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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 30 Déc 2011 - 12:08
Idem.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Jonathan Franzen Jeu 12 Jan 2012 - 14:19
Les corrections
C'est l' histoire d'une famille ordinaire du Midwest où ils sont tous plus paumés les uns que les autres.
Citation :
Tu vois quelqu'un qui a des enfants, dit-elle, et tu vois combien il est heureux d'être père, et tu es attiré par ce bonheur. L'impossibilité est attirante. Tu sais, la sécurité des impasses.
D'abord le père, figure fondatrice, Paranoïaque Psychorigide Puritain, qui croit que transmettre son amour à sa femme et ses enfants c’est leur apprendre que ce monde est dégueulasse et que le devoir prime sur le plaisir.
Citation :
L'étrange en vérité au sujet d'Alfred était que l'amour, pour lui, n'était pas une affaire de rapprochement mais de distance.
Sa femme essaie timidement de combler certains trous laissés par cette éducation et appelle surtout maladroitement au secours et à l'amour de tous côtés sans vraiment recevoir de réponse. Poussés comme il le peuvent sur ce terreau bien mal préparé, les 3 enfants, évidemment, payent, chacun à sa façon, les pots cassés. Je laisse Jonathan Franzen vous les décrire dans ce raccourci saisissant (c’est un de ses grands talents de savoir en dire autant en si peu de mots):
Citation :
Les portables étaient en train de tuer les cabines publiques. Mais, contrairement à Denise, qui considérait les portables comme les accessoires vulgaires de gens vulgaires, et contrairement à Gary, qui non seulement ne les haïssait pas mais on avait acheté un à chacun de ses trois fils, Chip haïssait les portables principalement parce qu'il n'en possédait pas un.
Tous font preuve d'une tendance un peu (très) névrotique à ne considérer que leurs propres problèmes, leur propre point de vue, et à ne jamais savoir lâcher.
Quand nous faisons leur connaissance, le père traîne un Parkinson bien évolué depuis des années, la mère est définitivement attendrissante tant elle est insupportable. Ils comblent le silence en participant à une croisière pour retraités désœuvrés, et leur objectif premier est d'arriver à réunir leur petite famille pour une fête de Noël que chacun reconnaît comme étant sans doute la dernière.
Citation :
Elle avait le pressentiment que la famille qu'elle avait essayé de rassembler n'était plus la famille dont elle avait le souvenir-que ce Noël ne ressemblerait en rien aux Noëls d'antan.
De réunir chacun malgré les casseroles qu'il traîne derrière lui : échecs personnels, petites jalousies, rancœurs tenaces… Mais de réussir cependant une fête cordiale (si ce n’est chaleureuse) où s'épanouit enfin l'amour familial, indéniable mais toujours si mal exprimé…
Citation :
Il se souvenait des soirées où il était à l'étage avec l'un de ses garçons, ou les deux, ou sa fille, au creux des bras, leur tête humide qui sentait le bain pressant durement contre ses côtes tandis qu'il leur lisait à haute voix Black Beauty ou Les Chroniques de Narnia. Comment sa seule voix, sa résonance palpable, les avait assoupis. C'était des soirées, et il y en avait des centaines, peut-être des milliers, ou rien de suffisamment traumatique pour laisser une cicatrice n’ était arrivé à l'unité nucléaire. Des soirées de proximité pure vanille dans son fauteuil de cuir noir ; de douces soirées de doute entre les nuits de lugubre certitude. Ils lui revenaient à présent, ces contre-exemples oubliés, parce qu'à la fin, quand vous tombiez dans l'eau, il n'y avait rien de solide à quoi se raccrocher, sinon vos enfants
Et non, ce n’est pas la mère, avec son insistance pesante et gémissante, qui va réussir ce petit miracle, c’est le père par un procédé bien involontaire ( ?) dont la découverte à la 600ème page est pour le lecteur la récompense d’avoir tenu jusque là !
