| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Coup de coeur et bar de la poésie | |
|
+51pia Roxane Cassandre Sigismond GrandGousierGuerin Little devil églantine Heyoka unmotbleu Arabella silou Esperluette shanidar Astazie touti Tony topocl Pascale eXPie colimasson jack-hubert bukowski shéhérazade rivela chrisdusud Livvy LunaStella odrey Constance Emmanuelle Caminade Cliniou darkanny Bellonzo moinonplus anagramme Mina M swallow bulle Charles Marko monilet Bédoulène animal Aeriale Chatperlipopette bix229 Steven Marie Babelle Cachemire kenavo coline 55 participants | |
Auteur | Message |
---|
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 9 Avr 2011 - 10:26 | |
| - Citation :
- André Laude, né le 3 mars 1936 à Paris où il est mort le 24 juin 1995, est un poète et journaliste français.
On a écrit d’André Laude qu’il était un « soleil noir de la poésie ». Noir d’une existence. Noir du refus anarchiste de se soumettre. Noir du désespoir qui a souvent accompagné son existence et qui a contribué à sa fin. Soleil de la révolte qu’il a toujours porté très haut. Soleil de l’éclairage qu’il a donné de l’œuvre des autres : amis et compagnons trop méconnus, artistes emprisonnés et bâillonnés. Soleil des mots qu’il a aimés.(Wikipedia)
Vers le matin des cerises
Plus jamais je ne détournerai les yeux vers un vol de pigeons quand quelque part on battra un enfant devant sa mère
quand on lèvera les armes contre la rumeur adolescente répandue à travers les rues pour crier ce que d'autres pensent
quand on fusillera un peuple dans un tonnerre de bouches et de poitrines innocentes quand on mentira dans les journaux
plus jamais je n'aimerai la poésie poétique tant qu'il y aura une lumière incarcérée tant qu'il y aura un nouveau-né affamé déjà rattrapé par les canines du néant
malgré les pleurs de la mère malgré les hurlements du père malgré les oiseaux et le ciel et la graine chantant sous l'argile amoureuse
plus jamais je ne pourrai regarder en face ceux qui vont les yeux bandés à travers l'époque cruelle rachetée par le sang de ceux qui luttent et parfois loin de tous et de tout calmement meurent
André Laude
(Oeuvre poétique, Ed. La Différence) Entretien avec André Laude, suivi de deux de ses poèmes : https://www.dailymotion.com/swf/video/x6x79l?theme=none"></param><param - Spoiler:
Je n'ai pas compris comment placer les vidéos Dailymotion ...
| |
| | | Pascale Posteur en quête
Messages : 62 Inscription le : 27/02/2011 Age : 64 Localisation : Jérusalem
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 9 Avr 2011 - 21:54 | |
| Voici un poème de Léopold Sedar Senghor Cher frère blanc,
Quand je suis né, j'étais noir, Quand j'ai grandi, j'étais noir, Quand je suis au soleil, je suis noir, Quand je suis malade, je suis noir, Quand je mourrai, je serai noir.
Tandis que toi, homme blanc, Quand tu es né, tu étais rose, Quand tu as grandi, tu étais blanc, Quand tu vas au soleil, tu es rouge, Quand tu as froid, tu es bleu, Quand tu as peur, tu es vert, Quand tu es malade, tu es jaune, Quand tu mourras, tu seras gris.
Alors, de nous deux, Qui est l'homme de couleur ? | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 13 Avr 2011 - 11:24 | |
| Mea culpa
Au fond, vois-tu, mon erreur, ma grande folie, c'est d'avoir chargé ton cœur de tout le poids de ma vie. Le jour où l'on s'est aimé j'allais pouvoir enfermer tout mon univers. C'est de cette erreur profonde que maintenant nous souffrons, On ne fait pas tenir le monde derrière un front. J'ai voulu te cacher ma peine Ta bouche dévouée a fondu sous la mienne Mais ta tempe plus lourde à ma tempe a pesé Et tu as dit, chaude et lointaine "Il est si triste, maintenant, notre baiser !"
