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| Paul Nizan | |
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+5Bellonzo Cachemire Fantaisie héroïque coline animal 9 participants | |
Auteur | Message |
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Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Paul Nizan Mer 29 Oct 2008 - 22:16 | |
| Quel puissant roman qu' Antoine Bloyé. Il faudrait mille vies pour replonger dans ces lectures déjà anciennes en ce qui me concerne. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Paul Nizan Mer 29 Oct 2008 - 22:26 | |
| - Bellonzo a écrit:
- Quel puissant roman qu' Antoine Bloyé.
c'est dit juste comme il faut. J'y repense régulièrement, et ce n'est pas que le contenu, l'impression est particulièrement durable... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Paul Nizan Jeu 30 Oct 2008 - 21:38 | |
| ah! quelques lignes d' Aden Arabie qui résonnent bien... - Citation :
- Il faut faire quelque chose pour les objets. Quelle source de désespoir et d'ennui dans les objets que nous ne connaissons que trop bien. Ils jouent dans les existences humaines un rôle aussi important que les hommes. Penser à eux est une charité bien ordonnée.
et pour Bix (suite à l'autre soir) : - Citation :
- Un homme n'est pas un oeil qui regarde, une oreille qui écoute. L'espace n'est pour rien dans les complications que des siècles de culture ajoutent à ses diverses parties. Il ne dit mot, il est prêt à tout ce que les hommes feront de lui. C'est un réceptacle, une cire, il ne faut pas prendrer les empreintes humaines pour des propriétés de la cire vierge.
Quand on a dit qu'il y a des paysages où l'on crève de froid, d'autres où l'on se déssèche de chaud, et qu'il n'est possible de vivre facilement qu'entre les deux, il n'y a plus grand-chose à ajouter sur la poésie de la terre. Les terres ne sont pas des associés ni des professeurs de morale, ni des missionnaires prêchant ici l'ordre, là le désordre : tout est en nous. Elles ne persuadent rien. Ce lyrisme est tout à fait vide de matière. Les hasards vous ramèneront seulement à l'ordre et au désordre des troupeaux humains qui sont dans les paysages et vous serez forcés de juger, d'aimer, de détester, de céder, de résister : l'homme attend l'homme, c'est même sa seule occupation intelligente. Alors on ne confondra pas le bien-être rural avec une communion, les mélanges de couleurs avec les inspirations de la grâce efficace : il ne faut pas se croire sauvé parce qu'on est heureux de voir des blés verts : les familles de Nogent-sur-Marne épuisent tout ce qui peut dans la nature émouvoir réellement un coeur. L'impression que les mots sont pesés... Ce n'est pas Fantaisie qui avait aussi projeté cette lecture ? | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Paul Nizan Dim 14 Déc 2008 - 22:38 | |
| Je vais bientôt terminer La Conspiration et après des débuts parfois un peu difficiles, je dois dire que j'aime beaucoup et l'histoire et ce ton corrosif et un peu démodé à la fois. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Paul Nizan Lun 15 Déc 2008 - 9:39 | |
| Ca y est, j'ai terminé La Conspiration et j'ai vriament beaucoup aimé.
Le roman, écrit en 1938, situe l'action 10 ans plus tôt. Bernard Rosenthal et ses amis, étudiants nantis de l'Ecole Normale, créent un journal La guerre civile communiste, et en parallèle, tentent de mettre en place une conspiration. Le but: la révolution et l'arrivée du communisme au pouvoir. Oui mais quand on vit dans une famille bourgeoise et que papa donne une rente, difficile de concilier la théorie et la pratique. Difficulté qui s'amplifie quand l'amour s'en mêle...
Le roman est articulé en 3 parties: -La conspiration: c'est la plus dense, la plus politisée dans laquelle Nizan expose les théories communistes de ses personnages, le contexte politique de l'époque. Parfois obscure, un peu trop philosophique mais intéressante quand on s'y plonge et qu'on prend son temps; -Catherine, l'amoureuse de Bernard qui lui fait perdre pied et ses grandes idées révolutionnaires; -Serge: le dissident, le personnage qui, dès le début tente de s'intégrer au groupe sans y arriver. ON sait pourquoi dans cette partie.
Le ton est un peu démodé, parfois un peu pompeux, mais il fait une bonne partie du charme du roman. Nizan a visiblement aimé ses personnages, qui sont paradoxaux, jeunes et fougueux mais passifs; il dénonce cette jeunesse dorée qui voulait changer un monde qu'elle ne connaissait pas. Cette dénonciation, il la mène au travers de ces personnages qui, pour beaucoup reviennent à la réalité ou se perdent, mais aussi au travers de sa plume moqueuse et corrosive. Parallèlement, il les comprend, les respecte, tente de les comprendre, et nous aussi. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Paul Nizan Mar 16 Déc 2008 - 22:18 | |
| je pense qu'il y a une bonne part d'identification de l'auteur avec cette jeunesse aux inspirations parfois contradictoires, ses démélées avec le laisser faire et une certaine norme... et effectivement c'est corrosif !
faudrait que je recherche si y a pas des morceaux de la préface d'Aden Arabie pour illustrer ce fil... | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Paul Nizan Mer 17 Déc 2008 - 0:02 | |
| - animal a écrit:
- je pense qu'il y a une bonne part d'identification de l'auteur avec cette jeunesse aux inspirations parfois contradictoires, ses démélées avec le laisser faire et une certaine norme...