Je n'avais en entamant ma lecture aucun des a priori négatifs sur le personnage de Franzen. exprimés par Kenavo dans la première page du fil . D’abord je n’avais pas notion de la façon dont il s’est comporté au moment de la parution de les Corrections, ensuite je n’ai lu que deux interviews de lui à la sortie de Freedom (Télérama et Books) qui m’ont paru sensés, réfléchis, intéressants, pas du tout « prétentieux-tête de con ». Enfin autant je peux être encline à l’indulgence pour un livre d’un auteur dont j’apprécie la personnalité, autant l’inverse ne m’effleure pas (on a pu parler de celà à propos de Hessel, ou de Céline).
kenavo a écrit:
aériale a écrit:
Pour le reste, on voit surtout que son souci premier est de se détacher à tout prix de la masse, de faire original... bonjour l'émotion
C'est cela.. vous connaissez probablement Oprah Winfrey - LA talk lady - et bien - elle a aussi une émission "The Book Club" - tous les mois elle parle de livres - et elle choisi normalement un livre qui va sortir en librairies avec cet 'atout' - choisi du book club de Oprah et l'auteur est invité.. Et bien - il a refusé que son livre a eu cette distinction et il ne voulait pas aller dans sa show.. Bon - dépendant de l'humeur on peut dire qu'il a bien fait parce qu'il ne voulait pas que son livre devient une 'surface de pub' pour l'émission de Oprah - mais d'un autre côté - s'il reproche à cette émission qu'elle fait surtout de la pub pour des livres 'people' - pourquoi pas être flatté d'avoir été choisi.. ce livre si intelligent?? Et donner la possibilité 'aux masses' de découvrir de la bonne littérature
Pour interpréter cet épisode il est assez amusant de le comparer à l'une des scènes du livre qui oppose Chip et l'une de ses élèves (un peu plus qu’une élève…). Il s'agit d'un court-métrage en faveur de la prévention du cancer du sein, particulièrement émouvant, qui a été financé par une multinationale dont on connaît habituellement l'esprit plutôt carnassier et l’insensibilité. Chick lui reproche d'utiliser un sujet tire-larme, et d'abuser de la faiblesse naïve du public par rapport à ce sujet sensible pour se faire de la publicité. Melissa considère au contraire qu'il est bon que cet argent, quelle qu’en soit la source, profite à une cause aussi noble. C'est exactement la même question d'une attitude qui surprend, et qui doit être interprétée pour elle-même ou pour l'image de son auteur qu’elle veut donner (ou que nous voulons bien lui donner).
Je n'ai par contre pu aborder le roman sans le comparer avec Freedom, qui est MA découverte et MON roman américain de référence du moment. Je pense que Freedom a bonifié les bons côtés, et a donc favorisé d’une certaine façon ma lecture (ce qui veut dire :peut-être aurais je lâché avant la fin).
Au début, on retrouve cette extraordinaire et séduisante observation des groupes sociologiques comme des individus, une mise en dialogue de situations parfaitement pertinente et percutante, un humour décapant, une lucidité à examiner les détails, comportements, les personnalités et leur confrontation. Mais… Il y a dans la façon de raconter plusieurs choses qui m'ont gênée. Tout d'abord Franzen, dans Freedom, exprimait une réelle sympathie pour ses personnages, quels que soient leurs défauts et faiblesses par ailleurs, alors qu'ici il est plutôt dans une gamme de recul et de supériorité. Son humour n’est plus tendre mais cynique, et qui par moments frise la morgue. Ceci en tout cas dans la partie d’exposition (c’est à dire quand même les 550 premières pages)
L’autre reproche que je fais à ce livre est un certain manque de retenue, ou plutôt un manque de retenue certain, que ce soit dans l'excès de description, dans la longueur (souvent dix pages gagneraient être ramenées à 5), dans les digressions souvent lassantes et pas toujours très claires, (à moins d'être économiste, financier ou ingénieur ). On enfonce le clou et on le re-enfonce. Ce manque de limite s’amplifie au fil du livre, et si dans les 400 premières pages s’intercalent des parties rébarbatives et des parties drôles, touchantes et/ou brillantes, celles-ci tendent de plus en plus à disparaître pour transformer la deuxième partie en un gros morceau ennuyeux et indigeste Le mot pavé s’épanouit dans toute sa signification péjorative.
