Henry Bauchau [Belgique]

Dites-moi les grands spécialistes de Bauchau, est-ce que tous ses livres ressemblent à Oedipe sur la Route (dans le style et la narration) ou bien sont-ils très différents? Je demande ça parce que je compte me lancer dans Bauchau dès que mes examens seront finis...

Ezechielle a écrit:

Dites-moi les grands spécialistes de Bauchau, est-ce que tous ses livres ressemblent à Oedipe sur la Route (dans le style et la narration) ou bien sont-ils très différents? Je demande ça parce que je compte me lancer dans Bauchau dès que mes examens seront finis...

Pour le style narratif?...Quedire?...Bien sûr qu'il y a un style Bauchau...

Mais je crois me souvenir que tu n'avais pas apprécié Oedipe sur la route alors, dans un genre différent, je te conseillerais L'enfant bleu...

coline a écrit:

Ezechielle a écrit:

Dites-moi les grands spécialistes de Bauchau, est-ce que tous ses livres ressemblent à Oedipe sur la Route (dans le style et la narration) ou bien sont-ils très différents? Je demande ça parce que je compte me lancer dans Bauchau dès que mes examens seront finis...

Pour le style narratif?...Quedire?...Bien sûr qu'il y a un style Bauchau...

Mais je crois que souvenir que tu n'avais pas apprécié Oedipe sur la route alors, dans un genre différent, je te conseillerais L'enfant bleu...

OK, c'est noté! Je vais tout de même relire Oedipe sur la Route parce que je n'aime pas les "échecs"

Ezechielle a écrit:

OK, c'est noté! Je vais tout de même relire Oedipe sur la Route parce que je n'aime pas les "échecs"

Oui, essaie de le relire, comme cela tu seras sûr...
Relis au moins le passage sur la sculpture à flanc de falaise...C'est un morceau d'anthologie...
Mais je ne suis pas objective, j'aime beaucoup...

Pour moi il y a une grande différence entre les Bauchau de la mythologie
et ses derniers romans l'enfant bleu et le boulevard, plus intimiste et proche de notre réalité, j'ai une préférence pour le boulevard.
et dans le boulevard il évoque la seconde guerre mondiale sujet qui te passionne.
sa trilogie sur les mythes ça ne m'intéresse pas je l'ai dis avant pourquoi
c'est tout simplement parce que c'est un thème - les mythes grecs ou autres- qui m'a toujours emmerdé voilà, et même Bauchau n'est pas arriver à m'y intéresser.
Sinon faudra que je lise le régiment noir, roman sur la guerre de sécession.
ça doit être pas mal.

Eh bien moi, Henry Bauchau m'a donné l'envie de retrouver les mythes, et bien sûr tout d'abord il m'a donné envie de me plonger dans l'histoire des Labdacides...oubliée...méconnue...
Yannis Ritsos maintenant m'emmène chez les Atrides...
C'est tout de même extraordinaire la littérature!

coline a écrit:

Ezechielle a écrit:

OK, c'est noté! Je vais tout de même relire Oedipe sur la Route parce que je n'aime pas les "échecs"

Oui, essaie de le relire, comme cela tu seras sûr...
Relis au moins le passage sur la sculpture à flanc de falaise...C'est un morceau d'anthologie...
Mais je ne suis pas objective, j'aime beaucoup...

Arf! C'est le passage qui m'a fait décrocher

Ceci dit, j'aime bien la mythologie grecque, donc ce ne sera probablement pas ça le problème

Ezechielle a écrit:

coline a écrit:

Relis au moins le passage sur la sculpture à flanc de falaise...C'est un morceau d'anthologie...

Arf! C'est le passage qui m'a fait décrocher

Ah mince!...

Henry Bauchau, relatant Marcel Proust:

Citation :

" Les oeuvres, comme dans les puits artésiens, montent d'autant plus haut que la soufrance a plus profondément creusé le coeur, il n'y a
pas de mélancolie sans mémoire et pas de mémoire sans mélancolie."

Quand on parvient à un certain équilibre et à une certaine paix intérieure, état dans lequel je me trouve maintenant environ un jour sur deux, on croit que la mélancolie s'est effacée de la mémoire. Cette illusion s'efface dès qu'on pense aux être aimés qui sont morts. On se heurte au mur, on n'entendra plus jamais leur voix, on ne verra plus leur visage, leur allure, les choses qu'ils avaient encore à nous dire ne seront jamais dites. " Pas de mémoire sans mélancolie", on voudrait nier, réfuter cette pensée mais dès qu'on creuse en soi on sait: elle est vraie.

Je suis à la moitié du Régiment noir
Ce livre est fantastique, je ferai un commentaire plus en détail une fois fini
Parmi les groupies personne l'a lu ?

rivela a écrit:

Je suis à la moitié du Régiment noir
Ce livre est fantastique, je ferai un commentaire plus en détail une fois fini
Parmi les groupies personne l'a lu ?

Pas eu l'honneur encore, mais il viendra, je vais lire tous les livres de Bauchau.
Il me faut juste plus de temps. (environ 1 an )

rivela a écrit:

Je suis à la moitié du Régiment noir
Ce livre est fantastique, je ferai un commentaire plus en détail une fois fini
Parmi les groupies personne l'a lu ?

Je ne l'ai pas lu celui-ci...
J'attends ton commentaire...

Le Régiment noir


Roman dont l'intrigue se déroule au coeur de la guerre de sécession au USA
Nous suivons le parcours de 2 jeunes hommes.Pierre parti d'Europe après une brusque séparation familiale,et Johnson esclave noir qui s'engage pour combattre au coté de Pierre

Citation :

Pierre qui est venu de l’autre côté des eaux, avec Wolf et sa jument rouge. De la bataille de Bull Run où ils ont conquis ensemble le premier canon que Stonewall Jackson leur a repris d’un coup de poing. Pierre a aimé Jackson qui était son véritable père, mais celui-ci l’a renvoyé au nord. C’est alors que nous sommes devenus amis et que Pierre s’est mis à penser noir, selon l’ordre mystérieux de Stonewall Jackson. Avec le grand Burlington nous avons, batterie par batterie. Formé le régiment noir et Pierre nous a appris à aimer les canons. Nous avons fait plusieurs campagnes et pendant deux ans nous avons toujours été vaincus par Jackson. A Chancellorsville, il a fait fuir devant lui vingt mille hommes, mais Pierre a empêché le régiment de reculer et l’a forcé à s’arrêter. Pendant cette nuit, Stonewall Jackson a été blessé et pendant qu’on le transportait à l’hôpital nous avons tiré sur lui. Stonewall Jackson est mort et depuis ce sont les armées du Sud qui reculent, mais nous avons ns son sang sur nos têtes.
Nous avons gagné la bataille de Gettysburg et nous avons accepté de partir à l’ouest sous les ordres de Sherman, le lévrier maigre qui n’a pas l’emploi de chevaliers dans son armée. Là nous avons fait alliance avec les Indiens des Prairies, Pierre s’est mis à penser indien et nous avons connu Shenandoah qui est la reine de Saba et la merveille du temps.
« Est-ce Shenandoah, demande Mlle Mérence, qui a appelé Pierre Cheval rouge ? – C’est elle, et tout le régiment a fait de même parce que Pierre est Cheval rouge.

C'est un roman d'aventure ou les scènes de batailles sont très bien décrites

Citation :

Nuit pénible, traversée de sensations d’étouffement et suivie par une journée d’angoisse. Les positions du régiment sont aussi mauvaises que possible et c’est à grand-peine que Pierre parvient à les améliorer un peu. Dès la matinée, s’ouvre un combat entre notre artillerie et celle des Sudistes, il voit arriver sur le chemin des troupes de chevaux affolés, suivies de soldats sans armes. Il n’a pas d’hésitation, c’est le désastre, celui qu’il attend depuis ce matin, depuis hier, depuis toujours peut-être.
:. Ils sont là, la mitraille fauche une partie des premiers rangs, mais ceux qui suivent se sont adroitement dilués, ils avancent, ils vont être sur nous si nous ne parvenons pas à recharger pour tirer à bout portant sur eux.

La contre-attaque nordiste se développe. Après des coups de feu isolés, une violente fusillade se déclare dans tous les points du bois. Les ennemis, qui se cherchaient, doivent être maintenant au contact car le feu s’intensifie et on entend s’élever, dans la nuit, les cris des bataillions qui se chargent.
Etrillée, fourbue, découragée, l’armée est en retraite.

Ce livre je dirais est de 2 tiers un roman d'aventure et de 1 tiers roman plus psychologique qui est la spécialité de Bauchau
Il y a de nombreuse pages sur les rêves que font les personnages, il y a des passages carrément mystiques.

Citation :

Somptueuse pensée de la mort qui s’élève de la terre au cours des longs après-midi de repos où l’armée fait la méridienne. Où Pierre et Johnson, couchés dans l’herbe près des canons, pensent et vivent en eux. Fumant lentement leurs pipes, s’enfonçant peu à peu dans la bouche luisante, suivant tout le chemin de l’âme jusque dans la chambre où, tapis dans les ténèbres, ils contemplent le cercle pâle et bleu et lumineux de l’ouverture. :. Repliés sur eux-mêmes, dans le lieu secret, le lieutenant-colonel Pierre et le capitaine Johnson emplissent et vident leurs poumons suivant le rythme originel, en attendant la mise à feu, le forçage tout le long des rayures et l’expulsion dans l’air brisé. A ce moment le temps de repos est terminé, ils n’ont pas besoin de parler, chacun sait d’où il revient et où a été l’autre.

