| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Robert Desnos | |
|
+10bix229 jack-hubert bukowski colimasson Constance animal Marko Arabella Cliniou Steven Milly 14 participants | |
Auteur | Message |
---|
Milly Main aguerrie
Messages : 529 Inscription le : 08/09/2007 Age : 46 Localisation : Paris
| Sujet: Robert Desnos Lun 28 Jan 2008 - 19:10 | |
| Biographie trouvée sur Evene.fr : Après avoir quitté le collège à seize ans, Robert Desnos, qui n'est pas bon élève à l'école, devient commis dans une droguerie. Son engagement politique commence à se dessiner lorsqu'il publie ses écrits dans 'La tribune des jeunes', une revue de tendance socialiste. En 1919, il dirige la maison d'édition de Jean de Bonnefon et publie quelques poèmes dont 'Le fard des argonautes'. Dans les milieux littéraires, il rencontre André Breton et intègre le groupe surréaliste dans les années 1920. Il devient un spécialiste de 'l' écriture automatique' et joue avec le langage dans ses poèmes intitulés 'P'Oasis' ou 'L' asile ami'. Pour gagner sa vie, il est caissier au journal 'Paris-Soir' où il devient ensuite journaliste. Il publie des chroniques cinématographiques, écrit des chansons et des scénarii. Vers 1929, en désaccord avec les surréalistes, il quitte le mouvement. Il travaille alors pour la radio sur l'émission 'La grande complainte de Fantomas'. Résistant et membre du réseau Action, il fournit des informations à la presse clandestine et continue d'écrire des poèmes comme 'Maréchal Ducono' où il critique le pétainisme. Le 22 février 1944, il est arrêté à son domicile et est acheminé vers le camp de travail de Flöha en Saxe. Epuisé, Robert Desnos est hospitalisé à Térézin, en Tchécoslovaquie, où il décède le 8 juin 1945. Destinée arbitraire : J'ai emprunté ce recueil à la bibliothèque la semaine dernière. Je ne connaissais pas du tout ce poète, je me suis donc lancée. Et je dois dire, que c'est une vrai belle découverte. J'aime beaucoup son style, sa manière de décrire les choses. Je vous met ci-dessous un poème tiré de ce recueil : Couchée. A droite, le ciel, à gauche, la mer. Et devant les yeux, l'herbe et ses fleurs. Un nuage, c'est la route, suit son chemin vertical Parallèlement à l'horizon de fil à plomb, Parallèlement au cavalier. Le cheval court vers sa chute imminente Et cet autre monte interminablement. Comme tout est simple et étrange. Couchée sur le côté gauche, Je me désintéresse du paysage Et je ne pense qu'à des choses très vagues, Très vagues et très heureuses, Comme le regard las que l'on promène Par ce bel après-midi d'été A droite, à gauche, De-ci, de-là, Dans le délire de l'inutile. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Robert Desnos Lun 28 Jan 2008 - 20:52 | |
| J'aime bien Robert Desnos ! Certains de ses poèmes enfantins contiennent une profondeur : - Citation :
- LA FOURMI
Une fourmi de dix-huit mètres Avec un chapeau sur la tête ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char Plein de pingouins et de canards, ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français, Parlant latin et javanais ça n'existe pas, ça n'existe pas. Eh ! Pourquoi pas ?
