Naomi Kawase

Réalisatrice, Actrice, Productrice, Scénariste, Dialoguiste, Compositeur , Naomi Kawase est née le 30 Mai 1969 à Province de Nara (Japon)

Shara et Moe No Suzaku ont ces dernières années marqué les esprits des cinéphiles avides d’un cinéma japonais renouvelé et sensible. La reconnaissance de Naomi Kawase n’a fait que croître.

Douceur, empathie, mélancolie, tristesse sont dans son regard. Des sentiments qui traversent également son cinéma.

Naomi Kawase, cinéaste de l'humain, filme les reflets de son âme. Avec elle, l'intime, l'expérience personnelle rejoignent l'universel. Et de façon toujours bouleversante.

Cette année La Forêt de Mogari reçut le Grand Prix du Festival de Cannes.

La forêt de Mogari


Je vous en parlerai plus longtemps mais comme j'ai été littéralement envoûtée par ce film, je vous en propose quelques images...sublimes!

Compétition, Cannes 2014

Un bien joli film qui a subjugué les critiques de la dispute de France Culture et divisé les autres.  En gros, certains sont emportés par la simplicité et l'émotion du film et d'autres le trouvent trop naïf, didactique, surligné...

Dans un registre de film panthéiste sur le deuil, le cycle de la vie, les premiers émois adolescents, la découverte de l'impermanence de l'amour et des choses, Still The Water pourrait être le point de rencontre d'Oncle Boonmee d'Apichatpong Weerasethakul et des films de Miyazaki. Il emprunte au premier la simplicité et la douceur des échanges entre les personnages  et  l'animisme mais sans la puissance chamanique et expérimentale du thaïlandais. Du second il se rapproche par la naïveté apparente, la simplicité narrative, le personnage de papi tortue, le déchaînement des éléments et le lyrisme émotionnel.

Le point fort du film, outre une beauté plastique naturelle, est la justesse et la pudeur des scènes d'intimité entre les personnages. Entre la jeune héroïne et sa mère, entre Kaito et ses parents, entre les deux adolescents... Il y a une délicatesse qui touche à quelque chose de très profond et qui culmine dans une scène de mort absolument magnifique et déchirante dans sa simplicité et le message apaisant qu'elle délivre. Un des grands moments de cinéma qui arrache des larmes sans tricherie ou manipulation. Mort qui déclenche une sorte de transe narrative où les éléments se déchainent sous la forme d'un typhon qui sert de catalyseur à toutes les émotions contenues.

J'en sors très ému et plutôt conquis. La simplicité du message dépasse la naïveté et le didactisme par la vérité des liens entre ces personnages. Il aurait fait une palme d'or probablement plus consensuelle et de nature à toucher un public plus vaste. Naomi Kawase ne s'est jamais montrée aussi délicate et limpide, loin de certaines afféteries de son cinéma porté à la contemplation et à l'académisme par moments.

Je l'attends...

coline a écrit:

Je l'attends...

J'espère que tu le verras.

Marko a écrit:

coline a écrit:

Je l'attends...

J'espère que tu le verras.

Pour l'instant, il n'est pas annoncé...

Marko a écrit:

Compétition, Cannes 2014

En gros, certains sont emportés par la simplicité et l'émotion du film et d'autres le trouvent trop naïf, didactique, surligné...

Et bien je suis un peu entre les deux. Il y a des moments réussis,mais le côté naïf, simpliste, recherchant l'émotion, surligné, y sont aussi à mon sens. Je l'ai trouvé un peu longuet aussi. Même la scène de la mort de mère aurait gagné à être plus ramassée à mon avis. Cela se laisse voir, mais je suis loin d'avoir été emportée.

Still the Water

Vraiment un très beau film et je rejoins les commentaires de Marko. L'équilibre du cinéma de Naomi Kawase est fragile et elle revient ici à une forme limpide, accessible et épurée. Le déchaînement de la nature est évoqué avec une formidable puissance évocatrice, liant la vie et la mort à une dimension plus large et plus ample. Son expression panthéiste ne se construit pas au détriment des personnages mais transcende en effet les contradictions des relations, les tensions, les conflits, les gestes d'amour et de reconnaissance.

Le parcours des deux adolescents est très intense à travers le flot des émotions traversées, nourries d'une grande violence intérieure qui va finalement révéler un apaisement, vers la perspective d'une sérénité et d'une plus grande confiance. La scène de mort abordée par Marko est alors un moment décisif qui transcende la force d'un lien et d'une transmission. Il y a une proximité avec Shara dans la manière de célébrer une dimension libératrice (qui était représentée alors par une naissance, Shara étant un film qui m'avait beaucoup marqué lors de sa sortie il y a dix ans).

