Abdelatif Kechiche

Une chose est sûre: j'irai voir La vie d'Adele ! Kechiche est un très grand cinéaste.

Marko a écrit:

Une chose est sûre: j'irai voir La vie d'Adele ! Kechiche est un très grand cinéaste.

Pareil. Et en plus, il est franco-tunisien, ce qui le rend encore plus sex'.

Marko a écrit:

Une chose est sûre: j'irai voir La vie d'Adele ! Kechiche est un très grand cinéaste.

Même attente très forte par rapport au film. Et je partage ton avis par rapport à la difficulté à interpréter des faits qui nous échappent forcément. Il est vrai que la réputation de Kechiche le précède bien avant La vie d'Adèle au niveau des conditions de tournage.

Concernant l'article de Télérama, je le trouve très maladroit dans le sens où il ne ressort que de la rancoeur du discours de Kechiche. C'est logique car il ne peut prendre de recul, mais cette surenchère assumée au niveau de la presse (la couverture des Inrocks est du même ordre) me semble être un gâchis.

Kechiche, Kubrick, Trier et leurs actrices malmenées (oui je sais je provoque un peu! ça ne démontre rien):

Un portrait plus nuancé:
P

Il est rigolo, ton lien, Maryvonne..C'est sérieux ??? Je ne crois pas... marrant en tout cas!
A côté tu as cela:

Citation :

Los Angeles – Le film sur la vie de Grace Kelly, mis en scène par Olivier Dahan avec Nicole Kidman dans le rôle titre est finalement repoussé de plusieurs mois. Pressenti pour être aux Oscars, les producteurs du film souhaitent cependant changer la fin du film en un happy end et non sur une conclusion tragique, à savoir l’accident de voiture qui coûta la vie à la princesse Grace. « Je pense qu’il faut surprendre les gens » commente Harvey Weinstein, l’un des deux producteurs. « Il y en a assez de ces biopics qui se terminent sur une tragédie. Regardez « Diana », on sait ce qui se passe à la fin, aucune surprise, on s’ennuie » dit-il dans les colonnes de Variety. Plus loin, il précise sa pensée : « On veut que la princesse Grace survive à cet accident et fasse sa vie de manière normale. » La sortie du film est donc repoussée de plusieurs semaines pour permettre aux scénaristes et au réalisateur d’intégrer ces nouveaux éléments dans le script. Une stratégie qui pourrait payer et attirer les spectateurs. « Quand on connaît la vraie histoire, c’est un peu triste. Ici, le film sera plus léger, les gens retourneront le voir plusieurs fois » espère Bob, l’autre frère Weinstein.

 
c'est vrai ça, ils ont raison.. Où va-t-on si les princesses tombent dans des ravins, ou se fracassent sous des ponts.. Bon, Diana, encore, admettons, il y avait un chauffeur. Mais Grace conduisait elle-même!! Une princesse ne conduit pas, point.

Après, c'est intéressant, les différents liens , parce que je vois plusieurs choses. Très différentes du problème du bébé de Castellucci, qui n'avait rien demandé à personne. Ce sont les parents, en fait, qui sont le plus à blâmer.

Là, on a quoi: un acteur ( dans le dernier lien de Marko) qui dit que Kechiche amène ses acteurs à réellement vivre les choses. Et Léa Seydoux, avant, qui dit qu'on voyant le film, elle sait qu'elle a tourné les scènes, mais qu'elle n'imaginait pas de telles images.. En fait, c'est son  image dans ce film si particulier qui la gêne?Maintenant.  Il les a amenées à vivre certaines choses. ..C'est le côté manipulateur d'un metteur en scène, c'est son rôle, obtenir ce qu'il veut.    Enfin, c'est comme cela que je le comprends. Mais ça... c'est le cinéma! Il y a toujours une prise de risque, sinon,quel intérêt. Après, les méthodes du metteur en scène, bien sûr qu'elles sont discutables. Mais après tout.. elles ont accepté les rôles, les prix sont un plus pour leur carrière,et elles ont gagné beaucoup d'argent? Traumatisées par un perfectionniste? Oui.. mais il y a bien d'autres métiers où c'est pire, mille fois pire ..
Et quelqu'un a songé à demander ce qu'elle pensait de son image à l'écran, à l'actrice de Vénus Noire?

Quelque part, j'aurais envie de lui dire à Léa Seydoux ( l'autre était plus jeune, c'est moins facile) : tu as fait une mauvaise expérience? Ok. Sers toi de cela et ne travaille qu'avec des gens qui te conviennent, tu  le peux. L'image que tu montres n'est pas une image qui te convient? Et alors? Ca prouve que tu es une bonne actrice, c'est du cinéma! Ou alors, assume jusqu'au bout ton rejet du film, rends les prix, ton cachet etc. Mais là c'est très mauvais pour Kechiche, qu'ils règlent leurs affaires entre eux et laissent le spectateur en dehors de tout cela, juger, lui, du film.

Je sens que je vire réac, là, mais elle m'agace..

