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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Sam 14 Déc 2013 - 17:28
Bande annonce (la musique n'est pas dans le film):
Invité Invité
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Sam 14 Déc 2013 - 18:01
Marko a écrit:
Queenie a écrit:
Ça donne envie (donnez moi 3 vie de plus sivouplé) !
Le loupe pas celui-là...
Même avis, pour moi c'est un des meilleurs films qui sortent en France ce mois-ci. Jia Zhang Ke règle ses comptes avec les changements trop rapides de la Chine et la disparité sociale et économique qu'elle engendre, la caméra au poing. On en sort un peu groggy mais quelle puissance dans cette dénonciation. Ca fait mal et on en prend plein les yeux.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: A Sam 14 Déc 2013 - 18:10
J'ai oublié de dire que, comme son titre l'indique, A Touch of sin est un hommage aux films de King-Hu (A touch of zen). Jia Zhang-Ke voulait faire son propre film de Wu Xia Pian mais n'a pas pu le concrétiser. Il a donc choisi de raconter une histoire contemporaine à la façon d'un Wu Xia Pian. Il en résulte ces scènes de violence qui servent de catharsis à des situations d'humiliation, de frustration ou d'injustice. ça donne un côté jouissif et libératoire malgré la mélancolie qui domine l'ensemble. Je pourrais énumérer plein de scènes qui m'ont touché tellement le film est riche visuellement (les feux d'artifice, la jeune fille aux serpents, la déclaration d'amour, le meurtre devant l'usine, l'arrivée en bateau, les visages du plan final...). J'y retourne.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Dim 15 Déc 2013 - 23:53
J'admire le cinéma de Jia Zhang-Ke depuis Xiao Wu, artisan pickpocket et A Touch of Sin résonne en effet comme un aboutissement, une somme et un virage par l'ampleur de la colère dévoilée. L'héritage lointain de King Hu marque dans l'expression d'une chorégraphie souvent foudroyante : les protagonistes, isolés et exclus avec leur révolte, semblent errer dans une réalité qui se désagrège sous la violence d'une déshumanisation. De nombreux plans bouleversent (Marko en a déjà cité plusieurs) et Jia transcende un discours social grâce à l'intensité et l'ambition de la mise en scène. Le découpage en quatre segments offre une grande force à l'ensemble tant les destins se rejoignent pour constater de la permanence d'une souffrance.
Par ailleurs, j'ai lu dans de récents interviews de Jia Zhang-Ke qu'il comptait bien concrétiser son projet de wu xia pian dans un proche avenir.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Lun 16 Déc 2013 - 15:08
Avadoro a écrit:
Le découpage en quatre segments offre une grande force à l'ensemble tant les destins se rejoignent pour constater de la permanence d'une souffrance.
Oui terrible! Le plus poignant étant celui avec le jeune homme qui revendique sa liberté mais se brûle les ailes. Le film hante après la projection. Leur tristesse et leur révolte prennent racine en nous.
Heureusement dans la réalité ils vont bien
A noter également la présence de toute une faune presque fantastique avec ces différents animaux associés à chacun des personnages comme dans l'astrologie chinoise. Et la place dévouée à l'art et aux traditions dans ces destinées qui donnent droit à une dernière séquence presque apaisée et un plan final magnifique sur des visages anonymes. L'art semblant refléter leurs propres interrogations et souffrances.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Sam 21 Déc 2013 - 17:33
A touch of sin
J'ai beaucoup aimé certaines images, d'autres un peu moins (numérique...), bien apprécié les musiques. Probablement plutôt apprécié le fond du film. Par contre je me suis relativement ennuyé et assez souvent, le déroulement semi cryptique des histoires et une partie de l'imagerie de violence relativement pop avec son lot de fausses surprises me laissant très à la marge.
Je ne saurais pas trop quoi dire d'autre si ce n'est que d'histoire en histoire on découvre un mélange conséquent (et réussi) de facettes du pays et qu'on ne perd pas complètement de vue une simplicité qui contraste beaucoup avec une part de l'emballage.
J'ai été surpris (moins quand on voit une partie du résultat ?) de voir que c'était une coproduction avec le Japon.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Dim 5 Jan 2014 - 10:32
A touch of sin.
Il aime filmer les paysages en ruine !
A part ça, je suis restée légèrement à côté du film. Je n'ai pas été transportée, et même quelque peu installée dans un ennui face à la prévisibilité des choses, et l'espèce de rythme tranquille du film. J'étais comme à distance. Je ne sais pas bien me l'expliquer. Ça peut venir d'un état personnel au moment du visionnage, ou du film en lui-même. Mais le résultat est là : je suis restée en dehors. Spectatrice limite indifférente à voir les bouts de vie de ces quatre personnages.
J'ai senti la volonté de raconter des faits, de les mettre en image, et d'amener la "morale", la leçon de vie, et ça m'a gêné. Ce zappage complet d'une profondeur. D'autant plus que les scènes qui auraient amenées un peu plus de nuances ou d'individualité aux gens, me semblaient fausses, fabriquées, et encore plus chiantes.
Exemple de scènes qui m'ont semblé superflues, au final (parce que mal amenées, et comme des contrepoids artificiels) : le tueur/cambrioleur : scène avec son gamin lors des feux d'artifice. Scène avec ses frères.
La réceptionniste de sauna/hôtel : scène avec sa mère à préparer la bouffe pour les ouvriers.
Le "syndicaliste" : scène avec sa sœur (?) dans la chambre.
Des sortes d'exemple de leur humanité ? Inutiles à mon goût, j'avais pas besoin de ça pour ne pas les considérer comme monstre, et je trouve que ça cassait le rythme, et rendait le film trop long.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Lun 13 Jan 2014 - 21:26
J'ai fini par aller voir A touch of sin. Je suis un peu partagée, comme Animal et Queenie. C'est virtuose, brillant, et pour ma part je ne me suis pas ennuyée. Mais je n'ai pas eu la sensation d'être surprise et emportée. Il y a quand même quelque chose d'un peu attendu dans tout cela. La corruption, l'arrogance des riches, l'exploitation des pauvres, la prostitution....Et bien quelque part cela correspond à ce l'on imagine quand on évoque la Chine. Et les personnages sont vus de l'extérieur, je n'ai pas eu la sensation de vraiment pénétrer leur intimité, du coup je les ai ressentis comme des éléments d'une démonstration plus que des êtres de chair et de sang auxquels on pourrait s'identifier. Mais c'est incontestablement fort, même s'il manque pour moi une part d'émotion et de spontanéité.
tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Lun 24 Fév 2014 - 23:24
J'ai été très impressionné par ce film. Dès les premieres minutes on a un aperç de la violence, corruption etc... le film explicite certaines pratiques (et pas seulement chinoises, voudrais-je dire) et donne un grand coup de pied à ceux qui exaltent devant les avancées de la Chine (et autres).
Bon. Il y a là un coté dénonciation" d'un sytème qui mène vers la violence, voir même une justification de la violence. Et là il y a pour moi un petit, grand problème. Où est la liberté?
Marko a écrit:
A noter également la présence de toute une faune presque fantastique avec ces différents animaux associés à chacun des personnages comme dans l'astrologie chinoise.
Oui, les animaux sont frappants... Dans ce contexte, un moment donné il est question de la liberté de l'homme et de l'animal (on évoquait le sujet du suicide). Et certains disaient que la liberté et signe de l'homme. Pourtant c'est lui qui semble enchainé à une culpabilité, à une exercise de violence que l'animal, lui, ne fait que subir de la part de l'homme. Il me semblait que les animaux, dans le contexte du film (qui connaît la vraie traduction du titre original?) réprésente l'innocence. Le bétail dans la rue, vers la fin... etc. Le cheval fouetté pourrait venir de Dostoïevski...
Marko a écrit:
Et la place dévouée à l'art et aux traditions dans ces destinées qui donnent droit à une dernière séquence presque apaisée et un plan final magnifique sur des visages anonymes. L'art semblant refléter leurs propres interrogations et souffrances.
De cette dernière séquence je garde le souvenir de la dernière phrase du chanteur...: avoue ta faute. Ceci pour une sorte de libération. Les spectateurs réagissent d'un coup... en étant ou devenant, ou rayonnant une forme d'innocence. (Bizarre que là j'ai du aussi penser à Karoo... - je le vois partout en ces jours!)
Le titre anglais, cette dernière sequence, quelques symboles dont vous n'avez pas encore parlé (un portrait de la vierge à l'enfant qui traversent sur un camion la ville: la statue du Bouddha...) renvoie encore à une toute autre lecture du film que purement économique ou sociale. J'ai vraiment aimé ce film.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Lun 24 Fév 2014 - 23:43
D'une richesse incroyable en tout cas et d'un réalisateur majeur. Tu me donnes envie de le revoir pour y découvrir encore mille choses.
ArenSor Main aguerrie
Messages : 516 Inscription le : 16/11/2014
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Dim 3 Jan 2016 - 19:24
Arabella a écrit:
J'ai vu Au-delà des montagnes ce soir, peut être je vais en dire un mot.
