Christopher Priest

odrey a écrit:

C’est à la fois simple et compliqué. Simple parce que l’écriture est limpide et que ça se lit tout seul. Compliqué parce que l’intrigue est assez alambiquée et que Christopher Priest aime bien nous embrouiller.

Pas la peine d’être amateur de littérature fantastique pour apprécier

Il y a une sacrée manipulation, et pourtant le lecteur finit par comprendre, par lui-même, sans que Priest le tienne trop par la main. Ca n'est pas souligné.
Le film est très bien aussi, même quand on a déjà lu le livre : on se demande comment ça va tenir...

J'aimerai bien voir ce film. effectivement je me demande comment le livre a été adapté.

odrey a écrit:

J'aimerai bien voir ce film. effectivement je me demande comment le livre a été adapté.

Le réalisateur (et co-scénariste) a notamment coupé la dernière partie, assez courte, du livre, celle qui se situe à notre époque. Et il s'est bien arrangé, avec des flash-backs, des points de vue différents, pour faire des pièces de puzzle, dont on ne comprend certains fragments que quand on sait tout.
Je trouve l'adaptation franchement réussie, mais peut-être d'autres auront-ils un avis différent. Je m'étais demandé si le film m'était apparu clair parce que j'avais lu le livre avant, mais des non-lecteurs du livre ont également apprécié, alors...

À propos de "Le prestige".

J'ai le film en DVD, que j'aime beaucoup.

Je viens de lire le livre en trois jours, ce qui pour moi est un record !

Dès le début, j'ai été happé par ce "page turner" que j'ai beaucoup aimé.

Après sa lecture, je crains que le découpage (un chapitre par personnage) ne nuise finalement au dynamisme de l'histoire. J'aurais préféré une présentation plus classique : des chapitres courts qui se succèdent pour mettre en perspective un personnage, puis l'autre...

J'ai été aussi un peu gêné par le fait que tous les personnages s'expriment exactement de la même manière : on retrouve le talent de conteur de l'auteur à toutes les pages oui, mais voilà, ce sont les personnages qui sont censés s'exprimer (ils emploient le "Je") et cette identité d'expression retire un peu de crédibilité à l'ensemble.

La fin est différente de celle du film, plus proche des livres de H.G. Wells.

En conclusion, je recommande vraiment "Le Prestige".

C'est un livre que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire et que je relirai sans doute très bientôt.

J'ai d'ailleurs hâte de lire d'autres livres de cet auteur.

Pour la petite histoire, on retrouve également l'inventeur génial Nikola Tesla dans Le prestige (rôle joué par David Bowie dans le film), personnalité mis à l'honneur dernièrement dans Les éclairs de Jean Echenoz et déjà présent dans Moon Palace de Paul Auster.

Le monde inverti.




eXPie parle d'écriture blanche - qui quelque part souligne le fond du livre, puisqu'il s'agit d'un questionnement sur la perception. L'objectivité face à la subjectivité.
Moi, cette écriture blanche... j'ai vraiment du mal. Surtout lorsque les personnages principaux sont censés être confrontés à des choses qui les bouleversent, qui secouent leurs croyances.
Du coup, tout semble plat et avalé sans consistance.

Mais l'histoire avance, et se lit facilement. Des moments vraiment bien écrits aussi, où on voit les paysages, on ressent les métamorphoses. C'est très cinématographique.

Et il faut reconnaître que la façon qu'à Priest de distiller ses informations renforce l'envie du lecteur d'avancer pour soulever le voile mystérieux qui s'étale en couche et sous-couche autour de cette Cité appelée Terre.
Du coup, on est un peu happés. Du moins quand on commence à lire.

Spoiler (un peu) :

J'ai bien aimé les différentes pistes que donne Priest pour expliquer le pourquoi du comment : l'espèce de conditionnement mental qui joue sur la perception, l'existence d'un point énergétique mouvant qui altère réellement les perceptions.
Seulement... il ne va pas très loin.

Priest bâcle sa fin en quelques pages d'un discours explicatif.
Quelle déception.
Du coup, ça gâche tout les petits plus du livre.

