation de l'année (laquelle je ne sais plus) avec Les corrections, roman que je me suis empressée d'acheter à sa sortie poche et qui depuis attend sagement sur une étagère de ma bibliothèque.
Allez savoir pourquoi, mais dés que je l'ai acheté, je n'ai plus été pressée de le lire !
De un, la tête de l'auteur de m'inspire pas et de deux, j'ai un énorme préjugé (dont les origines demeurent troubles) mais néanmoins tenace : j'ai l'impression que je vais m'ennuyer à la lecture de ce livre …


De Jonathan Safran Foer, je n'ai pas lu son premier roman Tout est illuminé mais j'ai vu l'adaptation cinématographique qui en a été faite. A ce que j'en ai vu, il a peut-être un peu abusé dans ce premier roman de certains effets de style (je pense notamment à l'usage fréquent des mauvaises interprétations du traducteur maladroit teintées d'humour mais qui peuvent à la longue irriter en interrompant sans cesse le déroulement de l'histoire proprement dite).

Quant à son deuxième roman, Extrêmement fort et incroyablement près, je l'ai beaucoup aimé.
Son inventivité ne surcharge jamais le récit mais apporte d'autres éclairages sous une forme différente que l'écriture standard d'un roman : il y a une recherche graphique, des photos, des cartes de visite etc
Toutefois, le récit demeure bien construit, on ne s'égare jamais et il y a des réelles émotions dans ce roman. Jonathan Safran Foer ne se laisse jamais débordé par son imaginaire et nous entraîne dans un roman inventif mais néanmoins très savoureux.

Je ne peux pas en dire de même avec Marisha Pessl.

Marisha nous présente son héroïne comme une jeune étudiante surdouée qui doit certainement beaucoup à Marisha elle-même : pétrie de culture livresque, cinématographique, d'une grande intelligence etc
Cette jeune héroïne, très intelligente donc (QI : 175 si mes souvenirs sont bons) a un peu du mal à s'adapter au monde qui l'entoure et éprouve non seulement des difficultés relationnelles mais également un mal être propre à l'adolescence. Le fait de bourlinguer sans cesse avec son père et d'avoir perdu sa mère très jeune ne l'aide pas à se stabiliser et à se poser et lui confère une grande fragilité.

Sa façon de se prémunir de ce mal être est de tout intellectualiser en se coupant de ses émotions. Chaque événement qu'elle vit est donc associé à une digression sous forme de références culturelles, façon bien a elle de se tenir loin de l'impact des évènements. Bien évidemment, cela ne fonctionnera qu'un temps et elle sera un moment très démunie devant les évènements tragiques qui la dépassent complètement.

Dis comme ça, l'histoire semble offrir quelques promesses oui mais voilà, Marisha en fait trop, elle finit par agacer, elle noie complètement le récit par une multitude de digressions (qui prennent certainement plus de la moitié du roman) au détriment du récit. A ces digressions, Marisha ajoute encore un petit tour de singe savant en donnant à chaque chapitre le titre d'un chef-d'œuvre et en explorant dans ce même chapitre les thèmes récurrents du dit chef-d'œuvre.

Tout ce génie jeté à la figure fini pas étouffer complètement le récit, dans tous les sens du terme : au niveau de l'histoire qui est continuellement interrompue (j'ai souvent dû revenir en arrière pour me rappeler finalement quel était le propos initial tellement la longue digression qui en avait suivi me l'avait ôté de la tête), les personnages manquent d'épaisseurs, il y a très peu d'émotions et on ne vibre franchement jamais à la lecture de ce livre, si ce n'est qu'intellectuellement pour ceux qui ont aimé ces références pointues.

En faisant un petit tour d'horizon dans la presse, j'ai pu constater que ce livre n'a quasi que des critiques positives : c'est la révélation qui nous vient d'Amérique, cette jeune femme est extraordinaire d'érudition et d'intelligence etc
Et les chiffres de vente sont également très bons.
Maintenant, j'attends les commentaires des lecteurs, en espérant qu'ils ne se contenteront pas de l'acheter mais de le lire également

Les corrections, je l'ai lu, bien sûr, et n'en garde aucun souvenir...

