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| Einar Mar Guðmundsson [Islande] | |
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+7Chimère Aeriale Marko Marie Burlybunch Chatperlipopette Arabella 11 participants | |
Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Dim 14 Déc 2008 - 19:51 | |
| - Arabella a écrit:
Les anges de l'univers / traduit par Catherine Eyjólfsson Un livre sombre, désespéré, d'autant plus noir que l'écriture de Gudmundsson est belle, et lumineuse, d'une grande légèreté et poésie, cela rend d'autant plus noire la réalité sans espoir vécue par Páll, à laquelle aucune issue n'est possible. Une lecture bouleversante, qui marque le lecteur. Je partage l'intérêt d'Arabella pour ce beau livre, sombre mais aussi traversé de moments d'humour et de lyrisme. Tous mes a priori sont tombés et j'ai trouvé cette plongée dans la schizophrénie très réussie, émouvante et lucide. L'insititution n'est pas caricaturale et c'est avant tout un livre de rencontres avec une succession de personnages passionnants et parfois hauts en couleur. Peut-être un peu trop foisonnants d'ailleurs mais on découvre à travers eux la société islandaise dont il restitue l'atmosphère avec beaucoup de richesse. Parmi ces multiples personnages formidables il y a l'Empereur des aurores, un autre pensionnaire de Kleppur, qui peint partout où il passe et veut construire une statue à son effigie pour en faire un phare qui guiderait les bateaux. Il y a aussi Viktor, d'un village de pêcheurs près des fjords, qui attend son père disparu en mer pendant ses périodes de délire. L'oncle communiste qui part en guerre contre tout le monde, les femmes qui ont traversé sa vie... Et le psychiatre, un peu dépressif, avec lequel il lie une relation chaleureuse. " C'est Brynjolfur, mon psychiatre. C'est nous qu'il porte sur les épaules. Notre mal est le sien. Je crois qu'il passe plus de temps avec nous qu'avec ceux qui sont censés être sains d'esprit. Je ne serais pas étonné qu'il nous tienne en plus haute estime, ni que le traitement soit réciproque; il essaie de nous guérir, et nous en faisons autant pour lui."Il ya des moments forts qui restent en mémoire: Le rêve de la mère, à sa naissance, qui rappelle le cauchemar d'Elephant Man où sa mère est renversée par un troupeau d'éléphants: Au loin dans la prairie, elle vit quatre chevaux. Ils étaient en train de paître, à faible distance les uns des autres. Elle ne les avait jamais vus auparavant. Ce n'étaient pas ceux de son grand-père. C'étaient de beaux chevaux, altiers et bien découplés: l'un était roux, l'autre brun, le troisième bai et le quatrième pie. Maman avait l'impression que ces chevaux lui appartenaient. Ils étaient en danger. Il fallait qu'elle les sauve. Lorsque les chevaux s'ébranlèrent au petit trot, le cheval pie resta en arrière. Il courait en cercle et se comportait étrangement. Il allait s'éloigner au galop comme les autres, lorsqu'il broncha et tomba. Lorsque maman le rejoignit, il gisait mort sur la terre. Maman sonda un moment ses yeux grands ouverts, et, l'instant d'après, elle était tout éveillée, car j'avais commencé à faire des pieds et des mains pour entrer dans ce monde, dont j'allais me retirer plus tard. Ce ne fut qu'alors que maman se souvint du rêve. Elle était assise dans la salle de séjour et regardait dans le vague, lorsque ses yeux survolant la petite table, s'arrêtèrent sur une photo de moi en petit garçon souriant, posant dans le studio d'un photographe de la ville. Maman prit son visage dans ses mains et se couvrit les yeux. Elle eut un instant l'impression qu'elle avait porté ce rêve en elle toute sa vie.L'internement à Kleppur: Dehors il fait froid. Parfois je reste debout seul dans le noir. Parfois je reste couché comme une île dans la mer froide, secoué de