Federico Fellini

A la librairie de la Cinémathèque avalanche de livres sur Fellini dont certains somptueux et somptuaires.J'ai été raisonnable et me suis contenté du Découvertes Gallimard dont a parlé Kenavo signé de Jean Gili pape du cinéma italien en France.Je reviens prochainement dire quelques mots sur l'expo La lanterne magique.Mais c'est quand même curieux l'actualité.Presque trop d'un coup.Enfin tant mieux pour mon cher Maestro.Il est vrai que s'il y a un cinéaste qui se prête à l'image par son imaginaire c'est bien lui.

Le Découvertes Gallimard présenté par Kenavo,signé du grand spécialiste Jean Gili,est effectivement très bien fait et permet une approche bon marché ce l'immense Federico.Fellini,le magicien du réel va à l'essentiel.Quand on connaît la qualité de cette collection...

Je viens de terminer le visionnage de Juliette des Esprits, qui n'a pas encore été évoqué sur ce fil.

Sorti en 1965, il raconte l'histoire de Giuletta, femme au foyer dévouée qui se rend compte peu à peu que son mari la trompe avec une jeune mannequin de 24 ans. Se sentant délaissée, elle s'échappe au sein du monde surréaliste dans lequel vit sa voisine, Suzy. A partir de ce moment-là, des visions d'une beauté flamboyante et terrifiante ne cessent de l'envahir. Le film est magnifique. Les décors, les costumes et les acteurs sont éblouissants. Rien n'a été laissé au hasard et chaque seconde du film est un ravissement pour les yeux.

C'est le premier film de Fellini que je vois et il m'a donné envie de poursuivre ma découverte.

La musique des films de Fellini me trotte souvent dans la tete... Je crois qu' elle était toujours d' Ennio Morricone....
Le plus souvent celle de 8 1/2...A la fin du film.

En revanche, la musique de Juliette des esprits ne m'a pas particulièrement marquée... L'air était sympathique, mais pas mémorable non plus...

bix229 a écrit:

La musique des films de Fellini me trotte souvent dans la tete... Je crois qu' elle était toujours d' Ennio Morricone....
Le plus souvent celle de 8 1/2...A la fin du film.

Oh oui la musique, surtout dans Huit et demi (son compositeur attitré était Nino Rota, Morricone c'était plutôt les westerns spaghetti à l'époque). L'usage qu'il en fait me paraît d'ailleurs assez novateur, mais je n'oserais pas trop m'avancer. Et la musique des mots aussi (pour les films que je préfère, il s'entourait de deux romanciers réputés, Flaiano et Pinelli), on ne le dit pas assez. J'ai la chance de pouvoir les regarder en VO, et les dialogues relèvent de l'orfèvrerie, économes, précis, cruels. Je trouve d'ailleurs qu'il a beaucoup perdu en devenant après Huit et demi un cinéaste de l'image baroque (peut-être par une volonté de s'adapter à un public international), sacrifiant l'équilibre trouvé dans ses deux chefs-d'oeuvre, celui cité et La dolce vita. Je placerais La strada, qui au fond n'est pas si différent, presqu'au même niveau. Tout cela est très subjectif, je vous l'accorde.

La Cité des femmes , un film de Fellini, tres controverse des sa sortie, on reprochait au realisateur son outrance, sa misogynie, l'incohérence de son récit.
J'ai aime ce film qui parle des femmes et des hommes, mais surtout de l’évolution de la femme, du mystère qu’elle incarne pour l’homme. C’est un film sur le rêve de la femme.
Marcello Mastroianni rencontre, dans le train, une inconnue qui se dérobe a ses avances. Il decide de la suivre jusqu'a son hotel où se tiennent les assises d'un congres feministe. D'une rencontre étrange a l'autre il tombe sur un Don Juan vulgaire, Katzone.
Le film est fascinant par son aspect symbolique et lson style poetiqu et onirique ; les femmes y ont le beau role et les deux personnages masculins, Snaporaz et Katzone , sont minables.

Satyricon (1969)

Les aventures d'un étudiant, Encolpe qui poursuit son ami Ascylte, ami dénué de remords et traitre à qui tout semble réussir dans un monde outrancièrement sexué et où l'argent achète et rachète à la face du monde toutes les orgies et les bassesses. Ami qui lui a volé Giton, un adolescent qui par ailleurs semble naturellement se tourner vers le puissant de l'instant. ça ressemble à un film de SF psychédélique avec des personnages caricaturaux et une débauche violente de couleurs. Dans des tableaux criards affichant la prédominance d'une homosexualité masculine qui tient pour beaucoup du rapport de force surnagent des visages féminins indifférents ou aux rires faux dont le rôle est arbitrairement rejeté au second plan mais détenant néanmoins un étrange pouvoir de vérité, une sorte d'arbitrage de la virilité mais en moins réducteur.

Mais revenons en à Encolpe qui d'aventure en aventure va semblant de rien d'échec en échec et de déconvenue en déconvenue, sa séduction et son assurance toujours plus dérisoire. Sous ses airs déterminés il est un suiveur, suiveur de l'arrogance et de la jouissance d'Ascylte qui réapparais toujours, riant aux éclats, parmi les puissants alors qu'Encolpe affronte les épreuves. Et il faut encore ajouter le poète Eumolpe qui incarne à la fois une vérité, une trahison et une duplicité lucide, mais malade. Cette débauche, pour ainsi dire romaine, et fermant soigneusement les yeux sur la Grèce et d'autres influences (vision d'un spectateur qui manque de beaucoup d'éléments pour voir ce rapport) est traversée à contre courant par l'appel plus dépouillé d'autres terres, notamment l'Afrique dont les intrusions "modernes d'époque" (du film) sont présentes dans les personnages d'esclaves qui expriment une certaine liberté et un pouvoir (en même temps qu'à d'autres moments leur soumission de fait) et dans la musique.

