Carson McCullers

Marko a écrit:

eXPie a écrit:

Pour le DVD : est-ce la version "dorée", sortie il y a quelques années, mais vraiment pas beaucoup ?

je ne savais même pas qu'il y avait d'abord la version noir et blanc! J'adore l'image dorée c'est vraiment très étrange et tellement adapté à cette histoire. Le DVD me semble difficile à trouver et je rage de ne pas l'avoir enregistré en le regardant l'autre jour.

Je l'avais loupé quand il était passé en version dorée. Je savais qu'il passait, mais je n'avais pas percuté qu'il s'agissait de la version "primitive reconstituée".

Wikipedia précise :

Citation :

Le film est, symboliquement, décrit comme se déroulant dans le reflet de l'œil doré d'un paon dessiné. Cela explique le titre et la raison du traitement de la pellicule initiale dans un bain de pigments de cette teinte. Chaque scène comportait, pour créer un contraste, un élément qui avait sa couleur réelle. Mais le public fut dérouté par cette novation et le film ressortit dans une version classique.

eXPie a écrit:

Wikipedia précise :

Citation :

Le film est, symboliquement, décrit comme se déroulant dans le reflet de l'œil doré d'un paon dessiné. Cela explique le titre et la raison du traitement de la pellicule initiale dans un bain de pigments de cette teinte. Chaque scène comportait, pour créer un contraste, un élément qui avait sa couleur réelle. Mais le public fut dérouté par cette novation et le film ressortit dans une version classique.

Ce regard du paon couleur feu (L'oiseau de feu) est le miroir de celui du soldat Williams qui est en même temps celui du cheval comme une trinité où les principes masculins et féminins s'affrontent et s'unissent. C'est son propre regard qui fait se propager dans tout l'espace une sorte d'aura érotique et un peu morbide. Carson Mc Cullers suggère d'ailleurs de façon discrète la progression de cette transformation de l'atmosphère en plusieurs étapes:

Citation :

Le soldat restait appuyé contre le pin et regardait sans un clignement d'yeux l'espace vide.
Le soleil de cette fin d'automne versait sur le gazon humide, tout frais poussé, un éclat radieux, et s'infiltrait dans le bois là où les feuilles étaient le moins denses pour dessiner sur le sol des taches d'or étincelant. Puis, tout à coup, le soleil disparut. L'air se rafraîchit en même temps que s'éleva une légère brise. C'était l'heure de rentrer. De loin se fit entendre une sonnerie de clairon, clarifiée par la distance et se répercutant dans les bois en notes profondes, atténuées. La nuit approchait

.

puis...

Citation :

Le soldat Williams pénétra lentement dans le bois qui s'obscurcissait, pour ramasser des feuilles tombées. La femme du capitaine se balançait et semblait sur le point de s'endormir. Le ciel se remplissait d'une teinte jaune, pâle et froide, et tout était silencieux.

La coloration de la pellicule est donc une idée géniale.

FRANKIE ADDAMS

Frankie a 12 ans, un corps trop grand pour elle et l' esprit en déroute
A moitié dans l' enfance encore, et l' autre moitié dans le vide.
Et c' est ce vide qui la terrifie. Elle a besoin d' avancer et le désir impérieux de faire partie du monde, d' y adhérer.
Ses pensées se cristallisent alors sur le prochain mariage de son frère.
Elle partira avec les nouveaux mariés et elle les suivra partout.
Elle sera une nouvelle personne dans sa nouvelle vie.
Et c' est la seule chose qui lui parait certaine dans sa peur, sa solitude,
sa confusion, la seule solution à son envie de fuir.
Sa tentative tournera court et personne ne peut en conclure qu' elle a
ainsi évité le pire.

Carson McCullers écrit l' adolescence comme personne d' autre..
L' adolescence et ses angoisses, ses pulsions irrationnelles et confuses.
Son besoin de connaitre et d' aimer.
J' imagine très bien que c' est en partie la sienne qu' elle décrit avec tant
de précision et de tendresse.
Surtout quand je regarde les photos de Carson...

Mais en dehors de Frankie, il y a aussi deux personnages très étonnants.
Son cousin John Henry, un enfant de douze ans, précocement doué, et
la cuisinière noire Bérénice, mère courage à la bonté et à la compréhension
infinies.
Ces trois-là forment une famille symbiotique exceptionnelle.

