Coup de coeur et bar de la poésie

A l' époque où nous vivons, si je n' arrivais pas à dissocier la vie d' un
écrivain de son oeuvre, je crois que je ne lirais plus grand monde.

Quant à certains écrivains et poètes, ils ont affiché leur vie de façon tellement publique et indiscrète qu 'on ne peut l' ignorer...
Et c' est vrai que j' ai du mal à les lire ou meme que je ne les lis plus.

bix229 a écrit:

A l' époque où nous vivons, si je n' arrivais pas à dissocier la vie d' un
écrivain de son oeuvre, je crois que je ne lirais plus grand monde.

Quant à certains écrivains et poètes, ils ont affiché leur vie de façon tellement publique et indicrète qu 'on ne peut l' ignorer...
Et c' est vrai que j' ai du mal à les lire ou meme que je ne les lis plus.

À notre époque oui. Surtout si c'est du jeu de marketing et une façon de piéger les gens, avec une face "people"exhibitionniste, dans un but purement intéressé; celui de faire du fric.
Il faut faire la part des choses. Comme toi, je n'ai pas grand enthousiasme à lire ces gens-là. Mais ce ne sont pas eux qui m'intéressent.

Je suis restée au 20ème avec Beauvoir, Sartre, Eluard, Aragon ,Breton, Camus, Duras etc...
Quand j'aime un écrivain, qu'il me touche, je ne peux pas m'empêcher de chercher à savoir qui il est.
Il est un être humain en dehors de ses livres. Et je sais que si l'être humain ne me plaît pas, il y a peu de chance pour que le livre me plaise.
Je ne sais pas où est la frontière entre l'écrivain, et ce qu'il écrit. Il me semble que chaque livre porte la trace de l'homme qui l'a écrit. Ce sont ces mots, ces ressentis, ces impressions, forcément liés à son vécut!

Par hasard sur internet:


LE VERBE ETRE

Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C'est le désespoir et ce n'est pas le retour d'une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n'est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C'est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent et leur sang n'a pas la moindre épaisseur. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par un bijou de cheveux. C'est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l'existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste, nous n'en parlons pas. Nous n'avons pas fini de deséspérer, si nous commençons. Moi je désespère de l'abat-jour vers quatre heures, je désespère de l'éventail vers minuit, je désespère de la cigarette des condamnés. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d'haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est mort. Je vis de ce désespoir qui m'enchante. J'aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l'heure où les étoiles chantonnent. Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c'est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit. L'air de la chambre est beau comme des baguettes de tambour. Il fait un temps de temps. Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. C'est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d'un désespoir pareil! Au feu! Ah! ils vont encore venir... Et les annonces de journal, et les réclames lumineuses le long du canal. Tas de sable, espèce de tas de sable! Dans ses grandes lignes le désespoir n'a pas d'importance. C'est une corvée d'arbres qui va encore faire une forêt, c'est une corvée d'étoiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie.

André Breton

Dans la prose on m' enferme -
Comme au temps où, petite fille,
On me mettait dans un placard
Parce qu' on me voulait "tranquille".
Mon cerveau qui tournait en rond,
Ils auraient, aussi sages,
Enfermé un oiseau pour trahison !
Il suffit qu' il le veuille
Pour mépriser à l' aise
Comme une étoile, sa captivité,
Et pour rire. Ainsi de moi-meme !

Emily DICKINSON

J'aime bien DICKINSON, je vais voir sur internet qui elle est, et ce qu'elle a écrit.

Oui, c' est un de mes poètes favorits Emily Dickinson ...
Et en plus elle aimait les oiseaux !

Si tu connais bien l' anglais Lara, lis la de préférence en anglais ou dans une édition bilingue...

Sinon j' ai aussi une édition de sa correspondace avec quelques poèmes
et ça s' appelle : Autoportrait au roitelet. Hatier éditeur

bix229 a écrit:

Oui, c' est un de mes poètes favorits Emily Dickinson ...
Et en plus elle aimait les oiseaux !

Ah ba, si elle aimait les oiseaux!

bix229 a écrit:

Si tu connais bien l' anglais Lara, lis la de préférence en anglais ou dans une édition bilingue...