frissons. Baldvin roi des Anglais avait raison: je n'ai pas su garder mes anges. Il y a longtemps qu'ils sont tombés sur la terre et qu'ils errent, les ailes rognées par les couloirs de ce bâtiment mystérieux où les jours passent lentement dans l'absence de tout ce qui a disparu. Dehors il fait froid. Le blanc ourlet des vagues ondoie sur la mer devenue noire et houleuse comme l'obscurité de l'espace. Les lumières du village d'Akranes scintillent dans le lointain comme une ville d'or qui se répandrait par monts et par vaux, tel un électricien égaré avec ses lampes. Froid est le vide de l'espace, froides sont les lumières du couloir et froids sont les yeux de la femme dans l'entrebâillement de la porte, froids sont les médicaments sur le plateau. Les étoiles regardent fixement l'hôpital et la solitude de la mer profonde. Les "apparitions" de Dagny: La tunique est toute maculée de peinture, parce que je viens de peindre le portrait de la fille que j'aime. Elle s'appelle Dagny et est incroyablement belle, avec des seins ronds et lisses comme du bois de bouleau et des yeux comme des myrtilles, mais quand je caresse ses hanches arrondies et que je touche ses seins, elle s'évapore et il ne reste rien d'elle sauf la fenêtre où elle se tenait, mon cadre de vue sur le monde, ma vie et ma mort. Et la fin, que je ne raconterai pas, est très forte et poétique.
Dernière édition par Marko le Dim 14 Déc 2008 - 23:52, édité 2 fois | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Dim 14 Déc 2008 - 20:16 | |
| Tu as raison de souligner que ce livre évite les caricatures faciles, en particulier de l'institution, on se place de l'intérieur du narrateur, on vit sa souffrance, et les gens "normaux" paraissent décallés, cela apparaît finalement évident qu'il y a deux mondes qui évoluent en parrallèle sans vraiment pouvoir échanger, et donc les aberrations et les souffrances infligés aux malades semblent aussi venir en grande partie de l'incompréhension. Contente que tu as apprécié Marko, personnellement c'est un écrivain que je compte suivre, même si les traductions françaises paraissent aléatoires. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Dim 14 Déc 2008 - 22:12 | |
| - Arabella a écrit:
- Tu as raison de souligner que ce livre évite les caricatures faciles, en particulier de l'institution, on se place de l'intérieur du narrateur, on vit sa souffrance, et les gens "normaux" paraissent décallés, cela apparaît finalement évident qu'il y a deux mondes qui évoluent en parrallèle sans vraiment pouvoir échanger, et donc les aberrations et les souffrances infligés aux malades semblent aussi venir en grande partie de l'incompréhension.
Contente que tu as apprécié Marko, personnellement c'est un écrivain que je compte suivre, même si les traductions françaises paraissent aléatoires. J'apprécie qu'il nous fasse ressentir ce décalage en montrant la souffrance qu'il génère en même temps que sa singularité, parfois sa poésie (sans tomber dans le piège de la glorification de la folie) en tout cas toujours sa part d'humanité. C'est sobre et je pense comme toi que la traduction pourrait être plus recherchée... Je suis plongé dans Le testament des gouttes de pluie | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Lun 15 Déc 2008 - 7:18 | |
| - Marko a écrit:
- Je suis plongé dans Le testament des gouttes de pluie
J'attends ton commentaire. J'ai l'intention de me le procurer. | |
| | | Chimère Agilité postale
Messages : 995 Inscription le : 24/02/2007 Age : 52 Localisation : Bordeaux
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Ven 4 Juin 2010 - 19:04 | |