Quand ils commencèrent la seconde tournée de ce dernier diner, il était 5 heures et le crépuscule tombait.
C' était le moment de l' après-midi où, autrefois, assis avec les cartes rouges, ils commencaient à critiquer le Créateur. Ils jugaient l' oeuvre
de Dieu et indiquaient comment ils amélioreraient le monde.
La voix de Dieu-Tout-Puissant, John Henry, s' élevait heureuse, aigue,
étrange et son monde était un mélange de délicieux et d' effrayant...
Mais le monde de Dieu-Tout-Puissant Bérénice Sadie Brown était tout
différent ; il était rond, juste et raisonnable.
Tout d' abord il n' y aurait pas de races de couleurs différentes dans le monde... Il n' y aurait pas des noirs et des blancs, des blancs destinés
à faire sentir aux Noirs une infériorité qui les rendait malheureux toute
leur vie.
Pas de gens de couleur, mais des etres humains, hommes dames et enfants, ne formant qu' une grande famille aimante.
Et quand la voix de Bérénice parlait, sa voix était un chant grave et mélodieux ; et les notes basses éveillaient dans les coins de la chambre
un écho qui vibrait lontemps avant de s' éteindre...
Le monde de Bérénice était un monde rond et Frankie écoutait la voix grave et chantante et approuvait Bérénice.
Mais le monde de Frankie était le meilleur de tous...

Dans ces pages-là, on touve l' intensité et la force créatrice d' un
Faukner...
J' ai relu Frankie Addams avec le plaisir particulier que j' ai en relisant un livre que je connais déjà et qui est aussi nouveau...

Le Coeur est un chasseur solitaire.

Deux amis muets vivent ensemble : l’élégant et maigre John Singer qui est ciseleur et l’obèse Grec Spiros Antonapoulos qui travaille dans le magasin de fruits et légumes de son cousin. Ils n’ont pas d’amis. Dix ans se sont écoulés depuis leur rencontre. C’est alors que les ennuis commencent car Antonapoulos se met à voler et se livre à des voies de fait. Son patron fait le nécessaire pour l’interner.

Singer déménage alors et trouve une chambre dans la maison de Mick Kelly. Dès lors, il devient le témoin silencieux des confidences de quatre êtres perdus dans leur solitude : le communiste « blanc » Jake, le docteur Copeland qui souhaite ardemment éduquer son peuple noir, Mick une adolescente "blanche" complexée et Biff le patron du café où tous se croisent.

L’auteure fait de longs développements sur la pensée de Karl Marx et le sort du peuple noir. C’est un mélange d’espoir et de désillusion. L’ennui suinte, la communication passe très mal. Une fois Singer mort (il se suicidera après avoir appris le décès de son ami Antonapoulos), chacun suit sa propre destinée : le Dr Copeland atteint de tuberculose part se reposer à la campagne ; Jake quitte la ville après une bagarre meurtrière ; Mick entre dans le monde professionnel et laisse tomber ses rêves musicaux ; Biff continue sa vie morne de patron de café.

C’est sombre et pourtant on se prend à espérer un sort meilleur pour ce peuple noir servile. Singer tient un rôle central, celui de passeur ou de défouloir. Parce qu’il semble écouter les longs monologues –alors qu’en fait il ne parvient pas à lire suffisamment rapidement sur les lèvres pour comprendre ce qu’on lui raconte-, tous le prennent en affection et se sentent enfin compris. Le jour où il meurt, chacun retourne à sa solitude.

Une très belle écriture, vivante et colorée malgré la thématique sombre. Cela donne envie d'approfondir son oeuvre.

Eve Lyne a écrit:

Une très belle écriture, vivante et colorée malgré la thématique sombre. Cela donne envie d'approfondir son oeuvre.

ah oui.. tu vas encore avoir de bons moments de lecture

TOUT est bien chez Carson McCullers , ses nouvelles , ses romans TOUT , mes préférés sont "Frankie Addams" , "La ballade du café triste", "L'horloge sans aiguilles" , mais en fait j'aime TOUT ce qu'elle écrit , et j'ai TOUT lu d'elle.

maryvonne tu peux rajouter han han

darkanny a écrit:

TOUT est bien chez Carson McCullers , ses nouvelles , ses romans TOUT , mes préférés sont "Frankie Addams" , "La ballade du café triste", "L'horloge sans aiguilles" , mais en fait j'aime TOUT ce qu'elle écrit , et j'ai TOUT lu d'elle.

maryvonne tu peux rajouter han han

Même sa pièce de théâtre ?