Marko a écrit:

Kechiche, Kubrick, Trier et leurs actrices malmenées (oui je sais je provoque un peu! ça ne démontre rien):

On peut aussi parler de Preminger ou de Hitchcock, entre autres, tyrans absolus.

Je me demande si cette polémique est tellement nocive finalement car on n'a jamais autant parlé d'un film avant sa sortie. Et maintenant, c'est ce qui compte : il faut qu'on en parle, peu importe en bien ou en mal. Ce qui est drôle est de constater à quel point les actrices jouent à celle qui sera la plus dénudée sur les couvertures des magazines

Marie a écrit:

Il est rigolo, ton lien, Maryvonne..C'est sérieux ??? Je ne crois pas... marrant en tout cas!

Non, non, c'est une grosse blague, qui est très drôle parce qu'on y croit presque.

Avant-première demain soir... Mais je risque de ne pas pouvoir y aller. Et zut!

Marko a écrit:

Avant-première demain soir... Mais je risque de ne pas pouvoir y aller. Et zut!

si c 'est bon !!   A ce soir pour les impressions.

Hâte d'avoir ton avis !

La vie d'Adèle



Sublime Adèle! Elle est de pratiquement tous les plans et elle irradie de grâce, d'animalité, de naturel, d'érotisme, de force et de fragilité, de sincérité et de candeur. Kechiche la dirige sublimement bien et ce qu'il lui fait faire est d'une intensité rare. Le plus beau portrait de (jeune) femme qu'on puisse imaginer (à côté Ozon c'était super gentil).

Alors il y a la forme et le fond...

Pour la forme c'est du Kechiche puissance 10. Qu'il filme des discussions d'adolescentes teigneuses, cruelles et intrusives, une classe de CP, des boîtes homos et lesbiennes, un repas de famille spaghettis bolo ou une soirée entre intellos-bobos, le désir, la jalousie, la violence de la séparation, la résignation et surtout d'hallucinantes scènes de sexe, tout prend une dimension de vérité sidérante qui aimante le regard, met tous les sens en éveil et nous prend aux tripes. L'éternelle banale histoire d'amour et de séparation prend ici une dimension de tragédie d'une très grande force.

Pour le fond il y a un message qui me gêne un peu et qui consiste à montrer que cette "tragédie" amoureuse est déterminée, comme une fatalité (voir le cours de français qui évoque ce thème dans le film), par les barrières culturelles et sociales dressées entre les deux filles. Différences de classes sociales, langage de groupe dont Adèle n'a pas les codes alors même que sa curiosité intellectuelle apparaît plus authentique et probablement plus subtile, impossibilité de s'intégrer car ce qui l'anime notamment professionnellement (un désir de transmission) est rapidement dénigré et rejeté comme sans intérêt par les bobos pseudo-artistes en quête de reconnaissance. On sent l'affection de Kechiche pour les plus modestes et l'acidité de son regard lorsqu'il montre ceux qui se considèrent comme des élites. De fait Emma apparaît beaucoup plus narcissique, vampirique, faussement impliquée dans cette relation amoureuse car essentiellement soucieuse de dominer, de briller. Même l'intensité sexuelle qu'elle transmet à leur couple et qui transfigure Adèle semble pour Emma du côté de la performance (elle balance de façon désinvolte un 14/20 à la pauvre Adèle qui ne sait pas comment donner encore plus pour la satisfaire!). Je trouve cette vision dichotomique trop facile et finalement pas si juste. Je crois aux passerelles sociales et aux couples différents... Alors que le film condamne pratiquement cette différence. Mais c'est mon regard et je me trompe peut-être.

Reste la beauté de ce film et l'incroyable direction d'acteurs de Kechiche qui est à son sommet. 3 heures qui passent vite et qui laissent le public scotché à l'écran.

Les scènes de sexe?  Animales, crues, en temps pratiquement réel, hypnotisantes comme des chorégraphies primitives, splendides en étant constamment à la frontière de l'érotisme et de la pornographie sans y basculer. C'est prodigieux. Et les deux filles se livrent d'une façon qui force l'admiration. Quelques rires gênés dans le public mais c'est défensif. Pour ma part je les trouve sublimes. J'aurais presque envie de devenir lesbienne!

Et Léa Seydoux?  Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ses déclarations et je me dis en la regardant dans ce film, où elle apparaît à la fois magnétique, androgyne et souvent très antipathique, qu'elle a du avoir du mal à accepter le regard que Kechiche a posé sur elle. Pourtant à sa façon elle est assez extraordinaire aussi. Un peu comme dans Liberace elle est un ogre qui se nourrit de la jeunesse d'Adèle pour en jouir et pour créer sa peinture. Et quand elle est blessée dans son narcissime elle devient d'une cruauté totale. Dans ce registre elle est parfaite. Autant Adèle est d'un naturel absolu, autant elle incarne le contrôle et l'affectation. Mais elle s'en sort super bien aussi.

Bref c'est un film exceptionnel que je retournerai voir.

Merci Marko pour ton avis enthousiaste, assez proche d'articles que j'ai déjà eu l'occasion de lire (notamment en ce qui concerne l'intensité et la fièvre de la mise en scène).

Merci Marko