Mais finalement, la dernière partie, le fameux Noël retrouve le ton que j‘avais pu aimer dans Freedom, l’humour décapant et pas toujours politiquement correct, mais respectant une réelle tendresse pour les personnages, les détails éclairants, les répliques confondantes. Oui vraiment, cette dernière partie est brillante et jouissive, l’amour y est toujours aussi mal exprimé mais totalement présent ; elle est la vraie récompense au lecteur qui ne s’est pas découragé.
En somme, Franzen aurait gagné à trouver un éditeur qui, tout en préservat son côté enfant terrible, le limite un peu dans ses débordements, le ramène sur le plancher des vaches, et l'aide à manier les ciseaux. Même là, on se demande si, au delà des 10 000 idées séduisantes croisées au fil des pages, cela suffirait à gommer les défauts du livre. Les reproches essentiels qu’on peut faire à Franzen sont les mêmes que ceux qu’il fait à ses personnages : nombrilisme, incapacité à envisager le point de vue de l’autre (en l’occurrence le lecteur), incapacité à lâcher le morceau avant l’exaspération de l’interlocuteur. Et comme eux il est aussi attachant et totalement lui-même jusque dans ses faiblesses (qu’il a manifestement appris à gérer pour écrire Freedom).
Vous l'aurez compris, je ne peux, en toute impartialité, vous pousser vraiment à avaler ce pavé que constituent Les corrections. Mais mon faible pour Franzen m'a incitée à le faire je ne l'ai pas regretté, même si je l'ai, par moments, payé un peu cher,
(Pardon d’avoir été un peu longue)
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jonathan Franzen Jeu 12 Jan 2012 - 21:39
Merci pour ce commentaire, pas long mais au contraire très bien étoffé ! Il me permettra de porter un regard différent sur Les Corrections à présent...
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 7:38
Un regard différent alors que tu l'avais déjà lu ou bien tu ne l'as pas lu?
Charlie Agilité postale
Messages : 970 Inscription le : 12/01/2010
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 8:10
Merci pour ton commentaire bien intéressant sur Les Corrections Topocl ! Je ne regretterais donc pas vraiment de ne pas t'avoir suivi dans cette lecture....
Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 8:52
Merci pour ce chouette résumé Topocl!
Je ne sais pas, même si après avoir adoré Freedom, je pourrais rentrer dedans mais ce que tu résumes montre bien ce que j'avais aussi ressenti dans La zone d'inconfort. Cette propension à trop en faire (beaucoup autour de moi se sont noyées dans la lecture de Freedom, et ont arrété) et cet aspect que l'on peut assimiler à de la suffisance, dans sa manière de juger, ici.
Il s'est nettement bonifié je pense avec l'age
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 9:13
Oui, là où d'autres se caricaturent, il a plutot su élaguer!
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 9:38
J'ai le bouquin sous le coude et compte très bientôt m'y plonger. Vu la forme et le volume du commentaire, le livre me semble valoir le détour. Je l'ai simplement survolé pour garder un œil neuf sur ma lecture mais pour sûr je serais content d'y revenir une fois le livre lu. Merci pour ce travail!
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 11:14
C'était très drôle , pendant ma lecture, je connaissais les réserves que beaucoup avaient pu faire sur le livre. j'ai commencé en ne comprenant pas trop ce qui les justifiait, puis j'ai compris, mais beaucoup de choses continuaient à sauver le livre. Ensuite (4ème partie) c'est devenu vraiment lourd, et j'était prête à casser le livre sur mon CR. Et puis la fin est à nouveau vraiment plaisante. Ceci dit, il y a plein de livres où la satisfaction de lecture n'impose pas de passer par plus de 250 pages lourdes à digérer, donc, je pens que l'on peut vraiment s'en passer. J'ai rarement lu un livre aussi irrégulier (ou alors , je ne suis pas arrivée au bout et ne m'en suis donc pas rendue compte)
Igor, t'en es où?
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 11:36
topocl a écrit:
Igor, t'en es où?