Paul Géraldy
(Extrait de "Toi et moi", in Toi et moi, suivi de Vous et moi / Livre de poche)
Illustration : Les Amoureux de Pierre-Auguste Renoir | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Jeu 14 Avr 2011 - 9:39 | |
| Dès que je pourrai, j´ouvrirai un fil pour la poétesse argentine ALEJANDRA PIZARNIK ( Buenos Aires 1936-1972).
Continuité
"Ne pas nommer les choses par leurs noms. Les choses ont des bords dentelés, une végétation lascive. Mais qui parle dans la chambre pleine d’yeux ? Qui mordille d’une bouche de papier ? Noms qui s’approchent, ombres avec masques. Soigne-moi du vide – me dis-je. (La lumière s’aimait dans mon obscurité. Je sus qu’il n’y en avait pas quand je me surpris à dire : c’est moi.) Soigne-moi – dis-je. " Alejandra Pizarnik, L’autre rive, traduit de l’espagnol et préfacé par Jacques Ancet, Editions Unes 1983
No nombrar las cosas por sus nombres. Las cosas tienen bordes dentados, vegetación lujuriosa. Pero quién habla en la habitación llena de ojos. Quién dentellea con una boca de papel. Nombres que vienen, sombras con máscaras. Cúrame del vacío -dije. (La luz se amaba en mi oscuridad. Supe que ya no había cuando me encontré diciendo: soy yo.) Cúrame --dije. (Alejandra Pizarnik, de La extracción de la piedra de la locura, 1968
| |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 16 Avr 2011 - 20:29 | |
| RAINER MARIA RILKE
Après que la rose se fut donnée au soleil et fanée, Le vent hérita de sa poussière d' or. La terre dit alors aux ruines de la rose : voilà mon chant Qui m' est revenu.
ADONIS : Mémoire du vent
| |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 20 Avr 2011 - 9:35 | |
| Découvert depuis peu, je vous fais partager : Les oiseaux de passage
C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange : Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ; Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.
Le bac, où les chevaux au retour viendront boire, Dans sa berge de bois est immobile et dort. Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.
Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse, Au milieu de la cour, où le crottin plus sec Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse, La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.
Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette, Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi, Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête, Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.
Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase. On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant, Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.
Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent, Des pigeons violets aux reflets de turquoises De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.
Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre, Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail, Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre, Semblent sur du velours des branches de corail.
Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies, Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers. Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies, Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?
Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents. Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ; Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.
Ce dindon a toujours béni sa destinée. Et quand vient le moment de mourir il faut voir Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ; Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir. "
Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.
Elle ne sentit pas lui courir sous la plume De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil, pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume Et mourir au matin sur le coeur du soleil.
Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse ! Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés, Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse, De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !
N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres, Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants, Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres, Un coucou régulier et garanti dix ans !
Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace, Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol En forme de triangle arrive, plane et passe. Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte Qui brise les soupirs de leur col redressé, Et sautent dans le vide avec une culbute. Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.
Les poules picorant ont relevé la tête. Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant, Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête, Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.
Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes. Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas. Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes, Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.
Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère, Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux, Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère, Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.
Pour choyer cette femme et nourrir cette mère, Ils pouvaient devenir volaille comme vous. Mais ils sont avant tout les fils de la chimère, Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.
Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe ! Là-haut chante pour eux un mystère profond. A l'haleine du vent inconnu qui les porte Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.
La bise contre leur poitrail siffle avec rage. L'averse les inonde et pèse sur leur dos. Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage. Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.
Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace. Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau. Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.
Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve, C'est l'horizon perdu par delà les sommets, C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève Où votre espoir banal n'abordera jamais.
Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante ! Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux. Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente. Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux. Jean RICHEPIN (1849-1926) | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 25 Avr 2011 - 10:37 | |
| David Gascoyne (1916-2002) - Citation :
David Gascoyne a publié à l’âge de seize ans son premier recueil de poèmes. Ont paru ensuite, en 1936 puis en 1938, Man’s Life Is This Meat etHölderlin’s Madness. Gascoyne fut un défenseur du surréalisme et ami de Dali, Max Ernst, André Breton, Paul Eluard et Pierre Jean Jouve. Il fut également traducteur, de Hölderlin et des surréalistes français. Ses Collected Poems furent publiés par Oxford University Press en 1965 et un recueil de Selected Poems parut en 1994 à Londres (Enitharmon Press).
