Claudie Gallay

Eve Lyne a écrit:

Extrait des Déferlantes.

Cela ressemble à un conte pour enfants. J'adore bien sûr ! Je suis toujours un grand enfant.

"Le rouge-gorge, vous savez pourquoi il a cette tache rouge sur le jabot ? Cette histoire date du temps où les hommes n'avaient pas encore le feu. Un oiseau a eu l'idée d'aller le voler au soleil, il voulait le donner aux hommes mais, en redescendant, ses ailes se sont enflammées et il a dû passer le feu à un autre oiseau. L'autre oiseau, c'était un rouge-gorge. Il a pris le feu contre lui, mais il n'a pas eu le temps d'arriver jusqu'aux hommes, ses plumes ont brûlé. Cette tache rouge qu'ils ont là sur le jabot, c'en est la trace."

C'est un conte très beau et très ancien...

L'Office des vivants

Citation :

4e de couverture
Dans la maison perdue en haut de la montagne habitent le Père, la Mère, Marc et Simone. Et puis Manue, l’inattendue tombée du ciel une nuit, belle et forte comme une étoile. Derrière le village des Ci mes il y a une forêt, pleine d’arbres majestueux et effrayants, et il y a des loups. Le Père travaille un peu, boit beaucoup, et cogne facilement ; les enfants pous sent telle l’herbe folle. Marc dit que, quand il sera grand, il partira loin, et il emmènera Manue avec lui.
Dans un décor intemporel de nature sauvage et fascinante, de misère affective et de violence, l’amour fou d’un grand frère pour sa demi-soeur transcende un quotidien sordide par l’irruption du tragique le plus déchirant. Dès ce premier roman, Claudie Gallay étonne grâce à son style âpre et compassionnel et à un univers très personnel, sombre mais traversé par la recherche de l’espoir, du salut, de la beauté.

Quand on croit connaître une voix.. une écriture.. une auteure..
Quand on pense que le bonheur de lire ne peut pas exister dans la boue, la crasse, la saleté et le malheur. Quand on pense qu’après le pire il ne peut pas venir encore plus.
Quand on lit un livre d’une traite parce que les mots sont alignés comme sur un collier et on ne peut pas s’arrêter, on veut savoir, on veut croire qu’il y a de la lumière à la fin de tout cela..
Mais à partir d’un moment la lumière n’est plus si important.. c’est cette lecture qui est la lumière. Claudie Gallay est née auteure – du début.. avec ce premier livre

kenavo a écrit:

Quand on croit connaître une voix.. une écriture.. une auteure..
Quand on pense que le bonheur de lire ne peut pas exister dans la boue, la crasse, la saleté et le malheur. Quand on pense qu’après le pire il ne peut pas venir encore plus.
Quand on lit un livre d’une traite parce que les mots sont alignés comme sur un collier et on ne peut pas s’arrêter, on veut savoir, on veut croire qu’il y a de la lumière à la fin de tout cela..
Mais à partir d’un moment la lumière n’est plus si important.. c’est cette lecture qui est la lumière. Claudie Gallay est née auteure – du début.. avec ce premier livre

C'est très beau ce que tu écris, Kenavo. On reconnaît l'impact du talent de Claudie Gallay. Vite, précipitons-nous sur ce roman.

C'est vrai que c'est superbe! Notre Kena est une vraie poète en plus
Pour l'instant je n'ai lu que Seule Venise. Bien aimé mais sans en être retournée comme vous...

Il faudrait que je retente avec celui-ci: L'office des vivants.

Merci, vous êtes gentilles.. je ne sais pas où j'ai trouvé les mots - en tout cas cette lecture m'en a aidé de les trouver

Mon amour Ma vie

Le cirque des Pazzati se retrouve bloqué au bord du périphérique. Mais, le cirque Pazzati, ce n'est plus grand monde : quelques caravanes, un camion à bout de souffle, un singe, des tigres, Dan, Pa', Mam' , Sam, Chicot et l'Oncle Jo.
Les jours se succèdent. L'ennui domine.
Dan, le seul enfant, ne souhaite qu'une seule chose : aller voir la mer. La mer, qu'il sent si proche.

On vit donc ces semaines d'attente avant que le convoi ne reprenne la route.
L'immobilité ne convient pas aux gens du voyage. Peu à peu la troupe se détruit. L'extérieur n'apporte rien de bon.
Dan survit grâce à son singe, Petit Max et sa nouvelle amie Zaza.

