Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

 

 Albert Camus

Aller en bas 
+54
ArturoBandini
Casus Belli
Lilou
shanidar
Max
Comus
topocl
unmotbleu
Maline
darkanny
GrandGousierGuerin
Heyoka
Little devil
san.romain
Thel
touti
Karen M.Lanternae
Marko
Ginchiyo
toma
Constance
Abigail
Harelde
colimasson
Queenie
Camille19
nadia
Livvy
kali
Hexagone
kenavo
odrey
Chatperlipopette
moinonplus
Orientale
bix229
eXPie
Dr.Ratichon
Eve Lyne
Steven
Matthieu
bulle
coline
swallow
Sieglinde
HeronBlanc
jack-hubert bukowski
Miss Tics
animal
Aeriale
Marie
Fantaisie héroïque
Alfred Teckel
lekhan
58 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivant
AuteurMessage
swallow
Sage de la littérature
swallow


Messages : 1366
Inscription le : 06/02/2007
Localisation : Tolède. Espagne.

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyLun 29 Sep 2008 - 9:38

Ne t´inquiète pas, Coline. Camus ayant été journaliste, il est fort possible que la phrase en question provienne d´un simple article de presse qu´il aurait écrit à l´époque. Et soit donc pratiquement introuvable!
Revenir en haut Aller en bas
bulle
Zen littéraire
bulle


Messages : 7175
Inscription le : 02/07/2007
Age : 67
Localisation : Quelque part!

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 13 Nov 2008 - 19:07

Sur la terrasse d'une maison de la ville, si calme, si ouverte sur le ciel qu'il semble que le mal n'y soit jamais monté, Tarrou, longuement, sûr de l'amitié de Rieux, se confie à lui. Tarrou connaissait déjà la peste. La peste, à ses yeux, c'est tout ce qui, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, fait mourir ou justifie qu'on fasse mourrir. Il a décidé, lui fils d'avocat général, de n'être jamais du côté des meurtriers, - autant du moins que cela est possible. Le seul problème concret pour lui, désormais, c'est de savoir comment, sans Dieu, on peut devenir un saint. Pour Rieux c'est d'être un homme. Les deux amis décident de faire quelque chose, ce soir, pour leur amitié et pour le bonheur. Ils vont nager ensemble dans la tiédeur de la mer d'automne. Ils sont certains d'avoir le même coeur, - mais certains aussi qu'il faudra, demain, recommencer à lutter contre le mal.
Camus - La peste - pris dans profil d'une oeuvre
Revenir en haut Aller en bas
Matthieu
Main aguerrie



Messages : 304
Inscription le : 27/12/2008
Age : 36
Localisation : Lille

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 1 Jan 2009 - 2:56

Vient de finir l'Etranger hier.

Au début, je me demandais ce qu'on trouvait d'extraordinaire à l'œuvre, c'était excellent certes mais de là à considérer comme un chef d'œuvre il y avait un pas. Un pas traversé par la deuxième partie qui m'a subjugué, tout d'abord la fin de la première partie haletante, éprouvante. Et la seconde où l'on se sent déconcerté, révolté. Le personnage principal joue aussi ici, au début son comportement déconcertant est un peu agaçant j'avoue mais au fur et à mesure il devient de plus en plus intéressant et complexe. En tout cas, c'est un livre qui m'a marqué, le fait qu'il soit rapide à lire est un plus, j'ai toujours trouvé que c'était un bon moyen un livre rapide comme ça, ça donne un choc brutal, on est vite happé.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.goodreads.com/user/show/1121160
Invité
Invité




Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 7 Mai 2009 - 19:20

J'ai beaucoup aimé Camus.[u] Je me souviens de passages comme:

"Je verrai plutôt la religion comme une grande entreprise de blanchissage."

"C'est alors que tout a vacillé. [...] Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur."

"Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier."

"Quand il m'arrive quelque chose, je préfère être là."

"Tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue."

"Du moment qu'on meurt, comment et quand, cela n'importe pas, c'était évident."

"Que m'importaient la mort des autres, l'amour d'une mère, que m'importaient son Dieu, les vies qu'on choisit, les destins qu'on élit, puisqu'un seul destin devait m'élire moi-même et avec moi des milliards de privilégiés qui, comme lui, se disaient mes frères."

J'aime particulièrement celui là:
" Du reste, nous ne pouvons affirmer l'innocence de personne tandis que nous pouvons affirmer à coup sûr la culpabilité de tous. (...) Chaque homme témoigne du crime de tous les autres ... (...) Chacun exige d'être innocent, à tout prix, même si, pour cela, il faut accuser le genre humain et le ciel. (...) Les gens se dépêchent alors de juger pour ne pas l'être eux-même. (...) Le châtiment sans jugement est supportable. Il a un nom d'ailleurs qui garantit notre innocence : le malheur. (...) Vous parliez du jugement dernier. Permettez-moi d'en rire respectueusement. Je l'attends de pied ferme : ]j'ai connu ce qu'il y a de pire, le jugement de l'homme. "

"Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine."