Robert Desnos - Chantefables et Chantefleurs - Editions Gründ Ici tout est dans le dernier vers : Eh ! Pourquoi pas ?, sorte d'interpellation du lecteur ! | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Robert Desnos Lun 28 Jan 2008 - 21:04 | |
| Desnos a toujours eu des positions pacifiques. Or, alors que la conjoncture internationale devient de plus en plus menaçante, Desnos renonce à ses positions pacifistes : la France doit, selon lui, se préparer à la guerre, pour défendre l'indépendance de la France, sa culture et son territoire et pour faire obstacle au fascisme. Il écrit en février 1938 : - Citation :
- Je chante ce soir non ce que nous devons combattre
Mais ce que nous devons défendre. Les plaisire de la vie. Le vin qu'on boit avec les camarades. L'amour. Le feu en hiver. La rivière fraîche en été. La viande et le pain de chaque repas. Le refrain que l'on chante en marchant sur la route. Le lit où l'on dort. Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain. Le loisir. La liberté de changer de ciel. Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses Dont on refuse la possession aux hommes. Desnos a été résistant et a été arrêté. Il est mort suit à une longue incarcération : Desnos est mort le 8 juin 1945, à cinq heures trente de matin. Éluard, dans le discours qu'il prononça lors de la remise des cendres du poète, en octobre 1945 écrit : - Citation :
- Jusqu'à la mort, Desnos a lutté. Tout au long de ses poèmes l'idée de liberté court comme un feu terrible, le mot de liberté claque comme un drapeau parmi les images les plus neuves, les plus violentes aussi. La poésie de Desnos, c'est la poésie du courage. Il a toutes les audaces possibles de pensée et d'expression. Il va vers l'amour, vers la vie, vers la mort sans jamais douter. Il parle, il chante très haut, sans embarras. Il est le fils prodigue d'un peuple soumis à la prudence, à l'économie, à la patience, mais qui a quand même toujours étonné le monde par ses colères brusques, sa volonté d'affranchissement et ses envolées imprévues.
| |
| | | Cliniou Sage de la littérature
Messages : 1116 Inscription le : 15/06/2009 Age : 54 Localisation : entre ici et ailleurs
| Sujet: Re: Robert Desnos Mer 11 Nov 2009 - 17:51 | |
| Le Pélican
Le capitaine Jonahtan Etant âgé de dix-huit ans Capture un jour un pélican Dans une île d'Extrême-orient,
Le pélican de Jonathan Au matin, pond un œuf tout blanc Et il en sort un pélican Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican Pond, à son tour, un œuf tout blanc D'où sort, inévitablement Un autre, qui en fait autant.
Cela peut durer pendant très longtemps Si l'on ne fait pas d'omelette avant. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Robert Desnos Mer 11 Nov 2009 - 21:28 | |
| Je colle ici ce magnifique poème que j'avais déjà mis sur le fil consacré au compositeur Witold Lutosławski, qui a mis ce texte en musique. J'aime énormement, et je n'avais pas vu qu'il y avait un fil consacré à Desnos.
Les espaces du sommeil Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s'y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés. Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneuret celui de l'assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier. Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l'aube. Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix. Une porte claque. Un horloge. Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels. Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse. Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.
Parfois d'étranges figures naissent à l'instant du sommeil et disparaissent. Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus. Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures. Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l'âme palpable de l'étendue. Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d'il y a 2,000 ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes. Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves, t'obstines à s'y laisser deviner sans y paraître. Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m'appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n'approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.
Toi qu'en dépit d'un rhétorique facile où le flot meurt sur les plages, où la corneille vole dans des usines en ruines, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je baise ta main. Dans la nuit il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d'êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du mondes. Dans la nuit il n'y a pas d'anges gardiens mais il y a le sommeil. Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Robert Desnos Mer 11 Nov 2009 - 21:56 | |
| Je l'ai relu en écoutant la musique de Lutoslawski. Un régal! ça me fait penser qu'il faudrait ouvrir un fil sur la poésie et la littérature dans la musique. Un bon moyen de découvrir tous ces textes. Je vais m'y mettre... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Robert Desnos Jeu 12 Nov 2009 - 7:37 | |
| - Marko a écrit:
- Je l'ai relu en écoutant la musique de Lutoslawski. Un régal! ça me fait penser qu'il faudrait ouvrir un fil sur la poésie et la littérature dans la musique. Un bon moyen de découvrir tous ces textes. Je vais m'y mettre...
Très bonne idée Marko. Le sujet est vraiment très vaste. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Robert Desnos Sam 28 Nov 2009 - 20:30 | |
| je ne sais pas si j'ai trouvé le poème que j'avais appris à l'école (puisque, depuis, je l'ai oublié) :
Les sources de la nuit
Les sources de la nuit sont baignées de lumière. C’est un fleuve où constamment boivent des chevaux et des juments de pierre en hennissant.
