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| Herman Melville | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 5 Sep 2012 - 21:37 | |
| - MezzaVoce a écrit:
- Je me souviens de Bartleby le scribe : un grand moment !
Une phrase prononcée par je-ne-sais-plus-quel psychanalyste : « La meilleure résistance à nos sociétés obsessionnelles, ce n’est pas l’affrontement, c’est la mélancolie. »
Et une savoureuse digression de Sandrine England & Gilles d'Elia : « Pouvoir des formule magiques ou formules magiques au pouvoir ? Sur Deleuze, Herman Melville, Bartleby ou la Formule », trouvée sur le site Résistance 2012 (je poste le texte en spoiler car l'article n'est plus accessible).
- Spoiler:
À chaque demande, à chaque ordre qu'on lui donne, Bartleby répond par une formule obsessionnelle : "Je ne préférerais pas". On a glosé à l'infini sur ce petit texte, cherchant à savoir si Bartleby était fou, cynique, inconséquent ou révolté. De toutes ces interprétations, nous n'en retiendrons ni n'en rejetterons aucune. Car la nouvelle de Melville ne fait rien d'autre que dire ce qu'elle dit, littéralement et dans tous les sens. Et ce qu'elle dit, c'est qu'il existe des formules magiques. Que certaines formules magiques ont un pouvoir pour changer l'ordre des choses, tandis que d'autres, à l'inverse, sont les formules complices des pouvoirs pour renforcer cet ordre des choses.
Bartleby n'est absolument pas un personnage aliéné : au contraire, c'est le monde tout autour de lui qui est aliéné. Par sa seule formule "Je ne préférerais pas", il se libère de l'aliénation qui affecte pourtant tout son entourage. Et il se libère aussi, du même coup, de l'aliénation qui devrait l'affecter lui-même. Peu importe qu'il puisse modifier ou non la réalité - la seule chose qui compte, c'est son rapport à cette réalité : celui d'un homme encore libre de ne pas y adhérer. Libre de réserver sa réponse aux mots d'ordres, libre de sa distance critique (1). L'anti-management, si l'on veut.
La formule de Bartleby est donc une formule de puissance. Par le pouvoir du langage, il conjure l'impuissance par son contraire : il peut tout sur les choses, y compris en annihiler la valeur et la nécessité, il lui suffit simplement de prononcer sa formule magique : "Je ne préférerais pas".
Melville nous l'a prouvé : la littérature fonctionne, les formules magiques changent le rapport entre l'homme et le monde. L'essentiel est alors de comprendre quelle est la différence entre une formule magique de la puissance sur le réel et une formule magique de la soumission et de l'impuissance. En un temps où, pour reprendre la sentence de "l'historien" François Furet, "nous sommes condamnés à vivre dans le monde où nous vivons", nous devrions en connaître un rayon sur les formules magiques de l'impuissance. Mais nous ne cherchons pas ici un slogan, une phrase-choc ou une déclaration péremptoire comme celle de Furet. Nous cherchons au contraire l'imperceptible. Nous cherchons une formule magique de l'impuissance propre à notre temps, quelque chose qui ait pénétré le discours au point que nous ne l'entendions même pas, que nous n'ayons pas même conscience de son agissement ni de son pouvoir ensorceleur.
En voici une, de formule magique de l'impuissance. Une largement répandue et qui est dotée exactement du pouvoir de tout empêcher, de tout annuler, de paralyser toute surprise, toute générosité inattendue, toute rupture de l'ordre, toute action franche et singulière. En voici une, toute petite, mais symptomatique de notre mauvais temps : "J'allais tout de même pas..." Abracadabra : fini les miracles ! Il suffit de dire ça, et soudainement, sans même que l'on s'en rende compte, tout devient impossible.