On retrouve l'écriture mélancolique de Claudie Gallay.
J'aime ces personnages endurcis par la vie, toutes ces émotions refoulées, ces souffrances ...
Je trouve qu'elle a une manière épurée de décrire les sentiments. Quelques mots bien choisis suffisent à transmettre les ressentis, la violence de certains affects.

Citation :

Je tends la main, la paume.
- Pardon Chicot ...
Je murmure.
- Pardon ...
Mais Chicot ne pardonne pas. Il reste un moment, comme étonné, et puis il recule. Il s'en va. Je vois son dos plié, son pas lent. La honte, c'est la pire des odeurs. Elle me colle. Je la transpire.
J'attrape la terre avec mes doigts, je me remplis la bouche, c'est mouillé, amer. Il n'y a pas de pardon possible. Je me chiale dessus. Je me force à avaler, je gratte avec les ongles en continuant de chialer.
Je mâche ma honte.
J'ai envie de vomir. Je ne vomis pas. J'avale.
Je m'enterre du dedans.
Tant que je vois le dos de Chicot et même après quand il a disparu. Longtemps après.
Je m'enterre.
Vivant.

Plus je découvre ses livres, plus je suis admirative.
Une fois de plus, un joli moment de lecture.

menine a écrit:

Plus je découvre ses livres, plus je suis admirative.
Une fois de plus, un joli moment de lecture.

oui,.. de même pour moi..
merci pour cette présentation, Mon amour Ma vie est le seul livre qui me reste encore de lire d'elle

kenavo a écrit:

menine a écrit:

Plus je découvre ses livres, plus je suis admirative.
Une fois de plus, un joli moment de lecture.

oui,.. de même pour moi..
merci pour cette présentation, Mon amour Ma vie est le seul livre qui me reste encore de lire d'elle

J'ai beaucoup aimé ce livre Mon amour Ma vie. Pour compléter ce thème des Roms mis à l'écart de la société, j'ai lu Grâce et dénuement d'Alice Ferney. Deux écritures différentes pour un même thème.

Eve Lyne a écrit:

Pour compléter ce thème des Roms mis à l'écart de la société, j'ai lu Grâce et dénuement d'Alice Ferney. Deux écritures différentes pour un même thème.

celui-là j'ai lu.. et aimé
Mais je veux bien aussi découvrir le point de vue de Claudie Gallay

kenavo a écrit:

Eve Lyne a écrit:

Pour compléter ce thème des Roms mis à l'écart de la société, j'ai lu Grâce et dénuement d'Alice Ferney. Deux écritures différentes pour un même thème.

celui-là j'ai lu.. et aimé
Mais je veux bien aussi découvrir le point de vue de Claudie Gallay

Tu as bien raison. Je place les deux romans au même niveau. Les deux auteurs m'ont embarquée dans leur univers.

J'ai lu aussi Grâce et dénuement . Il est vrai que le point commun est Les Roms mais le sujet n'est pas du tout traité de la même manière.
J'ai adoré Grâce et dénuement mais ce que j'apprécie vraiment avec Claudie Gallay c'est que l'on est davantage dans les sentiments . Les émotions priment, les faits sont secondaires.

Ce sont donc DEUX bonnes lectures !

Je vous mets ici mon commentaire de blog de L'Office des vivants (lu avant hier et commenté ce matin, quand c'est bon ça fait zzzzoouuuummmm ! chez moi !!)

extrait : « La Mère, on voit bien qu’elle perd ses couleurs à force de rester couchée dans le noir.

La cuisine, elle peut encore, mais pour la lessive, c’est fini. Ça la casse de se plier sur la pierre et de frotter avec le cube de savon.

Des jours, Marc et Simone restent à porter la même chemise.

M’mé Coche ne les aide pas, elle dit que chacun a ses soucis et que la crasse n’a jamais tué personne. »

M’mé Coche a raison, la crasse ne tue pas. Mais elle s’infiltre, elle gangrène. Et elle traîne avec elle tout un affreux cortège : la faim, la brutalité et la misère affective. Au milieu de ces gravats pousse une fleur : l’amour démesuré que porte Marc à Manue dans L’Office des vivants de Claudie Gallay.

Le décor est une montagne, coupée du monde l’hiver. Les maisons – les taudis plutôt – ne sont plus occupées que par de rares habitants. Au village des Cimes, lorsqu’une famille s’en va, elle disparaît tout simplement. Elle ne va même pas ailleurs, là où l’herbe serait plus verte, « ailleurs » étant ici un mot qui n’existe pas. Voilà pour l’espace.