Citation :

De Jonathan Safran Foer, je n'ai pas lu son premier roman Tout est illuminé mais j'ai vu l'adaptation cinématographique qui en a été faite. A ce que j'en ai vu, il a peut-être un peu abusé dans ce premier roman de certains effets de style (je pense notamment à l'usage fréquent des mauvaises interprétations du traducteur maladroit teintées d'humour mais qui peuvent à la longue irriter en interrompant sans cesse le déroulement de l'histoire proprement dite).

Oui, bien sûr...mais là aussi, c'était, pour moi, finalement amusant! Et puis Jonathan Safran Foer m'a fait découvrir ce que j'ai retrouve dans Les Disparus, ce qui est devenu un vrai commerce maintenant, ces guides ukrainiens qui trimballent les exilés de longue date ( quelquefois plusieurs générations...) américains à la recherche du shetl de leurs ancêtres. J'ai trouvé ( comme dans le livre de Nicole Krauss) ces hommages à la mémoire familiale très émouvants.

Il est au pied de ma table de nuit, en VO le Marisha Pessl, mais je me suis promise de ne plus lire un seul pavé (> 600 p) avant la fin de l'année. J'en ai lu trop, des bons et des moins bons cette année - je sais, c'est la mode - la mode aux disgressions, aux flash backs, aux références culturelles, aux descriptions de tous genres longues comme des jours sans pain, au parfois n'importe quoi... pourvu qu'on tartine, qu'on étale ses états d'âmes, ses trop longs souvenirs, sa Kulture. Bof ! Et pourtant j'aimais bien les pavés, mais les pavés construits !

Alors comme vous me voyez, un peu dégoûtée des pavés, là, je crois qu'il va attendre le pavé de Marisha, au moins jusqu'à l'année prochaine, sinon je suis sûre que du pied de mon lit il va passer par la fenêtre !!!

Liste de mes pavés bons et mauvais de cette année : (1* à 5*)

The Cloudsplitter (le pourfendeur de nuages) de Russell Banks / **
Jonathan Strange And Mr Norrell - Susanna Clarke / Mauvais
La vie de Mardochée de Löwenfels - Diane Meur / ***
La Découverte du Ciel - Harry Mulisch / ***
Le temps où nous chantions - Richard Powers / **
Le demi-frère - Lars Saabyie Christensen / ****

Ce qui fait un total de 5000 à 6000 pages et bien des moments où je me suis sentie engluée dans mes lectures

Bon, ne m'en voulez pas, il fallait que je pousse un long cri de frustration - - Voilà qui est fait.

domreader a écrit:

Jonathan Strange And Mr Norrell - Susanna Clarke / Mauvais

Encore un livre phénomène de mode, on en a beaucoup entendu parlé mais je m'en suis méfiée assez rapidement.
Et tu confirmes mes craintes...

domreader a écrit:

Ce qui fait un total de 5000 à 6000 pages et bien des moments où je me suis sentie engluée dans mes lectures

Bon, ne m'en voulez pas, il fallait que je pousse un long cri de frustration - - Voilà qui est fait.

Bah, tu ne perds franchement pas grand chose en repoussant la date de lecture du roman de Marisha Pessl

Marie a écrit:

Les corrections, je l'ai lu, bien sûr, et n'en garde aucun souvenir...

Là tu vois Marie, cela ne nous donne pas beaucoup d'indices sur le fait que tu aies aimé ou non.
Rappelle-toi, tu n'as aucun souvenir des romans de Paul Auster mais tu les apprécies beaucoup.
Alors qu'en est-il du livre Les corrections ? Aimé ou pas aimé ?

Marie a écrit:

Jonathan Safran Foer m'a fait découvrir ce que j'ai retrouve dans Les Disparus, ce qui est devenu un vrai commerce maintenant, ces guides ukrainiens qui trimballent les exilés de longue date ( quelquefois plusieurs générations...) américains à la recherche du shetl de leurs ancêtres. J'ai trouvé ( comme dans le livre de Nicole Krauss) ces hommages à la mémoire familiale très émouvants.

