Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Coup de coeur et bar de la poésie

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Constance
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyDim 3 Avr 2011 - 14:48



Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Corot_10



Route à la clarté du soir.

Les blés sont déjà dans l'ombre



Le jour a été torride.

Les maisons le long du bois

Vont s'ouvrir à la fraîcheur



Sous le foin la musaraigne

Trotte à ses besognes.

Ce n'est pas la fin du monde.

Pas encore



Jean Grosjean

(Variations/ Gallimard)


Illustration : détail de "Champ de blé dans le Morvan" de Jean-Baptiste Corot



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Constance
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptySam 9 Avr 2011 - 10:26

Citation :
André Laude, né le 3 mars 1936 à Paris où il est mort le 24 juin 1995, est un poète et journaliste français.

On a écrit d’André Laude qu’il était un « soleil noir de la poésie ». Noir d’une existence. Noir du refus anarchiste de se soumettre. Noir du désespoir qui a souvent accompagné son existence et qui a contribué à sa fin. Soleil de la révolte qu’il a toujours porté très haut. Soleil de l’éclairage qu’il a donné de l’œuvre des autres : amis et compagnons trop méconnus, artistes emprisonnés et bâillonnés. Soleil des mots qu’il a aimés.(Wikipedia)







Vers le matin des cerises


Plus jamais je ne détournerai les yeux
vers un vol de pigeons
quand quelque part on battra
un enfant devant sa mère

quand on lèvera les armes
contre la rumeur adolescente
répandue à travers les rues
pour crier ce que d'autres pensent

quand on fusillera un peuple
dans un tonnerre de bouches
et de poitrines innocentes
quand on mentira dans les journaux

plus jamais je n'aimerai la poésie poétique
tant qu'il y aura une lumière incarcérée
tant qu'il y aura un nouveau-né affamé
déjà rattrapé par les canines du néant

malgré les pleurs de la mère
malgré les hurlements du père
malgré les oiseaux et le ciel
et la graine chantant sous l'argile amoureuse

plus jamais je ne pourrai regarder en face
ceux qui vont les yeux bandés
à travers l'époque cruelle
rachetée par le sang de ceux qui luttent
et parfois loin de tous et de tout calmement meurent


André Laude

(Oeuvre poétique, Ed. La Différence)





Entretien avec André Laude, suivi de deux de ses poèmes :

https://www.dailymotion.com/swf/video/x6x79l?theme=none"></param><param


Spoiler:
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Pascale
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Pascale


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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptySam 9 Avr 2011 - 21:54

Voici un poème de Léopold Sedar Senghor

Cher frère blanc,

Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi, j'étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,
Qui est l'homme de couleur ?
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Constance
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyDim 10 Avr 2011 - 11:41



Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Illust10


Je ne t'attends pas


Je ne t'attends pas
je t'atteins d'un seul coup d'aile
je te baigne d'eau douce
je dénoue tes frondaisons
chaque secousse du désir me rapproche
du centre de la flamme
on parlera bientôt de noces de feux
qui se sont croisés dans les campagnes
abordés avec cette fraîcheur de source aux lèvres
et puis apprivoisés à petits coups de silences
on parlera bientôt d'un pays habitable
vérifié par le vol des abeilles
nous n'aurons pas assez de mains ardentes
pour cueillir le coton blanc des légendes
nous n'aurons pas assez de nuits transfigurées
pour faire cet enfant de jasmin et de jour
qui posera son front sur la mer
jusqu'à ce que la blessure se taise
dans chaque homme saccagé par les songes.


André Laude


( Riverains de la douleur / Ed Verdier)

Illustration : André Laude par Henri Cartier-Bresson
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Constance
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyMer 13 Avr 2011 - 11:24




Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Les_am10




Mea culpa


Au fond, vois-tu, mon erreur, ma grande folie,
c'est d'avoir chargé ton cœur de tout le poids de ma vie.
Le jour où l'on s'est aimé j'allais pouvoir enfermer
tout mon univers.
C'est de cette erreur profonde que maintenant nous souffrons,
On ne fait pas tenir le monde derrière un front.
J'ai voulu te cacher ma peine
Ta bouche dévouée a fondu sous la mienne
Mais ta tempe plus lourde à ma tempe a pesé
Et tu as dit, chaude et lointaine
"Il est si triste, maintenant, notre baiser !"


Paul Géraldy


(Extrait de "Toi et moi", in Toi et moi, suivi de Vous et moi / Livre de poche)

Illustration : Les Amoureux de Pierre-Auguste Renoir
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyJeu 14 Avr 2011 - 9:39

Dès que je pourrai, j´ouvrirai un fil pour la poétesse argentine ALEJANDRA PIZARNIK ( Buenos Aires 1936-1972).