La fin ressemble à un abandon à demi-conscient de cette histoire fragmentaire et déliée, enivrante et nauséeuse, un abandon de l'ombre aussi. Ombre aussi d'une quête illusoire et malsaine de conformité et de pouvoir (contre une certaine nature) ?

Un film qui fait drôle à voir par son foisonnement très coloré et son outrance qui laisse de nombreux motifs difficiles à distinguer, des tableaux puissants et énigmatiques qui impressionnent et interrogent.

premier film que je vois du réalisateur. Et un grand merci à Igor (et à Médor).

Une critique qui fait plaisir à lire pour ce film qui tient une des premières place de mon panthéon cinématographique.
Oui! ce film est à mon avis une pure merveille, fantasmagorique et démesuré. Sorti en 1969, et sans doute le résultat d'un long travail de préparation, une œuvre majeure.
Libre adaptation de fragments manuscrits attribué à Pétrone. Et c'est justement les parties inconnues qui intéressèrent Fellini par la liberté qu'elles lui laissaient.
Et c'est bien de liberté dont il est question dans cette fabuleuse fresque. Liberté d'aimer, de créer: d'ÊTRE!
Les images sont parmi les plus belle que le cinéma peut offrir, décors, costumes et maquillages d'une rare beauté. Chaque plan est un tableau à couper le souffle.
Un montage parfait pour un récit très ouvert dans lequel s’imbriquent tout naturellement histoires et contes.
La partition musicale de Nino Rota.

"Satyricon", un film qui appartient également à mon panthéon cinématographique. La beauté formelle des images de cette fresque est à couper le souffle cependant, contrairement à ce qu'il semble être généralement compris, Fellini y dénonce la débauche des moeurs soixanhuitardes, avec laquelle il était en total désacccord car très attaché à son idée conformiste du couple.

Je ne comprends pas bien cette expression:"la débauche des mœurs soixante-huitardes".
Si effectivement ce fut une époque pendant laquelle une certaine liberté entre autre sexuelle a pu s'exprimer, l'époque actuelle me semble pour le coup encore plus débauchée.
Dans le Satyricon, il est certes questions de cette liberté mais surtout de la fin d'un monde aux valeurs déliquescentes. Un monde où les puissants imposent leur pensée.
Un monde où la pensée unique serait la seule référence.
Fellini dans cette fresque antique nous parle finalement d’aujourd’hui et c'est encore plus frappant près de 20 ans après sa disparition. Un visionnaire ?

Amarcord (1973)

Une année de souvenirs étranges d'un adolescent, dans un petit village italien quelque part dans les années 20-30. Une vision un peu déroutante, souvent potache mais avant tout rêveuse. Les histoires de famille, la fascination pour le sexe opposé (et toutes ses formes).

Le film reconstitue en plus des souvenirs une parcelle d'Italie (et pas que en fin de compte) et observe rétrospectivement toute une mutation avec humour mais aussi avec lucidité. On pourrait dire que se croisent un fascisme qui attire trop naturellement la concrétisation d'envies simples de réussite auprès des femmes par exemple, ou tout bonnement social non sans appuyé sur un sens du conformisme et de l'événement, avec une part de rêve dans un sens et dans l'autre une langueur nostalgique de pierres, de terre, de cuisine, de famille.

Tout ça dans une surprenante démesure souvent, tableaux mouvants et grandiloquents, baroques ou fantastiques épures. Des échos et des contrastes dans des images construites et glissantes à n'en plus finir. Je n'ai quasiment jamais pu voir quelque chose d'aussi chargé et d'aussi fluide à la fois. C'est saisissant très immédiat et vertigineusement grave s'il le faut, un sens de la comédie très large.

C'est difficile de traduire cette impression ça glisse vers la peinture, avec une iconographie choisie et mise en mouvement avec un classicisme puissamment moyenâgeux. Même cette noirceur brumeuse et enfumée des présences obscures c'est un conte, une caricature et un enfer du moyen-âge.

Et je suis allé à la cueillette d'images entre ces deux printemps et c'est stupéfiant. ça apparait tellement vaste, tellement peu limité, ça laisse l'humble spectateur égaré...

Et je remercie encore beaucoup Igor pour ce film. C'est une très grande porte cinématographique qui s'ouvre.

Mon préféré de Fellini, parce que son plus personnel.

il va falloir attendre un peu pour les images. aussi pour ajouter que l'étrangeté tient aussi de la théâtralisation des présences, avec moins de désynchronisation et d'immobilités que chez Fassbinder mais avec une impression proche. L'image composite avec un point d'attention ?

je reste dingue de l'impression flottante de terre avec ce qu'elle a de terrain vague même, dans cette scène finale et pourtant non négociable, ayant l'air d'incarner une valeur morale (au moins personnelle) et différente de la caricature politique qu'incarne le nationalisme sommaire.

je n'arrive pas à comprendre comment c'est si... naturel tout en ne l'étant absolument pas, au delà des qualités évidentes, au delà du fait que je reste attiré par certains types d'images comme les peintures du moyen-âge. je n'arrive pas à croire complètement que je peux 'voir' tout ça. ça me dépasse comme rarement et ça me semble salvateur...