Il y a aussi de belles analyses lucide sur la place des individus noirs ou indiens dans l'Amérique qui est en guerre avec elle même et les conséquences pour ces peuples si différents des blancs

Citation :

Les Blancs ne savent qu’enfermer. Elle se soulève à demi : Nous ne serons jamais comme vous. Nous ne serons pas les esclaves de vos petits champs ni de vos machines qui font que le vieillard dans son usine demeure plus puissant que son fils.
Pierre pense que les Indiens connaissent encore la vie pour la joie, après eux le chemin sera perdu. Mais comment oublier ceux qu’il a vus s’entasser à Anvers dans les bateaux d’émigrants et en descendre à New York. Comment empêcher l’Amérique d’être l’espoir des pauvres ?

Citation :

les Blancs ne veulent pas partager ce pays avec nous. Le maître d’ici, un Blanc, je l’ai entendu dire, un jour à la chasse, à un de ses amis : L’esclavage ne peut plus durer longtemps, ce qu’il faudrait faire avec ces pauvres nègres, c’est les ramener en Afrique avec des semences et des outils. Il disait ça devant moi, comme si je n’existais pas. Et dans cette vallée où c’est nous qui avons tout fait : les champs, les canaux d’irrigation, la route, les chemins et jusqu’à sa grande maison. Lui, qui nous a affranchis et qui était un homme bon, pensait que ce pays n’était pas le nôtre, mais seulement le sien, oui, rien qu’un pays de Blancs.

Citation :

Partout on proclame la fin de l’esclavage et on annonce de nouvelles élections auxquelles les Noirs prendront part. Mais la terre demeure à ses anciens propriétaires, l’instruction et les armes — soigneusement cachées pour le moment --- sont toujours du côté des Blancs.
Cheval rouge pense que la guerre contre la sécession du Sud est gagnée mais que celle pour la libération des Noirs est en train d’être perdue

Dans cette histoire nous suivons le parcourt de Pierre et Johnson, il y a la guerre, il y a une grave blessure pour Pierre, Johnson est fait prisonnier il s'évade il trouve refuge dans un village ou il devient instituteur
Pendant ce temps Pierre guérit et repars en guerre , a la fin Pierre et Johnson se retrouve,Johnson ne veut plus être dans l'armée Pierre au début refuse mais fini par accepter.

Citation :

Maintenant que Johnson est à nouveau près de vous, que vous le tenez corps à corps, avec son souffle entrecoupé qui s’apaise, vous pouvez reconnaître que son règne, a la différence du vôtre, est végétal. Il a vécu jusqu’ici comme un superbe lierre, étreignant tout ce qui l’aidait à grandir, mais sans pousser de racines d’arbre. Oui, c’est là le point faible que Cheval rouge a senti dès le début du combat. Instituteur John n' est plus un homme des canons, mais il n a pas encore risqué sa semence dans la terre. Si étrange que cela paraisse, c’est la folie de Cheval rouge qui a fait œuvre de sagesse. C’est elle qui a préparé les nouveaux astres en travaillant, de ses images et de ses canons, la profondeur de l’Amérique. C’est Cheval rouge qui a recueilli la terre rouge que Johnson lui a confiée et qui contenait la semence. Il lui a donné forme, il l’a plantée et couverte au temps favorable. Elle est en terre, elle est là et, dès que Cheval rouge desserre sa prise, Instituteur John peut laisser agir la sève et se mettre à croître, à bruire et à danser de toutes ses feuilles.
Instituteur John élève de plus en plus haut son corps noir et, incomparable, son sourire. Il est à la hauteur des genoux de M. Granpé, à celle de sa semence et de sa digestion vigoureuse, à celle de son torse blessé par le nouveau porteur du signe. Quand il est parvenu près du cœur, il élargit son geste et le mêle à celui de Cheval rouge qui a grandi avec lui. Plus ils s’élèvent dans l’air, plus ils s’enfoncent par de souples racines dans la profondeur originelle

Très beau roman passionnant, superbement bien écrit avec un coté mystique, certains passages sont un peu difficiles à comprendre, et psychologique aussi mais pas trop quand même.