Nicolas Sarkozy commence souvent ses phrases par "J'allais tout de même pas". "J'allais tout de même pas régulariser 100 000 sans papiers ! J'allais tout de même pas dire aux parents de la victime que je comprends les coupables ! Nous n'allions tout de même pas vexer nos amis américains..." Mais le Président n'a pas le monopole de la formule magique : elle se répand de droite à gauche, de haut en bas, dévastant toute possibilité, décourageant tout événement partout où elle passe. "Nous n'allions tout de même pas laisser la France être le mouton noir de l'Europe ! J'allais tout de même pas lui dire ce que je pensais ! J'allais tout de même pas faire 1 000 kilomètres pour te voir juste pendant quelques heures ! J'allais tout de même pas faire de la peine à ma femme pour faire plaisir à ma maîtresse ! J'allais tout de même pas donner la moyenne à cet élève, même s'il fait des efforts ! Vous n'allez tout de même pas oser guillotiner le Roi !"
J'ai vu il y a quelques jours un généreux passant donner une petite pièce à un mendiant, dans la rue. Et puis, une fois qu'il a continué son chemin, je l'ai entendu dire à sa femme : "J'allais tout de même pas lui donner deux euros !". Et pourquoi non ? Pourquoi se satisfaire de cette formule magique qui prévient toutes les audaces et toutes les révoltes, qui vaccine contre toute situation d'exception ? Pourquoi, alors que l'amitié, l'amour ou la création, une vie riche de sens en somme, ont besoin de ces miracles qu'une formule comme "j'allais tout de même pas..." a pour but de proscrire ?
Abracadabra : fini les miracles ! La différence avec Bartleby est fondamentale : "Je ne préférerais pas", c'était son talisman personnel, son arme de résistance bien à lui. Tout au contraire, la formule "j'allais tout de même pas..." se répand comme un virus qui incube le discours, la pensée et le désir pour finalement les contaminer par sa seule force d'inertie. Non seulement elle incube les discours, mais elle contamine aussi les esprits les uns après les autres, car la formule magique de l'impuissance n'est pas le programme d'un solitaire, d'un créateur, d'un pionnier, mais tout au contraire celle d'un fatalisme grégaire qui impose son triste uniforme à ses adeptes.
"Je ne préférerais pas", comme discours du maître égaré dans un monde d'esclaves, "j'allais tout de même pas..." comme discours de l'esclave résigné à son sort, voilà une dialectique que ne démentirait pas Nietzsche ! Nietzsche à propos duquel Gilles Deleuze écrivait : "On nous invite toujours à nous soumettre, à nous charger d'un poids, à reconnaître seulement les forces réactives de la vie, les formes accusatoires de la pensée. Quand nous ne voulons plus, quand nous ne pouvons plus nous charger des valeurs supérieures, on nous convie encore à assumer 'le Réel tel qu'il est' - mais ce Réel tel qu'il est, c'est précisément ce que les valeurs supérieures ont fait de la réalité ! (...) Nos maîtres sont des esclaves qui triomphent dans un devenir-esclave universel : l'homme européen, l'homme domestiqué, le bouffon... Nietzsche décrit les États modernes comme des fourmilières, où les chefs et les puissants l'emportent par leur bassesse, par la contagion de cette bassesse et de cette bouffonnerie." (2)
"J'allais tout de même pas" : mot d'ordre contagieux de la bouffonnerie ! Raccourci imperceptible de cette tyrannie de la réalité en laquelle Mona Chollet a diagnostiqué la maladie de notre temps ! (3) On ne peut vraiment compter que sur les gens qui ne sont pas fiables.
