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| David Cronenberg | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: David Cronenberg Ven 1 Juin 2012 - 16:02 | |
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: David Cronenberg Ven 1 Juin 2012 - 22:07 | |
| - Marko a écrit:
Cosmopolis se termine sur une scène de dialogues de vingt minutes. C'est très osé comme parti pris cinématographique...
Ce sont vingt-deux minutes en fait ! C'est aussi comme ça que le livre se termine, alors je n'ai pas hésité longtemps. Pour moi, l'essence du cinéma, c'est une personne en train de parler ! Je refuse pour autant l'appellation de théâtre filmé. Ce qui en fait du cinéma, c'est l'utilisation des outils de la caméra. Il n'y a pas de gros plan, de travelling ou de montage au théâtre. Alors là c'est fini je crève d'envie de le voir ! Par contre je devais y aller avec des amis : pas très recommandé finalement ? | |
| | | Invité Invité
| | | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: David Cronenberg Sam 2 Juin 2012 - 21:23 | |
| Et c'est peut-être mieux finalement si tu veux rester concentrée sur le propos... Comme prévue, mon amie qui croyait voir un Twilight bis a été très déçue. Elle est sortie après une heure de film En général, nous n'avons pas les mêmes goûts pour le ciné donc c'est plutôt bon signe pour moi ! | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: David Cronenberg Mar 5 Juin 2012 - 23:08 | |
| Cosmopolis
Pour revenir au texte de DeLillo, sa complexité est liée à la profusion d'idées, de ruptures, par de brèves séquences qui se découpent sans lien apparent. Il est alors particulièrement ardu d'incarner les mots par notre imagination tant celle-ci semble se heurter à des murs pourtant indispensables pour la construction. C'est une oeuvre à la fois passionnante et frustrante, qui mérite certainement une relecture. Cronenberg choisit pour son adaptation de se confronter d'entrée à la matière littéraire, sans chercher à la détourner ou à la rendre plus malléable. Le film nait et meurt par le langage, qui exprime à la fois une monstruosité, un puits sans fond et un constat d'échec. Il porte un commentaire sur le monde mais ne peut saisir l'instantanéité, condamnant dès lors ses personnages à une fuite en avant dans un masque de souffrance refoulée. La mise en scène absorbe le flot des discours, multiplie les plans serrés en intérieur pour capter des édifices clos et d'apparence inaccessibles. Les gestes n'apparaissent plus comme des mouvements mais comme une succession de poses figées, reflets d'une tentative de se protéger de son propre corps. Je rejoins Marko lorsqu'il évoque la théorisation d'émotions, et je trouve que la réussite de Cronenberg est justement liée à sa capacité de faire naitre un malaise, une distance qui nous semble pourtant étrangement familière. Cosmopolis dévoile une violente tristesse dans la mesure où Packer associe une recherche de jouissance au constat de l'imminence de sa mort (Crash n'est jamais très loin..). La liberté, le lâcher-prise qu'il tente de faire revivre n'est jamais autre chose qu'un renoncement ou un regard détourné.
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: David Cronenberg Mer 6 Juin 2012 - 10:06 | |
| Il donne aussi le sentiment d'un être immortel et tout puissant qui redécouvre sa mortalité en régressant dans cet habitacle mi-utérus mi- cercueil vers une forme de fragilité d'enfance. On passe d'une déréalisation totale (qui a d'ailleurs l'aspect d'une œuvre abstraite) à ce trou dans la main qui le ramène à sa réalité bien concrète. Il est comme soulagé d'accepter son sacrifice. Il n'a jamais autant eu l'impression d'exister. Tout ça étant évidemment métaphorique. Quel univers étrange que ce film qui me poursuit insidieusement. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: David Cronenberg Lun 11 Juin 2012 - 12:07 | |
| Je ne sais pas comment je pourrais décrire ce film et en parler.
Juste qu'une fois qu'on a été capté, c'est impossible de s'en détacher, et c'est ce qui m'est arrivé. Happée.
L'ambiance de la limousine est terrible, Pattinson et tous les acteurs sont très bons. Sortes de demi-dieux sillonnant le monde qu'ils ont créé sans le connaître réellement. Ça m'a rappelé le propos d'American Gods de Neil Gaiman. J'ai bien aimé aussi les sorties de voiture de Pattinson et les lieux très "vieille amérique" dans lesquels il va à chaque fois : diner, coiffeur, librairie, café... etc... Vraie rupture avec son monde aseptisé, contrôlé et où il est le maître. Dans ces autres lieux, il est presque soumis à sa femme, qui le repousse, qui le manipule. Qu'il ne comprend pas. Et le monde autour d'eux, bruyant, mouvant, vivant et commun, ne les atteint pas. Ils sont là, mêlés au reste du monde, et, finalement, avec des situations très banales de tout un chacun.