Continuité

"Ne pas nommer les choses par leurs noms. Les choses ont des bords dentelés, une végétation lascive. Mais qui parle dans la chambre pleine d’yeux ? Qui mordille d’une bouche de papier ? Noms qui s’approchent, ombres avec masques. Soigne-moi du vide – me dis-je. (La lumière s’aimait dans mon obscurité. Je sus qu’il n’y en avait pas quand je me surpris à dire : c’est moi.) Soigne-moi – dis-je. "
Alejandra Pizarnik, L’autre rive, traduit de l’espagnol et préfacé par Jacques Ancet, Editions Unes 1983

No nombrar las cosas por sus nombres. Las cosas tienen bordes dentados, vegetación lujuriosa. Pero quién habla en la habitación llena de ojos. Quién dentellea con una boca de papel. Nombres que vienen, sombras con máscaras. Cúrame del vacío -dije. (La luz se amaba en mi oscuridad. Supe que ya no había cuando me encontré diciendo: soy yo.) Cúrame --dije.
(Alejandra Pizarnik, de La extracción de la piedra de la locura, 1968
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyJeu 14 Avr 2011 - 10:05


Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzf


Nerfs


Non ! Ne t'enfuis pas ! Ce geste !
de te repousser de moi,
cette rigueur, cette voix,
ce mot brutal - reste ! reste !
ne s'adressaient pas à toi.


Je ne gronde et vitupère
que contre mon propre ennui.
C'est sur toi qu'en mots sévères
se délivrent mes colères,
mais c'est moi que je poursuis.



T'en vouloir ? De quoi ? Je pense
à ton coeur sans récompense.
Je le voudrais rendre heureux.
C'est de mon insuffisance,
pauvrette, que je t'en veux.


Ris-toi donc du méchant geste
et pardonne aux mots mauvais.
Et ne sois plus triste. Et reste ...
En toi ce que je déteste,
c'est le mal que je te fais.


Paul Géraldy


(Extrait de "toi et moi", suivi de "Vous et moi"/ livre de poche)

Illustration : Toile de Fabian Perez


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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptySam 16 Avr 2011 - 20:29

RAINER MARIA RILKE

Après que la rose se fut donnée au soleil et fanée,
Le vent hérita de sa poussière d' or.
La terre dit alors aux ruines de la rose : voilà mon chant
Qui m' est revenu.

ADONIS : Mémoire du vent

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Steven
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyMer 20 Avr 2011 - 9:35

Découvert depuis peu, je vous fais partager :



Les oiseaux de passage

C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.

Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.

Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.

Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.

Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.

Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.

Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.

Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?

Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir. "

Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.

Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.

Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?

Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.

Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.

La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.

Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.

Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

Jean RICHEPIN (1849-1926)
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Constance
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyLun 25 Avr 2011 - 10:37

Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Gascoy10 David Gascoyne (1916-2002)


Citation :

David Gascoyne a publié à l’âge de seize ans son premier recueil de poèmes. Ont paru ensuite, en 1936 puis en 1938, Man’s Life Is This Meat etHölderlin’s Madness. Gascoyne fut un défenseur du surréalisme et ami de Dali, Max Ernst, André Breton, Paul Eluard et Pierre Jean Jouve. Il fut également traducteur, de Hölderlin et des surréalistes français. Ses Collected Poems furent publiés par Oxford University Press en 1965 et un recueil de Selected Poems parut en 1994 à Londres (Enitharmon Press).








Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Yvestanguy




L’entrée de la vallée se dresse solitaire
Blocs de rocs répandus là où nul vent ne pénètre
Et tout est calme comme une feuille qui tombe ; on croirait,
Pour peu, être mort, et ceci l’après-sommeil ; -
Au bas des collines cendreuses de part et d’autre
Morts sont les lits de lave qui montrent le lieu où jadis coula
L’amour qui étant sans amour dut déborder
Jusqu’en cette tranquillité et se faire pierre
Sans forme comme le soupir d’une femme qui n’est pas aimée.

Si une voix parle, c’est votre voix ;
Personne d’autre ici. Vous entendez
Votre autre moi, dont les accents froids, cédant
A la pitié ou à plaider déchirés, implorent, apaisent
Ce silence fini sans limite ; et l’unique écho
Mort de cette unique voix, caillou lâché
Dans les profondeurs noires d’un puits, ne recevra
Pas d’autre réponse , bien que votre souhait puisse être
De ne plus avoir à parler, ni entendre.