C'est bien ce que je me disais aussi mais je n'ai pas trop osé en parler par manque d'éléments biographiques précis. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Paul Nizan Sam 27 Juin 2009 - 14:00 | |
| La conspiration
Un groupe de jeunes gens, presque tous normaliens. Ils sont en opposition avec leur milieu bourgeois et rêvent de révolution. Ils fondent d'abord une revue radicale, mais cela ne leur suffit plus. Ils envisagent d'entrer au parti communiste, et Rosenthal, le personnage central du groupe, imagine des actions d'espionnage, qui leur permettraient de rentrer en possession de données secrète. Il fait quelques démarches dans ce sens avant de tomber amoureux de sa belle soeur et d'avoir d'autres préoccupations. Les autres membres du groupe prennent progressivement des orientations différentes. Nizan est un analyste impitoyable des grands adolescents rentrant dans le monde adulte. Il n'a pas du tout une vision romantique et sentimentale de cet âge, c'est le moins que l'on puisse dire. Il traque avec ironie, les ridicules, maladresses propres à cette époque de la vie où on se sent adulte mais on n'en assume pas les responsabilités, où tout semble possible mais où les influences du milieu familial sont tout près de rattraper tous les apprentis révolutionnaires. Les jeunes gens sont imbus d'eux mêmes, un peu ridicules, un peu pathétiques. L'écriture est un peu désuète, il faut s'y habituer, mais en fin de compte cela donne la texture d'une époque, nous situe le moment où se passe cette histoire - Citation :
- Ils étaient plutôt sensibles au désordre, à l'absurdité, aux scandales logiques, qu'à la cruauté, à l'oppression, et la bourgeoisie dont ils étaient les fils leur paraissait enfin moins criminelle et moins meurtrière qu'imbécile. Son dépérissement et sa condamnation, ils n'en doutèrent jamais. Mais ils ne souhaitaient pas se battre pour les ouvriers, qui heureusement ne les avaient point attendus, mais pour eux-mêmes : ils ne les regardaient que comme leurs alliés naturels. Il y a bien de la différence entre vouloir couler un navire et pas consentir à couler avec lui...
Nizan fait une démonstration impitoyable de ce à quoi mène une intelligence, aussi brillante soit elle, mais complètement coupée de la réalité, tournant à vide, pour elle même. Ses brillants jeunes gens sont capables de tenir un discours, mais ne réalisent à aucun moment les implications de ce qu'ils imaginent, ils sont férocement égocentriques. C'est féroce, drôle par moments, mais j'aurais peut être voulu un peu d'humanité dans certains personnages, que l'on puisse un peu s'identifier ou avoir l'espoir d'un changement, d'une vision un peu moins pessimiste de l'homme et de la société. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Paul Nizan Sam 27 Juin 2009 - 14:33 | |
| Humains dans leur grande faiblesse et leur orgueil ? Je crois que son côté positif réside dans sa lucidité. A limite du cruel des fois, faut voir... il ya cette identification mêlée...
Antoine Bloyé n'est pas plus optimiste mais plus humain, ou compatissant, un regard sur un père sacrifié à sa manière. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Paul Nizan Sam 27 Juin 2009 - 16:37 | |
| C'est cruel et terriblement juste, les jeunes gens qu'il décrit il les a côtoyé, il est finalement l'un d'eux. Et à les voir, incontestablement leur grand pêché est le pêché d'orgueil. On comprend pourquoi toute une génération d'intellectuels français a pu suivre et soutenir le régime soviétique dans ses pires errements; puisque par définition ils ne pouvaient pas se tromper, la réalité n'avait qu'à s'ajuster à leurs idées.
Je me demande comment Nizan aurait évolué comme écrivain, s'il avait vécu plus longtemps. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Paul Nizan Lun 11 Mar 2013 - 23:04 | |
| Le cheval de Troie
Il se situe (1935), par ordre d'écriture, entre Antoine Bloyé (1933) et la Conspiration (1938). Lui aussi très autobiographique (et sans doute sous plusieurs facettes) il raconte si l'on veut une manifestation antifasciste et plus particulièrement il raconte un petit groupe de militants communistes.
L'engagement et le parti-pris sont très nettes tant dans le discours du livre que dans les propos des personnages et en cela il leur colle de près à la peau. Sans détour vous y trouverez dans cette petite ville de province de Villefranche un tableau de misère sociale ouvrière (sans oublier les immigrés), de petite bourgeoisie, de condition féminine d'époque, de montée du fascisme et de "gouvernance" politique entre intérêts économiques (et de classe sans que ce soit dit de cette manière) et répression.
