| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| William S. Burroughs | |
|
+10kenavo eXPie Sydney Mordicus Queenie Matthieu lekhan Snark Senhal Jack 14 participants | |
Auteur | Message |
---|
Matthieu Main aguerrie
Messages : 304 Inscription le : 27/12/2008 Age : 37 Localisation : Lille
| Sujet: Re: William S. Burroughs Lun 5 Jan 2009 - 23:34 | |
| Le Festin nu.
Avis :
Bill. Ecrivain remarquable ! Et ce roman le montre totalement. Ecrit dans les années 54-58 à Tanger ou il s'est réfugié après avoir buté accidentellement sa femme (en essayant tout les deux ivre mort de réitérer l'exploit de Guillaume Tell) William défoncé du matin au soir nous livre le roman le plus bizarre, le plus étrange et l'un des plus remarquable que j'ai lu. Le festin nu est une plongée terrible dans les pires recoins du sordide humain. L'interzone monde ou orgie, cannibale, pédéraste, médecins cinglés, dictateurs du dimanche... se côtoient, se surveillent, se tuent entre eux. Ou le comique, le tragique, la luxure, la folie se mêlent si facilement. Lee est chargé de faire des rapports, ainsi le livre se découpe en chapitres représentant ses rapports en quelque sorte. Préparez vous à découvrir, le milicien, le glaiseux, le matelot, l'exterminateur... William maltraite la forme et l'écriture pour être au dessus d'elle. Ce n'est plus de l'écriture c'est plus loin que ça réellement. Chaque mot sonne comme un coup de poignard dans le ventre, il déchire, il résonne d'une folie psychotique. Le récit décousu a un sens réel mais encore faut t'il le comprendre et le trouver. Réquisitoire contre une société absurde, à la fois irréelle et réelle. Ou les marginaux s'entassent. Et William est un marginal. Les beats sont des marginaux de la société américaine. Le festin nu est un roman difficile, beaucoup de monde n'aimerait pas lire ce roman. Pourquoi? Trop de mots crus surement, un monde difficile à aborder et plus noir. Un roman taché de sang, de sperme séché et saupoudré de cocaïne. Une réelle jouissance littéraire | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 6 Jan 2009 - 9:28 | |
| - Samael a écrit:
- Le Festin nu.
[...]
Le festin nu est un roman difficile, beaucoup de monde n'aimerait pas lire ce roman. Pourquoi? Trop de mots crus surement, un monde difficile à aborder et plus noir. Un roman taché de sang, de sperme séché et saupoudré de cocaïne. Une réelle jouissance littéraire L'est toujours dans ma PAL ce livre, et toujours pas lu... Faudrait hein quand même. | |
| | | Mordicus Troll de Pastèque
Messages : 3262 Inscription le : 21/01/2008 Localisation : Blottie
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 6 Jan 2009 - 10:19 | |
| Je peux demander (et avoir, accessoirement) un morceau de texte ?
| |
| | | Sydney Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 14/10/2008
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 6 Jan 2009 - 10:30 | |
| Dans la continuité de ma recherche d'auteurs qui "explorent/explosent" les limites de la langue et de l'écriture, "Le festin nu" et le prochain roman de ma PAL (après Mort à crédit, et avant Joyce)
J'ai lu récemment un recueil d'essais de Burroughs vraiment intéressant quand il réfléchi sur la littérature, l'acte d'écriture, et l'art en général. | |
| | | Matthieu Main aguerrie
Messages : 304 Inscription le : 27/12/2008 Age : 37 Localisation : Lille
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 6 Jan 2009 - 11:03 | |
| - Mordicus a écrit:
Je peux demander (et avoir, accessoirement) un morceau de texte ? […] Le cri jaillit de sa chair, traversa un désert de vestiaires et de dortoirs à soldats, et l’air moisissant de pensions saisonnières, et les couloirs spectraux de sanatoriums de montagne, l’odeur d’arrière cuisine grise et grognonne et graillonnante des asiles de nuit et des hospices de vieillards, l’immensité poussiéreuse de hangars anonymes et d’entrepôts de douane – traversa des portiques en ruine et des volutes de plâtre barbouillé, des pissoirs au zinc corrodé en une dentelle transparente par l’urine de millions de lopettes, des latrines abandonnées aux mauvaises herbes et exhalant des miasmes de merde retournant en poussière, des champs de totems phalliques dressés sur la tombe de nations moribondes dans un bruissement plaintif de feuilles sous le vent – traversa encore le grand fleuve aux eaux boueuses où flottent des arbres aux branches chargées de serpents verts, et de l’autre côté de la plaine, très loin, des lémuriens aux yeux tristes contemplent les rives, et on entend dans l’air torride le froissement de feuilles mortes des ailes de vautours… Le chemin est jonché de préservatifs crevés