Shara que j'ai manqué et que j'essaierai de voir.

Je rejoins l'entre deux d'Arabella.

Un beau film, par moments, de justesse dans les émotions, avec de jolis scènes bien filmés. Un côté équilibré entre le documentaire et la fiction dans l'image qui donne une simplicité à filmer ce qui est.
Mais c'est un petit peu long par moments, et les scènes perdent de leur simplicité sans trouver l'intensité qui les rendraient prenantes.

En tout cas, le cinéma de Kawase a quelque chose d'original dans sa façon de filmer et d'aborder les choses.

An

Citation :

Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher.
Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...

Spoiler:

J'aurais du être méfiant lorsqu'on nous a proposé dans la file d'attente de déguster ces fameux dorayakis avant la projection. Ces pancakes fourrés avec une pâte aux haricots rouges confits (anko ou an en japonais) ont l'air délicieux mais le résultat gustatif était plutôt étouffe-chrétien et insipide. Le film m'a fait le même effet.

Mais attention, le public pleurait et riait en alternance avant d'applaudir à la fin.  Donc vous y trouverez peut-être votre compte et il vaut mieux zapper mon commentaire.

Je disais à propos de Still the water "En gros, certains sont emportés par la simplicité et l'émotion du film et d'autres le trouvent trop naïf, didactique, surligné...". J'avais aimé cette variation autour du Tumulte des flots de Mishima mais ce "An" m'a insupporté et c'est largement la deuxième appréciation qui l'emporte.

L'histoire ne nous épargne aucune ficelle mélodramatique et la mise en scène est remplie d'afféteries et de joliesses esthétisantes totalement impossibles même si on peut se laisser charmer au début.

Le pire étant à mon sens le jeu de cette actrice insupportable qui m'a rappelé, en pire, le cabotinage outrancier de l'actrice de Poetry de Lee Chang-Dong. Ils ont d'ailleurs pas mal de points communs. Donc si vous avez aimé Poetry il y a une chance que vous aimiez An. Et je m'attends à des commentaires la trouvant délicieuse et émouvante.



Un message sirupeux et didactique comme on peut l'imaginer de la part d'une vieille femme solitaire et en fin de vie. Au secours!!

Dommage car l'acteur principal comme l'adolescente sont très bons. Le sujet lui-même évoqué en spoiler était passionnant et elle aurait gagné à en faire un documentaire plutôt que de nous offrir cette guimauve édifiante. Elle me semble moins douée dans la fiction. Je suis probablement sévère mais je lui en veux de m'avoir dans un premier temps plutôt charmé pour m'exaspérer au fur et à mesure.

P.S.  Ses dorayakis "maison" semblent quand même drôlement bons. C'est la seule chose qu'elle filme bien. Queenie, faut que tu en manges (si ce n'est déjà fait...je ne me souviens plus de tous les détails de ton fil sur le Japon).

P.S.2 S'il te plait Naomi,dis à tes personnages d'arrêter de regarder le ciel et les cerisiers du Japon avec l'air de découvrir toutes les vérités du monde!

Vu An. Marko n'a pas tort.
Je venais juste de finir le roman. Le film est illlustratif, globalement fidèle, mais bizarrement des éléments intéressants ont été coupés ou changés, alors que le film est assez mou et pouvait facilement incorporer ces éléments.
Kawase (dont je ne suis pas fan à la base) aurait pu couper un peu et remettre les précisions du sujet qui figure en spoiler dans le post de Marko. En effet, ce sujet intéressant est nettement plus développé   dans le roman. Dans le film, on ne voit pas grand-chose de l'endroit où nos héros se rendent à un moment (je fais dans l'allusion, là). Et, même, un élément fondamental ne figure pas dans le film, je n'ai absolument pas compris pourquoi : soit il est censé être connu du grand public (mais la réaction des personnages du film dit bien que non), soit c'est un oubli malencontreux (ou de la manipulation ?).

En effet :

Spoiler:

J'ai été étonné de monde à la séance de dimanche soir (20h00) alors que le film est sorti depuis au moins trois semaines. Et un peu inquiété par le nombre de gens qui mangeaient du pop-corn dans la salle...

Intéressant ce parallèle entre le roman et le film
Le public a applaudi à la fin?

Marko a écrit:

Le public a applaudi à la fin?

Ah non.
J'avais pensé que certains s'étaient trompés de salle et partiraient, mais à part quelques pauses pipi (le pop-corn, ça donne soif ?), personne n'est parti. J'ai trouvé un peu triste qu'il n'y ait pas eu autant de monde pour "45 ans", que j'ai nettement plus aimé, et que j'avais vu dans la même salle.

An, c'est ce qui s'appelle chez moi Les délices de Tokyo?