DARLINGHistoire vraie. Adaptée du roman Darling, de Jean Teulé.
L'histoire de Darling. Cette gamine qui, née dans une famille paysanne, rêve de s'en évader, et pense trouver le bonheur idéal en partant sur les routes avec l'un de ces milliers de routiers qui passent sur la Nationale qui longe la ferme parentale.
Ce film retrace le cercle infernal dans lequel une femme pleine de rêves et d'espoir va sombrer. Tout est très réaliste dans ce film, et je trouve que Christine Carrière a su parfaitement montrer la vie à la campagne, les paysans, les angoisses des enfants prisonniers de cette vie, leur rebellion. Et leurs rêves. C'est glauque, malsain, bouffé par les non dits, les secrets, les colères et l'envie d'y croire.
On assiste à une descente lente et irrémédiable dans une violence quotidienne ahurissante. Parce qu'ici la violence est avant tout question de torture psychologique et mentale, une torture qui va parvenir à complètement détruire Darling intérieurement (que ce soit son corps en charpi ou ses rêves qui s'écroulent).
La force de ce film vient aussi beaucoup de la réalisation qui reste juste. Elle n'en fait pas trop, ne tombe pas dans un voyeurisme forcené, et préfère suggérer les scènes horribles plutôt que de les montrer du doigt. L'important étant ce qu'il advient de Darling au fur et à mesure des années de souffrance, plutôt que les souffrances en elles-mêmes.
Les acteurs sont également pour beaucoup dans cette réussite : leur jeux est parfait, en équilibre entre le hypra réaliste et le petit côté théâtral qui découle souvent dans les situations où l'homme approche certains extrèmes. Canet joue décidemment bien les déséquilibrés !
Un film en équilibre entre une certaine naïveté infantile attendrissante sans tomber dans le trop gentillet, entre un naturalisme à la limite du caricatural, et quelques petites pointes oniriques qui ne sombrent pas dans le trop abstrait et métaphorique. Mais un mélange qui crée aussi un malaise chez le spectateur, qui parfois ne semble pas croire que tout ce micmac soit possible et s'agence aussi bien. On se retrouverait presque dans la peau de la juge à la fin qui affirme à Darling que personne ne la croit, et lui fait comprendre qu'ils n'attendent que ça : la croire.
Darling est une réussite je trouve, dans son genre. On en ressort secouée mais pas assénée.