Restons encore un peu avec Gilles Deleuze, il a des choses essentielles à nous dire sur les formules magiques. Dans ses dialogues avec Claire Parnet, on peut lire ces lignes étonnantes : "Être traître à son propre règne, être traître à son sexe, à sa classe, à sa majorité - quelle autre raison d'écrire ? Et être traître à l'écriture. Il y a beaucoup de gens qui rêvent d'être traîtres. Ils y croient, ils croient y être. Ce ne sont pourtant que des petits tricheurs... C'est qu'être traître, c'est difficile, c'est créer. Il faut y perdre son identité, son visage. Il faut disparaître, devenir inconnu ... C'est ce que Fitzgerald appelait vraie rupture : la ligne de fuite, non pas le voyage dans les mers du Sud, mais l'acquisition d'une clandestinité (même si l'on doit devenir animal, devenir nègre ou femme). Être enfin inconnu, comme peu de gens le sont, c'est cela trahir." (4)
Voilà qui est dit : on ne peut vraiment compter que sur les gens qui ne sont pas fiables. Nous savons tous que Sarkozy ne se réveillera pas un matin avec comme projet de combattre l'injustice sociale : il est fiable , on ne peut pas compter sur lui. Nous savons tous que le prochain film de Steven Spielberg ne sera pas un film d'auteur risqué et audacieux sur la résistance palestinienne. Par contre, on a pu se fier à Debord, Méliès ou Jean Vigo pour faire des films qui ont trahi le cinéma. On pouvait se fier à James Joyce, car c'était un traître : il a trahi le roman. On peut se fier à Serge Halimi pour trahir son métier, le journalisme. On ne peut se fier qu'aux traîtres. Et les traîtres ne commencent jamais leurs phrases par des formules du genre : "j'allais tout de même pas". Oui, faire un film pour trahir le cinéma, écrire un roman pour trahir le roman, rédiger un article pour trahir le journalisme...
Le véritable risque (nous ne parlons pas ici du capital-risque ou du "risque de l'entrepreneur") dépend aussi d'un refus de penser dans les cadres étroits et mortifères des formules magiques de l'impuissance. Imagine-t-on John Cage dire : "j'allais tout de même pas composer une musique totalement silencieuse !" ; imagine-t-on Malevitch déclarer : "j'allais tout de même pas peindre un carré blanc sur fond blanc !". Cette formule, qui n'est autre chose qu'un garde-à-vous pour lâches devenu un pathétique automatisme, trace aussi une frontière, une ligne à franchir pour qui veut trouver sa dignité d'homme ou de femme.
Et la condition de cette dignité, c'est de pouvoir surprendre le monde. C'est à dire aussi d'être surpris par le monde. La formule "j'allais tout de même pas" a précisément le pouvoir de rendre cette dignité-là impossible, impensable : pas question d'agir sur le monde, ni d'être agi par lui. Plutôt renforcer par des formules tristement magiques les fils barbelés et les clôtures électriques, que de passer clandestinement cette frontière invisible qui sépare sans doute les "bons coups" des amours, les copains des amis, les faiseurs des créateurs, les mondains des artistes, les tricheurs des traîtres !
Car enfin, que cache cette sentence implacable ? Que signifie une formule du genre "j'allais tout de même pas" ? Pourquoi t'allais tout de même pas, dis ? La réponse est logique, tranchante comme un argument de caporal-chef : "j'allais tout de même pas faire ça car il ne faut pas le faire parce que ça ne se fait pas". L'ordre des choses et ceux qui en bénéficient ne sauraient rêver d'une maxime plus rassurante ! L'ordre policier viole la logique et se fait passer pour un ordre naturel : "j'allais tout de même pas car j'allais tout de même pas !" L'incongruité, mot de passe de ceux qui n'entendent rien, ne voient rien, se sentent rien et empêchent tout. "La loi c'est la loi", comme dit le procureur borné.
Cette logique de l'arbitraire, il ne suffit pas d'être un homme ou une femme de gauche pour la combattre. Ça ne veut plus rien dire ici, être un homme ou une femme de gauche. Il y a juste des gens qui collaborent avec leur "j'allais tout de même pas" et d'autres qui résistent avec leur "je ne préférerais pas". Ici la frontière n'est pas entre le rêve et la réalité, moins encore entre le rêve et le cauchemar. La vraie ligne de fuite, la vraie frontière, elle est entre le cauchemar et la réalité. On n'a pas le droit de déclarer : "j'allais tout de même pas décrocher la lune !". La lune, il nous la faut.