Je préfère mieux mettre des extraits que j'ai aimés plutôt que de discourir sur l'auteur, c'est bien plus parlant! Les mots sont là, à eux de faire tout ou rien!
J'ai aussi du faire un plaidoyer en français en faveur de Meursault. J'y ai mis beaucoup de coeur, si jamais cela vous intéresse je peux vous l'écrire ici.
Revenir en haut Aller en bas
Steven
Zen littéraire
Steven


Messages : 4499
Inscription le : 26/09/2007
Age : 51
Localisation : Saint-Sever (Landes)

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMar 12 Mai 2009 - 14:32

De Camus, j'ai un souvenir très fort de Caligula (qui était édité d'une autre pièce, Le malentendu)

Caligula, c'est un drame où se mèle l'inceste, la folie, les jeux de pouvoir...

Caligula est un empereur romain du premier siècle de notre ère. On sait de lui qu'il était "déséquilibré mental qui gouverna en tyran et périt assassiné".

Le pezrsonnage que nous décrit Camus était très juste, très réaliste, avançant vers sa fin, sans chercher à l'éviter...

ET, je l'associe à ce superbe poème de Gérard de Nerval :
Citation :
Caligula - Ier chant
L'hiver s'enfuit ; le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n'a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !

Hiver était le seul maître des temps,
Lorsque Vénus sortit du sein de l'onde ;
Son premier souffle enfanta le printemps,
Et le printemps fit éclore le monde.

L'été brûlant a ses grasses moissons,
Le riche automne a ses treilles encloses,
L'hiver frileux son manteau de glaçons,
Mais le printemps a l'amour et les roses.

L'hiver s'enfuit, le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n'a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !
Revenir en haut Aller en bas
Eve Lyne
Sage de la littérature
Eve Lyne


Messages : 1936
Inscription le : 08/08/2008

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMar 12 Mai 2009 - 16:08

J'ai lu, dans mes années lycée, L'Etranger, La Peste et Le mythe de Sisyphe. Pour le premier je suis passée complètement à côté, le trouvant même inintéressant. honte

La Peste m'a fortement impressionnée. Les descriptions étaient saisissantes. L'univers était angoissant. Un roman que je relirai un jour prochain. Cool
Revenir en haut Aller en bas
Dr.Ratichon
Espoir postal
Dr.Ratichon


Messages : 23
Inscription le : 01/06/2009
Age : 38
Localisation : Là où il fait froid.

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 4 Juin 2009 - 23:00

Si certains d'entre-vous sont intéressés par l'engagement politique de Camus mais également par sa vision du journalisme, le livre de Jean Daniel Avec Camus est vraiment très très bien fait. Ce n'est pas vraiment une biographie, ce sont plus des pensées, des citations, des idées de Camus qui sont proposées et analysées. Quelques extraits:

« Parce qu’il est une question que je voudrais poser aux progressistes parisiens : « combien faut-il d’années de présence dans un pays pour en faire partie ? » Si tous les pays ne sont que les produits de conquêtes successives et diverses, quel est le critère pour que la conquête soit juste ? Un historien peut répondre ; non un moraliste. »

« Je vais plus loin, même politiquement, il s’agit d’une position funeste. Le problème algérien ne peut avoir d’autre solution que celle qui passe aussi par les français d’Algérie. Cela est autant inscrit dans l’histoire que le reste. Parce que je suis membre de la communauté française et que le reniement n’est pas mon fort, parce que je suis un intellectuel décidé à remplir mon rôle, parce que je suis certain aussi que cela est politiquement efficace, je ne veux pas, je m’y refuse de toutes mes forces, soutenir la cause de l’un des deux peuples d’Algérie au détriment de la cause de l’autre. »

« Vous me direz : mais alors, à l’heure de la violence, que faire ? Eh bien, ne rien changer, quoi qu’il arrive, aux positions de principe. Il faut se battre pour la trêve, pour l’arrêt du massacre des innocents, pour l’établissement des conditions à la fois morales et politiques qui permettront un jour le dialogue. Et si nous n’avons plus d’autorité ni sur les uns ni sur les autres, eh bien, peut-être que pendant un moment il faudra se taire. »
p.59-60-61.


Et une anecdote que je trouve assez sympathique:

« Un 14 juillet, qui devait être celui de 1951, nous avons assisté à un bal, place Saint-Sulpice, Albert Camus, sa mère, quelques amis et moi-même. Nous étions autour d’une table et, de temps à autre, Camus se levait pour danser avec l’une des femmes qui nous accompagnaient. Puis, il est revenu près de sa mère. Il s’est assis, il s’est baissé vers elle et, de manière assez forte pour triompher de sa surdité, de la musique, et pour que les autres puissent entendre, il a dit : « Maman, je suis invité à l’Elysée. » Elle s’est fait répéter au moins trois fois la phrase et surtout le mot « Elysée ». Elle est restée silencieuse un long moment. Puis, elle a demandé à son fils de lui prêter l’oreille et elle lui a dit très fort : « Ce n’est pas pour nous. N’y va pas mon fils, méfie-toi. Ce n’est pas pour nous. » Camus nous a regardés. Il n’a rien dit mais il m’a semblé qu’il était fier de sa mère. En tout cas, il n’est jamais allé à l’Elysée. » p.135
Revenir en haut Aller en bas
Sam
Invité




Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMer 2 Sep 2009 - 6:48

Je tenais absolument à partager avec vous cette très belle lettre qu'a écrite Albert Camus à son ancien instituteur Louis Germain, après avoir reçu le prix Nobel. Je la trouve incroyablement émouvante et infiniment touchante. La voilà :



19 novembre 1957


Cher Monsieur Germain,


J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève. Je vous embrasse de toute mes forces.


Albert Camus
Revenir en haut Aller en bas
Sam
Invité




Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMer 2 Sep 2009 - 6:53

P.S: pour ceux qui ne sont pas encore convaincu par le talent de Camus, lisez Le Premier Homme, autobiographie inachevée absolument géniale. J'affectionne particulièrement le genre de l'autobiographie et je dois dire que celle-là fait partie de mes préférées avec W, ou le souvenir d'enfance, de Perec ; Enfance, de Sarraute ou Les Mots de Sartre.

Sam
Revenir en haut Aller en bas
eXPie
Abeille bibliophile
eXPie


Messages : 15620
Inscription le : 22/11/2007
Localisation : Paris

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMer 2 Sep 2009 - 7:55

Sam Paradise a écrit:
P.S: pour ceux qui ne sont pas encore convaincu par le talent de Camus, lisez Le Premier Homme, autobiographie inachevée absolument géniale.
C'est ce que l'on m'avait dit, aussi.
Il faudra que je répare ce manque...
Revenir en haut Aller en bas
http://www.plathey.net
bix229
Parfum livresque
bix229


Messages : 24639
Inscription le : 24/11/2007
Localisation : Lauragais (France)

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 26 Nov 2009 - 22:39

Je vais trouver L' Homme révolté que je n' ai encore jamais lu...
et je me demande bien pourquoi...
Quelqu' un qui été vilainement démolli par Sartre devrait m' interesser ! Albert Camus - Page 2 Icon_wink
Revenir en haut Aller en bas
Orientale
Agilité postale
Orientale


Messages : 903
Inscription le : 13/09/2009
Age : 71
Localisation : Syldavie

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 26 Nov 2009 - 23:03

A Tipaza, en Algerie -
Citation :
il y a sur une hauteur du haut de laquelle la vue est fantastique, un pilier. Ce pilier n’appartient pas à une villa romaine, à la basilique chrétienne ou au forum. Il est isolé, seul. Comme une colonne commémorative. Mais il est tout simple, sans fioriture aucune. Et c’est un pilier, pas une colonne, de par son plan rectangulaire. On nous dira que ce type d’objet a un nom connu de tous, stèle.
Sur la stèle, on peut déchiffrer des inscriptions gravées dans la pierre et que le vent finira un jour par effacer. L’inscription est en français
: «Je comprends ce qu’on appelle gloire. le droit d’aimer sans mesure. Albert Camus»
Albert Camus - Page 2 Tipaza10

Citation :
Albert Camus venait ici. Il s’installait et les idées tombaient du ciel dans sa tête. C’est ce que disent les guides locaux.
Revenir en haut Aller en bas
moinonplus
Envolée postale
moinonplus


Messages : 225
Inscription le : 15/09/2009
Age : 33

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyJeu 26 Nov 2009 - 23:24

De Camus, j’avais L’Exil et le Royaume. J’ai essayé plusieurs fois de le lire, mais je ne réussissais pas, je trouvais le style lourd, en plus du manque de clarté, et sans voir la véritable visée de l’auteur. L’écriture était monotone comme les paysages qu’il décrivait ; du coup je n’ai plus cherché à lire d’autres livres de cet auteur, même si on m’a souvent conseillé d’autres ouvrages, comme La peste.
Cependant j’aime ses citations (que m’a faites découvrir une amie); comme en donne l’exemple Lara d’ailleurs. Sa façon de voir les choses, ses conceptions de la vie, ses avis clairs, nets et subjectifs (la subjectivité de Camus est cultivée, soumise à une méthode de dédoublement du langage) sont vraiment à prendre en compte et à analyser
Revenir en haut Aller en bas
Chatperlipopette
Zen littéraire
Chatperlipopette


Messages : 7679
Inscription le : 24/02/2007
Age : 59
Localisation : Bretagne

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMer 6 Jan 2010 - 12:22

A l'occasion du cinquantenaire de la disparition de Camus, j'ai relu avec un grand laisir "L'étranger" .