Quand on lit une histoire c'est étrange comme la perception est différente suivant les lecteurs.
Pour le Régiment noir c'est le coté aventure et champs de bataille qui m'a surtout intéressé et d'autres personne voient tout à fait autres choses.
J'ai regardé sur le net un peu les avis sur ce livre et je trouve ceci

Citation :

Dans Le régiment noir, au coeur du chapitre central intitulé « Cheval Rouge », se trouve une scène de recréation du monde. Les trois couleurs y sont en présence : le rouge des Indiens, le noir des esclaves affranchis, le blanc des soldats nordistes. Lorsque Shenandoah, renommée Ève à ce moment du récit, noircit de suie son corps d’indienne en traversant le feu qui la chauffe à blanc, centre névralgique du désir des hommes - eux-mêmes rouges, noirs et blancs qui l’entourent -, ne serait-elle pas la métaphore même de l’écriture ?
Ce roman est aussi structuré en trois temps reprenant le nom d’un personnage. Le premier, Stonewall Jackson, désigne le général blanc sudiste, l’image même du monde Blanc. Le deuxième se nomme Cheval Rouge, le nom indien du narrateur, ce par où il lui faut passer. Le dernier enfin porte le nom de Mademoiselle Mérence, la femme noire qui attend Pierre.
La forge serait le motif essentiel de l’oeuvre : le gris d’avant le travail, le désir et la vie ; le rouge, le noir et le blanc en trilogie du labeur et au bout du trajet tellurique, l’ouverture sur le bleu. Mais le bleu à lui seul serait une autre histoire... [...]

mais encore

Citation :

“Le régiment noir“, de l’écrivain belge Henry Bauchau, n’est pas un livre sur la stratégie militaire, ni sur la guerre de Sécession, ni sur les rapports entre Blancs, Noirs et Rouges dans l’Amérique du 19ème, ni sur l’esclavage, ni même sur Stonewall Jackson.
Le régiment noir” est un grand roman dont les personnages complexes forgent leur destin dans la douleur, la sueur et le sang. Chacun entre en communion à sa façon avec la nature et l’acier et subit la passion – quelle que soit la forme qu’elle prenne – comme des coups en pleine face, et apprend aussi des blessures de l’autre.

Je suis plus en phase avec le deuxième avis si je devais donner un autre avis par exemple
Par contre le premier avis c'est creuser bien loin dans la recherche intérieur d'une histoire et là, par contre je dois avouer que je suis loin d'avoir découvert tout ça dans ce livre
Comme je disais, nous avons tous nos perceptions et ressentis personnelles pour chaque histoire

rivela a écrit:

Quand on lit une histoire c'est étrange comme la perception est différente suivant les lecteurs.
Pour le Régiment noir c'est le coté aventure et champs de bataille qui m'a surtout intéressé et d'autres personne voient tout à fait autres choses.
J'ai regardé sur le net un peu les avis sur ce livre et je trouve ceci

Citation :

Dans Le régiment noir, au coeur du chapitre central intitulé « Cheval Rouge », se trouve une scène de recréation du monde. Les trois couleurs y sont en présence : le rouge des Indiens, le noir des esclaves affranchis, le blanc des soldats nordistes. Lorsque Shenandoah, renommée Ève à ce moment du récit, noircit de suie son corps d’indienne en traversant le feu qui la chauffe à blanc, centre névralgique du désir des hommes - eux-mêmes rouges, noirs et blancs qui l’entourent -, ne serait-elle pas la métaphore même de l’écriture ?
Ce roman est aussi structuré en trois temps reprenant le nom d’un personnage. Le premier, Stonewall Jackson, désigne le général blanc sudiste, l’image même du monde Blanc. Le deuxième se nomme Cheval Rouge, le nom indien du narrateur, ce par où il lui faut passer. Le dernier enfin porte le nom de Mademoiselle Mérence, la femme noire qui attend Pierre.
La forge serait le motif essentiel de l’oeuvre : le gris d’avant le travail, le désir et la vie ; le rouge, le noir et le blanc en trilogie du labeur et au bout du trajet tellurique, l’ouverture sur le bleu. Mais le bleu à lui seul serait une autre histoire... [...]

mais encore

Citation :

“Le régiment noir“, de l’écrivain belge Henry Bauchau, n’est pas un livre sur la stratégie militaire, ni sur la guerre de Sécession, ni sur les rapports entre Blancs, Noirs et Rouges dans l’Amérique du 19ème, ni sur l’esclavage, ni même sur Stonewall Jackson.
Le régiment noir” est un grand roman dont les personnages complexes forgent leur destin dans la douleur, la sueur et le sang. Chacun entre en communion à sa façon avec la nature et l’acier et subit la passion – quelle que soit la forme qu’elle prenne – comme des coups en pleine face, et apprend aussi des blessures de l’autre.

Je suis plus en phase avec le deuxième avis si je devais donner un autre avis par exemple
Par contre le premier avis c'est creuser bien loin dans la recherche intérieur d'une histoire et là, par contre je dois avouer que je suis loin d'avoir découvert tout ça dans ce livre
Comme je disais, nous avons tous nos perceptions et ressentis personnelles pour chaque histoire

J'aurai la chance un jour de partager avec toi cette lecture.