(1) François Cusset voit dans les années 1980 "le temps qui marqua surtout la fin de toute critique", il écrit dans La décennie, le cauchemar des années 80 (éditions La Découverte) : "Le nouveau terrorisme mis en place à la fin des années 1970, toujours en pleine vigueur aujourd'hui, a ainsi sa propre veine totalisatrice, qui inverse simplement celle contre laquelle il s'est forgé : elle consiste à restaurer les pouvoirs magiques du clerc-sorcier, du moraliste en chef, sur les ruines de la révolution, sur le cadavre de l'intellectuel critique." (2) Nietzsche, par Gilles Deleuze (p. 22 sq.), PUF, 1965. (3) Mona Chollet, La tyrannie de la réalité, Calmann-Lévy, 2004. (4) Gilles Deleuze et Claire Parnet, Dialogues (p. 56/57), Champs Flammarion.
Jolie phrase sur la mélancolie ! Mais on peut se révolter aussi contre la dite société ! Bartleby est un conte vraiment unique, tout comme Wakefield de Hawthorne. Et puis Vila-Matas a écrit un excellent livre sur tous ces " mélancoliques"... Son titre : Bartleby et Cie. - Bourgois et 10/18.
Dernière édition par bix229 le Mer 5 Sep 2012 - 21:43, édité 1 fois | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 5 Sep 2012 - 21:42 | |
| merci pour l'article, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça peut motiver une lecture de Bartleby (qui pourrait être en plus un beau contournement d'une tentative x années après de Moby Dick) ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 5 Sep 2012 - 22:03 | |
| - animal a écrit:
- merci pour l'article, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça peut motiver une lecture de Bartleby (qui pourrait être en plus un beau contournement d'une tentative x années après de Moby Dick) !
En plus, c'est très vite lu, Bartleby. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Herman Melville Jeu 20 Sep 2012 - 14:29 | |
| Eh oui, c'est vite lu ! J'ai été tellement transportée que j'ai à peine mangé aujourd'hui !
A part tout ce que vous avez écrit sur Bartleby le scribe, on retrouve aussi la dimension biblique chère à l'auteur. On suit tout le cheminement de la conscience, bien chrétienne, du narrateur. Doit-il abandonner son scribe ? Est-ce fraternel ? Est-il missionné par la Providence pour l'aider ? Que faire pour panser les blessures de son âme ? Etc..
Quant à Bartleby, s'il incarne une certaine idéologie de résistance, pour moi il représente surtout une figure du néant. Un fatalisme. On n'en sait pas l'origine, sauf à la fin, avec son travail précédent de destruction administrative. Service des "lettres au rebut". Y a t-il des hommes prédestinés au rebut ? Voués à être niés ? Dont la seule issue est l'anéantissement ?
Bartleby est d'emblée présenté comme un mort (cadavérique, livide, etc...). Un spectre passant.
Ce côté là est très émouvant, éprouvant aussi.
Toujours grand ce Melville.
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Herman Melville Sam 29 Sep 2012 - 8:18 | |
| Le site internet Moby Dick Big Read propose une lecture intégrale du roman par des personnalités différentes lisant chacune un chapitre accompagné d'une œuvre d'art de créateurs contemporains (Anish Kapoor...). Les chapitres sont mis en ligne tous les jours gratuitement. Initiative géniale qui n'est malheureusement pas en français.
Lien: Moby Dick Big Read
Article du Monde:
Plusieurs personnalités britanniques, principalement acteurs et actrices, mais aussi quelques hommes politiques, dont David Cameron en personne, ont accepté de participer au projet original lancé par l'écrivain Philip Hoare et l'artiste Angela Cockayne dans le cadre de l'université de Plymouth : lire en 135 jours les 135 chapitres du chef d'oeuvre d'Herman Melville, Moby Dick.
Baptisé "Moby Dick Big Read", ce projet a commencé, dimanche 16 septembre, par la lecture du premier chapitre du roman par l'actrice Tilda Swinton. D'autres acteurs comme Stephen Fry et Simon Callow sont déjà sur les rangs pour lire un chapitre. David Cameron, quant à lui, s'est vu attribuer le chapitre XXX, La Pipe.
