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| Mariama Bâ [Sénégal] | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Mariama Bâ [Sénégal] Jeu 7 Fév 2008 - 17:51 | |
| Mariama Bâ est née en 1929 à Dakar au Sénégal, et est décédée en 1981. Née dans une famille de notables, orpheline de mère, elle est élevée par ses grands-parents dans un milieu musulman traditionnel. Son père était ministre de la santé au Sénégal en 1956. Elle intègre une école française, puis l’École Normale du Sénégal en 1943. Exerce la profession d'enseignante et donne naissance à neuf enfants, avant de divorcer de son conjoint, le député Obèye Diop. Elle s'engage alors dans nombre d’associations féminines. Elle publie un premier romans, Une si longue lettre en 1979, peu avant de mourir. Son deuxième roman, Le chant écarlate, paraît à titre posthume. |
| | | bertrand-môgendre Sage de la littérature
Messages : 1299 Inscription le : 03/02/2007 Age : 69 Localisation : ici et là
| Sujet: Re: Mariama Bâ [Sénégal] Jeu 7 Fév 2008 - 17:58 | |
| est-ce la même madame Bâ que le personnage de Orsenna ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mariama Bâ [Sénégal] Jeu 7 Fév 2008 - 18:03 | |
| Une si longue lettre est considéré comme un classique de la littérature sénégalaise. Un roman épistolaire, qui semble largement autobiographique. A la mort de son mari, Ramatoulaye Fall met à profit les 40 jours de deuil que lui impose la tradition pour écrire à sa meilleure amie éxilée aux Etats Unis, faire le point sur sa vie, évoquer des souvenirs, réfléchir aux problèmes auxquels sont confrontées les femmes africaines et dont elles ont toutes les deux personnellement souffert : polygamie, castes, exploitation de la femme... Un texte, sensible et intelligent, une très belle écriture, qui mérite d'être découvert. Extrait : - Citation :
- Sur le sable fin, rincé par la vague et gorgé d’eau, des pirogues, peintes naïvement, attendaient leur tour d’être lancées sur les eaux. Dans leurs coques, luisaient de petites flaques bleues pleines de ciel et de soleil
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| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Mariama Bâ [Sénégal] Jeu 15 Mai 2008 - 21:26 | |
| Une si longue lettre Pendant la reclusion imposée par le deuil consécutif à la mort de son mari, une femme cinquantenaire écrit à une amie, faisant le bilan de sa vie, de ses espérances, bonheurs, comme souffrances déceptions et échecs. Elle évoque les choix de vie, entre tradition et modernité, la polygamie, l'éducation des enfants, le poids de la famille, du groupe. Un très joli texte, très authentique, où l'onvoit la vie quotidienne d'une femme africaine, d'une femme instruite, qui travaille, mais qui a du mal à exister en tant que personne, d'imposer son point de vue. Du mal aussi à s'imposer, entre le pouvoir de la famille, et celui des hommes, qui ont bien plus de droits et de pouvoir, entre autres celui de prendre une co-épouse, sans même en prévenir sa première femme. L'écriture est très agréable, à la foir élaborée, mais en apparence très proche du langage oral, comme des confidences qui couleraient toutes seules, passant d'un sujet à un autre, au gré des envies. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Mariama Bâ [Sénégal] Jeu 3 Avr 2014 - 7:01 | |
| Une si longue lettre
Originale : (Français/Sénégal, 1979)
CONTENU : Après trente années de mariage, apparemement heureuses, une femme est abandonné par son mari, mais pas pour une amante, mais il se marie tout simplement une deuxième fois, exerçant son « droit » à la polygamie, encore possible dans le Sénégal que l'auteur décrit. La jeune fille marié par le mari aura les mêmes droits qu'elle. Ce roman courronné est un appel, une invitation au combat contre certaines traditions de la polygamie et l'oubli de la femme (je traduis plus ou moins la couverture de l'éditeur allemand : List/Ullstein).
REMARQUES : Au centre de ce roman : une « si longue lettre » en 27 chapitres, écrite par Ramatoulai à son amie de toujours, Aissatou. Après la mort par crise cardiaque de son mari, la première se trouve dans la réclusion traditionnelle de la veuve. Elle écrit régulièrement des bouts de cette longue lettre, décrivant d'abord la mort juste vécue, son devenir de femm et puis les joies et les peines de son mariage et de ses douze maternités. Cette vie elle l'avait largement partagée avec Aissatou, mais c'est comme un regard en arrière qu'on raconte à quelqu'un d'intime qui, au fond, est déjà familier de la situation. En plus, ces deux femmes ont partagé des mêmes rêves dans leur jeunesse : rêve de lutte pour la femme, une formation/éducation juste. Ils l'ont eues aussi : Ramatoulai est (ou était?) institutrice.
Puis l'incroyable arrive : son mari Modu se cherche, après trente années de mariage et douze enfants, une jeune femme, en plus l'amie de l'ainée de ses filles ! Quel affront ! Et elle aura alors les mêmes droits, surtout grâce aux intrigues de la nouvelle belle-mère. Et notre protagoniste tombe dans l'oubli, dit clairement ses attentes, mais ne peut pas accepter cette situation comme première de deux femmes. Elle sera elle aussi incapable de se marier une deuxième fois car aux prétendants (après la mort de Modu) elle ne serait qu'elle-aussi qu'une deuxième épouse. Pas avec elle ! Elle ne va pas infliger aux autres ce qu'elle a subi !
Donc notre protagoniste sénégalaise de Dakar s'indigne de bien de traditions (polygamie, mariage forcé, espèce de patriarcat, le rôle subordonné de la femme...) Mais sa manière de raconter n'est pas juste une plainte, une narration, mais devient exigence et revendication. Ainsi certains aspects dépassent les pures descriptions et deviennent des affirmations politiques, des tâches pour un engagement. Et ainsi on peut voir dans un tel roman des premiers pas d'une prise de conscience et d'un engagement politique, entreprise dans laquelle l'auteur Mariama Bâ a elle-même participé. Même s'il y a certes la place pour la fiction, les parallèles entre la vie de l'auteur et de sa héroïne me semble frappant.
Comment surminter des barrières sociales et entre les sexes, la lourdeur de certaines traditions ? Il faudrait, face au danger d'une simple assimilation à un féminisme occidentale, à mon avis ajouter que la narratrice de cette lettre est au même moment encore habité par l'appartenance, un certain enracinement. Donc se pose aussi la question d'une balance entre enracinement et rupture.
Bâ utilise , autant que je puisse en juger, d'une langue très belle, voir lyrique, et cela parallèlement à ces descriptions très réalistes. Donc, le livre se laisse très bien lire.
Dans ma recherche de bons romans africains ce livre me fût chaudement recommandé par une connaissance sénégalaise. Et je passe cette recommandation à vous, à tous intéressé aux situations de la societé africaine, et particulièrement de la femme. Il et elle y trouvera beaucoup d'informations, beaucoup de choses à réflèchir... | |
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