La confrontation avec son ancien employé est très forte, le décor est un chef d’œuvre de vieux pc, de bordel et de poussière. Une crasse d'apparat.
Les scènes dans la voiture entre Pattinson et tous ses sous-fifres sont plein de tensions intellectuelles et sexuelles. Le spectateur n'arrive pas forcément à cerner tout ce qui est en train de se passer et de se dire, mais l'ambiance est palpable et pleine de sens.
La chute par le corps de Pattinson est parfaitement agencée. Évidemment, ses vêtements qu'il perd au fur et à mesure mais aussi cette souffrance qu'il recherche à chaque fois, cette confrontation avec la mort de plus en plus proche de lui.
Un film qui est réellement superbement construit, qui tient son rythme avec une régularité hypnotique, et qui ne semble pas faire de compromis (ce qui commençait à devenir une habitude dans les films de Cronenberg, je trouve). | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: David Cronenberg Lun 11 Juin 2012 - 19:58 | |
| - Queenie a écrit:
- Je ne sais pas comment je pourrais décrire ce film et en parler.
Tu t'en sors pourtant drôlement bien C'est vrai qu'il faut être happé sinon l'hypnose peut devenir somnifère. Mais quel ovni ce film! Les décors chez Cronenberg donnent souvent l'impression d'être des lieux virtuels ou mentaux. C'est complètement déphasant. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: David Cronenberg Lun 11 Juin 2012 - 22:47 | |
| Ca y est, je l'ai vu aussi ! Et si je rejoins totalement la Queen, j'en suis encore toute baba et ne sais encore quoi dire. Je vais laisser mijoter tout ça et essayer d'y mettre des mots prochainement. |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: David Cronenberg Mar 12 Juin 2012 - 8:47 | |
| C'est ça : des décors comme des projections mentales ! Un truc qu'il avait poussé à son maximum avec eXistenZ, d'ailleurs. C'est fort, je trouve, j'aime vraiment bien. J'accepte d'emblée ce procédé. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: David Cronenberg Mar 12 Juin 2012 - 21:32 | |
| Je n'ai pas bien choisi ma compagnie pour aller voir ce film... Rien suivi de la deuxième partie. Un peu de la première, juste de quoi m'apercevoir que ça mérite concentration. Des idées intéressantes et originales qui sont ressorties... Une ambiance étrange... Peut-être un peu trop sérieux dans l'ensemble ?
Je le reverrai chez moi, au calme. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: David Cronenberg Mer 13 Juin 2012 - 10:27 | |
| (J'étais tellement concentrée, happée par le film que j'en avais même pas terminé ma cup de lions !) | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: David Cronenberg Mer 13 Juin 2012 - 21:26 | |
| - Queenie a écrit:
- (J'étais tellement concentrée, happée par le film que j'en avais même pas terminé ma cup de lions !)
Ah ben ça je peux comprendre par contre | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: David Cronenberg Sam 11 Aoû 2012 - 21:44 | |
| Crash (1996) On reprend le bon résumé de K : - K a écrit:
Crash (1996) A la fois oeuvre dédiée à l'icône du XXiè siècle (l'automobile) et son pouvoir sexuel, et métaphore de la société technologique où l'homme en viendrait à fusionner avec la machine dans un rapport sado-masochiste, Crash possédait sur le papier un potentiel pas vraiment exploité à l'écran. Pourtant, Cronenberg semblait le choix idéal pour adapter le roman de Ballard tant les préoccupations du réalisateur rejoignent celles du livre. Mais le film est au final moins subversif qu'on pouvait l'espérer, voir un peu ridicule. James Spader et Deborah Unger se tamponnent un peu les pare-chocs, on fait des galipettes sur le siège avant, mais tout ça manque d'audace et de fond. Trop lisse, trop aseptisé, trop gentil. On est tout de même loin de Vidéodrome.
Je suis allé relire ce que j'avais raconté sur le fil Ballard parce que si le début m'a rappelé des choses après j'ai eu un doute. ça doit coller en fait. J'avais oublié le film, le livre ne m'a pas beaucoup emballé... et une nouvelle vision du film. Assez racoleur avec sa sensualité vaseuse le film a à sa manière le mérite d'être plus explicite sur l'automobile comme un corps étranger qui est un prolongement du corps humain et décalque bien le masochisme sur ce prolongement bien que le procédé est l'air plutôt rudimentaire. Point d'orgue supposé : l'accident : réalisation de peurs et de libération et accès à quelque chose de plus... et fournit un point commun ou un rapprochement possible, une sublimation avec les stars (qui ont perdu la vie dans des accidents). Il manque quand même un raccord entre les plans périphériques et parkings et le reste pour prendre de la hauteur. C'est franchement moyen ce clip mou murmurant d'1h30. Très moyen entre la provoc tiède et l'érotisme de bazar et la super dénonce bien pratique et vaguement fascinée/hallucinée d'une dérive des sens. Plouf. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: David Cronenberg Sam 24 Aoû 2013 - 3:00 | |
| Cosmopolis - traversay a écrit:
- Pas d'inquiétude, certains crient déjà au génie. Et on est prié de ne pas ricaner.