Les nuages informes tourbillonnent et s’enflent autour des pics brisés ;
Dans toutes les directions leurs vapeurs sont poussées,
Vides, blancs, insubstantiels comme la pensée,
Et sans but. - Mais non sans le temps, car le temps est
La voie sans retour de cette vallée qui guide vos pas
Sans désir, vers ce qui s’étend au-delà.
Qui s’étend au-delà ? La question est morte
Avant de quitter la langue : violence de la Mort dépouillée
De triomphe, douleur de majesté, et toute illusion en allée.

L’oeil ne peut prendre plaisir aux pierres ou aux nuages
Longtemps, il avance impatient, sans désir,
Mû par un réflexe nerveux, en attente
D’un Inconnu nouveau, qui ouvrira un autre ciel.
Les pieds avancent lourdement, mécaniquement, inexorablement
Sans destination, toujours droit devant soi.
Mourir tu ne peux ; rester assis immobile est pire
Qu’avancer en trébuchant pour obéir
A la loi insensée du mouvement et du temps.

Prenez cet os : il est la vie et la mort réfléchies
Dans le mouvement des étoiles
Prenez ce couteau : c’est mon cerveau
Prenez cette nappe d’obscurité étalée sur la source de coeurs
Qui se sont arrêtés trop tôt
Dans la chaleur cadencée de la pénombre,
Dans les veines non entravées d’une poignée de terre
Lancée dans la splendeur de la neige qui fond
C’est la chaleur générée par des efforts prodigieux au calme
Pour effacer l’eau salée qui tache le haut front du soleil
Enveloppé dans les bras de l’espace

Où les limites de la création perdent leurs droits
Et s’approchent des derniers instants pour ébranler les tympans
Informes de l’obscurité
Et libérer la netteté d’un corps blanc de naître
Qui surgit des feux à demi éteints
Tas de déchets qui brûlent le long du delta
Dans le monde au-delà des rocs

La mort lente des fourneaux n’affecte pas leur chaleur
Le bitume culbute dans les rires de ses excroissances
Et une étoile à neuf pointes s’élève hors de la conviction de l’homme
Que le sable en l’étouffant a fait rentrer dans la couche enroulée de l’émotion
Où les poux sont rouges dans la pluie perpétuelle
Et le doigt de la lumière est pris dans la jointure des coquillages.




Toile "Maman, papa est blessé", d'Yves Tanguy
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyMar 3 Mai 2011 - 8:38


Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Ozy10



Ozymandias


J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m’a dit : « deux jambes de pierre vastes et sans tronc
Se dressent dans le désert.
Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoncé, gît un visage brisé, dont le froncement de sourcil
Et la lèvre plissée, et le ricanement de froid commandement
Disent que le sculpteur sut bien lire ces passions
Qui survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie,
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal apparaissent ces mots :
« Mon nom est Ozymandias, roi des rois,
Contemplez mon œuvre, ô Tout-puissants, et désespérez ! »
Il ne reste rien à côté.
Autour de la ruine
De ce colossal débris, sans limites et nus,
Les sables étendent au loin leur niveau solitaire.



(Décembre 1817)


Percy Bysshe Shelley
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyMer 4 Mai 2011 - 18:25

Le mariage d'une jeune niaise

Bête à ne savoir pas dire la moindre phrase,
Cette dinde épousa Gontran de Saint-Omer
Qu'elle voyait depuis vingt ans aux bains de mer.

Tant va la cruche à l'eau qu'enfin elle se case.

Alphonse Allais

Magique ! dentsblanches
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptySam 7 Mai 2011 - 21:30



Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Poame_11



Les portes se sont ouvertes



Les portes se sont ouvertes sans bruit ce sont des ailes
de lourdes landes aux bras tendus
les steppes de fer enjambent les canaux
parsemés d'ossements de caravanes perdues en route
les corps tendus des routes suspendues
brûlent dans le gosier des froides foules
dans le lit du fleuve gît une lumière fauve
et fend l'air à la proue de verre
mûrir les yeux dans la prison des mers
endormir dans les nombres
les galets parmi les rayons nourriciers
aucune douleur n'amorce les vagues de lèvres
l'ennui s'est échoué sur la plage de textiles sauvages
et les sabliers des corps de soleil
immobilisent l'heure et la charrue
fumée
ligne
amer
une nuée de fleuves impétueux emplit la bouche aride
ni l'homme ne rencontre l'homme
ni la barrière de pierre et les glaciers d'hommes
nus n'ont visité ces lieux ce sont des ailes
les portes se sont ouvertes sans bruit
personne ne tremblera - un cri tourmente la laine
l'existence même
et les mauvaises pistes de clairons
foreuses de tempêtes ce sont encore des ailes
sous les écailles des racines se vautre un soleil pour vautours millénaires
il sonne des éclairs dans la fatigue des eaux



Tristan Tzara

(Où boivent les loups)

Toile "Making waves", de Rob Gonsalves
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyDim 8 Mai 2011 - 12:06

Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 Van_go10




Ils vous ont enlevé vos couteaux, vos lacets,
Vos maisons, vos jardins.

