Roman Opalka [Peintre]

Jusqu'à hier je ne connaissais pas Roman Opalka...J'ai trouvé son nom dans un roman de Claudie Gallay, L'or du temps.
Alors j'y suis allée de ma petite recherche...Et j'ai été interpelée par sa démarche artistique.

Roman Opałka est un peintre français né en 1931 en Pologne.

En 1965, à Varsovie, Roman Opalka attend son épouse dans un café. Celle-ci tarde à arriver. Ce temps mort lui donne l'idée de matérialiser la peinture du temps.

Depuis 1965, il peint des lignes de nombres en ordre croissant sur des toiles.

Ses nombres sont en blanc sur fond noir, il commence par peindre du coin supérieur gauche jusqu'au coin inférieur droit.

Il a décidé d'éclaircir, d'ajouter 1% de blanc au fond de chaque toile qu'il appelle « Détail ».

Chaque « Détail » est une toile de 196 x 135 cm.

Les chiffres sont réalisés avec un pinceau n°0. Chaque "Détail" s'éclaircit donc progressivement, jusqu'à ce qu'un Détail soit de nos jours presque blanc.

Roman Opalka [Peintre] Slide010

Pour bien marquer le temps qui passe, lorsqu'il termine une séance de travail, il prend une photographie de lui même dans des conditions invariablement identiques d'une photo à l'autre : fond ( le « Détail » en cours), avec une chemise blanche, baignant dans un éclairage blanc, avec toujours la même expression sur le visage. L'artiste répète chaque jour ce geste pour imprimer sur la pelliculle les signes relevés sur son propre corps du temps qui s'écoule. Il archive ces clichés .

Roman Opalka [Peintre] 1408op10

« Je voulais manifester le temps,
son changement dans la durée,
celui que montre la nature,
mais d'une manière propre à l'homme,
sujet conscient de sa présence
définie par la mort :
émotion de la vie dans la durée irréversible. »

« On m'a souvent cru prisonnier d'une idée, au lieu de percevoir cette libération totale que je vis de la recherche constante de l'illusoire nouveauté aussi bien que du toujours mieux.
Moi, je préfère approfondir une seule chose, une oeuvre. »

Vidéo: entretien avec Roman Opalka: cliquer ici

« Pour appréhender le temps, il faut prendre la mort comme réelle dimension de la vie. L’existence de l’être n’est pas plénitude, mais un état où il manque quelque chose : l’être est défini par la mort qui lui manque. Mon concept est simple et complexe comme la vie, il évolue d’une naissance vers une mort. Art extrême, il me permet de vivre une extraordinaire aventure, il est émotion extrême de l’être. »

« Le gris est le noir et le blanc. Il exprime l’unité du mouvement des couleurs. Il exclut le dualisme et manifeste le tout. Le gris est universel. (…) Mais le gris est neutre : je le remplis avec le vécu de ma vie. Le gris n’est pas une couleur symbolique, il est devenu pour moi celle du mouvement invisible. Sur ce fond gris, il y a ma vie : le contraire d’une couleur froide, indifférente ; il est la couleur de mon sacrifice pictural, étalé par la conduite du concept, son mouvement et son temps. Aux grands pôles, aux extrêmes du noir du premier Détail et du blanc sur blanc, le sfumato d’une existence : la couleur peut devenir mortellement émotionnelle. »

Les toiles d’Opalka sont organisées par séries des nombres dont la couleur change, elle aussi. Du blanc à l’invisible et à nouveau du blanc à l’invisible et par-là, à l’infini. Car le pinceau du peintre se décharge petit à petit de la peinture et la couche devient de plus en plus transparente, créant de cette manière un effet visuel, mais qui n’est pas pour autant le résultat d’un souci esthétique. Cependant, chaque tableau est-il ainsi pris dans un rythme pictural qui transcrit l’effort même de vivre. Il dégage une esthétique de l’effort et visualise le temps humain.

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

coline a écrit:: Jusqu'à hier je ne connaissais pas Roman Opalka...J'ai trouvé son nom dans un roman de Claudie Gallay, L'or du temps

Ah.. cela fait plaisir que tu es (aussi) dans des recherches en dehors du livre que tu lis Wink

et en plus je suis contente de voir que tu lis Claudie Gallay.. dont j'ai hâte de découvrir du nouveau....

Main aguerrie Messages : 558 Inscription le : 31/12/2007 Age : 48

Tiens, j'ai l'impression d'avoir vu des oeuvres de ce peintre au Centre Georges Pompidou, il y a quelques années. Celà m'avait marquée car je suis quelqu'un qui se "soucie" du temps qui passe ....

kenavo a écrit:: Ah.. cela fait plaisir que tu es (aussi) dans des recherches en dehors du livre que tu lis

Ca je ne peux pas m'en empêcher...Résultat: au lieu de lire une heure, j'ai fait une heure de recherches... Very Happy

Laurette, la démarche de cet artiste sur le temps qui passe est profondément originale et ne laisse pas insensible... content

Zen Littéraire Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007

(* 27. 08. 1931 ; † 6. 08. 2011)

Roman Opalka [Peintre] A630

site internet

Zen littéraire Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 50

ça fait tout drôle de savoir que cette oeuvre est finie maintenant.

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