Idem ! C'est une vraie découverte pour moi également, je n'avais jamais entendu cela avant d'avoir vu le film Les illuminés et lu le livre Les disparus

Citation :

Jonathan Strange And Mr Norrell - Susanna Clarke / Mauvais

Et quel poids!! Là, ça sentait le marketing à plein nez, c'était un papier spécial, non?

Citation :

Le demi-frère - Lars Saabyie Christensen / ****

je l'avais commencé à l'hopital, je me souviens avoir envoyé mon mari chercher ce livre de toute urgence mais ce n'était sans doute pas le bon moment... je m'y remettrai, s'il t'a plu!

Citation :

La vie de Mardochée de Löwenfels - Diane Meur / ***

: inconnu!!! J'ai à lire Les vivants et les ombres de cette même Diane Meur, un des livres de cette rentrée dont on disait grand bien.

Citation :

La Découverte du Ciel - Harry Mulisch / ***

Je l'ai, mais...ça m'a l'air un peu longuet, non?

Citation :

Le temps où nous chantions - Richard Powers / **

j'ai beaucoup, beaucoup aimé...

Citation :

Alors qu'en est-il du livre Les corrections ? Aimé ou pas aimé ?

Et bien... heu....je l'ai lu, ça je le sais. Mais comme je ne le retrouve pas, je ne sais même plus de quoi ça parle, donc j'ai du apprécier la lecture ( sinon j'arrête...) et oublier dès le livre posé! C'est intéressant, non, ce que je te raconte!
Je me souviens par contre avoir lu, à la même époque, Les Complications d'Allen Kurzweil, et là , je m'en souviens, parce qu'il y avait des délires marrants sur les bibliothèques!

Marie a écrit:

Citation :

La Découverte du Ciel - Harry Mulisch / ***

Je l'ai, mais...ça m'a l'air un peu longuet, non?

J'ai beaucoup aimé ce livre... même si je ne m'en rappelle pas grand chose
J'ai les mêmes symptômes que Marie, c'est grave docteur ?

Marie a écrit:

sentinelle a écrit:

Alors qu'en est-il du livre Les corrections ? Aimé ou pas aimé ?

Et bien... heu....je l'ai lu, ça je le sais. Mais comme je ne le retrouve pas, je ne sais même plus de quoi ça parle, donc j'ai du apprécier la lecture ( sinon j'arrête...) et oublier dès le livre posé! C'est intéressant, non, ce que je te raconte!

C'est ce qu'on appelle développer des arguments implacables Marie
C'est fou ce que ça me motive pour l'entamer en tout cas

Stella a écrit:

J’ai, au début du roman partagé l’enthousiasme de Marie, mais je me suis essoufflée comme Sentinelle à la moitié du livre et j’ai décroché.

Certes, le roman est brillant et original , c'est une performance : l’auteur multiplie les références littéraires, cinématographiques, musicales etc…, chaque chapitre porte le nom d’une œuvre de la littérature classique anglo-saxonne et est censé se rapporter à son thème, il y a des croquis ...etc

Mais au bout d'un moment on a une impression de trop, trop de références, trop de citations, trop de digressions, et ce qui au début intéresse et amuse le lectuer, finit par le lasser. Le procédé donne un style haché, allourdi et ralenti trop la lecture.

Moi pareil. J'aimais beaucoup au début puis de moins en moins au fur et à mesure que j'avançais. Après avoir lu la dernière ligne je me suis demandé ce que tous ces critiques enthousiastes qui m'avaient fait acheter le livre avaient pu lui trouver de si extraordinaire. Non que ce soit mauvais, hein, pas du tout! Mais comme vous je lui ai trouvé un goût de "trop".

J'ai acquis son roman de façon bizarre, un patient qui vient passer des examens au cabinet de radiologie où je travaille et qui offre une poche pleine de livres avec notamment ce livre là et hop par ici le bouquin, état neuf, et rien à débourser.

Reste juste à le lire.