Je retiendrais certainement plus une atmosphère et beaucoup de frustrations de ce livre qu'une réflexion développée et questionnante et qu'un périple palpitant.

C'est clair que, selon comment on prend la fin, on trouve le bouquin vraiment bien ou décevant...

J'avais vraiment aimé la découverte de ce "monde", les bizarreries physiques... Alors, bien sûr, le héros a plusieurs fois l'air de tomber de débarquer, à ne pas s'être posé vraiment beaucoup de questions... il est sans doute un peu naïf...
Peut-être que Le Prestige possède une histoire plus forte, mais j'avais bien aimé l'atmosphère, l'ambiance, du Monde Inverti...

Ça me rappelle qu'il faut que j'en lise d'autres de l'auteur...

Les romans de cet auteur qui ont été les plus appréciés sont :

- Le Prestige
- Le monde inverti
- La fontaine pétrifiante
- La séparation

Le dernier sorti en poche est "Le Glamour".

eXPie a écrit:

C'est clair que, selon comment on prend la fin, on trouve le bouquin vraiment bien ou décevant...

J'avais vraiment aimé la découverte de ce "monde", les bizarreries physiques... Alors, bien sûr, le héros a plusieurs fois l'air de tomber de débarquer, à ne pas s'être posé vraiment beaucoup de questions... il est sans doute un peu naïf...
Peut-être que Le Prestige possède une histoire plus forte, mais j'avais bien aimé l'atmosphère, l'ambiance, du Monde Inverti...

Ça me rappelle qu'il faut que j'en lise d'autres de l'auteur...

L'ambiance est bien, mais moi, si le personnage est tout creux je m'aperçois que j'ai beaucoup de mal à être complètement dedans.
Je tenterais peut-être le prestige.

FrançoisG a écrit:

Les romans de cet auteur qui ont été les plus appréciés sont :

- Le Prestige
- Le monde inverti
- La fontaine pétrifiante
- La séparation

Le dernier sorti en poche est "Le Glamour".

Appréciés par qui ?

inconditionels - forums de lecture - éditions originales.

J'ai également lu Le Monde Inverti de Priest il y a quelques mois et j'ai plutôt aimé notamment la bizarrerie des lois physiques qui impose des comportements routiniers nous étant pour le moins étranges comparés à notre environnement sensoriel commun. En cela, un personnage creux ou lambda me semble une bonne idée car on ne se focalise pas sur l'essence d'une personne ni sur sa singularité envers la société mais plutôt aux questionnements d'un homme cartésien face aux incohérences du monde auquel il fait face ... J'ai trouvé également intéressant les efforts désespérés du personnage principal pour revenir à un équilibre ou à un état stable alors que le monde où il se meut en est l'opposé presque total ...
En ce qui concerne la fin, je fus un peu déçu car elle ne se justifiait pas selon moi et casse le récit ... mais cela n'entache en rien les qualités de cette oeuvre ...

Je ne suis pas certaine qu'une psychologie de personnage plus approfondie empêche l'universalité du point de vue, même si je reconnais que ça peut-être paradoxal.
Mais je comprends que ça ne dérange pas, voir que ça intéresse : une écriture qui se veut neutre (quelque part, n'est-ce pas manipulateur ?)

La fin, je l'ai carrément oubliée tellement elle était décevante.

Queenie a écrit:

Je ne suis pas certaine qu'une psychologie de personnage plus approfondie empêche l'universalité du point de vue, même si je reconnais que ça peut-être paradoxal.
Mais je comprends que ça ne dérange pas, voir que ça intéresse : une écriture qui se veut neutre (quelque part, n'est-ce pas manipulateur ?)

La fin, je l'ai carrément oubliée tellement elle était décevante.

Tout à fait d'accord, une psychologie du personnage plus poussée aurait rendu l’œuvre plus riche et intéressante ... mais je pense que Priest a été jusqu'au bout de son parti pris en prenant un héros dont les réactions sont prévisibles face aux faits, comme une particule soumise à un champ de force ...
Mais si je me rappelle bien, la lente progression vers l'éventualité d'un monde dont les lois seraient régies différemment s’accompagne d'un approfondissement du personnage : on entraperçoit le sentiment amoureux ....