darkanny a écrit:

TOUT est bien chez Carson McCullers , ses nouvelles , ses romans TOUT , mes préférés sont "Frankie Addams" , "La ballade du café triste", "L'horloge sans aiguilles" , mais en fait j'aime TOUT ce qu'elle écrit , et j'ai TOUT lu d'elle.

maryvonne tu peux rajouter han han

As-tu Illuminations et nuits blanches, des inédits. 10/18
et aussi : Qui etes vous Carson McCullers de Jacques Tournier, un de ses traducteurs. La Manufacture. Avec des photos, poèmes, dessins.
Et qui a égalment écrit une sorte de récit poème qui s' appelle A la recherche de Carson McCullers. Voyage à Nayak. Calmann Lévi.

et bien voilà , je n'ai pas tout , vantarde que je suis , les inédits 10/18 m'intéressent bien en tous cas , merci Bix

Si tu aimes vraiment Carson, lis les deux autres, tu ne seras vraiment pas déçue.
Jacques Tournier écrit aussi des nouvelles délicates et un peu tchékhoviennes...

darkanny a écrit:

et bien voilà , je n'ai pas tout , vantarde que je suis , les inédits 10/18 m'intéressent bien en tous cas , merci Bix

J'ai les inédits, je ne les ai pas encore lus, je les garde pour le moment, comme ça je sais que j'ai encore du Carson à lire en français.

En théâtre, elle a adapté elle-même The Member of the Wedding (très grand succès théâtral aux USA, pièce de l'année, etc.), et The Square Root of Wonderful (1957).
Si tu ne l'as pas lu en anglais, tu ne l'auras pas lu non plus en Français, vu qu'il n'y a pas eu de traduction.
Il y a donc deux pièces de théâtre, et pas une seule.

eXPie a écrit:

darkanny a écrit:

et bien voilà , je n'ai pas tout , vantarde que je suis , les inédits 10/18 m'intéressent bien en tous cas , merci Bix

J'ai les inédits, je ne les ai pas encore lus, je les garde pour le moment, comme ça je sais que j'ai encore du Carson à lire en français.

En théâtre, elle a adapté elle-même The Member of the Wedding (très grand succès théâtral aux USA, pièce de l'année, etc.), et The Square Root of Wonderful (1957).
Si tu ne l'as pas lu en anglais, tu ne l'auras pas lu non plus en Français, vu qu'il n'y a pas eu de traduction.
Il y a donc deux pièces de théâtre, et pas une seule.

Mais "The member of the wedding" c'est Frankie Addams non ? je l'ai lu en français bien sûr ...tu parles duquel exactement ?

Oui Frankie Addams, c' est Member of the wedding...

darkanny a écrit:

eXPie a écrit:

darkanny a écrit:

et bien voilà , je n'ai pas tout , vantarde que je suis , les inédits 10/18 m'intéressent bien en tous cas , merci Bix

J'ai les inédits, je ne les ai pas encore lus, je les garde pour le moment, comme ça je sais que j'ai encore du Carson à lire en français.

En théâtre, elle a adapté elle-même The Member of the Wedding (très grand succès théâtral aux USA, pièce de l'année, etc.), et The Square Root of Wonderful (1957).
Si tu ne l'as pas lu en anglais, tu ne l'auras pas lu non plus en Français, vu qu'il n'y a pas eu de traduction.
Il y a donc deux pièces de théâtre, et pas une seule.

Mais "The member of the wedding" c'est Frankie Addams non ? je l'ai lu en français bien sûr ...tu parles duquel exactement ?

Oui, c'est ça, Frankie Addams. Carson McCullers a fait l'adaptation de son propre roman, en bénéficiant des conseils de Tennessee Williams, qui écrivait lui aussi dans la même maison. L'adaptation a eu plein de récompenses, mais bizarrement, je ne suis pas sûr du tout qu'elle ait été traduite.
Ceci dit, la pièce de théâtre a été filmée (théâtre filmé, donc) par Fred Zinneman en 1954, avec Julie Harris ; et le roman a été porté à l'écran, plusieurs fois, notamment en la dernière fois en 1997, avec Anna Paquin (pas génial, le téléfilm, mais bien visible quand même).

Et ça a donné aussi une adaptation filmée "L'effrontée" de Claude Miller avec la môme Gainsbourg , même si le cinéaste s'est permis d'adapter et même de modifier un peu l'histoire mais le thème était bien présent.