Chaque enregistrement audio est mis en ligne quotidiennement sur le site du projet et peut être téléchargé gratuitement par les internautes. Il est systématiquement accompagné d'images inspirées par le livre, de tableaux ou d'installations d'artistes contemporains comme Anish Kapoor et Antony Gormley, qui collaborent à l'aventure.
Parmi les autres participants pressentis figurent notamment l'écrivain Will Self, l'acteur Benedict Cumberbatch (La Taupe), Hugh Fearnley-Whittingstall, Rick Stein, China Miéville, Blake Morrisson ou John Waters.
L'objectif général du projet est de rendre accessible à une nouvelle génération de lecteurs, via cette diffusion audio sur Internet, ce classique de la littérature américaine, dont l'accès peut sembler difficile au premier abord. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Herman Melville Ven 23 Nov 2012 - 16:13 | |
| En plein dans Moby Dick. Des passages extra avec des marins aux caractères trempés, des descriptions de mer et de luttes contre la baleine vraiment palpitants. Mais alors... les longues explications sur les différentes baleines, les méthodes de chasses, les digressions sur d'autres histoires autour de Moby Dick... J'avoue, ça me lasse, ça m'ennuie. Je veux juste Achab, Ismaël et Queequeg moi ! Découverte de deux tableaux qu'Hermann Melville décrit avec admiration : Ambroise Louis GARNERAY "Pêche du Cachalot" Ambroise Louis GARNERAY "Pêche de la baleine" | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Herman Melville Sam 24 Nov 2012 - 11:55 | |
| Oui, les tableaux de Garneray sont fantastiques, marquant le contraste entre la fragilité humaine et "la bête". Surtout que ce monsieur a écrit aussi, j'aimerais bien le lire. Contente aussi que la Nouvelle Zélande se rallie à l'Australie pour lutter contre la pêche aux baleines des Japonais (c'était dans Le monde d'hier). | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Herman Melville Dim 25 Nov 2012 - 20:33 | |
| - Queenie a écrit:
Mais alors... les longues explications sur les différentes baleines, les méthodes de chasses, les digressions sur d'autres histoires autour de Moby Dick... J'avoue, ça me lasse, ça m'ennuie. Oh oui ! Il aurait eu accès à wikipedia, à l'époque, on en aurait eu des tartines (pas de baleine, hein). Encore un bouquin qu'on ne peut plus faire à notre époque. La baleine qu'on veut tuer... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Herman Melville Mar 27 Nov 2012 - 9:46 | |
| - eXPie a écrit:
- Queenie a écrit:
Mais alors... les longues explications sur les différentes baleines, les méthodes de chasses, les digressions sur d'autres histoires autour de Moby Dick... J'avoue, ça me lasse, ça m'ennuie. Oh oui ! Il aurait eu accès à wikipedia, à l'époque, on en aurait eu des tartines (pas de baleine, hein). C'est clair. Bien trop détaillé. Je n'hésite plus à sauter des chapitres entiers. - eXPie a écrit:
- Encore un bouquin qu'on ne peut plus faire à notre époque.