| J'ai mis du temps mais j'y suis arrivé à pondre un truc potable sur LE TESTAMENT DES GOUTTES DE PLUIE de Einar Már GUÐMUNDSONN Ed Gaïa Pages : 249 Trad (islandais) : Eric Boury Grand format Genre : littérature islandaise Il pleut à Reykjavik, c’est même une tempête qui s’abat sur la ville. Et ce même jour, un sellier a réuni dans son atelier des pêcheurs compagnons de boisson, ainsi que Gunnar le dernier fermier de la ville et son chien pour raconter des histoires. Au même moment, la femme du pasteur rapporte à son mari qui l’écoute distraitement le rêve étrange qu’elle vient de faire. Le gardien du jardin des plantes a des visions de cauchemar, et la pluie vient tout embrouiller… Ce que je peux en dire, c'est que le style est spécial, très spécial. Assurément il ne plaira pas à tout le monde mais cela dit j’ai vraiment beaucoup aimé. Le récit est éclaté en plusieurs petites narrations, pas toujours linéaires, où on peut croire qu'il n'y aucune logique entre chaque textes mais finalement, ils se rejoignent un petit peu. L'histoire ou les histoires se passent durant une forte tempête avec averses torrentielles en une nuit et une matinée. Elle se trouve mêlée à un soupçon de fantastique et de surnaturel : disons que certains personnages croient voir ou entendre des choses (sont-elles réelles ou non ?). A côté de cet aspect curieux de la forme du roman, l'écriture est poétique et onirique et ce qui ne gâche rien, il y a beaucoup d'humour en plus et j'ai quand même bien rigolé à certains passages. A l'intérieur d'une salle sans aucune fenêtre ouverte, le silence s'abat tout à coup. Nous disposons d'exemples de mouches parfaitement innocentes qui, rendues folles par la claustrophobie, ont mis fin à leurs jours, de professeurs qui ont eu de telles suées pour cause de manque de tabac et d'allergie que l'odeur âcre de la sueur n'a jamais disparu de leurs chemises et, la chose est d'une telle notoriété que presque à chaque fois qu'Herbert prononce un discours, certains élèves de l'école s'évanouissent sans parler de ceux qui sont pris de crampes et de celui qui s'est arraché la langue à force de se la mordre." (extrait, p. 197) Un beau coup de coeur en espérant que ce ne sera pas le dernier pour cet auteur. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Ven 4 Juin 2010 - 19:32 | |
| Merci Chimère. Je pense que tu devrais trouver ton bonheur dans les autres livres de l'auteur. Et moi je note celui-ci. | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Jeu 6 Fév 2014 - 13:00 | |
| Le testament des gouttes de pluie Titre original: Eftirmáli regndropanna. Publié en 1986, traduction française en 2008. Tout à fait sur la même longueur d'onde que Chimère (en moins enthousiaste cependant), un style très spécial, déroutant. Livre très haché, découpé en tranches ultra-fines: Rien moins que trois parties, les parties 1 et 2 se subdivisent en deux sous-parties, elles-mêmes divisées en chapitres, et les chapitres en titres ! Soit, pour deux cent quarante pages environ, trois parties, six sous-parties, seize chapitres et soixante-sept titres ! Cette curieuse disposition le rend, il est vrai, facile à poser et à reprendre, ce qui est appréciable pour le lecteur susceptible d'être constamment dérangé. Le style emprunte au réalisme magique et au fantastique. Parfois, quelques phrases sans verbe(s) semblent posées comme des cheveux sur la soupe (effet de traduction, sens intraduisible de ces phrases sans verbe non-rendu à 100% de la prose initiale ? Je ne sais). L'absence de dialogues, bien que l'ouvrage soit peuplé d'assez nombreux personnages, est une curiosité. L'entame, toute en technicolor à grands renforts d'effets spéciaux -si ça devait être filmé- m'a presque fait fuir. Et puis on s'habitue, a posteriori -et c'est mon dernier mot là-dessus, n'y revenons pas- ça vaut la peine d'insister. Au reste, l'ensemble est rythmé, un rien tambour battant parfois, et, si l'on peut se laisser dérouter, on ne risque pas l'enlisement. Je reste un peu sur ma faim