Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 John Burnside

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bix229
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyLun 9 Aoû 2010 - 22:17

Ah, mais il faut le traduire !
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Marko
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyLun 9 Aoû 2010 - 22:18

In Argentina
I Plaza San Martin (Tango)

John Burnside - Page 3 San-ma10 John Burnside - Page 3 200px-10
I keep coming back
to the city I know from a dream:

no one at large on the streets
and the land all around me

haunted by winds
and the silt-coloured murmur

of gauchos.

By day, it is never like that:
there are buildings and people,

women with flames in their eyes
and a river of boys

who are hoping for something more
than manhood

- a tango, say,

a dance they can sift from the night
or a song in the blood

that others could see
in the slow work we make

of a lifetime.

The days are all guesswork and noise,
like the business of a home,

but now and again
for moments that don’t quite begin

a person can come to himself
on San Martin

-a person not quite
the person I might have been

and no more or less happy or true
than a stranger’s childhood

-come to himself at noon
as a waking dream

and matching the shadows he knows
with the shadows he finds

in the garnet and star-tinted blooms
of the palos borrachos.


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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyLun 9 Aoû 2010 - 22:19

bix229 a écrit:
Ah, mais il faut le traduire !

Je copierai quelques traductions du recueil disponible en français... Mais ça sonne bien en anglais Very Happy
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kenavo
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyMar 10 Aoû 2010 - 8:13

Marko a écrit:
Mais ça sonne bien en anglais Very Happy
ça sonne souvent mieux en anglais Wink

merci pour ces poèmes.. j'aime bien des auteurs qui sont aussi des poètes.. je vais regarder plus près pour les écrits de John Burnside..
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Marko
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyJeu 12 Aoû 2010 - 12:54

John Burnside - Page 3 97829110

Chasse Nocturne/ The Hunt by night

Parallèlement à la lecture d'Un mensonge sur mon père, je feuillette ce petit recueil bilingue (80 pages pour chaque langue) de ses poèmes et c'est un régal. N'hésitez pas à vous le procurer... On y retrouve tout son univers à la lisière du fantastique où les morts et les vivants tentent de cohabiter à travers le souvenir, où la nature peut-être menace ou refuge.. . On y trouve des références à la peinture (Hopper, Breughel) , au cinéma.

Je mettrai quelques extraits de temps en temps:


Chasse Nocturne

Les enfants se figurent la mort comme une accumulation
d'ombres entre les arbres: une cachette
pour tout ce que les adultes ne peuvent nommer.
Pourtant, ils se pressent pour ne pas manquer le rendez-vous
au fond des bois, au point de rencontre des lignes parallèles,
là où tout est modifié de son propre
élan - modifié même si nous disons transformé -
lévrier en chevreuil, rires en peau et os.
Et personne ne survit à la chasse: bien que les hommes rentrent
en groupes de trois ou quatre, le visage rendu inexpressif par le froid,
ils n'atteignent jamais vraiment ce qu'ils semblent être,
laissant au coeur de la forêt une tournure de phrase ou
une chanson de leur enfance, penchés sur la proie qui tressaille,
ils attendent, tandis que leurs couteaux transpercent le sang
comme du beurre ou de la soie, que le coeur s'arrête.
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyJeu 12 Aoû 2010 - 18:11

Essai sur la lumière: VI. L'art de mourir

Il y a ceux qui disent que l'on pourra choisir,
quand viendra l'heure:

une forme qui rentre furtivement des bois, un renard bondissant,
ou le plus petit des oiseaux, entré par une fenêtre
ouverte
- roitelet triple-bandeau ou troglodyte mignon -
léger battement d'ailes contre le mur, ruban de musique;

et parfois, un ami ou un amant,
vingt ans plus tard,

les vieilles blessures se dissolvent;
l'ambivalence est oubliée.

