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| Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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Auteur | Message |
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HamsterKiller Main aguerrie
Messages : 544 Inscription le : 25/10/2013 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 23 Sep 2014 - 15:53 | |
| ça m'a donné envie de le lire en tout cas (j'aime bien la carte crayonnée) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Ven 24 Oct 2014 - 22:54 | |
| Découverte du monde (1939)
Avec Paris, notes d'un vaudois (1938) c'est le deuxième livre directement autobiographique de Ramuz que je lis. Deux textes tardifs pour lesquels il s'agit bien d'autobiographie puisqu'il s'agit bien de la vie de l'auteur, seulement c'est toujours la même histoire de Ramuz. Aussi on est encore une fois frappé par la cohésion resserrée de toute cette explication de lui-même par l'auteur.
On reconnait l'oeuvre presque à chaque page, la même oeuvre que l'on reconnait entre les différents textes de l'auteur. Pourtant une fois encore c'est une différence. D'abord il parle de lui-même, s'écrit lui-même, et non de ses personnages (qui peuvent rétrospectivement ressembler, mais de façon plus énigmatique qu'on est porté à le croire), étonnamment aussi (ou l'inverse, faut voir) l'auteur de la montagne s'énonce très simplement petit garçon de la ville, Lausanne. Étonnamment aussi si une figure incontournable comme le lac existe elle est presque absente du livre. Et Paris ? oui, aussi. Alors ?
Alors sans indiscrétion, avec un naturel pas si anecdotique qu'il en a l'air, il nous raconte le petit garçon, l'adolescent puis le jeune auteur. Deux naissances, la première naturelle, la seconde à soi, à lui. Des figures apparaissent dans des épisodes (la briqueterie, le vin par exemple) qui en viennent à former ce paysage composite qui recommence souvent dans nos lectures de l'auteur. On sait bien que s'écrit dans cette autobiographie une autre forme de manifeste.
Mais cela repose sur le "petit garçon" qui va à l'école ou l'adolescent qui va au collège et au lycée, et le jeune adulte qui décide d'écrire (et qui écrivait avant). Là autrement on sent la force de la figure ou personne incomplète dans ce monde. Sans en faire six caisses il raconte la vie intérieure et l'autre plus conventionnelle, attendue, les deux pas toujours en phase, parfois opposées. Un rapport qui se trame en partie autour de l'école dans un rapport critique et conscient mais aussi reconnaissant sur certains points.
Enfin il n'y a pas de miracle, l'homme accompli qui d'une manière à recollé ces deux parts de lui-même, n'est pas bien sûr du succès de l'entreprise. Pourtant quand il écrit ça on peut dire qu'il a réussi à exister comme écrivain. Et réussi à faire exister sa découverte et sa redécouverte du monde et de son petit monde. Et surtout sa façon, sa langue, sa littérature (aux racines classiques pesées et mesurées).
Dans cette extrême cohésion, cohérence, il y a quelque chose d'un peu effrayant, étouffant. Néanmoins c'est aussi sur ce point que ce joue, peut-être, le besoin d'écrire et d'écrire bien ou juste qui nous est raconté. Donc faussement simple, plus remuant qu'il n'y parait sous les allures tranquilles, pas forcément nostalgiques, humble mais déterminé (plus que faussement modeste sans doute)... toujours pas sans humour non plus.
Un certain piquant qui se réconcilie presque (presque). Une construction minutieuse (évidemment) et quelques passages en quelque sorte stupéfiants.
Autobiographie plus facile à lire si on est un peu habitué à Ramuz ? Moins facile d'accès que Paris notes d'un vaudois, moins facile d'y trouver certains intérêts serait plus juste. Malgré tout c'est une manière d'affirmation d'un parcours volontaire mais pas solitaire, pas coupé du monde. Et il faut compter les belles pages sur l'isolement temporaire recherché, et sur la géographie, une proximité à la nature, au lieu, à une forme de totalité par le parcellaire.
Encore une fois aussi on peut ne lire que quelques lignes aux lieux de quelques pages sans ressentir de frustration, c'est cette substance qui reste et qui marque.
(extrait plus tard sans doute). | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 8:30 | |
| - animal a écrit:
Un certain piquant qui se réconcilie presque (presque). Tu peux développer/expliquer ? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 8:46 | |
| ben on ne peut pas à la lecture ignorer qu'il n'est pas en phase, pas d'accord avec pas mal de choses (qui sont probablement plus développées ailleurs). tout ce qu'on peut ressentir en contraste quand on le lit, sa façon de placer son monde contemporain et familier dans ses livres qui est souvent assez destructeur. ou sa façon de s'agacer contre un certain immobilisme, une norme aveugle, des convenances. donc dans Découvert du monde non plus il ne s'enflamme pas mais la tension vécue par l'individu, l'auteur, est palpable et malgré ça, ça fait un récit très égal, serein et pas uniquement parce qu'il est rétrospectif. une manière de digestion de ce qui ne va pas. je ne vois pas trop comment le dire. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 8:57 | |
| - animal a écrit:
- je ne vois pas trop comment le dire.
Si, si, c'est très bien. Merci Ca fait envie, tout ça ! | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 11:04 | |
| A quand un challenge Lire tout Ramuz ... Qui aurait le courage de le relever? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 11:56 | |
| depuis peu ça doit être presque possible avec la fin de la publication chez Slatkine, mais rien que ça (qui inclut les variantes des différentes publications)... entre mettre la main dessus et lire, c'est du très long cours. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 12:36 | |
| Quel désastre ce serait pour toi, animal, de ne plus avoir de nouveau Ramuz à lire! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 12:39 | |
| non même pas, je ne dirai même pas que le "tout lire" entre en ligne de compte, c'est comme deux lignes ou deux pages. évidemment si on est fasciné ça change les éclairages de lire plus, ça fait réfléchir mais il y a déjà de quoi, et relire serait un autre labyrinthe. et puis ne lire que Ramuz ça pourrait manquer de sens, malgré l'apparente indépendance. de toute façon la lecture a l'air sans fin non ? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 25 Oct 2014 - 15:45 | |
| Quand on aime vraiment un auteur ou un livre ou peut toujours le relire. D' autant qu' au bout du compte, Quelques années plus tard, on oublie tout ou partie. Et relire -en tout cas pour moi- c' est comme découvrir un livre nouveau. Et puis,le texte ne change pas, mais nous évoluons. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 29 Oct 2014 - 22:08 | |
| petit extrait : - Citation :
- Nous pensons et nous avons conscience que nous pensons, mais plus profondément se continue sans cesse en nous ce monologue que nous ne percevons que par intermittences, qui a son propre mouvement, qui choisit lui-même et lui seul la direction qu'il va prendre, les objets dont il va s'occuper, - par sautes brusques et volte-face (autant qu'on peut s'en rendre compte), mais auquel il est si doux de se laisser aller. Comme sur le lac par beau temps, quand les poissons sautent hors de l'eau, faisant à la surface mille petits points brillants, sans cesse il émerge de ces profondeurs quelque chose (car le mot ne peut être que vague et on ne sait pas ce qu'il représente), dont la pensée s'empare, auquel elle donne une forme, dont elle se compose une espèce de discours qui la flatte et l'endort, par l'espèce de réconciliation trompeuse qu'elle introduit entre le monde et vous. On cède à la paresse. On ne pense même plus à s'exprimer. S'exprimer c'est encore agir. S'exprimer c'est s'obliger à retenir, à définir, à délimiter, à isoler, mais pour les réunir ensuite de façon cohérente, chacun des termes ou des éléments de ce même discours; d'où de la fatigue, un effort, la nécessité de rompre volontairement ce que son apport a de berçant et de continu; la nécessité d'introduire la logique dans la fantaisie, car même la fantaisie, quand elle s'exprime, ne peut se passer de la logique, quitte à paraître s'en moquer.
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 24 Nov 2014 - 18:20 | |
| je reviens avec Les vendanges suivi du Chant de notre Rhône Cully Les vendanges : très poétique, mais pas seulement car il y a la force, celle du travail (la cueillette, le pressage), la grandeur celle qui domine l’enfant d’une dizaine d’années par le regard qu’il porte sur l’espace (les marais, les joncs, le lac – mer intérieure -, le ciel, les montagnes) les hommes, les femmes tous bien plus hauts que lui, et par-dessus ce tout « le vin » le faux sang par référence au vrai sang celui du Christ « ce corps cloué »Et l’enfant qui retrouve dans le paysage des images bibliques : l’échelle de Jacob, et les 7 dents du Midi comme 7 femmes agenouillées , les mains jointes. Les vendanges « C’était un mélange de beaucoup de choses, ces vendanges (ou bien si le mélange est seulement dans le cœur de l’homme, qui ne sait pas très bien lui-même ce qu’il est, et cherche autour de lui ainsi des occasions à ses tristesses et des prétextes à ses contentements).Le travail occupe tout le temps au pressoir comme à la cueillette, sans oublier les cuisinières qui nourrissent tout ce monde, ce monde fourbu qui a grand besoin de pitance, de vin et de soleil. « Un grand soleil était venu sur nous , il nous pardonnait (c’ est bien le seul mot qui puisse servir) »Peut-être pris dans le sens de sacrement ? comme si le soleil sacré nous réconfortait du dur labeur, une grâce de Dieu ? Et les gamins qui se savent bientôt des hommes suivent avec envie le travail des presseurs : « Quand on était ainsi deux ou trois petits garçons de dix ans : le bruit des travaux réservés aux hommes, les travaux