Sinon j' ai aussi une édition de sa correspondace avec quelques poèmes
et ça s' appelle : Autoportrait au roitelet. Hatier éditeur

Tu n'es pas le premier à me dire de lire en Anglais... Je suis nullicime en langues... Mais vraiment très nulle. J'essaie de faire des efforts, mais en faite, la volonté me manque, j'aime tellement le français que le reste me touche beaucoup moins... Je sais qu'il va falloir que je m'améliore ou ça risque d'être un sérieux handicape... Il faut que je me force à lire en Anglais, mais quand je vois tout ce qui me reste à lire en français, j'ai du mal à mettre en priorité le reste. Mais pour la poésie, il y a pas photo, il la faut dans sa langue maternelle. Allons courage, je sais que les langues sont une fabuleuses ouverture d'esprit...

Un poème/oiseau pour Bix:

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Citation :

L'esclave et l'oiseau

Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage,
Laisse à mes doigts brisés ton anneau d'esclavage !
Tu n'as que trop pleuré ton élément, l'amour ;
Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour !

Que tu montes la nue, ou que tu rases l'onde,
Souviens-toi de l'esclave en traversant le monde :
L'esclave t'affranchit pour te rendre à l'amour ;
Quitte-moi comme lui : sauve-toi sans retour !

Va retrouver dans l'air la volupté de vivre !
Va boire les baisers de Dieu, qui te délivre !
Ruisselant de soleil et plongé dans l'amour,
Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en ! Sauve-toi sans retour !

Moi, je garde l'anneau ; je suis l'oiseau sans ailes.
Les tiennes vont aux cieux ; mon âme est devant elles.
Va ! Je les sentirai frissonner dans l'amour !
Mon ramier, sois béni ! Sauve-toi sans retour !

Va demander pardon pour les faiseurs de chaînes ;
En fuyant les bourreaux, laisse tomber les haines.
Va plus haut que la mort, emporté dans l'amour ;
Sois clément comme lui... sauve-toi sans retour !

Un ramier ....

Je suppose qu' elle n' avait pas d' autre oiseau sous la main, MDV.
Bon, c' est l' intention qui compte !
Merci !

bix229 a écrit:

MDV.

Tiens j'ai raté cette abréviation: "MDV"
"Mort de vomissements" ?

Pour faire plaisir à Bix, un poème appris en primaire, et très connu.

Pour faire le portrait d'un oiseau

Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.


Jacques PREVERT

Tu dessines Bix? Tu nous fais un oiseau?

Tu es sympa, Lara, mais je dessine comme un pied...

je peux te dessiner un mouton si tu veux !

Prevert, celui-là on l' a déjà épinglé sur Droles d' oiseaux !

Au lieu d' un mauvais dessin, vas donc voir sur ce fil, il y a des oiseaux
poèmes pas mal du tout !
Jules Renard, Neruda, etc.

bix229 a écrit:

Tu es sympa, Lara, mais je dessine comme un pied...

Dommage, j'aime beaucoup le dessin..

bix229 a écrit:

je peux te dessiner un mouton si tu veux !

Oulalalala non, j'aurais trop peur que Lucretius, lui face du mal, pauvre petit mouton. Ses antécédents avec St-Ex pourraient lui être nuisibles.

bix229 a écrit:

Au lieu d' un mauvais dessin, vas donc voir sur ce fil, il y a des oiseaux
poèmes pas mal du tout !
Jules Renard, Neruda, etc.

Ok j'y vais!

Lara a écrit:

Pour faire le portrait d'un oiseau

et mit sublimement en musique par Stéphane Pompougnac

ici

Tout le monde dort
Rien entre
La lune et moi

Seishi

Un petit haiku pour toi, Lara, et récompenser ton assiduité !

J'aime beaucoup ce haiku. Je ne connais rien à la poésie japonaise.
Mais c'est beau parce qu'il n'y a pas beaucoup de mots, pas d'effets de styles spectaculaires et pourtant beaucoup de vérité et une émotion réelle.
Enfin, c'est mon ressenti.
^^
Je suis si assidue que ça? Assidue à quoi, au forum?