Moi, je prendrais la route du retour, qui passe près du loch:
une gallinule dans les roseaux, le rougeoiement de l'aube,

et personne derrière moi pour me crier, encore et
encore,

entre dans la lumière
fils noble
entre dans la lumière.
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptySam 21 Aoû 2010 - 13:27

Un mensonge sur mon père
John Burnside - Page 3 Livre_10
(Prix littéraire européen
Madeleine Zepter 2009)

Raison, terreur, indignité, il est incapable de nommer cette chose, elle prend chaque fois une forme différente, mais elle est toujours là, en travers de sa route, elle le coupe de son destin. Je suis sûr que mon père ressentait ces choses - mais ces mots sont les miens, et c'est ça le véritable mensonge sur mon père. Je ne peux parler de lui sans parler de moi, de même que je ne peux me regarder dans le miroir sans y voir son visage.


John Burnside - Page 3 Aa51f810 John Burnside - Page 3 T0794510 John Burnside - Page 3 George10 John Burnside - Page 3 George11 John Burnside - Page 3 George12
Peintures à l'émail Humbrol sur bois de George Shaw

Mensonge du souvenir et de la mémoire, mensonge de la perception que nous avons des choses et de ceux que nous avons connus, mensonge de notre propre invention du mythe familial et de notre identité, mensonge de la transmission. John Burnside raconte son histoire de l'enfance à l'âge adulte: la précarité dans une petite cité minière ressemblant aux peintures hyper-réalistes de George Shaw, la tyrannie d'un père alcoolique et violent, la soumission d'une mère qui sacrifie ses rêves, sa propre révolte et sa "chute" dans l'alcool et les drogues, la folie et l'hôpital psychiatrique, son cheminement vers une forme de pardon et d'apaisement.

Je la regardai dans les yeux et je vis qu'une lueur s'était éteinte. Ce n'était pas simplement la lueur d'un banal espoir: l'aventure d'un après-midi, un rêve fou anéanti. C'était sa lumière à elle, son étincelle, son âme. Eteinte. (...) Ce jour là, quand mon père refusa de la laisser ne serait-ce que bercer son rêve, ma mère tourna une page, en sus de perdre tout espoir. Désormais, elle allait faire beaucoup moins d'efforts pour dissimuler l'irritation , voire le dégoût, que lui inspirait mon père. J'allais revoir cette expression, au cours des années qui suivirent, et je la reverrais dans ses yeux quelques jours avant son décès, quand elle me regarda, sur son lit de mort, assommée de morphine, et me demanda - s'adressant non pas à son fils, en cet instant précis, mais à un inconnu bienveillant - à quoi tout ça avait servi.

Cette autobiographie est magistrale parce qu'elle évite tous les clichés du genre. Il ne fera pas de son père un monstre, et malgré la violence, les humiliations, la colère, qu'on sent dévastatrices, il ne s' appesantit jamais. Pas de sordide, pas de complaisance. Il cherche à se souvenir, peut-être à comprendre les mensonges de cet homme abandonné à la naissance qui pouvait aussi aimer sa femme malgré tout, son chien (qu'il maltraitait aussi) ou l'oeuvre entière d'Hemingway. Il veut être intègre et lucide pour que le jour où il devra raconter à son propre fils l'histoire de son grand-père, il puisse ne pas en faire un mensonge à son tour (ou qu'il fasse "un mensonge qui soit vrai" comme dit justement la 4e de couverture).

La construction épouse les aléas de la mémoire, c'est profond et touchant sans mélodrame. Il y a quelques instants déchirants évoqués avec tact qui balisent ce parcours de vie qu'accompagnent également les musiques qui ont compté pour chacun. Il y a des réflexions originales et incroyablement pertinentes sur l'alcoolisme et les dépendances aux drogues, l'ambivalence qu'il y a entre le fait de vouloir se détruire tout en redoutant la mort. La vérité et la prise de conscience que cette errance peut permettre aussi. Car il montre en miroir les ravages de cette dépendance mais aussi ce qu'elle peut avoir de salvateur paradoxalement.