Tant de siècles de dur labeur aboutiront-ils enfin à la fatigue qui amollit les pierres ? Tant de larmes, tant de sueur, justifieront-ils le sommeil sur la digue ?
Sur la digue où vient se briser le fleuve qui va vers la nuit, où le rêve abolit la pensée. C’est une étoile qui nous suit.
À rebrousse-poil, à rebrousse-chemin, Étoile, suivez-nous, docile, et venez manger dans notre main, Maîtresse enfin de son destin et de quatre éléments hostiles.
en fait je ne crois pas... ce foutu poème était plus compliqué (mais choisi !), peut être celui-là aussi ? | |
| | | Cliniou Sage de la littérature
Messages : 1116 Inscription le : 15/06/2009 Age : 54 Localisation : entre ici et ailleurs
| Sujet: Re: Robert Desnos Sam 28 Nov 2009 - 21:09 | |
| DemainAgé de cent-mille ans, j'aurais encore la force De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir. Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, Peut gémir: neuf est le matin, neuf est le soir. Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille, Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu, Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille A maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu. Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore De la splendeur du jour et de tous ses présents. Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent. Photo: Ronis/ Bastille | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Robert Desnos Jeu 13 Mai 2010 - 9:21 | |
| Ô douleurs de l'amour! Comme vous m'êtes nécessaires et comme vous m'êtes chères. Mes yeux qui se ferment sur des larmes imaginaires, mes mains qui se tendent sans cesse vers le vide. J'ai rêvé cette nuit de paysages insensés et d'aventures dangereuses aussi bien du point de vue de la mort que du point de vue de la vie, qui sont aussi le point de vue de l'amour. Au réveil vous étiez présentes, ô douleurs de l'amour, ô muses du désert, ô muses exigeantes. Mon rire et ma joie se cristallisent autour de vous. C'est votre fard, c'est votre poudre, c'est votre rouge, c'est votre sac de peau de serpent, c'est vos bas de soie... et c'est aussi ce petit pli entre l'oreille et la nuque, à la naissance du cou, c'est votre pantalon de soie et votre fine chemise et votre manteau de fourrure, votre ventre rond c'est mon rire et mes joies vos pieds et tous vos bijoux. En vérité, comme vous êtes bien vêtue et bien parée.
Ô douleurs de l'amour, anges exigeants, voilà que je vous imagine à l'image même de mon amour, que je vous confonds avec lui... Ô douleurs de l'amour, vous que je crée et habille, vous vous confondez avec mon amour dont je ne connais que les vêtements et aussi les yeux, la voix, le visage, les mains, les cheveux, les dents, les yeux ...
(Poèmes à la Mystérieuse, in Corps et biens)
Toile "After the thrill is gone", de Jack Vettriano | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Robert Desnos Lun 17 Mai 2010 - 13:19 | |
| Poème à Youki
Et toi, Te souviens-tu de cette sirène de cire que tu m'as donnée? Tu te prévoyais déjà en elle et dans celle qui te ressemble. Tu ne meurs pas de la transfiguration de mon amour, mais tu en vis, elle te perpétue. Car c'est l'amour qui prévaut même sur toi, même sur elle. Et tu ne seras vraiment morte Que le jour où j'aurai oublié que j'ai aimé. Cette sirène que tu m'as donnée, c'est elle. Sais-tu quelle chaîne effrayante de symboles m'a conduit de toi qui fut l'étoile à elle qui est la sirène? Ô soeurs parallèles du ciel et de l'Océan! Mais toi. Je t'ai rencontrée l'autre nuit, Une fameuse nuit d'orages, de larmes, de tendresse et de colère. Oui, je t'ai rencontrée, c'était bien toi. Mais quand je me suis approché et que je t'ai appelée et que je t'ai parlé, C'est une autre femme qui m'a répondu: "Comment savez-vous mon nom?"