L’entrée de la vallée se dresse solitaire Blocs de rocs répandus là où nul vent ne pénètre Et tout est calme comme une feuille qui tombe ; on croirait, Pour peu, être mort, et ceci l’après-sommeil ; - Au bas des collines cendreuses de part et d’autre Morts sont les lits de lave qui montrent le lieu où jadis coula L’amour qui étant sans amour dut déborder Jusqu’en cette tranquillité et se faire pierre Sans forme comme le soupir d’une femme qui n’est pas aimée.
Si une voix parle, c’est votre voix ; Personne d’autre ici. Vous entendez Votre autre moi, dont les accents froids, cédant A la pitié ou à plaider déchirés, implorent, apaisent Ce silence fini sans limite ; et l’unique écho Mort de cette unique voix, caillou lâché Dans les profondeurs noires d’un puits, ne recevra Pas d’autre réponse , bien que votre souhait puisse être De ne plus avoir à parler, ni entendre.
Les nuages informes tourbillonnent et s’enflent autour des pics brisés ; Dans toutes les directions leurs vapeurs sont poussées, Vides, blancs, insubstantiels comme la pensée, Et sans but. - Mais non sans le temps, car le temps est La voie sans retour de cette vallée qui guide vos pas Sans désir, vers ce qui s’étend au-delà. Qui s’étend au-delà ? La question est morte Avant de quitter la langue : violence de la Mort dépouillée De triomphe, douleur de majesté, et toute illusion en allée.
L’oeil ne peut prendre plaisir aux pierres ou aux nuages Longtemps, il avance impatient, sans désir, Mû par un réflexe nerveux, en attente D’un Inconnu nouveau, qui ouvrira un autre ciel. Les pieds avancent lourdement, mécaniquement, inexorablement Sans destination, toujours droit devant soi. Mourir tu ne peux ; rester assis immobile est pire Qu’avancer en trébuchant pour obéir A la loi insensée du mouvement et du temps.
Prenez cet os : il est la vie et la mort réfléchies Dans le mouvement des étoiles Prenez ce couteau : c’est mon cerveau Prenez cette nappe d’obscurité étalée sur la source de coeurs Qui se sont arrêtés trop tôt Dans la chaleur cadencée de la pénombre, Dans les veines non entravées d’une poignée de terre Lancée dans la splendeur de la neige qui fond C’est la chaleur générée par des efforts prodigieux au calme Pour effacer l’eau salée qui tache le haut front du soleil Enveloppé dans les bras de l’espace
Où les limites de la création perdent leurs droits Et s’approchent des derniers instants pour ébranler les tympans Informes de l’obscurité Et libérer la netteté d’un corps blanc de naître Qui surgit des feux à demi éteints Tas de déchets qui brûlent le long du delta Dans le monde au-delà des rocs
La mort lente des fourneaux n’affecte pas leur chaleur Le bitume culbute dans les rires de ses excroissances Et une étoile à neuf pointes s’élève hors de la conviction de l’homme Que le sable en l’étouffant a fait rentrer dans la couche enroulée de l’émotion Où les poux sont rouges dans la pluie perpétuelle Et le doigt de la lumière est pris dans la jointure des coquillages.
Toile "Maman, papa est blessé", d'Yves Tanguy | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mar 3 Mai 2011 - 8:38 | |
| Ozymandias
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique Qui m’a dit : « deux jambes de pierre vastes et sans tronc Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable, À moitié enfoncé, gît un visage brisé, dont le froncement de sourcil Et la lèvre plissée, et le ricanement de froid commandement Disent que le sculpteur sut bien lire ces passions Qui survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie, À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit. Et sur le piédestal apparaissent ces mots : « Mon nom est Ozymandias, roi des rois, Contemplez mon œuvre, ô Tout-puissants, et désespérez ! » Il ne reste rien à côté. Autour de la ruine De ce colossal débris, sans limites et nus, Les sables étendent au loin leur niveau solitaire.
(Décembre 1817)
Percy Bysshe Shelley | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 4 Mai 2011 - 18:25 | |
| Le mariage d'une jeune niaise
Bête à ne savoir pas dire la moindre phrase, Cette dinde épousa Gontran de Saint-Omer Qu'elle voyait depuis vingt ans aux bains de mer.