Le vrai travail se déroula à l'intérieur du cercle lumineux de mon propre cerveau. Je dis cerveau, mais j'entends par là la psyché au sens ancien du mot: la psyché, l'esprit, l'âme. Théâtre de possibilités qui, la plupart du temps, est inaccessible. A l'intérieur de cet espace se trouvait quelque chose qui, aux yeux des autres, passait pour un capharnaüm, mais qui me semblait, à moi, un labyrinthe, un motif complexe d'angles, de virages, d'impasses, mais un labyrinthe quand même, et je savais qu'en contrepartie de chaque impasse, de chaque virage mal négocié, une transformation m'était offerte, l'occasion d'une aséité aussi belle que terrible. A certains moments, je mourais d'envie de sortir de Fulbourn, mais à d'autres je me sentais privilégié - et c'est bien là ce que l'histoire officielle ne raconte jamais: elle est magnifique, cette folie; il est magnifique, cet égarement.

En refermant les pages de ce livre sobre et tellement riche en même temps, je me suis senti envahi par une émotion très forte. Parce qu'il parle de la vie de chacun, il nous tend un miroir et on y trouve des résonances très intimes. Peu de romans autobiographiques m'ont fait cet effet là.

Si bête que cela puisse paraître, je tiens à formuler une hypothèse qui, grossièrement exprimée, s'énonce ainsi: on ne peut apprendre à s'aimer soi-même qu'à condition de trouver à aimer au moins une chose au monde; peu importe quoi. Un chien, un jardin, un arbre, un vol d'oiseaux, un ami. J'entends par là que le vieux cliché de psychologie populaire est presque vrai dès lors qu'on le renverse: on apprend à s'aimer soi-même en aimant le monde qui nous entoure. Car ce qu'on aime en soi, c'est le fait d'aimer. Je ne saurai jamais - ç'aurait quand même été une trop grande honte pour lui que de l'avouer -, mais j'imagine que mon père apprit à aimer un peu le monde avant de mourir et que, par conséquent, il apprit en retour à s'aimer lui-même. Je l'espère, en partie pour lui, et en partie pour moi... car il m'arrive, par moments, de regarder en arrière et de me douter, de regarder en arrière et de savoir, que j'étais tout aussi responsable que lui de l'échec de notre relation de père et fils. Le bonheur, en tant que discipline de vie, est une discipline, cela ne fait aucun doute; mais ponctuel, c'est un coup de chance. Un coup de chance et un indice: une allusion non seulement à ce qui pourrait être, mais à ce qui existe déjà, au coeur du coeur de l'homme, dans cet espace intime où les clichés n'ont plus cours, dans les resserres enfumées, dorées, parfumées de myrrhe, de son imagerie personnelle.


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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptySam 21 Aoû 2010 - 15:47

Bien dit, Marko, je note, j' avais aimé les deux autres et notamment le style de Burnside.
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptySam 21 Aoû 2010 - 15:51

bix229 a écrit:
Bien dit, Marko, je note, j' avais aimé les deux autres et notamment le style de Burnside.

C'est un auteur qu'on va suivre! Il est étonnant.
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyDim 22 Aoû 2010 - 0:08

John Burnside présente Glister:



J'aurais presque envie de le lire en anglais mais j'attendrai sa traduction en lisant ceux qui me restent.
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyDim 22 Aoû 2010 - 2:20

Difficile de résister après une telle analyse, et ces extraits!
Et hop!
J'aime beaucoup aussi le peintre auquel tu associes ce roman (?) autobiographique!
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyDim 22 Aoû 2010 - 10:06

Marie a écrit:
J'aime beaucoup aussi le peintre auquel tu associes ce roman (?) autobiographique!

C'est John Burnside qui en parle dans son livre (les citations sont sur le fil de George Shaw).