(extrait de Siramour, 1931)
Illustration : photo de Youki Foujita - Citation :
Lucie Badoud, baptisée Youki par Foujita et appelée la sirène par Desnos, est née en 1903 à Paris. Jeune, elle devint une des reines de Montparnasse grâce entre autre à la toile Nu allongé du peintre japonais Foujita. Elle eut d'ailleurs le coup de foudre pour le peintre à qui elle servit de modèle à de nombreuses reprises et dont elle devint la maîtresse. C'est Foujita qui la baptisa Youki, qui signifie neige rose en japonais. Quand Youki fit la connaissance de Robert Desnos, elle était toujours la compagne de Foujita. C'était en 1928. Desnos devint un très bon ami du couple mais tomba profondément amoureux de Youki, se rapprochant de plus en plus d'elle tout en s'éloignant d'Yvonne George dont l'amour ne fut jamais partagé. Bientôt, on eu droit à un triangle amoureux, Foujita se rendant bien compte des sentiments qui liaient Youki et Desnos. Mais Foujita trouva un nouvel amour en la personne de la jeune et jolie Mady Dormans. Il quitta Youki en lui disant qu'il l'a laissait entre bonnes mains et qu'il pouvait partir confiant, la sachant auprès de Desnos. Youki aurait, tant qu'à elle, souhaité garder ses deux amants et accepta difficilement l'abandon de Foujita. Desnos gagna le coeur de sa sirène mais fut plutôt malheureux dans cette relation, Youki étant reconnue pour être volage et assez écervelée. Plusieurs des poèmes de Desnos racontent sa tristesse, ses attentes et ses espoirs envers Youki. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Robert Desnos Dim 24 Oct 2010 - 16:35 | |
| Je ne connais de Desnos que le recueil intitulé Fortunes. Je le trouve bien meilleur lorsqu'il fait des poèmes enfantins (comme La fourmi cité par Steven ou Le pélican cité par Cliniou) que lorsqu'il aborde par exemple le thème de l'amour (Siramour était vraiment éprouvant à lire, aussi triste que pouvait l'être son histoire...)
Par contre, j'ai lu quelques extraits de La liberté et l'amour et ce livre a l'air pas mal. Quelqu'un l'a déjà lu ?
Allez, mon petit préféré :
Les quatre sans cou
Ils étaient quatre qui n’avaient plus de tête, Quatre à qui l’on avait coupé le cou, On les appelait les quatre sans cou.
Quand ils buvaient un verre, Au café de la place ou du boulevard, Les garçons n’oubliaient pas d’apporter des entonnoirs.
Quand ils mangeaient, c’était sanglant, Et tous quatre chantant et sanglotant, Quand ils aimaient, c’était du sang.
Quand ils couraient, c’était du vent, Quand ils pleuraient, c’était vivant, Quand ils dormaient, c’était sans regret.
Quand ils travaillaient, c’était méchant, Quand ils rodaient, c’était effrayant, Quand ils jouaient, c’était différent,
Quand ils jouaient, c’était comme tout le monde, Comme vous et moi, vous et nous et tous les autres, Quand ils jouaient, c’était étonnant.
Mais quand ils parlaient, c’était d’amour. Ils auraient pour un baiser Donné ce qui leur restait de sang.
Leurs mains avaient des lignes sans nombre Qui se perdraient parmi les ombres Comme des rails dans la forêt.
Quand ils s’asseyaient, c’était plus majestueux que des rois Et les idoles se cachaient derrière leur croix Quand devant elles ils passaient droits.
On leur avait rapporté leur tête Plus de vingt fois, plus de cent fois, Les ayant retrouves à la chasse ou dans les fêtes,
Mais jamais ils ne voulurent reprendre Ces têtes où brillaient leurs yeux, Où les souvenirs dormaient dans leur cervelle.
Cela ne faisait peut-être pas l’affaire Des chapeliers et des dentistes. La gaîté des uns rend les autres tristes.
Les quatre sans cou vivent encore, c’est certain, J’en connais au moins un Et peut-être aussi les trois autres,
Le premier, c’est Anatole, Le second, c’est Croquignole, Le troisième, c’est Barbemolle, Le quatrième, c’est encore Anatole.
Je les vois de moins en moins, Car c’est déprimant, à la fin, La fréquentation des gens trop malins. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Robert Desnos | |
| |
| | | | Robert Desnos | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|