et d’ampoules d’héroïne vides et de tubes de vaseline aplatis, aussi secs que l’engrais d’or sous le soleil d’été… […] […] Ça me rappelle un vieux copain, une des plus beaux garçons que j’ai connus, un des plus cinglés aussi et absolument pourri de fric. Il se baladait dans les soirées mondaines avec un pistolet à eau plein de foutre qu’il déchargeait sous les jupes des dames, en visant surtout les intellectuelles, les directrices d’usines et autres femmes de tête. Et il gagnait haut la main tous ses procès en reconnaissance de paternité. Il faut dire que ce n’était jamais son propre foutre… […] […] On lèche l’épouvante qui suinte de la chair trouée d’aiguilles, on entend un gémissement souterrain signalant le branle-bas des nerfs pétrifiés par le besoin qui monte, morsure enragée, pantelante… Si Dieu a inventé quelque chose de mieux il l’a gardé pour lui, disait parfois le Matelot quand il se mettait les engrenages au point mort avec une vingtaine de capsules… […] […] Des trafiquants de Viande Noire – la chair de la scolopendre aquatique noire, le Mille-Pattes géant qui peut atteindre deux mètres et vit dans un univers de roches sombres et de lagunes aux couleurs arc-en-ciel – exhibent des crustacés paralysés au fond des caches secrètes de la Plaza qui ne sont accessibles qu’aux Mangeurs de Viande. On y voit les adeptes de vocations anachroniques et à peine imaginables qui gribouillent en étrusque – des amateurs de drogues pas encore synthétisées, des exciseurs de sensibilité télépathique, des ostéopathes de l’esprit, des agents spéciaux chargés d’enquêter sur les délits que dénoncent fielleusement des joueurs d’échecs paranoïdes, des trafiquants de marché noir de la Troisième Guerre mondiale, des huissiers qui délivrent des exploits fragmentaires rédigés en sténographie hébéphrénique et stigmatisant d’odieuses mutilations de l’esprit, des fonctionnaires d’Etats policiers non-constitués, des briseurs de rêves et autres nostalgies sublimes testés sur les cellules sensibilisées par le Mal de Drogue et troqués contre les matériaux bruts de la volonté, des buveurs du Fluide Lourd scellé dans l’ambre clair des rêves… […] | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 6 Jan 2009 - 11:10 | |
| Super ! Merci Samael. (C'est pas moi qui ai demandé mais je peux quand même dire merci non ?) Allez, je le remonte en haut de ma pile tiens.
Edit : Pourquoi c'est classé SF au fait? | |
| | | Matthieu Main aguerrie
Messages : 304 Inscription le : 27/12/2008 Age : 37 Localisation : Lille
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 6 Jan 2009 - 11:22 | |
| Ça se passe dans une micro-nation totalement imaginaire appelé l'Interzone en fait.
Et tu retrouve parfois des thèmes chers à la Sf mais c'est pas à proprement parler de la SF. C'est inclassable. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: William S. Burroughs Lun 12 Jan 2009 - 21:50 | |
| Le premier film de Gus Van Sant est un court-métrage adapté de Burroughs, d'après la nouvelle Do Easy. Voici The Discipline of DE (1982) en vo non sous-titrée. 9 minutes. (Version complète indisponible) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mer 3 Juin 2009 - 18:21 | |
| va paraître demain: Interzone - Citation :
- 4e de couverture
En 1959 est publié à Paris Le Festin nu, qui révèle le talent scandaleux de William Burroughs. À l'origine, le manuscrit s'intitulait Interzone. Le Festin nu était le résultat d'un choix parmi le millier de pages d'un matériau que Burroughs répartit ensuite entre La Machine molle, Le ticket qui explosa et Nova Express. Restaient les 175 pages du manuscrit original qui n'ont été retrouvées qu'en 1984. Celles-ci nous permettent de reconstituer la genèse d'un des chefs-d'œuvre de la littérature du XXe siècle. Ces fragments narratifs, ces lettres inachevées où l'écrivain américain dévoile à son ami Allen Ginsberg les progrès de son cheminement labyrinthique, ces « routines » où domine la figure grise et énigmatique de son double, William Lee, représentent la manifestation la plus pure de l'esprit de Burroughs et sa volonté de faire de l'écriture un moyen d'exploration transgressif des régions mentales encore inexplorées et dangereuses. | |
| | | bambi_slaughter Espoir postal
Messages : 31 Inscription le : 03/06/2009 Age : 35 Localisation : Toulouse
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mer 3 Juin 2009 - 21:32 | |
| Je n'ai lu que Le festin nu ( en entier )
J'ai beaucoup aimé, mais je vais sûrement le relire. C'est vrai que c'est dur à suivre, parce qu'en fait, il n'y a rien à suivre. Mais l'écriture me plait beaucoup, l'univers hallucinant, l'humour.