J'avais commencé (une trentaine de pages, les deux vieux sont arrivés à NY chez Chip et Julia se fait la malle). Jusque là, j'aime bien le ton. Mais comme j'ai emprunté Persécution, les corrections sera repris à la fin de cette lecture.
topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
Sujet: Re: Jonathan Franzen Ven 13 Jan 2012 - 12:41
OK . Impatiente de ton avis pour les deux.
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Jonathan Franzen Lun 6 Fév 2012 - 11:09
Les corrections. Premier ouvrage que je lis de cet auteur. Une véritable découverte pour moi, je n'en avais jamais entendu parler... J'ai parcouru son fil où parfois il apparait parfois assez peu sympathique. Mais c'est pas pour me déplaire...
Le bouquin donc: Un pavé, et des les premières pages on sent bien qu'il y aura de la précision et du détail dans l'histoire de ces Lambert. Topocl en a fait une critique très pointue et a bien souligné les points importants du récit. De mon point de vue, j'aime bien ce concept des 10000 idées qui fourmillent, c'est un peu comme dans la tête. Sûr, parfois un passage demande toute notre attention et même d'être relu une deuxième fois pour bien comprendre ce qui ce passe. Et encore! Je pense là à la fin de la partie "En mer". C'est bien plus tard dans le roman que j'ai compris et j'ai du y revenir afin d'en relire le dernier passage. D'ailleurs, les paragraphes concernant Alfred sont peut être les plus difficiles à lire mais les plus beaux. L'abnégation de ce type au demeurant assez borné est magnifique concernant sa fille. J'ai aussi beaucoup aimé les différentes vision du monde qui s’opposent au travers des générations ainsi qu'entre frères et sœur. Le rapport aux choses et à l'argent y est vu souvent de manière comique. Sans cesse, les protagonistes voudraient corriger leur comportement ou celui des autres et c'est un perpétuel dilemme, très difficile et finalement ils n'y arrivent jamais... Il y a aussi le coté info du monde en devenir où économiste, financier ou ingénieur ont la part belle et pas toujours pour la bonne cause. Des passages qui peuvent sembler rébarbatif mais qui créent une respiration dans le chassé croisé des Lambert. Les dialogues à plusieurs sont très bien foutus et là aussi faut être vigilant dans leur lecture. Beaucoup de passages jubilatoires, par exemple le Gary avec ses 4,67$... et sa belle rolex!
Une belle découverte pour moi. Du coup j'ai acquis Freedom pour lequel vos critiques sont éloquentes. Il ne devrait pas faire de vieux os dans ma pal!
Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
Sujet: Re: Jonathan Franzen Lun 20 Fév 2012 - 12:44
Freedom
Citation :
« Bienvenue à Pattyland, le pays des erreurs ».
Formidable chronique sociale de cette Amérique qui a voulu, qui voudrait mais qui …. subit les conséquences de ses erreurs, de ses choix. Bien entendu, se tromper, choisir, tout cela fait « grandir », il faut en tirer des leçons, mais forcément, le cours de la destinée de chacun en est changé…
Trois générations se côtoient dans ce roman, trois générations décortiquées dans un pays, une ambiance, une vie, des vies tout simplement …. . Chaque personnage est finement analysé dans ses relations, leur évolution, les sentiments qu’il éprouve : jalousie, égoïsme, envie(s), rêve(s) d’un jour ou d’une vie…. Non-dits, secrets, mensonges, apparences, action ou vérité comme le jeu des grands adolescents …. Tout cela est présent dans les 718 pages qui défilent, comme autant de flashes sur ces familles américaines qu’il nous ait donné de rencontre le temps d’un livre. Vit-on pour soi ou pour les autres ? Quel impact le regard de celui qui est en face ou à côté de moi ? Quelle force peut-il me donner ou me faire perdre ?
Citation :
« J’ai découvert où je voulais être, et avec qui je voulais être. »
dit Patty dans son journal d’ « autobiographe » où elle parle d’elle à la troisième personne et qu’elle a écrit à la demande de son thérapeute. Cette partie, appelée « Des erreurs furent commises » examine soigneusement, avec acuité ; le parcours de Patty, ses doutes, ses choix, ses sentiments, son analyse de ce qu’elle a fait ou pas et ce que cela a engendré pour elle et sa famille … Car les choix d’une personne ont un impact plus important que ce qu’on imagine ...
