Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Ce roman comprenant deux parties bien distinctes (1937 et 2000) nous permet de retrouver des thèmes chers à Metin Arditi : le poids de l’enfance et de ce qu’on a vécu sur notre « aujourd’hui », la résilience, le chemin parcouru par chacun pour construire celui qu’il est, les secrets et les non-dits, la place de l’art….Bien entendu, les recherches du présent éclairant les choix et les orientations du passé avant de déterminer ceux de l’avenir….
Le style et l’écriture de l’auteur sont puissants, forts, il sait trouver les mots justes pour transmettre en peu de lignes, une émotion qui touche au plus profond. Il effleure ses personnages dans un premier temps puis creuse en eux, fouillant leur âme.
C’est une tranche d’histoire peu connue du peuple russe qui est abordée dans ce livre avec sobriété et donnant une fois encore l’envie d’en savoir plus sur les événements réels. Le N KVD, police privée du parti communiste, exécutaient des moines, pillaient les monastères… Mais comme chaque fois que les gens doivent se soumettre, une étincelle de révolte subsiste chez certains d’entre eux. C’est cette lutte que nous découvrons dans la première partie.
Citation :
« Chaque pièce sacrée soustraite aux mains des bolchéviques est une pierre de notre Église. »
Dans la seconde partie, nous nous attacherons à un homme qui au décès de son père va être confronté à ses racines… Il recevra, en pleine face des informations étonnantes, déstabilisantes mais au combien nécessaires pour avancer…
Citation :
« Quand on est russe, on l’est jusqu’à la moelle des os. » « Un Russe qui vit à l’étranger, c’est un être incomplet. »
Beaucoup d’hommes pensent s’affranchir de leur enfance, de leur famille, se libérant d’un carcan qui les a, peut-être, pensent-ils, conditionnés… Alors, si on ignore, si on n’essaie pas de savoir, si on se pense libre, est-ce qu’on grandit en étant totalement libérés ? Ne vaut-il pas mieux se servir de l’histoire de nos aïeux pour se construire en toute quiétude ?
Metin Arditi ne prétend pas apporter à une réponse mais à travers un récit intéressant, poignant, il aborde ces sujets et nous renvoie à notre propre vie….
Spoiler:
Je vois qu'avec Mimi, nous avons été marquées par les mêmes phrases sans nous concerter.
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
La confrérie des moines volants, Metin Arditi Grasset, Août 2013 350 pages
4ème de couverture :
Citation :
1937. Le régime soviétique pille, vend et détruit les trésors de l’Eglise russe. Il ferme plus de mille monastères. Des centaines de milliers de prêtres et de moines sont exécutés. Les plus chanceux s’échappent, vivant cachés dans les forêts. Voici l’histoire de Nikodime, qui, avec l’aide d’une poignée de moines-vagabonds, tente de sauver les plus beaux trésors de l’art sacré orthodoxe. Où l’on rencontrera un ancien trapéziste, un novice de vingt ans et quelques autres fous de Dieu. De l'avant-guerre à nos jours, de la Russie bolchévique à la Moscou des milliardaires et des galeries d’art, l’étourdissante histoire de quelques hommes de courage. Et puis, bien sûr, il y a Irina. Elle fuit l'Enfer, traverse l'Europe, arrive à Paris, change d'identité... Elle est au cœur de cette lumineuse histoire de résistance et de rédemption.
Cap sur la Russie de Staline. 1937, le temps des purges. Et de "l'excommunication" de l'Eglise. Pillages, exécutions sommaires, le régime soviétique ne fait pas de quartiers. Dans la première partie de la confrérie des moines volants, Metin Arditi nous conte une histoire singulière, héroïque et authentique : la préservation par une poignée de moines installés en pleine forêt de trésors de l'art sacré orthodoxe. A leur tête, un personnage étonnant, Nikodime, au passé trouble, pêcheur repenti mais en continuel conflit avec lui-même, qui mène sa mission comme une croisade en terre impie. Superbe portrait d'un religieux, brave et vulnérable, magnifique évocation d'un épisode méconnu de l'histoire soviétique. Et puis, au gros tiers du roman, sans sommation, Arditi nous transporte une soixantaine d'années plus tard. La transition est brutale. Non que l'histoire devienne inintéressante mais elle est bien plus convenue, avec des secrets qui vont se révéler peu à peu et faire le lien avec celle narrée en amont. Le tableau que l'auteur dresse de la nouvelle Russie -capitalisme sauvage, nationalisme exacerbé, culte du passé- s'il est pertinent, n'a rien d'original et l'écriture, simple et efficace, est celle d'un thriller de moyenne gamme. Certes, les pages se tournent vite, mais l'on regrette de ne pas avoir suivi le cheminement de ce "sacré" Nikodime, plus avant.
eimellelect Espoir postal
Messages : 24 Inscription le : 02/01/2014
Sujet: Re: Metin Arditi [Suisse] Mar 7 Jan 2014 - 7:14
Après avoir découvert M. Arditit dans Victoria-Hall j'ai poursuivi dans le monde de la musique avec prince d'orchestre, le monde des coulisses des orchestres, je pense que mon prochain sera le Turquetto (pour Venise!)
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Metin Arditi [Suisse] Sam 30 Jan 2016 - 11:54
La confrérie des moines volants
Un livre intéressant qui retrace sur deux périodes (1938 et les années 2000) un petit bout de l'histoire de l'URSS puis de la Russie et met en relief la question de la filiation, du secret de famille et du devoir de mémoire.
