Et donc Effigie
traduit de l'anglais ( Canada) par Florence Lévy-Paolini
Editions Joëlle Losfeld
Sentinelle a déjà fort bien parlé de ce roman qui m’a laissé une grande impression. Comme le premier. Juste quelques mots. dans la croyance mormone, les êtres humains ont choisi de venir sur terre pour faire l'expérience de la vie dans un corps de chair et d'os.C’est déjà suffisamment complexe dans cette famille mormone américaine du XIXème, cadre très riche en tensions , secrets et refoulements de toutes sortes. Mais c’est encore trop simple pour Alissa York , dont les personnages entretiennent tous des relations passionnelles et même fusionnelles avec des animaux de toute sorte. Et la forme la plus élaborée est représentée par la taxidermie , qui est la tâche attribuée à la quatrième épouse, Dorrie , qui veut redonner à ces animaux une apparence de vie.
Notamment à une famille de loups, ou du moins la mère et les louveteaux, alors qu’au dehors, le mâle recherche ceux qu'il a perdus. Mais qui est donc cette Dorrie, mariée à 14 ans au maître des lieux.D’où vient-elle? Et quelle importance si elle n’est pas très belle à voir? Si ses trois sœurs-épouses peuvent servir de référence, la beauté ne fait pas obstacle à la tristesse..
C’est un roman construit en forme de puzzle, dans lequel le narrateur est comme l‘oiseau de proie qu’il fait parler de temps en temps et qui se penche sur chaque personnage pour nous en raconter l’histoire. L’ oiseau qui a survolé le champ de bataille de Mountain Meadows, lieu où plus d'une centaine d'émigrants furent massacrés par des colons mormons et des Indiens Paiute, en 1857.
Comme dans son premier roman, Alissa York est au plus près des corps, des humeurs, des odeurs humaines et animales. Et des passions, c’est pareil.. Il faut la lire décrire la jouissance éprouvée par une des épouses , Ruth, quand elle extrait ses vers à soie de leurs cocons, un vrai régal!
Vraiment un grand roman, merci Senti!