La baleine qu'on veut tuer... Ouais. C'est barbare, et comme je ne suis absolument pas chasse&pêche, ça me tournevrille parfois trop de lire les séances de dépeçage, la poursuite de la baleine à l'agonie (là, ils viennent de pourchasser une baleine vieille, affaiblie, visiblement malade. Comme des fous furieux avides. Ils la tuent, et s'aperçoivent qu'elle avait une vieille blessure purulente sur le ventre, due à un vieil harpon). C'est difficile à lire, parce qu'il manque cette notion brave, héroïque et rassurante, d'un combat respectueux envers un animal mythique. Melville décrit scientifiquement la baleine, parfois avec admiration, mais dès qu'on entre dans l'histoire, qu'on suit les personnages, tout ça ne ressemble vraiment qu'à une chasse sanguinaire pour l'appât du gain. Du moins, c'est réaliste. Finalement, le côté respect cérémonial de ce que l'on pourchassons, c'est certainement pour se donner bonne conscience aujourd'hui. | |
| | | SCOman Envolée postale
Messages : 102 Inscription le : 08/06/2012 Age : 38 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Herman Melville Lun 31 Déc 2012 - 15:28 | |
| Poèmes de guerrePour la grande majorité d’entre nous, le nom d’Herman Melville reste indissociable de son célèbre roman Moby Dick. Peu savent que l’écrivain américain consacra une grande partie de sa carrière d’écrivain à la poésie. Comme l’indique Pierre Leyris en introduction à sa préface : « longtemps, pour presque tous, la poésie de Melville resta sous-estimée en Amérique ». Ce recueil de dix-sept poèmes tirés de Battle-Pieces and Aspects of The War ( Tableaux de bataille et aspects de la guerre) nous permet de découvrir une poésie très humaniste, proche de la nature, qui met en exergue le sacrifice des hommes lors de la Guerre de Sécession. Le point fort de ce livre est de nous proposer une édition bilingue de ces Poèmes de guerre, le lecteur pouvant effectuer un va-et-vient permanent entre la version anglaise et la version française. Petit bémol à ce sujet : je trouve la traduction française réalisée par Pierre Leyris de qualité assez inégale selon les poèmes. Mais il est vrai que l’exercice est tout sauf facile. La poésie d’Herman Melville est logiquement bien plus forte et expressive dans sa version originale. Parmi tous les poèmes de ce recueil, c’est incontestablement celui relatant la bataille de Fort Donelson (12-16 février 1862) qui s’avère le plus marquant ; le lecteur se retrouve transporté tantôt en ville auprès de la population avide des nouvelles du front, tantôt au cœur des combats épiques pour la prise du fort. Laissons Melville nous conter une sortie des assiégés confédérés : “After some vague alarms, Which left our lads unscared, Out sallied the enemy at dim of dawn, With cavalry and artillery, and went In fury at our environment. Under cover of shot and shell Three columns of infantry rolled on, Vomited out of Donelson– Rolled down the slopes like rivers of hell, Surged at our line, and swelled and poured Like breaking surf. But unsubmerged Our men stood up, except where roared The enemy through one gap. We urged Our all of manhood to the stress, But still showed shaterness in our desperateness.” ( Donelson, p. 58) Présent à la fin du livre, un Supplément écrit par l’auteur détaille l’état d’esprit dans lequel celui-ci composa ses Battle-Pieces, et fournit une prospective politique pour les États-Unis après la guerre civile. Soulignons l’excellent avant-propos de Philippe Jaworski, qui présente de manière claire et synthétique le contexte historique de la Guerre de Sécession. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Herman Melville Lun 25 Fév 2013 - 21:43 | |
| Benito CerenoUne longue nouvelle talentueuse, qui se passe à bord d'un navire. Un monde clos donc. Et met en scène des personnages énigmatiques, dont un Espagnol et son équipage atypique. Nous ne comprenons qu'à la fin la raison de cette étrangeté. Un navire avec un capitaine Américain voit un autre bateau en piètre état dériver. Il l'approche pour aider les survivants, assoiffés et hagards. Ceux-ci se composent d'esclaves et de blancs. Un capitaine a l'air de piloter ce drôle d'engin : Benito Cereno. Fier espagnol, au maintien aristocratique et pourtant distant. Quasi neurasthénique. Le capitaine Américain, personnage débonnaire et empathique, se heurte à cette figure taciturne, indolente et à des situations curieuses d'insubordination, de laissez-aller, etc... Le dialogue est vite impossible et le lecteur attend le drame. On découvre à la fin qu'il est passé. Le tour de force de Melville est d'arriver à instiller une atmosphère lugubre, digne d'un roman gothique, dans ce décor maritime infini. On sent une immense tension entre ces êtres prisonniers des flots. Les références bibliques sous-tendent le récit, donnant une envergure particulière à ce qui fut à l'origine un fait divers. Personne ne sait trop ce que Melville a voulu dire : condamnation de l'esclavage ? Hymne à l'Amérique bienveillante ? Au total, c'est un tableau bien sombre des moeurs humaines. Très brillant. Je recommande aussi 2 autres nouvelles : la véranda. Elle est censée mener au pays des fées... Disons qu'elle mène surtout, par un jeu de miroirs subtil, au pays de l'illusion et de la désillusion. Le marchand de paratonnerres : nouvelle bâtie autour d'une figure jupitérienne mystérieuse et suscitant l'effroi. Avant d'être dégonflée par l'humour ravageur du narrateur... Ce Melville est un fauve ! | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Herman Melville Lun 25 Fév 2013 - 22:12 | |
| - tina a écrit:
- Benito Cereno
Le tour de force de Melville est d'arriver à instiller une atmosphère lugubre, digne d'un roman gothique, dans ce décor maritime infini. On sent une immense tension entre ces êtres prisonniers des flots. Les références bibliques sous-tendent le récit, donnant une envergure particulière à ce qui fut à l'origine un fait divers.