Roman? Oui! Il est classé dans "récit" autobiographque mais Burnside dit qu'il gagne à être considéré comme un "roman". Il montre bien que l'autobiographie est un "mensonge" comme n'importe quelle autre histoire inventée. Les bribes de souvenirs qui nous reviennent sont déjà métamorphosées par les aléas de la mémoire, le prisme de notre sensibilité, tout ce qu'on y projette, également les récits que d'autres ont fait du même événement sous un angle différent et qui interfèrent, qu'on s'approrie comme si c'était un souvenir nous appartenant. On a retenu certaines choses et on en a oublié d'autres. On n'a de connaissance de ce que ressentent les autres qu'intuitive et approximative. Il exprime tout ça magnifiquement en disant qu'en parlant des autres en fait il parle surtout de lui évidemment. De la subjectivité de son regard. Et il cherche à se rapprocher le plus d'une forme de "vérité" qui malgré tout échappera toujours. Son père restera une énigme comme nous sommes aussi une énigme pour nous-mêmes. En tout cas ce père n'était pas seulement un "monstre" comme il aurait trop vite fait de le résumer. Ceci-dit il ne se perd pas dans ces considérations, l'histoire est fluide et il se contente de prendre du recul de temps en temps. La 4e de couverture m'avait induit en erreur au départ parce que je croyais qu'il allait raconter à son fils un mensonge sur son grand-père pour embellir la réalité. C'est évidemment l'inverse qu'il s'apprête à faire à la toute fin du roman après nous avoir raconté "sa" vérité donc forcément un "mensonge". Tout n'est que fantômes et brouillard.

Un temps viendra où mon fils aura besoin que je lui raconte des histoires de pères et de fils - révélant qui il est, d'où il vient -, et je tiens à ce qu'il soit alors capable de faire la différence entre nos fantômes et nos esprits. Le souvenir que j'ai de mon père, surpris entre la nuit et son petit préfabriqué, est une histoire en soi, ou du moins le commencement d'une histoire. C'est une fable de père, un mythe, et il faut que je trouve comment la transmettre, sous la forme la plus aboutie, à l'enfant avec qui je me promène à cette heure, en ce matin de tous les saints. Je devrai lui livrer quelque chose, si impalpable que ce soit, qui lui permette de s'imaginer en tant qu'homme, avec son propre passé, ses propres images, ses propres esprits bien particuliers - et si je ne dois commencer qu'avec un revenant solitaire en chemise blanche et pantalon de flanelle, attendant d'être perçu dans le froid éternel d'une nuit d'hiver, eh bien soit. Ce qu'il me faut, en tant que père, c'est simplement une histoire, pour amorcer. La dernière chose que je souhaite, ce serait d'en faire un mensonge.
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyDim 22 Aoû 2010 - 19:52

Marie a écrit:
Difficile de résister après une telle analyse, et ces extraits!
Et hop!

Oui, Marko, tu sais te faire convainquant...
Comme Marie...Et hop! content
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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyMer 25 Aoû 2010 - 12:38

C'est parti pour la chronique la plus courte du monde. J'ai lu "la maison muette", ça m'a beaucoup plu.

Plongée dans mes souvenirs d'enfance, parce que oui, petite, j'étais fanne de "Lova" de Servais (BD)
et oui, j'ai pleuré devant "Nell" jouée par Jodie Foster, c'te niaiseuse que j'étais.

Une des formes de violence qui m'a le plus gênée, c'est sans doute les efforts du narrateur
pour ne jamais se rapprocher de son père, oh la belle indifférence.
Après, je suis une grosse perverse, parce que j'avais la curiosité de me demander ce qu'allait donner l'expérience,
bien que, rassurez-vous, je conteste le protocole expérimental. Le sujet est fascinant.

Il y eut une époque où les expérimentations sur les humains ne posaient pas trop de soucis,
et étaient réalisées par des personnes "saines" du point de vue psychiatrique.
Ce qui m'a fait peur dans le livre, c'est de me rappeler, l'air de rien,
que la limite de l'acceptable est fragile ...

Une fois encore, les mots l'échapent, et j'ai mal aux doigts.

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MessageSujet: Re: John Burnside   John Burnside - Page 3 EmptyMer 25 Aoû 2010 - 15:49

Rien ne t' a échappé, Maryvonne.

Et c' est la moindre des choses d' avoir mal aux doigts...
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