quant aux caractères, l'auteur suggère tellement qu'il est possible qu'il attende du lecteur de compléter lui-même, sinon ils sont presque un peu falots, peu signifiants en tous cas, même le plus truculent d'entre eux (le sellier). Du point de vue de l'empathie, ils indiffèrent assez, on ne les aime ni ne les déteste. Les passages " métanormaux" -fantastiques ou réalistes magiques, si l'on veut- sont assez prenants. Non dénués d'une poétique en pointillé, où l'on relève sans peine un mélange de christianisme et d'ancien monde nordique. Et, comme cela tient en haleine -et comme cela tient le bouquin-, voilà une bonne raison de ne pas passer outre si d'aventure vous croisez ce livre. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Ven 22 Aoû 2014 - 15:56 | |
| Suite à la chaîne de lecture, voici le livre proposé par Marko : Les anges de l’univers (1998) L’existence de Pall avait commencé comme bien d’autres existences. Ecole, parents, jeux, copains, avec toute la dose d’humiliations et de découvertes heureuses que comporte une enfance. Le basculement se produit comme dans un rêve. Ce sont d’abord des répliques absurdes qui n’ont rien à envier aux conversations de la Cantatrice chauve : « Nous roulons par les nouveaux quartiers où il y a beaucoup de grandes maisons individuelles. Maman montre du doigt l’une des maisons. « Quelle drôle de couleur pour une maison, dit-elle. -Oui, ça fait un drôle d’effet », dit papa. Et moi, de la banquette arrière, je demande : « Vous êtes en train de vous foutre de moi, ou quoi ? » Maman et papa se retournent, étonnés. « Cette maison est de la même couleur que ma veste », dis-je, en guise d’explication. Papa et maman se regardent. C’est le silence. »Gudmundsson décrit ce basculement progressif avec la qualité de plume du minimalisme. Pourquoi essayer d’expliquer ou d’analyser ce qui échappe à toute démarche rationnelle ? Pall s’échappe à lui-même. Il remarque des changements et les inscrit sur une liste de comptabilité où les chiffres sont remplacés par les symptômes de modifications cérébrales imprévisibles. Pall capte des signaux qui lui étaient invisibles jusqu’alors et qui échappent aussi au commun des mortels. Peu à peu, Pall s’extrait de la gangue saine. La métamorphose va de soi et à ce point-là, la question est la suivante : pourquoi les autres ne semblent-ils plus ou peu évoluer, passé un certain âge ? « A présent, les signaux envoyés par les voisins m’atteignent. Ils se servent d’un code et de tables d’écoute que mon frère Halli les a aidés à introduire dans la maison. »Ces signaux finissent par conduire Pall jusqu’à Dieu -l’hallucination suprême. « Et puis, Dieu est arrivé. Il m’a dit que j’étais le dernier homme sur la terre, qu’il fallait que je commence à construire et à transformer ma chambre en arche. »Pall bénéficie alors du privilège de rejoindre le club des aliénés de Kleppur en compagnie de quelques bons camarades (Oli, Pétur et Viktor) et d’un personnel soignant représenté aussi bien par le souci du maintien des dogmes que par une relâche typiquement antipsychiatrique. Comme lorsque David Cooper relate ses expériences dans le Pavillon 21, on finit par douter des caractéristiques qui séparent les sains d’esprits des aliénés… d’ailleurs, la lecture passe et l’envie croît de faire de ces aliénés des illuminés touchés par une grâce exceptionnelle. Certes, il leur est devenu impossible de mener une existence conventionnelle et polyvalente car ils sont cernés par une obsession unique. Voici la situation schématique : « Óli est en communication télépathique avec les Beatles ; Pétur attend de la Chine son titre de docteur, et moi, je suis en relation avec divers grands maîtres du passé notamment Vincent Van Gogh et Paul Gauguin, tandis que Viktor, qui ne pense pas grand-chose des Beatles, disserte avec éloquence de la tragédie grecque et des sonnets de Shakespeare. Il est en outre le pharmacologue de notre groupe et sait tout d’Adolf Hitler, qu’il lui arrive d’incarner quelque fois. »Peu importe tout le reste. L’obsession, canalisée et orientée dans le sens noble, fait l’effet d’une transe délicieuse. Elle prend cependant à chaque fois le risque de finir en mauvais trip, et c’est peut-être pour cela qu’on enferme les génies particuliers de Kleppur. Génies, oui, au même titre que ces philosophes et poètes déstabilisants qui n’ont jamais cessé de rénover notre vision du monde en permettant à leurs esprits de déborder. « Ce serait bien de pouvoir dire, comme le philosophe allemand Hegel, à qui l’on objectait que ses théories ne correspondaient pas à la réalité : « La pauvre, c’est bien elle qui est à plaindre ! » Les poètes peuvent écrire des choses comme ça. Les philosophes peuvent dire des choses comme ça. Mais nous, qui avons été mis à l’asile, internés dans des institutions, nous ne savons quoi dire quand nos idées ne correspondent pas à la réalité, car dans notre univers, ce sont les autres qui ont raison et qui savent faire la différence entre le vrai et le faux. »Mais Pall n’est pas dupe. Même s’il est rassurant de se prétendre génie incompris, même si l’obsession provoque certainement des joies à une constance et à une puissance difficilement égalables pour l’homme équilibré, la réalité est plus nuancée. Pall et ses compagnons d’asile souffrent et sitôt qu’on leur retire une parcelle de leur obsession, ils paniquent et se débattent comme des poissons capturés hors de l’eau. La réalité est pauvre en oxygène. Les anges de l’univers ne propose pas de solution stricte : ni la liberté ni la surveillance absolues, ni l’encouragement ni l’humiliation, mais bien un encadrement instinctif qui permettrait d’établir un bon équilibre entre le droit au rêve et le principe de réalité. Ce livre en est lui-même une excellente représentation : terne et quotidien dans les événements qu’il représente, il parvient cependant à nous transporter dans l’infinité des univers cérébraux qui sont ceux de ces anges, et à nous rassurer quant à la légitimité de nos propres univers. Les anges de l’univers nous apprendront peut-être à nous montrer plus tendres envers nos passions les moins légitimes. Une éclaircie : - Citation :
- « Et puis, le soleil monte. Tout s’éclaircit. C’est drôle. Je me suis senti bien aujourd’hui. De quel droit ? Voilà une belle fille. J’ai oublié mes médicaments un soir. Le lendemain, je vais mieux. Je sors de ma chambre et me sens bien. Je vais mieux. Je suis sorti de la maladie. »
Des dialogues savoureux qui traduisent les réactions turbo-diesel d'un esprit : - Citation :
- « Une fois, Brynjolfur le psychiatre a essayé de me faire aller aux travaux manuels.
« Vous croyez vraiment, lui ai-je dit, que je me serais coupé l’oreille dans une vie antérieure, pour finir comme tricoteur de chaussettes à Kleppur ? […] Si j’étais une femme, dis-je, vous ne pourriez pas m’obliger à adhérer à une association féminine. Aux travaux manuels, j’ai l’impression d’être à une réunion d’association féminine. Et pourtant je ne suis pas une femme. -Ce sont des conneries, dit Brynjolfur. Donnez-moi des raisons valables. » […] Je réfléchis un instant avant de dire : « L’homme a sept vies, autant que de jours dans la semaine. » Brynjolfur : « Même si c’était vrai, est-ce une raison ? -Oui, dans cette vie-ci, c’est dimanche. » »
Des voyages statiques... - Citation :
- « Quand Viktor voulait se changer les idées, il buvait du vin rouge dans sa chambre de la cité universitaire en prenant simplement une dose de médicament supérieure à celle à laquelle il avait droit. Puis il écoutait une pièce de Shakespeare et lisait de la littérature ancienne.
Quand il atteignait un état second, il était transporté au-delà des mers et se retrouvait assis, les jambes ballantes, au bout de la jetée, à moins qu’il n’évoluât dans la mer si douce au milieu de vertes plantes aquatiques. »
*illustration de Carlos SchwabeLa conclusion rapide : Génial. Merci. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Ven 22 Aoû 2014 - 16:05 | |
| - Arabella a écrit:
Un livre sombre, désespéré, d'autant plus noir que l'écriture de Gudmundsson est belle, et lumineuse, d'une grande légèreté et poésie, cela rend d'autant plus noire la réalité sans espoir vécue par Páll, à laquelle aucune issue n'est possible. Une lecture bouleversante, qui marque le lecteur. Très bien dit. - Marko a écrit:
- Je redoute juste qu'il ne tombe dans la poétisation de la maladie mentale et la diabolisation de l'institution psychiatrique qui sont des clichés un peu dépassés... Mais on sent bien vivre l'Islande à travers sa prose et il y a une vraie poésie...
J'avais eu cette crainte aussi mais comme tu l'écris ensuite, on échappe à tout cliché. Aucune idée trop facile ne vient stigmatiser les personnages, l'institution, ni la vie elle-même. Et l'écriture reste parfaitement limpide... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Ven 22 Aoû 2014 - 16:33 | |
| Content de voir que tu as pris du plaisir à cette lecture. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Sam 23 Aoû 2014 - 16:19 | |
| - colimasson a écrit:
Gudmundsson décrit ce basculement progressif avec la qualité de plume du minimalisme.
d’ailleurs, la lecture passe et l’envie croît de faire de ces aliénés des illuminés touchés par une grâce exceptionnelle. Certes, il leur est devenu impossible de mener une existence conventionnelle et polyvalente car ils sont cernés par une obsession unique.
Génies, oui, au même titre que ces philosophes et poètes déstabilisants qui n’ont jamais cessé de rénover notre vision du monde en permettant à leurs esprits de déborder.
Les anges de l’univers ne propose pas de solution stricte : ni la liberté ni la surveillance absolues, ni l’encouragement ni l’humiliation, mais bien un encadrement instinctif qui permettrait d’établir un bon équilibre entre le droit au rêve et le principe de réalité.
ça m'intrigue. je le note! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Sam 23 Aoû 2014 - 16:55 | |
| J' ai lu et aimé Les Anges de l' univers. Et je n' en ai pas parlé.
C' était le 30 aout 2013. Que s' est-il passé ce jour là ? ... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Lun 25 Aoû 2014 - 13:10 | |
| Tu as très bien choisi Marko, je te remercie. - bix229 a écrit:
- J' ai lu et aimé Les Anges de l' univers. Et je n' en ai pas parlé.
C' était le 30 aout 2013. Que s' est-il passé ce jour là ? ... C'était il y a presque un an... et si tu fêtais l'anniversaire de ta lecture en nous donnant ton avis cette année ? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Lun 25 Aoû 2014 - 15:52 | |
| - colimasson a écrit:
- Tu as très bien choisi Marko, je te remercie.
- bix229 a écrit:
- J' ai lu et aimé Les Anges de l' univers. Et je n' en ai pas parlé.
C' était le 30 aout 2013. Que s' est-il passé ce jour là ? ... C'était il y a presque un an... et si tu fêtais l'anniversaire de ta lecture en nous donnant ton avis cette année ? J' ai la mémoire qui flanche, Coli. L' oubli c' est comme les vagues de la mer, qui effacent peu à peu nos chateaux de sable... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] Mer 27 Aoû 2014 - 19:55 | |
| Boarf... il suffirait de retrouver le livre, de le feuilleter cinq minutes, et tes souvenirs reviendraient... | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Einar Mar Guðmundsson [Islande] | |
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| | | | Einar Mar Guðmundsson [Islande] | |
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