Le temps, lui, est sans âge, dans cette histoire qui se déroule il y a trente, cinquante ou cent ans, peut-être plus. Là non plus, Claudie Gallay ne place aucune balise. Coupés du monde, coupés du temps, les personnages de L’Office des vivants ne savent qu’obéir aux mécanismes primitifs : se protéger du froid, gober les œufs des poules, chasser les taupes et peiner à la tâche.

Le Père a fait deux enfants à la Mère, Marc et Simone, et un troisième devrait venir. À la place, Mado, la fille de ferme, dépose devant la porte, avant de s’enfuir, le bébé que lui a fait le Père.

C’est Marc qui voit le paquet.

« Marc récupère le papier, il le lit.

Après, il vient vers Simone. Il la touche du coude.

-C’est une fille, elle s’appelle Manue.

On dirait le bébé qui était sur le lit de la Mère et qu’ils ont mis sous le gravier.

Ce n’est pas possible.
Marc dit que si, qu’on appelle cela une résurrection et que si on écoute bien Dieu, ça peut arriver à n’importe qui.
De mourir et de revenir.

[…]

Il va le dire à M’mé Coche parce qu’il sait que M’mé Coche aime Dieu. Il lui dit aussi que quand il sera grand, il veut ressusciter les enfants. »

Dès cet instant, Manue devient pour Marc un « ange » venu de nulle part, une merveille, son unique et son merveilleux amour.

Et la tragédie commence, car c’en est une. La misère en est l’élément déclencheur. Tout comme la haine des Capulets et des Montaigus force Roméo et Juliette à devenir ce couple terrible, la misère va peser sur Marc et Manu, avec toute sa fatalité.

On pourrait voir dans cette peinture – qui rappelle, par instant, Les Mangeurs de pomme de terre de Van gogh – une description de la « France profonde ». Ce n’est pourtant pas le cas. Pas de stigmatisation ni de caricature dans L’Office des vivants, mais un chant, en contrepoint du chant des morts, qui dit que la plus belle et la plus divine des passions peut naître dans la fange. Et c’est comme la réparation d’une injustice : ces petits, ces misérables, ces moins-que-rien peuvent, eux aussi, éprouver des passions sublimes, jusqu’à en perdre la raison, ou la vie.

C’est un premier roman d’une rudesse peu commune.

Après la lecture de L’Office des vivants, on reste un peu « sonné ».

On repense à ces personnages. Quelqu’un a écarté la boue et les immondices qui les recouvraient pour nous laisser apercevoir une lueur, celle de la pureté qui les habite. Et le voile n’est pas retombé.


Donc en fait, pour résumer, j'ai été emballée emballée emballée. C'est noir, très noir, mais c'est pour la bonne cause. Et d'après ce que vous dites tous et toutes de ses autres livres que je n'ai pas encore lus, on sent à chaque fois une voix d'une belle humanité derrière.
Et ça, fait rudement du bien.

Merci pour ton commentaire je suis contente de voir ton enthousiasme.. de même pour moi pendant cette lecture..

pagesapages a écrit:

Et d'après ce que vous dites tous et toutes de ses autres livres que je n'ai pas encore lus, on sent à chaque fois une voix d'une belle humanité derrière.

alors il te reste encore de belles lectures.. Seule Venise et Les Déferlantes à lire absolument

Je vais essayer de voir s'ils sont à ma bibliothèque ! Ce qui n'est pas évident, en général, j'arrive avec ma petite liste d'auteurs à trouver et je repars avec d'autres livres parce que ceux que je voulais n'y sont pas.
(peut-être qu'ils le font exprès ??? Qu'ils cachent les livres que je veux quand ils me voient arriver ??? Mais, non, je ne suis pas paranoïaque. )

pagesapages a écrit:

Je vous mets ici mon commentaire de blog de L'Office des vivants [...]
Donc en fait, pour résumer, j'ai été emballée emballée emballée. C'est noir, très noir, mais c'est pour la bonne cause. Et d'après ce que vous dites tous et toutes de ses autres livres que je n'ai pas encore lus, on sent à chaque fois une voix d'une belle humanité derrière.
Et ça, fait rudement du bien.

Elle nous plaît décidément bien cette Claudie Gallay...