Le livre pousse à l'action, suit cette direction précisément, jusqu'à la justification on peut dire, jusqu'à la violence, au combat. Cependant arrêté ici ça serait un peu simpliste. Le livre est plus morbide que les deux autres, la mort, le face à la mort, la dignité, l'absence de solution, la justification individuelle sont des éléments extrêmement présents, moteurs, observés par Nizan, mais plutôt que le monument de la mort, ce qui a pu se transformer en grandeur chez Malraux par exemple (un extrait à retrouver sur le sujet), c'est la faillite de l'individu qui prend le dessus. C'est la tonalité particulière, directe, de Nizan de dire cette faillite : doute, échec, erreur, faiblesse, duplicité. A la fois dérangeant, malaise garanti, accusateur (et de lui même) mais très humain.
S'il a choisi son camp, l'expression des maux est une forme de soulagement, d'où le fait que dans la galerie de la démonstration des corps usés, maltraités, des vies écrasées, et les femmes (le dire encore) ce n'est pas la surenchère stylistique (si on veut) ou l'élémentaire de la démonstration mais la révolte profonde qui s'exprime. Et ça aussi ça râpe la conscience du lecteur.
Le grand drame se concrétise dans l'action même si cette dernière n'est pas la fin du récit. Et les débordements de l'action s'ajoutent aux portraits, à la condition humaine, pour déplacer la politique de la finalité du roman à un élément, clé certes, mais un élément de cette expression. Pourtant tout y court, y pousse vers l'espoir qui se tapit, qui grogne derrière l'engagement et l'action.
Là où certains gesticulent et grincent de désespoir revanchard (je pense à Céline par exemple pour une sorte de blessure de l'humanité) Nizan est plus "gauche au foie", toujours l'impression qu'il n'y a rien en trop dans les phrases qui se succèdent et disent tout ce qu'elles doivent dire et justes. Rien en pas assez non plus dans cette folle exigence de laisser au jour ce qui irrite, blesse, dérange.
Une lecture plus particulière que les deux autres, et qu'Aden Arabie par son essence militante mais non moins lucide, ce qui va jusqu'à faire peur rapport notamment au fascisme (et tout ce qui aujourd'hui est encore là). Certainement aussi un roman d'une autre époque.
Pas très bon pour le moral, essentiel, fatalement bien écrit. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Paul Nizan Mar 12 Mar 2013 - 7:33 | |
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| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Paul Nizan Mar 12 Mar 2013 - 8:26 | |
| L'apparition du fil Nizan ce matin m'a permis de lire les commentaires d'animal sur Antoine Bloyé ... Il m'a donné envie de tenter l'expérience ... Et hop dans ma LAL !
Animal, que reste t'il de cette lecture après quelques années ? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Paul Nizan Mar 12 Mar 2013 - 21:35 | |
| Roman oui ce cheval de Troie.
Sans relire la page précédente après quelques années il reste d'Antoine Bloyé une impression très forte et le souvenir resté vif de la découverte de cette écriture essentielle (qui tourne autour d'un malaise). Des bribes de passages restent, et le ton, le regard. Et le fait qu'il ne faut pas se méprendre, l'efficacité un certain sens du factuel ne sont pas incompatibles avec la sensation à fleur de peau. Je crois que c'est vrai aussi pour Antoine Bloyé. S'il n'y avait pas cette totalité (par rapport à l'individu) ça n'aurait pas le même sens. Et qui dit malaise dit culpabilité.
Par contre l'idée d'une vie (positivement) "contre", inéluctablement, n'a pas du m'apparaitre si développée, de même pour l'importance donnée aux femmes. Moins dogmatique aussi (mais le terme est trompeur).
En résumé le souvenir d'une lecture assez essentielle (je ne sais trop comment le préciser).
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| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Paul Nizan Mer 13 Mar 2013 - 8:46 | |
| - animal a écrit:
- Roman oui ce cheval de Troie.
Sans relire la page précédente après quelques années il reste d'Antoine Bloyé une impression très forte et le souvenir resté vif de la découverte de cette écriture essentielle (qui tourne autour d'un malaise). Des bribes de passages restent, et le ton, le regard. Et le fait qu'il ne faut pas se méprendre, l'efficacité un certain sens du factuel ne sont pas incompatibles avec la sensation à fleur de peau. Je crois que c'est vrai aussi pour Antoine Bloyé. S'il n'y avait pas cette totalité (par rapport à l'individu) ça n'aurait pas le même sens. Et qui dit malaise dit culpabilité.
Par contre l'idée d'une vie (positivement) "contre", inéluctablement, n'a pas du m'apparaitre si développée, de même pour l'importance donnée aux femmes. Moins dogmatique aussi (mais le terme est trompeur).
En résumé le souvenir d'une lecture assez essentielle (je ne sais trop comment le préciser).
Merci pour ta réponse si fouillée et détaillée qui confirme mon choix de lecture ... mais aussi mon envie de voir apparaître un fil sur ta PAL .... | |
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| | | | Paul Nizan | |
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