Par certains aspects, ce livre m'a rappelé l'excellent Démon de Thierry Hesse, d'abord parce qu'il raconte l'histoire d'un lourd secret de famille mais aussi parce qu'il évoque les grands espaces de l'Est, ses lacs, ses conflits politiques, ses étendues de neige. Mais là où Hesse offrait un récit poignant, j'ai eu l'impression que M. Arditi ne croyait pas vraiment à son histoire et tombait même parfois dans une certaine distance (bouffonnerie ?) qui rend le texte fort léger mais néanmoins non dénué d'intérêt. Car pourquoi faudrait-il impérativement être profondément sérieux quand on écrit un roman ?
Il est donc question d'un moine russe orthodoxe tiraillé par la chair et la pénitence, qui organise un groupe de moines en voleurs d'icônes pour les sauver de la destruction. L'idée est assez géniale et surprenante pour retenir l'attention. Le traitement aérien de l'intrigue, l'intervention d'un bon nombre de personnages subsidiaires, les appréciables explications religieuses, les traductions fort bien venues, tout cela donne au texte une saveur d'onctueuse chantilly. En filigrane et comme s'il y touchait à peine, Arditi pose malgré tout la question douloureuse de la manière dont les individus, les sociétés, les pouvoirs parviennent à assimiler leur passé, un passé ici incompatible avec le présent d'une Russie cherchant à reconquérir sa force et ses richesses. Comment fait-on pour que la mémoire ne prenne pas le pas sur le présent ? Comment faire pour dire que le pire a existé mais qu'il faut le dépasser ?
Cette question, loin d'être banale, peut être posée à tous les acteurs de nos sociétés (du citoyen au plus hautes instances politiques et intellectuelles) autant pour des questions d'appartenance politique (communiste, fasciste, lutte armée…) que pour des évènements anciens ou plus récent. En un mot : comment commémorer ? Comment affronter son histoire sans tomber dans la culpabilité ? Comment se souvenir sans souffrir mais en reconnaissant l'horreur ?
Un livre qui se lit tout seul, sans boursouflure, qui ne torture pas son lecteur, mais qui laisse une trace parce qu'il interroge avec nuance la mémoire du survivant et nous sommes tous des survivants.
J'ajoute que certains passages en particulier ceux concernant les icônes russes ou les photographies de Mathias sont d'une grande beauté et laissent deviner un auteur d'une sensibilité vibrante.
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Metin Arditi [Suisse] Sam 30 Jan 2016 - 17:33
shanidar a écrit:
Car pourquoi faudrait-il impérativement être profondément sérieux quand on écrit un roman ?
Un livre qui se lit tout seul, sans boursouflure, qui ne torture pas son lecteur, mais qui laisse une trace parce qu'il interroge avec nuance la mémoire du survivant et nous sommes tous des survivants.
J'ajoute que certains passages en particulier ceux concernant les icônes russes ou les photographies de Mathias sont d'une grande beauté et laissent deviner un auteur d'une sensibilité vibrante.
Présentation de l‘éditeur À Kalamaki, île grecque dévastée par la crise, trois personnages vivent l’un près de l’autre, chacun perdu au fond de sa solitude. Le petit Yannis, muré dans son silence, mesure mille choses, compare les chiffres à ceux de la veille et calcule l’ordre du monde. Maraki, sa mère, se lève aux aurores et gagne sa vie en pêchant à la palangre. Eliot, architecte retraité qui a perdu sa fille, poursuit l’étude qu’elle avait entreprise, parcourt la Grèce à la recherche du Nombre d’Or, raconte à Yannis les grands mythes de l’Antiquité, la vie des dieux, leurs passions et leurs forfaits... Un projet d’hôtel va mettre la population en émoi. Ne vaudrait-il pas mieux construire une école, sorte de phalanstère qui réunirait de brillants sujets et les préparerait à diriger le monde ? Lequel des deux projets l’emportera ? Alors que l’île s’interroge sur le choix à faire, d’autres rapports se dessinent entre ces trois personnages, grâce à l’amitié bouleversante qui s’installe entre l’enfant autiste et l’homme vieillissant.
Quand je ressors d’un livre et je ne peux pas dire si j’ai aimé ou pas… ce n’est pas très bon signe. Le plus dur pour moi est qu’il s’agit d’un auteur dont je voudrais dire que du bien. Mais voilà… en luxembourgeois je dirais que c’était « sou la la » (mi-figue mi-raisin)
Ce qui est certain, la lecture était agréable, j’aime l’écriture de Metin Arditi, un séjour en île en plus cette fois-ci, très bien. Les trois personnages principaux sont bien mis en évidence et on peut s’attacher à tous les trois… mais voilà qu’il m’a perdu un peu lors des comptages de Yannis. Je veux bien croire que les enfants autistes ont besoin de certains schémas pour arriver à équilibrer leur réalité… mais pourquoi énumérer toutes ces colonnes de chiffres et listes de calculs… j’étais hermétique à ce volet de l’histoire.
Mais en fin de conte je dirais que c’était plutôt un moment positif… à chacun de voir s’il a envie de suivre ce périple sur l’île
Metin Arditi se trouve dans la première sélection pour le Goncourt… je suis certaine que je suis passée à côté de ce livre, ne faites donc pas attention à mes impressions mais jugez par vous-même
Traversay ne participe plus au forum, mais il ne s'est pas arrêté de lire, son commentaire pour ce livre
Je n'ai lu d'Arditi que La confrérie des moines volants et j'ai eu l'impression que l'auteur ne cherchait pas le spectaculaire, la phrase qui percute ou l'instant éblouissant mais qu'il s'intéressait plutôt à un équilibre délicat entre les personnages et à tendre un fil ténu entre son histoire et le lecteur. Je ne vais pas me précipiter sur ce dernier roman, mais si je le croise... Pourquoi pas ! (très sympa "sou la la" comme expression!)
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence