| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| Halldór Laxness [Islande] | |
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Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Ven 13 Fév 2015 - 19:48 | |
| J'ai un peu de mal avec tes chronologie Bix, certes, début du XXe siècle est plutôt vague, mais appliqué à Thomas Hardy, qui vécut j'en conviens jusqu'en 1928, mais dont le dernier roman publié date de 1897, et qui pour moi semble appartenir vraiment à l'univers XIX dans ses romans, et à Laxness mort en 1998 et qui publie des romans encore dans les années 1970....ce n'est vraiment plus le même univers pour moi en tous les cas. Presque un siècle d'écart. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Ven 13 Fév 2015 - 20:09 | |
| - Arabella a écrit:
- J'ai un peu de mal avec tes chronologie Bix, certes, début du XXe siècle est plutôt vague, mais appliqué à Thomas Hardy, qui vécut j'en conviens jusqu'en 1928, mais dont le dernier roman publié date de 1897, et qui pour moi semble appartenir vraiment à l'univers XIX dans ses romans, et à Laxness mort en 1998 et qui publie des romans encore dans les années 1970....ce n'est vraiment plus le même univers pour moi en tous les cas. Presque un siècle d'écart.
C' est vrai, je suis un etre approximatif et ma chronologie est fantaisiste tout comme mon imaginaire... L' espace/temps, c' est moi qui en décide ! Tout comme la signification des mots ! Enfin, pas tout le temps quand meme ! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Ven 13 Fév 2015 - 20:27 | |
| ah ben pas tout le temps ! ça peut devenir compliqué de se frayer un chemin dans ses inspirations si les cartes sont complètement brouillées... (et merci pour les précisions du coup). | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Sam 14 Fév 2015 - 9:25 | |
| Les membres habituels du forum connaissent Bix, et le caractère disons très personnel de ses classifications, évaluations et prises de position. Mais je pense à un visiteur, voir qualifié Thomas Hardy de grand romancier du XXe siècle, le forum en perd toute crédibilité. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Sam 14 Fév 2015 - 9:30 | |
| si on arrive à sauver les apparences dans d'autres registres ça va ! (huhu, on a de ces trucs dans les entrailles du forum... ) | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Sam 14 Fév 2015 - 10:54 | |
| - Arabella a écrit:
- Les membres habituels du forum connaissent Bix, et le caractère disons très personnel de ses classifications, évaluations et prises de position. Mais je pense à un visiteur, voir qualifié Thomas Hardy de grand romancier du XXe siècle, le forum en perd toute crédibilité.
C'est dans ces temps-là qu'on voit si les lecteurs du forum font preuve de «laziness». Pour ce qui est des univers d'écriture, quand nous écrivons au début du XXe, nous écrivons encore avec des références du XIXe. À ce que je vois, l'écart semble prononcé avec un demi-siècle d'intervalle entre les débuts d' Hardy et ceux de Laxness. Parlerons-nous de Laurel... pourquoi pas... Humour, quand tu nous tiens... Quant aux visiteurs, qu'ils s'en accommodent pour se familiariser avec un univers bucolique assez passionnant! | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Sam 28 Fév 2015 - 21:46 | |
| Le paradis retrouvé (roman, 1960), titre original: Paradísarheimt, 3 chapitres, 270 pages environ. Bon, ça commence mal, avant même la première page entamée, en dépit du beau titre proustien du livre, et ce à cause des éditions Gallimard: Traduction de traduction (depuis l'anglais), ce qui est éhonté pour une parution d'un Nobel de fraîche date (alors). Jusque là, simple montée de moutarde au nez alliée à une franche déception, mais là où j'en veux à Gallimard c'est d'avoir laissé passer une bourde de l'ampleur de: "titre original: The reclaimed paradise" ce qui est bien évidemment le titre de la...traduction anglaise. Le sujet est vaguement rébarbatif, n'inspire pas des masses, il s'agit du parcours d'un fermier Steinar de Hlidar, très habile de ses mains pour ce qui est d'épierrer son champ et bâtir des murs (clôtures) de pierres sèches, les plus remarquables. Mais très tôt, l'humour affable de Laxness, sa douce écriture chargée d'un tout léger saupoudrage poétique prennent le dessus. Cet humour est ici basé sur le comique de situation, doublé d'effets naissant d'un couplage entre la naïveté ingénue (tutoyant parfois l'extrême simplicité d'esprit, pour ne pas dire plus) et une droiture généreuse, désintéressée. On retrouve sa tendresse coutumière de conteur, et aussi sa quête d'un "islandisme", une recherche d'identité qui paraît traverser chacun de ses ouvrages. Ceci étant plutôt inattendu, du fait que l'action se déroule souvent hors d'Islande, et que celle-ci sert plutôt de toile de fond. Un poney blanc exceptionnel naît, un premier signe, en somme. - Spoiler:
Même si la traduction peut irriter (par exemple pourquoi, dans l'extrait ci-dessous, avoir gardé en français un "Creek Banks" anglais, que l'auteur de la traduction de l'islandais vers l'anglais s'était, lui, donné la peine de traduire et de rendre...oui, mais en anglais ?), même si la ponctuation brille par son absence (n'essayez pas de lire à voix haute le même extrait, vous risqueriez l'apoplexie), bref, malgré toutes ces maladresses confinant au franc désagrément, cela reste du Laxness, voyez par vous-mêmes:
- Chapitre 1 le poney merveilleux a écrit:
- On raconte que Steinar de Hlidar avait un poney blanc que l'on considérait comme le plus bel animal dans le Sud. Ce cheval était l'espèce de phénomène dont toute ferme a besoin. Il paraissait hors de doute que ce fût une bête surnaturelle et cela depuis que ce jeune poulain avait fait son apparition inopinément aux côtés d'une jument blanche, assez âgée, qui avait longtemps fait partie d'un troupeau vivant dans les montagnes. Au moment de la naissance du poulain, elle paissait à Creek Banks, mais on l'avait mise à l'écurie vers le milieu de l'hiver et personne ne pensait qu'elle portait un petit. S'il y eut jamais un cas d'immaculée conception en Islande, c'est bien celui-là. La naissance eut lieu au milieu d'une tempête de neige neuf jours avant l'été. Pas une fleur en vue, pas même une feuille de patience tapie au pied d'un mur et sûrement aucun signe encore du pluvier doré. Le fulmar avait à peine commencé à se précipiter très haut dans les airs, pour voir si les montagnes étaient toujours là; et soudain une nouvelle créature était venue au monde avant même la naissance du printemps. Le petit poulain courait si légèrement auprès de la vieille jument qu'on aurait dit qu'il touchait à peine le sol avec ses petits pieds et pourtant ces sabots minuscules n'étaient pas tournés vers l'arrière et cela semblait indiquer qu'après tout ce n'était pas un esprit des eaux tout au moins des deux côtés. Mais comme la jument n'était pas préparée à le recevoir, de quoi allait donc vivre cet être surnaturel ?
Et cet animal est vite convoité par les sommités du coin. Mais Steinar "homme qui ne dit jamais ni oui ni non", le meilleur des hommes selon son épouse et l'un de ses deux enfants (sa fille) rejette toutes les propositions. En fait, l'année suivante, il en fait don au Roi du Danemark (l'Islande est colonie Danoise depuis le XIVème siècle), qui se nomme Christian Williamson (ce qui doit correspondre, si je ne me trompe pas trop, au roi Christian VII qui régna de décembre 1839 à janvier 1848, et nous fournit ainsi une datation de l'action du roman). Il le fait en se rendant, inexplicablement -son rang social ne le lui permet pas- auprès de l'assemblée du roi, son magnifique poney blanc servant de sauf-conduit/passeport. Plus tard, Steinar de Hlidar fabrique un mystérieux et très ingénieux coffret sans serrure, mais qu'on ne peut ouvrir sans presser chaque bouton dans un ordre déterminé que seul un poème révèle. Muni de celui-ci, il quitte l'Islande pour la Cour Royale (au Danemark), où il est reçu par le Roi, qui le traite avec égards, il y voit aussi son poney blanc, son objet est incompris et rejeté par les courtisans. Il rencontre fortuitement un prêcheur Mormon qu'il avait autrefois délivré d'une fâcheuse situation en Islande, puis gagne l'Utah, converti par ce prêcheur-évêque Mormon, abandonnant sa femme, son fils et sa fille à un état de pauvreté tel qu'ils doivent dépendre de l'assistance publique. Immigrants islandais Mormons voguant vers l'Amérique, 1855.
L'histoire ne s'arrête pas là. Nos protagonistes, l'un en Utah, les autres en Islande, finiront par renouer (enfin, presque tous !), par delà les coups du sort, les péripéties variées et les illuminations (celles des illuminés) des uns et des autres - mais ne dévoilons pas outre mesure la trame, d'autant que le chassé-croisé Islande/Utah ne s'arrête pas là. Le thème de la famille (lien familiaux "du sang" et famille sociale, ou choisie, ou modèle déviant par rapport aux normes -cas le la polygamie des Mormons), celui, d'ailleurs, de la normalité en général en un temps et en un lieu (voir le "cas" Bjorn de Leirur, psychopathe -ou sociopathe- ou bien...victime ?) et bien d'autres encore sont finement observés et couchés sur le papier par un Laxness affûté. Le paradis retrouvé n'a pas tout à fait, à mes yeux, le souffle, la force, la charpente de La Saga des fiers-à-bras, La Cloche d'Islande ou Les Annales de Brekkukot. C'est juste une autre manière d'écrivain, en somme, et cela s'avère loin d'être décevant, tout au contraire, Le paradis retrouvé révèle une facette autre de cet auteur dont je m'aperçois qu'il renouvelle beaucoup ses champs d'investigation littéraire, ce qui ne l'empêche pas de poser quelques constantes. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Dim 2 Aoû 2015 - 22:17 | |
| La cloche d'Islande
Ma première incursion dans l'oeuvre de Laxness, et une grande émotion littéraire. C'est d'abord un remarquable récit d'aventures où les rebondissements et péripéties en tous genres s'enchaînent sans temps morts. La fuite de Jon Hreggvidsson, paysan condamné à mort et qui espère retrouver un sort favorable, et l'amour inassouvi de Snaefrid (la "vierge claire") pour le lettré et envoyé du roi du Danemark Arnas Arnaeus, sont les deux fils conducteurs d'une intrigue toujours relancée. Ces trois figures se croisent et se recroisent, et la force du roman est de parvenir à réunir de multiples enjeux personnels dans un même arc narratif.
La cloche d'Islande offre aussi un morceau d'histoire de l'Islande, tant le pays est bien davantage qu'une toile de fond et représente même un personnage à part entière, malmené et à la recherche d'une renaissance. Le XVIIIème siècle est en effet une période sombre puisque l'île subit au maximum la domination politique et économique du Danemark. Jon Hreggvidsson, Snaefrid et Arnas Arnaeus incarnent alors chacun un visage d'une fierté préservée, qui lutte pour sa propre dignité.
J'ai enfin été très sensible au rôle de l'écrit dans le roman. Des décisions de justice respectées ou non, des lettres et des dénonciations consolident ou détruisent des destins, des réputations, des vies. Laxness approfondit le poids d'un contexte social et la violence des apparences, tout en conservant par la vivacité de son écriture la limpidité de ton d'un conte. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Dim 2 Aoû 2015 - 22:28 | |
| Il est temps que je m'y mette ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Lun 3 Aoû 2015 - 9:10 | |
| Merci pour le commentaire, Avadoro. - Marko a écrit:
- Il est temps que je m'y mette !
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| | | Méphistophélès Main aguerrie
Messages : 407 Inscription le : 01/11/2012 Age : 32
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Lun 18 Juil 2016 - 17:01 | |
| Les Annales de Brekkukot« Un sage a dit que juste après le fait de perdre sa mère, il n'y a rien de plus salutaire pour un enfant que perdre son père ».
C'est par cette phrase que le roman s'ouvre. Elle peut paraître anodine mais elle m'a marquée. Et puis, c'est une bonne façon d'introduire le contexte dans lequel grandit le narrateur.
Le narrateur se nomme Alfgrimur. C'est un enfant qui, sitôt mis au monde, a été abandonné par sa mère à un vieux couple d'inconnus qui vont, par la suite, devenir ses grands-parents adoptifs. Il va grandir dans leur ferme de Brekkukot qui se trouve en périphérie de Reykjavik (qui, au début du XXe siècle, n'est encore qu'une petite ville). Dans cette ferme, on a pour habitude de recevoir la visite de tous les gens de passage qui ont besoin d'un refuge pour un laps de temps plus ou moins longs. Parmi ces visiteurs assez particuliers, on trouve de tout : un pasteur qui a pour seule bien un sac rempli d'exemplaires de la Bible, un homme converti à l'hindouisme et persuadé que sa femme s'est réincarnée de multiples fois au cours des siècles...
L'enfance d'Alfgrimur est donc assez heureuse et idyllique dans cette campagne islandaise, avec un grand-père humble pêcheur de lompes, une grand-mère qui connaît des dizaines de rimur (poèmes islandais) et l'en abreuve régulièrement.
Il est élevé dans un monde qui se veut simple, dans lequel le respect, la générosité et la tolérance vont de soi. La parole y est d'or, l'on estime en effet qu'il ne faut pas être trop bavard, qu'il ne faut pas jouer avec les mots (les poètes sont par exemple dédaignés et incompris par les paysans islandais).
Mais un jour, on a d'autres ambitions pour Alfgrimur que son envie de devenir un pêcheur de lompes comme son grand-père. Ainsi, Alfgrimur est envoyé à l'école et voit son petit univers douillet et loin de tout voler en éclat lorsqu'il fait ses premiers pas dans le monde du savoir.
L'autre événement qui va terminer de briser son monde et ses illusions, c'est la rencontre avec Gardar Holm, le célèbre chanteur islandais. Celui-ci va le pousser vers la musique et lui transmettre l'envie de chanter.
Gardar Holm, ce n'est pas seulement un monde totalement différent d'Alfgrimur parce qu'il est célèbre alors que le jeune homme est anonyme, non, c'est parce que le chanteur a vu le monde au fil de ses voyages à l'étranger, il représente tout ce qui est étranger au narrateur : chanter en Islande, c'est comme faire de la poésie, ce sont des activités complètement déconsidérées par toutes les couches de la population ; c'est une culture différente et, plus largement, c'est l'arrivée de la modernité au sein même des chaumières islandaises les plus reculées.
Les annales de Brekkukot, c'est une peinture tendre et nostalgique d'une Islande qui n'était pas encore entrée dans le XXe siècle et toute la modernité que cela implique (mécanisation, essor du commerce/libéralisme...), c'est aussi un roman d'apprentissage puisque le narrateur va devoir apprendre à confronter son univers clos à l'embourgeoisement de la société islandaise.
Ce livre m'a été proposé par Arabella dans le cadre de la dernière chaîne de lecture. C'était une découverte de la littérature islandaise (et tant qu'à faire un petit aperçu de sa culture) et je l'ai plutôt appréciée surtout la partie sur l'enfance du narrateur (j'ai par contre eu beaucoup de mal avec le personnage de Gardar Holm, qui, à faire trop de mystère, en finit par devenir agaçant). | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Lun 18 Juil 2016 - 17:07 | |
| Merci Mephistopheles ! Laxness est un grand romancier insuffisamment connu et estimé. Tu peux lire ses autres livres en confiance ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Mar 19 Juil 2016 - 17:48 | |
| - Méphistophélès a écrit:
- Les Annales de Brekkukot
« Un sage a dit que juste après le fait de perdre sa mère, il n'y a rien de plus salutaire pour un enfant que perdre son père ».
C'est par cette phrase que le roman s'ouvre. Elle peut paraître anodine mais elle m'a marquée. Et puis, c'est une bonne façon d'introduire le contexte dans lequel grandit le narrateur.
Le narrateur se nomme Alfgrimur. C'est un enfant qui, sitôt mis au monde, a été abandonné par sa mère à un vieux couple d'inconnus qui vont, par la suite, devenir ses grands-parents adoptifs. Il va grandir dans leur ferme de Brekkukot qui se trouve en périphérie de Reykjavik (qui, au début du XXe siècle, n'est encore qu'une petite ville). Dans cette ferme, on a pour habitude de recevoir la visite de tous les gens de passage qui ont besoin d'un refuge pour un laps de temps plus ou moins longs. Parmi ces visiteurs assez particuliers, on trouve de tout : un pasteur qui a pour seule bien un sac rempli d'exemplaires de la Bible, un homme converti à l'hindouisme et persuadé que sa femme s'est réincarnée de multiples fois au cours des siècles...
L'enfance d'Alfgrimur est donc assez heureuse et idyllique dans cette campagne islandaise, avec un grand-père humble pêcheur de lompes, une grand-mère qui connaît des dizaines de rimur (poèmes islandais) et l'en abreuve régulièrement.
Il est élevé dans un monde qui se veut simple, dans lequel le respect, la générosité et la tolérance vont de soi. La parole y est d'or, l'on estime en effet qu'il ne faut pas être trop bavard, qu'il ne faut pas jouer avec les mots (les poètes sont par exemple dédaignés et incompris par les paysans islandais).
Mais un jour, on a d'autres ambitions pour Alfgrimur que son envie de devenir un pêcheur de lompes comme son grand-père. Ainsi, Alfgrimur est envoyé à l'école et voit son petit univers douillet et loin de tout voler en éclat lorsqu'il fait ses premiers pas dans le monde du savoir.
L'autre événement qui va terminer de briser son monde et ses illusions, c'est la rencontre avec Gardar Holm, le célèbre chanteur islandais. Celui-ci va le pousser vers la musique et lui transmettre l'envie de chanter.
Gardar Holm, ce n'est pas seulement un monde totalement différent d'Alfgrimur parce qu'il est célèbre alors que le jeune homme est anonyme, non, c'est parce que le chanteur a vu le monde au fil de ses voyages à l'étranger, il représente tout ce qui est étranger au narrateur : chanter en Islande, c'est comme faire de la poésie, ce sont des activités complètement déconsidérées par toutes les couches de la population ; c'est une culture différente et, plus largement, c'est l'arrivée de la modernité au sein même des chaumières islandaises les plus reculées.
Les annales de Brekkukot, c'est une peinture tendre et nostalgique d'une Islande qui n'était pas encore entrée dans le XXe siècle et toute la modernité que cela implique (mécanisation, essor du commerce/libéralisme...), c'est aussi un roman d'apprentissage puisque le narrateur va devoir apprendre à confronter son univers clos à l'embourgeoisement de la société islandaise.
Ce livre m'a été proposé par Arabella dans le cadre de la dernière chaîne de lecture. C'était une découverte de la littérature islandaise (et tant qu'à faire un petit aperçu de sa culture) et je l'ai plutôt appréciée surtout la partie sur l'enfance du narrateur (j'ai par contre eu beaucoup de mal avec le personnage de Gardar Holm, qui, à faire trop de mystère, en finit par devenir agaçant). Merci de ton commentaire Méphistophélès. J'avais bien aimé moi, le personnage de Gardar Holm, le côté un autre monde existe, mais en même temps comme le personnage s'avère une sorte d'escroc cela complexifie les choses. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Halldór Laxness [Islande] Mer 27 Juil 2016 - 15:12 | |
| - Méphistophélès a écrit:
- Les Annales de Brekkukot
[justify]« Un sage a dit que juste après le fait de perdre sa mère, il n'y a rien de plus salutaire pour un enfant que perdre son père ».
C'est par cette phrase que le roman s'ouvre. Elle peut paraître anodine mais elle m'a marquée.
Elle m'aurait marquée aussi. | |
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| | | | Halldór Laxness [Islande] | |
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