John Cheever

Cela fait trop longtemps que je tourne autour. Ce que tu en dis, Nezumi, me donne définitivement envie. J'aime bien ces univers qu'il décrit, l'envers du décor à la façon Desesperate.

Maryvonne était moins convaincue, j'attendais d'autres avis pour me lancer et c'est fait, merci

Contente que vous ayez envie de le découvrir aussi. Ces chaînes de lecture j'en redemande!

contente que le livre t'ai plu Nezumi.

Contente aussi que ton très bon commentaire suscite des envies de lecture.

Les lumières de Bullet Park

J'avais oublié que Nezumi l'avait déjà (et très bien) résumé. Je passerai donc sur l'histoire.

Nezumi a écrit:

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui oscille toujours entre réalisme et outrance, humour et cruauté, ironie et gravité. John Cheever n'épargne rien à ses personnages pour les ridiculiser, tout en faisant ressortir le pathétique de leur situation. Comme je le dis plus haut, je me suis rendue compte à quel point les scénaristes de séries comme Mad Men ou Desperate Housewives y avaient trouvé leur inspiration et surtout ce ton tragi-comique, ces moments de pure comédie alternant avec le plus profond désespoir.

Tout à fait d'accord! C'est un superbe récit à la fois noir, angoissant et pourtant drôle. Ce roman de John Cheever m'a complètement conquise.
Au travers des yeux de l'auteur on se retrouve témoin du lent et inexorable basculement dans la folie meurtrière d'un homme pourtant riche et plutôt sympathique, mais qui ne parvient pas à trouver sa place dans cette société trop bien huilée.

Cheever épingle avec cynisme et humour les tics de cette micro classe où chacun doit tenir son rôle. Tout parait simple en apparence mais son analyse est sans appel. Sous les contours paisibles, des démons veillent bien sûr. Et derrière les façades, les sourires se crispent. Anxiolytiques, alcool et obsessions révèlent les failles d'un système sur mesure qui ignore les disparités. La réussite comme aboutissement et le bonheur à tout prix se révèlent au final terriblement déprimant, sources d'un enfermement duquel Hammer ne pourra se défaire qu'en brisant le cadre. C'est une brillante démonstration que nous offre l'auteur dans cette intrigue où la tension va crescendo.

Et quel style! Un exemple -très drôle ici- pour vous convaincre:

Citation :

Mrs Trencham pratiquait la dévotion empreinte de compétitivité qui lui était chère. Mrs Trencham s'était récemment convertie et elle était plus que fière de la façon dont elle maîtrisait les réponses et les signes de croix pendant le service: elle était combative. A peine la voix du prêtre retentissait'elle dans la sachristie qu'elle bondissait sur ses pieds et lançait ses Amen et ses Gloria d'une voix sévère et résonnante, bien avant le reste des paroissiens, comme si elle était engagée dans quelque course à pied ecclesiastique. Ses génuflexions étaient profondes et gracieuses, son Credo et sa Profession de foi étaient récités selon les règles de l'art, son Agneau de Dieu était inspiré, et si elle se heurtait à quelque compétition, comme c'était parfois le cas, elle s'empressait d'ajouter quelques signes de croix comme preuve de la supériorité de sa dévotion. Mrs Trencham avait l'esprit d'une gagnante.

Merci à vous de me l'avoir fait découvrir

Aériale aussi a aimé !

merci de ton commentaire.

(j'ai tellement de regrets de ne point savoir/pouvoir défendre les livres que j'ai aimé grrrrrrrrrrr)

Bédou, j'ai plus qu'aimé! Je me suis procurée Dejeuner de famille. Cheever c'est vraiment la classe

Bédoulène a écrit:

(j'ai tellement de regrets de ne point savoir/pouvoir défendre les livres que j'ai aimé grrrrrrrrrrr)

Ah mais non! Tu dis juste et bien. Pas besoin d'en mettre des tonnes comme dis Camus voir ma citation
Je fais toujours cas de tes impressions, et maintenant encore plus...

C'est toi qu'il faut remercier pour l'ouverture de ce fil

Pareil qu'Aériale. Bédoulène, ta présentation inclut l'essentiel du livre (ce passage saisissant du cerf-volant) et c'est toi qui l'a ouvert ce fil.
Chose que je ne fais pas pour des tas de livres que j'ai pourtant aimés.

Et c'est une super idée de l'avoir suggéré à la lecture commune...


Vous ne trouvez pas que la mère de Hammer est un sacré personnage? Il y a quelques jours je pensais justement à cette histoire quand elle arrive à deviner qui a dormi dans le lit précédemment, mais je ne savais plus où je l'avais lu...

Nezumi a écrit:

Bédoulène, ta présentation inclut l'essentiel du livre (ce passage saisissant du cerf-volant)

Tout à fait, il y a un vrai virage à ce moment là, on rentre dans le nerf du sujet. Hammer ,qui nous est décrit vaguement au tout début (lorsqu'il cherche une maison) prend ici forme et voix et nous raconte -à la première personne- ce moment passé à la plage, en solitaire. Alors qu'un type tourne autour de lui, Il va aider un père de famille aux prises avec un cerf volant dont la ficelle est emmêlée.

Citation :

L'espace d'un instant la filature de ficelle entre mes doigts, à la fois robuste et fin, qui avait très succintement déclaré mes intentions au pédéraste, sembla posséder une extraordinaire force morale, comme si le monde dans lequel j'avais déclaré de vivre tenait grâce à une longueur de fil similaire-de qualité médiocre, résistant et sans couleur.

C'est là qu'il prend conscience d'une "création morale dont les mandats auraient été plus substanciels qu'un fil de cerf volant". Il prend sa décision: sacrifier un représentant type du fameux rêve américain.

Nezumi a écrit:

Vous ne trouvez pas que la mère de Hammer est un sacré personnage? Il y a quelques jours je pensais justement à cette histoire quand elle arrive à deviner qui a dormi dans le lit précédemment, mais je ne savais plus où je l'avais lu...

Ha, ha... l'incroyable Grechten qui change de prénom suivant les latitudes, s'auto analyse en se parlant à haute voix et vole "pour le bien d'autrui" !! Sacrée bonne femme oui! Aussi imprévisible et folle qu'extrèmement lucide. Elle a une phrase à un moment qui dit tout:

Citation :

Dans nos efforts pour entrevoir l'âme de l'homme nous affirmons avoir l'honnêteté du désespoir, quand en réalité, nous mettons en place les structures artificielles d'une réalité acceptable et refusons obstinément d'admettre l'existence qui est la nôtre.

C'est elle qui insuffle la première l'idée de réveiller ce monde corrompu...

Dans le film Parc d' Arnaud des Pallières, elle a les traits de Géraldine Chaplin.
Un moment d'anthologie! trouvé sur You -tube. Faut absolument que je me procure ce film...

J'ai hâte de le commencer ce livre, mais j'en ai déjà deux en cours, ça risque de faire beaucoup pour moi, je vais devoir attendre un peu
En tout cas, merci pour vos commentaires, vous donnez tous envie de le lire.

Nezumi et Aériale merci pour votre soutien.

j'attends donc ton commentaire sur le Déjeuner en famille Aériale !

(en ce moment le temps me manque pour lire régulièrement et je suis sur un pavé de 600 pages)

à tantôt

Epi, je suis presque certaine qu'il va te plaire!!

Bédoulène a écrit:

j'attends donc ton commentaire sur le Déjeuner en famille Aériale !

Pour l'instant je suis dans la première nouvelle, l'histoire de cette drôle de famille qui se réunit chez leur mère au bord de l'océan, encombrée du ténébreux Lawrence, le fils jamais content.
Ca va péter, mais on ne sait pas quand et c'est tout bon

Je posterai dès que j'aurai fini Bédoulène, mais c'est pas pour tout de suite (autre lecture en cours)

Je le note ce Cheever, ça me dit de plus en plus ce que vous en racontez.

Les lumières de Bullet Park

vous en avez déjà dit le bien qu'on peut dire de ce livre et je ne viens que rejoindre le choeur des louanges.
J'ai bien aimé la strucutre, l'évolution des deux personnages principales, la "cruauté" de Cheever de donner au lecteur des indices sur la fin du livre.. et on ne peut plus s'empêcher de lire au plus vite pour savoir

J'adore cette littérature des suburbia et voilà un auteur qui est à côté de quelques autres le roi de ce genre

Nezumi a écrit:

Mais j'ai finalement lu très peu de ces romans où les scénaristes d'Hollywood ont puisé toutes leurs idées.

Richard Yates, Revolutionary Road (Fenêtre panoramique)
John O'Hara, Appointment in Samarra (Rendez-vous à Samarra) ici la petite ville devient suburbia
John Updike, Couples (Couples)
James Salter, Light Years (Un bonheur parfait) pas tout à fait dans le genre, mais toute occasion est bonne de parler de ce livre
Tom Perrotta, Little Children (Les enfants de choeur) pas encore lu (Nezumi, il est dans ma PAL, et je vais l'ajouter à mon 'challenge' - mais vu le film)
Jeffrey Eugenides, The Virgin Suicides (Les vierges suicidées)

kenavo a écrit:

James Salter, Light Years (Un bonheur parfait) pas tout à fait dans le genre, mais toute occasion est bonne de parler de ce livre

Ah mais je l'ai dans ma PAL lui, il faudra que je le ressorte très vite.

Epi a écrit:

kenavo a écrit:

James Salter, Light Years (Un bonheur parfait) pas tout à fait dans le genre, mais toute occasion est bonne de parler de ce livre

Ah mais je l'ai dans ma PAL lui, il faudra que je le ressorte très vite.

tu devrais a-do-rer