Ce journal, on le lit entre les pages 45 et 246. Puis à la page 590, dans une conversation avec elle, son mari Walter dit : -Des erreurs furent commises. Un constat lourd, pas de reproches, pas de remarques interminables, juste ces quatre mots …. Titre du journal intime …
Quatre mots lourds de sens …. Est-ce que nos erreurs sont plus difficiles à porter que nos choix ? Est-ce qu’elles nous obligent à faire le deuil de certains de nos rêves ? Est-ce nous, vraiment, qui faisons des erreurs, ou parfois, la vie nous pousse-t-elle à prendre une direction pour ne pas faire souffrir les autres ? …. Tiens on en revient aux autres … Quel est le poids de tout cela ?
J’ai beaucoup apprécié ce roman, sa construction, son écriture. Je l’ai trouvé dense mais très intéressant. Il offre une assez bonne « peinture » d’un pays, à une époque précise, dans un milieu donné et soulève par ce biais, beaucoup de questions.
D’autres, avant l’auteur, se sont frottés à cet exercice difficile de parler d’un pays à travers différentes familles mais je trouve que Jonathan Franzen s’en sort plutôt bien car je ne me suis pas ennuyée une seule seconde !
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Jonathan Franzen Lun 20 Fév 2012 - 14:24
Je viens aussi de terminer Freedom. J'ai parcouru tous vos commentaire et je suis bien d'accord avec vous sur l'ensemble. Difficile donc de rajouter quoi que ce soit sans tomber dans la redite. Je vais donc simplement vous donner mon ressenti. Tout d'abord: Quelle belle histoire d'amour! Très fort de la part de Franzen de s'y coller et d'y réussir de façon aussi magistrale. Tout est décortiqué au scalpel et observé au microscope, pas un recoin de la personnalité des protagonistes n'est laissé dans l'ombre, à un point que ça en devient parfois pénible. Pénibles et insupportables aussi ces personnages parce que trop là. Et plus ils sont jeune, plus je les ai trouvé chiants. Aucune empathie pour eux me concernant mais au contraire de plus en plus d’intérêt au discours de Franzen. Le thème de la surpopulation, thème auquel personnellement je suis très attaché, est exploité lui aussi dans ses moindres détails avec la difficulté à le mettre sur la table et comment le rendre audible (René Dumont nous en parlait en France, c'était en 1974...). Le seul personnage pour qui j'ai eu de la tendresse tout au long du livre, c'est Richard Katz, même si Franzen les sauve tous et nous les rends sympathique à la fin du livre. Richard, parce qu'il est cool, c'est le seul à ne pas se prendre le chou, il est là, jouit du moment et des femmes et quand la pression est trop grande, il se trouve un job physique de construction. Richard surtout parce que lorsque Patty lui demande de lui chanter une chanson, il choisit Shady Grove. Et Shady Grove c'est une chanson qui fut chantée par Jerry Garcia, le guitariste le plus cool qui ait jamais existé (rappelez vous le Grateful Dead!)
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Jonathan Franzen Mar 21 Fév 2012 - 23:55
Freedom
Mon avis sera moins enthousiaste...j'ai eu beaucoup de difficultés à rentrer dans le vif du sujet, mais peu à peu je me suis attaché aux protagonistes. Franzen s'attache à saisir les ambiguïtés du regard que l'on porte sur soi et sur les autres, avec ce contrôle maladroit d'une image projetée qui se révèle la source des regrets. La sensation de manque, d'abord insidieuse, irrigue chaque dialogue et chaque réflexion, jusqu'à provoquer une fuite en avant permanente pour combler ce vide et cette perception. Les développements deviennent extrêmement poignants dès qu'un malaise apparait au grand jour...cependant, j'ai été tout simplement frustré par l'écriture. Trop souvent laborieuse et décousue, je n'ai pas été touché autant que je l'aurais souhaité. Un bilan en demie-teinte.