Meursault est un petit employé et vit à Alger. Sa vie se résume à son travail, quelques baignades, quelques aventures féminines, ses repas chez Céleste, son appartement et la monotonie. Fils unique, il vivait avec sa mère jusqu'à ce qu'il la place dans un asile de vieillards, à Marengo, installant une routine chaque dimanche. Lorsqu'il apprend son décès, c'est en automate qu'il sollicite un congé auprès de son patron, qu'il achète son billet pour le voyage en car et qu'il endosse une tenue de deuil. La veillée se déroule comme s'il en était absent, comme s'il était étranger à ce qui l'entoure, il accepte le café proposé par le concierge, il fume quelques cigarettes, presque sans un regard pour sa mère.
Après la mise en terre sous un soleil de plomb, Meursault reprend le chemin d'Alger, le sentier de son quotidien atone, gris et immuable. La vie continue, terne, écrite dès le réveil, identique au jour précédent jusqu'à ce qu'il rencontre Marie, une jeune femme pétillante, prête à croquer la vie, puis Raymond, un homme brutal que l'on dit un peu maquereau. Un dimanche après-midi, la longue et interminable suite identique des jours bascule sur une plage surchauffée par le soleil: les balles d'un révolver bouleversent à jamais le cours du fleuve qui semblait si tranquille.
Meursault est arrêté, accusé de meurtre et emprisonné en attendant son procès. Il apparaît comme étant hors des évènements, comme si ces derniers ne le concernaient pas, comme si ce n'était pas lui l'accusé. Il évolue dans un halo de brouillard: tout est diffus, confus, rien n'est tranché, ça peut être tout et son contraire, l'indifférence happe Meursault, l'enveloppe, l'habille dans une torpeur inexplicable. Tout "lui est égal", au grand désarroi des personnes qui l'approchent; peu à peu le rouleau compresseur de la justice broie les ultimes espérances d'un Meursault de plus en plus en dehors du temps, les moindres détails, insignifiants et encore moins extraordinaires, prennent des allures de faute originelle.

"L'étranger" est un roman dont le héros glace le lecteur par son indifférence, par sa vision désabusée des valeurs de l'homme social: on sent que Meursault est loin de se faire des illusions sur la marche du monde tout en remarquant qu'il ne souhaite pas sortir de son impasse car pour lui la vie ne semble avoir aucun sens, aucun but. Le lecteur le suit pas à pas, gorgé de situations déprimantes jusqu'à en être écoeuré, se laissant envahir par le sentiment de l'absurde. Meursault étranger à lui-même, étranger en raison de son comportement étrange que l'on ne saisit pas d'emblée (on ne sait rien de son environnement intime), et parce qu'il ne ressemble pas aux autres hommes car il ne subit pas son existence sans se poser de questions: derrière son apparente distance, il met en avant une certaine condition humaine, assujettie aux contingences sociales, politiques, économiques ou culturelles. Ainsi, croque-t-il, l'air de rien, la promenade dominicale des familles à l'habillement codifié et connoté (bien ancré dans le monde que rejette, implicitement, le héros Meursault), la place de la justice et de la religion (les scènes du procès où son attitude lors de la veillée mortuaire est décortiquée presque cliniquement: il lui est plus reproché d'avoir abandonné sa mère que d'avoir tué un arabe! L'absurde et le paradoxe sautillent au coeur du roman).
La lecture de "L'étranger" laisse une sensation unique: le mariage de la glace et du feu, soufflé et distillé au lecteur désarçonné puis hypotisé par les méandres de l'absurde que peut exhaler une existence mécanique et routinière. Une lecture qui a suscité chez moi les mêmes émotions qu'il y a plus de vingt-cinq ans....est-ce sans doute dans ceci que réside la force de la littérature!?
Revenir en haut Aller en bas
http://chatperlipopette.blogspot.com
odrey
Sage de la littérature
odrey


Messages : 1958
Inscription le : 27/01/2009
Age : 46

Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 EmptyMer 6 Jan 2010 - 14:55

Tu me donne envie de le relire. sourire
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Albert Camus - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Albert Camus   Albert Camus - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Albert Camus
Revenir en haut 
Page 2 sur 8Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivant
 Sujets similaires
-
» Lecture en commun : Albert Camus
» Signatures des membres
» Albert Marquet
» Albert Londres
» Albert Caraco

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Parfum de livres… parfum d’ailleurs :: Le cœur du forum : Commentons nos lectures en toute liberté… :: Littérature française (par auteur ou fils spécifiques)-
Sauter vers: