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| Jack London | |
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Auteur | Message |
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Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Jack London Lun 26 Mar 2012 - 18:47 | |
| Jusqu'à aujourd'hui, je ne m'étais jamais penché sur Jack London. Un nom qui flotte dans l'air. Qui revient. Qui repart. Et là, le commentaire de Colimasson sur Martin Eden (je ne connaissais même pas l'histoire) me donne sérieusement envie de m'y pencher. Puis je remonte le fil et je lis le message de Laurence V sur ce même livre... Et Avadoro qui en rajoute. Bon, résultat : Faut que je lise Martin Eden. | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Jack London Lun 26 Mar 2012 - 20:22 | |
| Coli j'adore ton commentaire ! Complet, intéressant, éclairant... Je suis heureuse que ce livre t'ait plus...
Vas-y Queenie, lis Martin Eden ! Je pense que c'est un bon choix. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jack London Lun 26 Mar 2012 - 21:43 | |
| J'avais des a priori sur Jack London... Peur que cet univers ne me corresponde pas, qu'il parle de choses trop éloignées de mes préoccupations, de mes intérêts... Pas du tout ! En tout cas pas pour ce roman-là. Aaaaah, encore merci Laurence ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jack London Mer 28 Mar 2012 - 15:41 | |
| Des extraits pour mettre en appétit, ça vous dit ? Dans le vif du sujet avec la relation étrange qui lie Ruth à Martin. Amour, admiration, crainte, goût pour l'interdit ? Il y a un peu de tout ça... - Citation :
- Il la regardait fiévreusement, sans se rendre compte de la fixité de son regard et du fait que toute la masculinité de sa nature luisait dans ses yeux. Mais elle, qui savait peu de choses des hommes, sentait la brûlure de ce regard. […] Gênée, elle s’interrompit au milieu d’une phrase, le fil de ses idées était coupé net. Il l’effrayait et, en même temps, elle trouvait agréable d’être regardée ainsi. Son éducation l’avertissait d’un danger et d’une tentation mauvaise, subtile, mystérieuse. D’autre part, parcourant tout son être, son instinct l’induisait à rejeter l’esprit de caste et à séduire cet habitant d’un autre monde, ce rude jeune homme aux mains abîmées, au cou marqué à vif par le frottement inaccoutumé d’un faux col et qui, trop évidemment, était souillé, dégradé par une pénible existence. Elle était pure et son sens de la propreté morale se révoltait –mais elle était femme et elle commençait à apprendre les paradoxes de la femme.
- Citation :
Elle n’imaginait pas un instant qu’un sentiment pareil pût être le commencement de l’amour, ni même qu’il pût s’agir d’amour. Elle croyait ne s’intéresser à lui que comme à un rare spécimen possédant certains pouvoirs occultes et se complaisait même à ce qu’elle croyait être de la philanthropie. Elle ignorait qu’elle le désirait. Lui, au contraire, savait qu’il l’aimait et il la désirait comme jamais il n’avait désiré personne au monde. Qu'est-ce qui prime avant tout ? Le savoir académique ? Ou l'expérience acquise au cours d'une vie faite d'activités variées et inattendues ? - Citation :
- A mesure qu’il regardait les étudiants, il se rendait compte du beau mécanisme de son corps et de sa supériorité physique. Oui, mais leur cerveau bourré de science leur permettait de parler la même langue qu’Elle et cette idée le déprima. Mais à quoi sert le cerveau ?... Ce qu’ils avaient fait, il pouvait le faire. Ils avaient appris la vie dans les livres, et lui l’avait vécue. Son cerveau contenait tout autant de choses que le leur, des choses différentes, voilà tout.
Cette ambivalence se retrouve dans le rapport de Martin avec l'élément phare de la culture : le livre. Objet d'émancipation intellectuelle, mais cause d'un désespoir inéluctable. Le livre n'est pas toujours propice à l'épanouissement... - Citation :
- Tout se coalisait pour l’empêcher de s’élever, sa sœur, la maison de sa sœur et sa famille, Jim, l’apprenti, toutes ses connaissances, ses moindres attaches. Et il trouva un goût amer à l’existence. Jusqu’alors il l’avait acceptée telle qu’elle était et trouvée bonne. Il ne l’avait jamais interrogée, excepté dans les livres : mais ces livres étaient pour lui des contes de fées parlant d’un monde impossible et magnifique. A présent qu’il avait vu ce monde possible et réel, dont cette femme-fleur, Ruth, était le centre, tout le reste n’était qu’amertume, désirs douloureux et désespoirs exaspérés par l’espoir même.
Les premiers effets de la décrépitude physique sur un moral déchaîné par des mois d'études : - Citation :
- Il était trop abruti pour penser, bien qu’il fût mécontent de lui-même. Il se dégoûtait, comme s’il avait subi une dégradation morale, une diminution de sa valeur intrinsèque. Tout ce qui le rendait semblable aux dieux était annihilé ; aucune ambition ne l’éperonnait plus. Son âme semblait morte. Il n’était plus qu’une bête –une bête de somme. La beauté du soleil, perçant de flèches d’or le feuillage, ne le frappait plus ; l’azur du ciel ne lui murmurait plus rien ; les secrets de la nature et l’immensité du mystérieux univers ne l’attiraient plus. La vie était intolérablement monotone, stupide, amère au goût. Un écran sombre recouvrait le miroir de sa vision intérieure et sa fantaisie dormait dans une chambre de malade où ne pénétrait aucun rayon de soleil.
Peut-être Martin aurait-il pu se sauver de cette façon : - Citation :
- Retournez sur vos bateaux et à votre mer, Martin Eden, c’est ce que je vous conseille. Pourquoi rester dans ces cités malsaines et pourries ? Vous vous tuez à essayer de prostituer la beauté, et c’est tout. […] vous, le dernier des éphémères, avez-vous besoin de gloire ? Vous êtes trop simple, trop élémentaire, trop rationnel, pour réussir là-dedans. […] Il ne faut pas être esclave de la beauté. Servez-là et envoyez au diable la foule imbécile. […] La beauté vous hante. Elle est en vous comme une douleur qui ronge, comme une plaie qui ne veut pas guérir, comme une lame de flamme. Et vous voulez la monnayer ? […] Laissez de côté la gloire et la fortune, signez un engagement sur un bateau demain et retournez à votre mer.
Théorie littéraire de la nouvelle qui plaît aux journaux : - Citation :
- Une nouvelle pour les journaux ne doit jamais avoir une fin malheureuse, ne doit jamais contenir aucune beauté de style, aucune pensée subtile, aucune véritable délicatesse de sentiment. Cependant, elle doit être remplie de beaux et nobles sentiments –de ceux qu’il applaudissait, tout jeune, du haut du poulailler-, de l’acabit du « Pour Dieu, pour la Patrie, pour le Tsar » et de « Je suis pauvre, mais honnête ».