Tant va la cruche à l'eau qu'enfin elle se case.
Alphonse Allais Magique ! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 8 Mai 2011 - 12:06 | |
| Ils vous ont enlevé vos couteaux, vos lacets, Vos maisons, vos jardins.
Ce n'était pas assez.
Ils vous ont poursuivis, ils vous ont pourchassés, Sur vos mains, sur vos pieds, leurs yeux se sont posés Pour guetter le non-sens.
Ce n'était pas assez.
Ils ont fermé sur vous les portes successives.
Ce n'était pas assez.
Vous preniez trop d'espace, Ils entendaient vos voix, ils entendaient vos pas. Ils ont poussé sur vous l'ombre Et les murs Qu'ils vous avaient laissés.
Ce n'était pas assez.
Ils auraient bien voulu murer vos cris, vos yeux. Ils auraient bien voulu que vous disparaissiez.
André Henry
Toile "La Ronde des prisonniers" de Vincent Van Gogh (d'après G. Doré), février 1890 | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 9 Mai 2011 - 21:03 | |
| La flûte
Triolets
Quand les vers m'auront désossé, Tout nu, tout sec, dans mes six planches; Fait de trous comme un bas percé. Quand les vers m'auront désossé; Quand le Temps grave aura lissé Mon vieux squelette aux maigreurs blanches; Quand les vers m'auront désossé, Tout nu, tout sec, dans mes six planches :
Alors, gaiement, venez me voir, Chœur lascif des vierges à naître Qui vivez trop tard pour m'avoir... Alors, gaiement, venez me voir ! Vous lèverez le marbre noir, Et me creusant une fenêtre, Alors, gaiement, venez me voir, Chœur lascif des vierges à naître.
Vous chercherez parmi mes os Cet os viril qui fut mon membre; Près des fémurs, au bas du dos, Vous chercherez parmi mes os. Roide encore dans son repos Comme un athlète qui se cambre, Vous chercherez parmi mes os Cet os viril qui fut mon membre.
Vous le verrez très long, très fort, Dur aux contours, et creux au centre; Veuf de son double contrefort, Vous le verrez très long, très fort, L'os vaillant qui sous son effort Fora tant d'isthmes au bas ventre : Vous le verrez très long, très fort, Dur aux contours, et creux au centre.
Hélas, j'en aurai fait mon deuil: Emportez-le, je vous le donne. Il fut ma force et mon orgueil, Hélas, j'en aurai fait mon deuil ! Dans le célibat du cercueil, On dort seul, et la mort chaponne... Hélas, j'en aurai fait mon deuil : Emportez-le, je vous le donne.
Vous percerez sept trous, sept trous, Et le canal deviendra flûte : Dans l'os sonore aux reflets roux, Vous percerez sept trous, sept trous, Pour accompagner les froufrous Des jupons que froisse la lutte : Vous percerez sept trous, sept trous, Et le canal deviendra flûte.
Sur la gamme des baisers nus L'Amour va chanter sa romance : Souffle dans ma flûte, ô Vénus ! Sur la gamme des baisers nus Souffle tes airs les plus connus : Voici le bal qui recommence : Sur la gamme des baisers nus L'Amour va chanter sa romance.
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do : La valse horizontale danse, Tourne, ondule sous le rideau; Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do... La flûte suit le crescendo Et rythme l'amour en cadence. Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do : La valse horizontale danse !
Et l'os vibre sous le baiser, Au souffle de la lèvre rose; L'air chaud le gonfle à le briser ! Et l'os vibre sous le baiser Du doigt blanc qui court se poser, Va, revient, remonte, et se pose... Et l'os vibre sous le baiser Au souffle de la lèvre rose !
Ainsi j'attendrai doucement Sur la bouche des belles filles, L'heure auguste du Jugement. Ainsi j'attendrais doucement, Joyeux de pouvoir en dormant Conduire encor les chauds quadrilles : Ainsi j'attendrai doucement, Sur la bouche des belles filles.
Edmond Haraucourt dans La Légende des sexes | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie | |
| |
| | | | Coup de coeur et bar de la poésie | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|