J'avais commencé La machine molle, mais pas accroché. J'ai l'impression que c'était que des trucs dans le genre enculage ...
Mais j'ai suffisament aimé Le festin nu pour dire que j'aime cet auteur. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: William S. Burroughs Ven 23 Oct 2009 - 14:29 | |
| Premières pages du Festin Nu avalées, beaucoup plus digeste que je ne le pensais. Suffit de se laisser embarquer, enfin je verrais. Est-ce parce que ce fil commence par un débat sur le style de l'auteur qu'il y a si peu de messages sur ses livres ? En tout cas ça manque ! | |
| | | Hank Main aguerrie
Messages : 340 Inscription le : 28/08/2007 Age : 47 Localisation : Paris
| Sujet: Re: William S. Burroughs Lun 23 Nov 2009 - 17:37 | |
| Je ne vais pas relancer le débat du qui-qu'a-inventé-quoi, qui m'intéresse peu, meme si, à vue de nez, le côté à peine intelligible de la prose de Burroughs dans les extraits postés plus haut ressemblent beaucoup à ce que Henry Miller a pu faire ponctuellement dans ses romans (certains lui prêtent d'ailleurs la paternité du mouvement beat, je n'irais pas jusque là, les thèmes abordés par Miller n'ont à mon avis pas grand rapport).
Enfin, de Burroughs, je n'étais pas du tout tenté par les romans "stylisés", je n'aime pas les livres qui privilégient la forme au fond. Donc, j'ai préféré Junky, son premier roman, qui ne présente rien de l'aspect sophistiqué recherché par la suite, c'est au contraire un roman au style très sobre, dépouillé. Burroughs y raconte ses années de dépendance à la drogue, avec un éclairage à mon avis assez interessant sur le climat social et la politique menée dans les années 40/50 aux Etats-Unis, vis à vis des drogués (qui était considérés comme des criminels, et donc traqués par la police de certains états au même titre que les revendeurs, d'après ce qu'en dit Burroughs).
Je ne dirais pas qu'il faut commencer par ce roman, parce que à mon avis, il ne s'adresse pas tout à fait au même public que Le festin nu (du moins pour ce que j'ai compris du contenu de ce roman). Et puis il ne me semble pas du tout représentatif de l'oeuvre de Burroughs. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: William S. Burroughs Mar 24 Nov 2009 - 23:37 | |
| Je l'ai trouvé assez ennuyeux Festin nu. Répétitif, anecdotique, avec peu de corps et de chair. Je pense qu'il peut être bien en film par contre, si on exploite son visuel à fond (genre les délires de Las Vegas Parano avec les lézards dans le bar).
J'ai même pas vu l'intérêt stylistique. Bof. Pour moi c'était une écriture normale et plate. Je m'attendais à en avoir plein les yeux, peut-être que j'ai rien compris, mais ça ne m'a pas du tout fait péter la rétine. Sauf parfois, quand même.
Peut-être que j'irais voir du côté de Junky, s'il est différent. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: William S. Burroughs Sam 26 Nov 2011 - 11:14 | |
| Tiens, j'ai justement vu au cinéma la semaine dernière Le festin nu de Cronenberg (rétrospective), va falloir maintenant que je lise un peu l'auteur, à suivre... |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William S. Burroughs Jeu 22 Aoû 2013 - 22:52 | |
| Il y avait ça aussi dans l'entretien posté hier sur le fil William Gibson :
clic
Thanks Giving Prayer
For John Dillinger, In hope he is still alive
Thanks for the wild turkey and the Passenger Pigeons, destined to be shit out through wholesome American guts
thanks for a Continent to despoil and poison --
thanks for Indians to provide a modicum of challenge and danger --
thanks for vast herds of bison to kill and skin, leaving the carcass to rot --
thanks for bounties on wolves and coyotes --
thanks for the AMERICAN DREAM to vulgarize and falsify until the bare lies shine through --
thanks for the KKK, for nigger-killing lawmen feeling their notches, for decent church-going women with their mean, pinched, bitter, evil faces --
thanks for "Kill a Queer for Christ" stickers --
thanks for laboratory AIDS --
thanks for Prohibition and the War Against Drugs --
thanks for a country where nobody is allowed to mind his own business --
thanks for a nation of finks -- yes,
thanks for all the memories... all right, let's see your arms... you always were a headache and you always were a bore --
thanks for the last and greatest betrayal of the last and greatest of human dreams. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: William S. Burroughs | |
| |
| | | | William S. Burroughs | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|