Ainsi prévenu, Martin consulta La Duchesse comme diapason et se mit au travail selon la formule. Cette formule consistait en trois parties : 1- Deux amoureux sont arrachés l’un à l’autre ; 2- Un évènement quelconque les réunit ; 3- Mariage. Les deux premières parties pouvaient se varier à l’infini, mais la troisième était immuable. Ainsi, le couple amoureux pouvait être séparé : 1° par erreur ; 2° par la fatalité ; 3° par des rivaux jaloux ; 4° par de cruels parents ; 5° par des tuteurs rusés ; 6° par des voisins cupides, etc. Ils pouvaient être réunis : 1° par une bonne action de l’amoureux ou de l’amoureuse ; 2° par un changement de sentiment de l’un ou de l’autre ; 3° par la confession volontaire ou forcée du tueur rusé, du voisin cupide ou du rival jaloux ; 4° par la découverte d’un secret ; 5° par la prise d’assaut du cœur de la jeune fille ; 6° par une abnégation sublime du jeune homme, et ainsi de suite à l’infini. Je suis malade, très malade, dit-il avec un geste désespéré. Je m’en aperçois seulement maintenant. Quelque chose en moi s’est éteint. Je n’ai jamais eu peur de la vie, mais je n’aurais jamais cru pouvoir être blasé de la vie. La vie m’a tellement saturé d’émotions que je suis vidé de tout désir. Si je pouvais encore désirer, c’est vous que je désirerais. Vous voyez à quel point je suis malade ! | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Jack London Mer 28 Mar 2012 - 15:52 | |
| Vous me donnez envie aussi. Martin Eden est dans ma médiathèque, je vais passer le chercher. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Jack London Mer 28 Mar 2012 - 21:39 | |
| apparemment mon souvenir des petites nouvelles de Grève générale avait noirci... ça rafraichit les idées de lire vos avis ! | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| | | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jack London Mer 4 Avr 2012 - 21:42 | |
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| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Jack London Mer 4 Avr 2012 - 21:44 | |
| Je n'en suis qu'au début quand il est A M O U R E U X... Je fonds... + cette découverte des livres, un ravissement pour l'esprit, on s'y reconnait tous. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Jack London Mer 4 Avr 2012 - 22:02 | |
| J' ai lu pas mal de livres de London, souvenirs plus ou moins réels de ses mille et un métiers et mières, prospecteur, journaliste, détective, marin, alcolo, etc. Et en consultant sa bibliographie, j' ai découvert un livre autobiographique et qui, parait il, a scandalisé l' Amérique bien pensante. Il s' agit de : La Petite dame dans la grande maison. A ne pas confondre avec Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour de Pérec ! London raconte la vie d' un ménage à trois (la sienne) et il semble que ce soit aussi un plaidoyer pour le choix des femmes. Linda Le a écrit que le portrait de la petite dame en question était le plus beau portrait de femme de Jack London. Je ne sais plus où j' ai trouvé ça, mais je vais essayer de le retrouver... | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Jack London Jeu 5 Avr 2012 - 10:49 | |
| - Citation :
- Il s' agit de : La Petite dame dans la grande maison. A ne pas confondre avec Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour de Pérec !
Tu fais bien de nous le préciser. Vu que l'adjectif "petit" est utilisé dans les deux titres, j'aurai vite fait de les confondre. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Jack London Jeu 12 Avr 2012 - 12:01 | |
| MARTIN EDENFABULEUX ! On atteint les cimes d'un idéal que nous partageons tous sur ce forum, l'amour du savoir, de la connaissance, de la réflexion... Avec un héros qui intègre en même temps les problématiques plus "temporelles" : désir d'ascension sociale, politique, économie, fonctionnement du monde de l'édition (et il en prend pour son grade, à raison !) et évidemment amour. Tout cela doublé d'une réflexion sur la nature humaine : un ensemble d'expériences, d'aspirations, de liberté et de désillusions. On finit sur une image bouleversante et grandiose, qui pourrait devenir la métaphore d'un retour à la matrice primordiale, aquatique, impersonnelle mais également toute "blanche" (confère les 2 dernières pages de cette mer "laiteuse", de ces images "blanches cérébrales"...). C'est fascinant, tristement prémonitoire, et pourtant si puissant que le lecteur en perd le souffle. Pas autobiographique, a t-il dit. Autopsie d'une âme rayonnante qui ressemble étrangement à la sienne, pourtant... Une sorte de mystique laïque, ce Jack. UN TRES GRAND LIVRE. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jack London Jeu 12 Avr 2012 - 21:50 | |
| Nous sommes donc d'accord !
Tu parles très bien de ces thèmes qui font toute la densité de Martin Eden. Je n'ai qu'à y repenser pour en être de nouveau éblouie.
Tu vas lire autre chose de cet auteur maintenant ? | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Jack London Ven 13 Avr 2012 - 6:16 | |
| j'ai lu aussi Martin Eden avec grand plaisir, il y a une dizaine d'années. Je suis en train de lire 2 petits livres de nouvelles assez dures d'ailleurs (Morts concentriques - Bibliothèque de Babel - et Quand Dieu ricane)
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| Sujet: Re: Jack London | |
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| | | | Jack London | |
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