sérieux, les grands travaux mystérieux du pressoir et de la cave, - après les humbles besognes de femmes où on nous avait réduits jusqu’alors. On comprenait pourquoi on était venus, et quel grand besoin nous avait poussés jusqu’ici, nous autres garçons de dix et douze ans, et c’était d’affirmer notre sexe et notre âge. Là-bas ce n’était encore que la cueillette, et ce n’était encore que le raisin, c’était le fruit sucré bon pour les enfants et les femmes : ici déjà commençaient les régions de la fermentation, c’est-à-dire de la boisson qui convient aux hommes faits, c’est-à-dire qui nous convenait, à nous. »Les hommes du pressoir se servaient à boire « Les deux vins venaient en ce lieu se rejoindre par le bout, et se continuaient l’un par l’autre, agissant ensemble ; d’où des gestes plus violents, des coups de voix moins mesurés. »Je pense qu’il s’agit du vin déjà « fait » celui qui est boisson et du vin en fabrication par les odeurs enivrantes qui se dégagent ; et en référence à Noé enivré dont l’enfant connait l’histoire. A cette époque chaque saison avait son travail et ses vacances scolaires pour y participer : à rapprocher de ce qu’écrit l’auteur dans le chant de notre Rhône, car les vendanges ne sont en fait que le prélude à la fresque qui image la foi qui réunit des hommes, sa foi. « Et toute saison leur dit « Travaille » Et, comme les saisons reviennent régulièrement, ainsi ils travaillent régulièrement, n’ayant qu’à obéir. »Je retrouve là aussi la pensée de S. Weil : le salut de l’âme par le travail. Au fil du Rhône : du Nord lieu de naissance avec le lac Léman comme berceau, au Sud jusqu’à la Méditerranée, tombeau du fleuve, mais le vent renvoyant les brumes de la mer au Nord, la boucle se reforme éternellement , l’auteur dresse les caractères uniques et spécifiques des gens d’en-haut et d’en-bas qui font qu’ils se retrouvent dans leur parler (langue d’Oc muette ou pas d’Oïl), leur gestes, notamment les vignerons, leurs villes, leurs maisons (les toitures), leurs paysages (les marais, la crau) leurs jeux (les boules) leurs habits, leurs pleurs et leurs rires et surtout leur foi. Alors les hommes ont élevé des pierres et posé comme couronnement le « corps cloué ». « Ce qui ne sert à rien quand il s’agit de nourrir le corps, ou de le tenir au chaud ; à rien quand il s’agit de devenir plus riche, à rien quant aux commodités, quant aux aises, quant au bien-être ; nulles ressources matérielles, mais toutes les autres ressources, lorsque le jour vient qu’elles font besoin. »Ils ont hiérarchisé les besoins : d’abord les Biens de l’âme et du cœur (l’Amour) et après les biens matériels. L’ affirmation de l’auteur :[color=#0000FF] Rien ne naît que d’amour, et rien ne se fait que d’amour ; seulement il faut tâcher de connaître les différents étages de l’amour. Etagées comme le sont les vignes en terrasse : les amours terrestres (par ex. la Nature, les animaux), puis l’amour humain, puis l’amour pour Dieu. (?) L’écriture toujours très poétique, impressionniste, à la fois douce et puissante par le choix des mots et des images. Belle composition de ces deux textes qui ne peuvent se dissocier et dont l'ensemble monte aussi par étages vers les montagnes et le ciel et court du Nord au Sud pour revenir au Nord, parce que le dit l'auteur la boucle est bouclée quand le vieillard retrouve l'enfant qu'il a été. Une proclamation de foi que porte le fleuve, notre Rhône. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Sam 29 Nov 2014 - 18:19 | |
| tu as des références que je n'ai pas !
je le trouve plus brut (mais technique) qu'impressionniste dans le rendu ?
je ne sais pas si j'ai lu Vendanges a proprement parler, mais l'épisode (ramuzien) oui.
c'est compliqué le sens du sacré ou du soleil ou même du réconfort, dans l'ensemble il y a pas mal de ses jeux de valeurs qui peuvent devenir déroutants.
(je n'ai pas les idées très fraîches tout de suite).
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| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 1 Déc 2014 - 18:22 | |
| impressionniste par les descriptions, notamment des vendanges, des aplats au couteau et des tableaux à apprécier en recul Tu parles de S. Weil comme référence je pense (elle hante toutes mes lectures ) merci de m'avoir lu Animal. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 1 Déc 2014 - 18:36 | |
| non non je n'étais même pas si spécifique. (mais dans l'ensemble on peut choisir l'étiquette d'"humaniste chrétien" sans tomber trop loin de la plaque). | |
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| | | | Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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