Ce n'était pas assez.

Ils vous ont poursuivis, ils vous ont pourchassés,
Sur vos mains, sur vos pieds,
leurs yeux se sont posés
Pour guetter le non-sens.

Ce n'était pas assez.

Ils ont fermé sur vous
les portes successives.

Ce n'était pas assez.

Vous preniez trop d'espace,
Ils entendaient vos voix, ils entendaient vos pas.
Ils ont poussé sur vous l'ombre
Et les murs
Qu'ils vous avaient laissés.

Ce n'était pas assez.

Ils auraient bien voulu murer vos cris, vos yeux.
Ils auraient bien voulu que vous disparaissiez.



André Henry


Toile "La Ronde des prisonniers" de Vincent Van Gogh (d'après G. Doré), février 1890
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MessageSujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie   Coup de coeur et bar de la poésie - Page 31 EmptyLun 9 Mai 2011 - 21:03

La flûte

Triolets

Quand les vers m'auront désossé,
Tout nu, tout sec, dans mes six planches;
Fait de trous comme un bas percé.
Quand les vers m'auront désossé;
Quand le Temps grave aura lissé
Mon vieux squelette aux maigreurs blanches;
Quand les vers m'auront désossé,
Tout nu, tout sec, dans mes six planches :

Alors, gaiement, venez me voir,
Chœur lascif des vierges à naître
Qui vivez trop tard pour m'avoir...
Alors, gaiement, venez me voir !
Vous lèverez le marbre noir,
Et me creusant une fenêtre,
Alors, gaiement, venez me voir,
Chœur lascif des vierges à naître.

Vous chercherez parmi mes os
Cet os viril qui fut mon membre;
Près des fémurs, au bas du dos,
Vous chercherez parmi mes os.
Roide encore dans son repos
Comme un athlète qui se cambre,
Vous chercherez parmi mes os
Cet os viril qui fut mon membre.

Vous le verrez très long, très fort,
Dur aux contours, et creux au centre;
Veuf de son double contrefort,
Vous le verrez très long, très fort,
L'os vaillant qui sous son effort
Fora tant d'isthmes au bas ventre :
Vous le verrez très long, très fort,
Dur aux contours, et creux au centre.

Hélas, j'en aurai fait mon deuil:
Emportez-le, je vous le donne.
Il fut ma force et mon orgueil,
Hélas, j'en aurai fait mon deuil !
Dans le célibat du cercueil,
On dort seul, et la mort chaponne...
Hélas, j'en aurai fait mon deuil :
Emportez-le, je vous le donne.

Vous percerez sept trous, sept trous,
Et le canal deviendra flûte :
Dans l'os sonore aux reflets roux,
Vous percerez sept trous, sept trous,
Pour accompagner les froufrous
Des jupons que froisse la lutte :
Vous percerez sept trous, sept trous,
Et le canal deviendra flûte.

Sur la gamme des baisers nus
L'Amour va chanter sa romance :
Souffle dans ma flûte, ô Vénus !
Sur la gamme des baisers nus
Souffle tes airs les plus connus :
Voici le bal qui recommence :
Sur la gamme des baisers nus
L'Amour va chanter sa romance.

Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do :
La valse horizontale danse,
Tourne, ondule sous le rideau;
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do...
La flûte suit le crescendo
Et rythme l'amour en cadence.
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do :
La valse horizontale danse !

Et l'os vibre sous le baiser,
Au souffle de la lèvre rose;
L'air chaud le gonfle à le briser !
Et l'os vibre sous le baiser
Du doigt blanc qui court se poser,
Va, revient, remonte, et se pose...
Et l'os vibre sous le baiser
Au souffle de la lèvre rose !

Ainsi j'attendrai doucement
Sur la bouche des belles filles,
L'heure auguste du Jugement.
Ainsi j'attendrais doucement,
Joyeux de pouvoir en dormant
Conduire encor les chauds quadrilles :
Ainsi j'attendrai doucement,
Sur la bouche des belles filles.

Edmond Haraucourt
dans La Légende des sexes
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