Et alors ? C'est un film que j'ai bien aimé malgré quelques réserves. Ainsi, j'ai trouvé la 1ère partie un peu convenue avec cette rivalité amoureuse entre le bon ouvrier et le méchant entrepreneur ; de même la dernière partie centrée sur la relation entre le jeune homme et sa professeur(e) maman. En revanche, plus que le thème de l'opposition entre une Chine traditionnelle et une Chine occidentalisée, ce qui n'est pas non plus une grande nouveauté, j'ai beaucoup aimé cet accent mis sur une génération qui est partie à l'étranger, déboussolée et perdue, parlant l'anglais et apprenant le chinois ! Il y a de très belles images avec le fleuve charriant ses glaçons comme leitmotiv et une subtilité dans les cadrages. Bref, à voir, même si je ne partage pas complètement les critiques dithyrambiques de certains journaux.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Jia Zhang-Ke Dim 3 Jan 2016 - 19:46
Et bien, il y en a qui suivent.
Zhang-ke Jia a incontestablement du talent, ce qui fait que l'on suit ce film jusqu'au bout, et qu'on passe plutôt un bon moment. Mais mes réserves vont être plus nombreuses que celles d'AreSor. Il y a quand même beaucoup de facilités et de clichés, et un désir de tirer tout cela vers l'émotion un peu facile. Au final, l'argent ne fait pas le bonheur, l'amour est plus important que les dollars. Je caricature un peu sans doute, mais pas tant que ça. Certes, on voit l'évolution de la société chinoise en arrière fond, et il y a des choses qui font mouche. Mais pas non plus quelque chose d'inédit, ni qui ait pu être dit d'une façon plus forte ailleurs. Un film synthèse, dont le but est visiblement de toucher un vaste public, avec toutes les concessions nécessaires pour atteindre son objectif. C'est un peu dommage, Jia a le potentiel de faire mieux, il l'a déjà montré.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Jia Zhang-ke Lun 4 Jan 2016 - 20:55
Ton avis ne me surprend pas et je comprends tes réticences, Arabella (tout comme celles d'ArenSor), mais j'ai personnellement été très touché par ce nouveau film de Jia Zhang-Ke. Il adopte les conventions et l'ampleur du mélodrame avec beaucoup d'artifices scénaristiques, tout en prenant aussi des risques. Le changement de format d'image, les coupures temporelles et le choix de quitter des protagonistes en cours de route construisent autant de ruptures nécessaires pour former une vision d'ensemble, un portrait d'une Chine en mouvement et face à l'illusion de la globalisation, toujours insaisissable (de ce point de vue, sa filmographie conserve une très belle cohérence). Le film est en effet relativement accessible tout en choisissant une issue en demie-teinte, reflet d'un épisode australien qui laisse une sensation de décalage, entre la douleur de l'éloignement et du regret.
Au-delà des montagnes m'a beaucoup ému quand Jia Zhang-Ke aborde les conséquences d'un déracinement et la fragilité d'une filiation. Le visage de Zhao Tao devient le fil conducteur d'une perte brutalement ressentie à travers une poignée de scènes, libérant une tristesse qui ne peut se traduire en mots. Le souvenir musical est alors l'unique vestige d'un attachement, la répétition de Go West des Pet Shop Boys et d'une ballade cantonaise de Sally Yeh traduisant la permanence d'un lien affectif aux contours incertains.
Pivoine Plume timide
Messages : 9 Inscription le : 21/04/2015 Localisation : Jouy en josas
Sujet: Jia Zhang-ke Jeu 10 Mar 2016 - 1:15
ArenSor a écrit:
Arabella a écrit:
J'ai vu Au-delà des montagnes ce soir, peut être je vais en dire un mot.
Et alors ? C'est un film que j'ai bien aimé malgré quelques réserves. Ainsi, j'ai trouvé la 1ère partie un peu convenue avec cette rivalité amoureuse entre le bon ouvrier et le méchant entrepreneur ; de même la dernière partie centrée sur la relation entre le jeune homme et sa professeur(e) maman. En revanche, plus que le thème de l'opposition entre une Chine traditionnelle et une Chine occidentalisée, ce qui n'est pas non plus une grande nouveauté, j'ai beaucoup aimé cet accent mis sur une génération qui est partie à l'étranger, déboussolée et perdue, parlant l'anglais et apprenant le chinois ! Il y a de très belles images avec le fleuve charriant ses glaçons comme leitmotiv et une subtilité dans les cadrages. Bref, à voir, même si je ne partage pas complètement les critiques dithyrambiques de certains journaux.
Au-delà des montagnes est sans doute le film le plus impressionnant que j’ai vu depuis longtemps Je l’ai vu deux fois mais j’irai sans doute le voir une troisième il y a tellement de symboles dans ce film avec des thèmes universels Le temps qui passe, ce qui reste en dépit de tout (La musique se charge de faire sauter le verrou de la mémoire..) Les générations qui ne se comprennent plus, la technologie qui finalement sépare (la fête du nouvel an rassemble moins), les conséquences des choix d’une jeunesse etc Au moins ce film a pu être diffusé dans toute la chine alors même que Jia Zhang-ke est reparti les mains vides de Cannes