Et bien..je n'ai pas votre facilité d'écriture pour parler d'un film, mais je l'ai trouvé assez brillant.. Sur le fond, mais comme c'est très littéraire, je vais lire le roman pour mieux comprendre certaines choses un peu compliquées dans le texte, mais aussi sur la forme. En exergue: Un rat devint l'unité d'échange Zbigniew Herbert, Report from the Besieged City Et une phrase: où vont les limousines, la nuit? La limousine, ce moyen de transport ridicule , est sa bulle , son espace de vie,son refuge, il y reçoit tel un roi qui reçoit ses sujets , et chaque fois qu'il en sort pour rejoindre un lieu plus...réel, il y est repoussé, la transformant en véritable prison.Et pourtant, il essaie, à plusieurs reprises, notamment pour tenter d'avoir un contact avec l'étonnant personnage qu'il a épousé. Dans cette unité de lieu, il y a le temps. Tout est minuté, organisé, les intervenants divers se succèdent. Mais le temps, il sait dès le début qu'il ne l'a plus. A l'heure ( c'était peut être futuriste à l'époque où Don De Lillo a écrit le roman, ça ne l'est plus)où le monde de la finance fait bouger ses positions sur une échelle de temps infinitésimale, il a 28 ans, il est très vieux. Et il est mort économiquement en se trompant sur le yuan, il est donc mort tout court. C'est un suicide annoncé..Et toute cette avancée de la limousine qui se dégrade de minute en minute, comme lui se transforme aussi physiquement comme le dit Queenie, est une marche vers la mort .Avec, tout le long du chemin, des manifestants qui jettent des rats de plus en plus gros sur lui. - Marko a écrit:
- l y a une forme de souffrance chez ce garçon qui perd pied, dont l'entreprise est en train de faire faillite, l'épouse frigide est de plus en plus détachée et inaccessible, les maîtresses vieillissantes ou tarifées, les autres des ennemis potentiels, sa propre jeunesse en train de lui échapper. Et en même temps qu'il perd de sa substance il se met à laisser ses émotions ressurgir comme un enfant qui se rend chez son coiffeur après avoir pleuré dans les bras d'un noir obèse, puis il expie tous les maux de la société qui l'ont formaté pour accepter son sort de victime sacrificielle. C'est désenchanté et bouleversant
Oui, et ce qui m'a frappée, c'est que vous parlez du coiffeur, mais s'il tient par dessus tout à arriver chez ce coiffeur et pas un autre, pour une coupe de cheveux asymétrique, oui, c'est que ce n'est pas n'importe quel coiffeur. C'est son enfance, le coiffeur de son enfance , et c'est une trace de son père. D'ailleurs, là aussi, s'il en repart si vite, c'est que ce coiffeur ,image du père, change très vite de ton , et devient presque insultant, dès qu'il apprend qu'il n'a plus ni arme, ni garde du corps. Que ce malheureux Eric s'écarte de la ligne tracée par son père.. Quant à l'asymétrie de la prostate ,détail anodin pour le remplaçant de son médecin ordinaire ,qui en parle pour dire quelque chose, il n'a rien d'anodin pour lui car il ne comprend pas, il ne domine pas. Et ça rejoint bien sûr le dialogue final ( il parait que la fin est différente dans le livre?) sur les réactions quelquefois imprévisibles des marchés financiers. Ce fameux dialogue final , très long, c'est vrai , est assez extraordinaire parce que dans l'affrontement , on s'attend à un peu de morale, il n'y en a aucune, la seule remarque est balayée très efficacement par Eric qui dit à son ex employé qu'il ne s'est, lui non plus, jamais préoccupé des autres.. Ils sont morts tous les deux , depuis plus longtemps pour l'un qui n'a tenu que par sa volonté de vengeance envers quelqu'un qui n'a pas pu le sauver . Et j'emprunte la fin à la critique de Pierre Murat dans Télérama ici: Mais ce cri, « Je voulais que vous me sauviez », résonne comme une variante de « Pourquoi m'as-tu abandonné ? », la question que la créature finit toujours par poser à son créateur. En pure perte, surtout dans l'univers sans foi ni loi qui est le nôtre. C'est cette question sans réponse qui rend le film de Cronenberg si actuel et si désespéré.— | |
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