[...] Au total, c'est un tableau bien sombre des moeurs humaines. Très brillant.
[...]Ce Melville est un fauve !
Tu me donnes envie de m'intéresser à cet auteur. Je n'ai jamais rien lu de lui, pas même Moby Dick. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Herman Melville Lun 25 Fév 2013 - 23:54 | |
| Tu peux commencer par Billy Bud ou Bartleby l' écrvain, deux biljoux de nouvelles ! Surtout Bartleby... On en parle plus haut sur le fil...
Moby Dick est un océan et si on commence par ce livre, on peut s' enliser... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Herman Melville Mar 26 Fév 2013 - 8:08 | |
| Oui, commence par les nouvelles, il vaut mieux. J'avoue m'être pas mal ennuyé dans Moby Dick. Melville a lu des bouquins sur la chasse à la baleine, il compile tout, et on a droit à des pages et des pages sur les différents sujets baleiniers...
Comme l'écrit Bix, tu peux commencer par Bartleby, très connu - surtout dans le monde anglo-saxon ?- , et très court (moins de 100 pages). Billy Budd, pas encore lu, mais le film de Peter Ustinov (1962) est très bien. Du coup, je laisse passer un peu de temps avant de lire le livre (j'aurais dû procéder dans l'ordre inverse).
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| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Herman Melville Mar 26 Fév 2013 - 9:31 | |
| - bix229 a écrit:
- Moby Dick est un océan et si on commence par ce livre, on peut s' enliser...
- eXPie a écrit:
- Oui, commence par les nouvelles, il vaut mieux.
J'avoue m'être pas mal ennuyé dans Moby Dick. Melville a lu des bouquins sur la chasse à la baleine, il compile tout, et on a droit à des pages et des pages sur les différents sujets baleiniers... Alors, ça y'a pas de risque ! Je ne commence jamais par les pavés, j'entre timidement dans le monde d'un auteur, par une petite porte d'une centaine de pages. En plus, j'ai vu plus ce que vous disiez sur Moby Dick, notamment Queenie qui parlait d'avoir sauté des chapitres entiers et toi eXPie qui le comparait à la page Wikipédia des baleines - bix229 a écrit:
- Tu peux commencer par Billy Bud ou Bartleby l' écrvain, deux biljoux de nouvelles ! Surtout Bartleby... On en parle plus haut sur le fil...
- eXPie a écrit:
- Comme l'écrit Bix, tu peux commencer par Bartleby, très connu - surtout dans le monde anglo-saxon ?- , et très court (moins de 100 pages).
Billy Budd, pas encore lu, mais le film de Peter Ustinov (1962) est très bien. Du coup, je laisse passer un peu de temps avant de lire le livre (j'aurais dû procéder dans l'ordre inverse). Oh merci pour les pistes de première lecture, c'est gentil ! En plus, vous êtes d'accord donc c'est parfait. Il existe un recueil regroupant Bartleby, Les Iles enchantées et Le Campanile. Est-ce que ces deux autres nouvelles valent le coup ? | |
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