| Coup de coeur et bar de la poésie | |
|
+51pia Roxane Cassandre Sigismond GrandGousierGuerin Little devil églantine Heyoka unmotbleu Arabella silou Esperluette shanidar Astazie touti Tony topocl Pascale eXPie colimasson jack-hubert bukowski shéhérazade rivela chrisdusud Livvy LunaStella odrey Constance Emmanuelle Caminade Cliniou darkanny Bellonzo moinonplus anagramme Mina M swallow bulle Charles Marko monilet Bédoulène animal Aeriale Chatperlipopette bix229 Steven Marie Babelle Cachemire kenavo coline 55 participants |
|
Auteur | Message |
---|
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 11 Sep 2013 - 14:38 | |
| .
Récit
Cet homme marche en pleurant ; Nul ne saurait dire pourquoi. Certains pensent qu’il pleure sur des amours perdus Pareils à ceux qui nous obsèdent tant, L’été, près de la mer, avec les phonographes.
Les autres pensent à leurs tâches quotidiennes, Papiers inachevés, enfants qui grandissent, Femmes qui vieillissent avec difficulté. Lui, possède deux yeux comme des coquelicots, Comme des coquelicots cueillis au printemps, Et deux petites sources au coin des yeux.
Il marche dans les rues, ne se couche jamais, Enjambant de petits carrés sur le dos de la terre, Machine à vivre une souffrance sans limite Qui finit par ne plus avoir d’importance.
D’autres l’ont entendu parler seul, tandis qu’il passait, De miroirs brisés depuis des années, De visages brisés au coeur des miroirs, Que nul jamais ne pourra restaurer.
D’autres l’ont entendu parler du sommeil, De visions horribles aux portes du sommeil, De visages insupportables de tendresse.
Nous nous sommes habitués à lui, il est correct, il est tranquille Sauf qu’il marche en pleurant, sans cesse, Comme ces saules au bord des fleuves qu’on aperçoit du train Dans une aube brouillée, par un réveil maussade.
Nous nous sommes habitués à lui — il ne signifie rien, Comme toute chose devenue habitude ; Et si je vous en parle c’est que je ne vois rien Qui ne soit devenu pour vous une habitude. Mes respects.
Georges Séféris
(Extrait de Journal de bord I, in Poèmes, 1933-1955, suivis de Trois poèmes secrets/ NRF/ Poésie/Gallimard) | |
|
| |
bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 11 Sep 2013 - 15:59 | |
| [...] De tant d' hommes que je suis, que nous sommes, je ne puis en trouver aucun : ils se perdent sous mes vetements.
Ils sont partis dans une autre ville. Lorsque tout est préparé pour me montrer intelligent le sot que je porte caché prend la parole dans ma bouche.
D' autres fois je m' endors parmi la société distinguée et lorsque je cherche en moi le courageux, un lache que je ne connais pas court prendre avec mon squelette mille précautions délicieuses. Pablo NERUDA : Extraits de "Nous sommes beaucoup", dans Vaguedivague Traduit de lespagnol (Chili) par Guy Suarès. - Poésie/Gallimard In : Télérama, n° 3322, 14 au 20 septembre 2 013 | |
|
| |
bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 11 Sep 2013 - 16:02 | |
| J' ajoute que c' est le 40e anniversaire du coup d' état militaire qui renversa et tua le président de la république Chilienne Salvador Allende. Pablo Neruda, fut alors exilé. | |
|
| |
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 14 Sep 2013 - 12:58 | |
| Merci pour ces deux beaux poèmes qui se répondent presque... | |
|
| |
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 15 Sep 2013 - 13:12 | |
| Séféris reprend une métaphore en laquelle je crois. Nous tirons des révolutions des larmes silencieuses que nous engendrons en nous. | |
|
| |
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 15 Sep 2013 - 19:35 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
- Séféris reprend une métaphore en laquelle je crois. Nous tirons des révolutions des larmes silencieuses que nous engendrons en nous.
Ne songeais-tu pas plutôt à Neruda en exprimant ce constat ? | |
|
| |
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 16 Sep 2013 - 0:34 | |
| - Constance a écrit:
- jack-hubert bukowski a écrit:
- Séféris reprend une métaphore en laquelle je crois. Nous tirons des révolutions des larmes silencieuses que nous engendrons en nous.
Ne songeais-tu pas plutôt à Neruda en exprimant ce constat ? Neruda sublime sur le plan littéraire ce qu'il résume en peu de mots, sans rien dire de plus. Séféris rejoint une sensibilité thématique reprise par plusieurs poètes et romanciers québécois. J'aurais plutôt tendance à idéaliser l'écriture de Neruda et entretenir intellectuellement la pose de Séféris. | |
|
| |
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Jeu 26 Sep 2013 - 7:45 | |
| «Vallejo»
«Mon nom ne vous dit rien j'habite la maison d'à côté mais il n'importe après tout nous nous parlons tous les jours nous racontant mutuellement les prouesses des héros nationaux de nos écrans
j'allais oublier l'écureuil gris du parc est mort trouvé mort parmi les feuilles du moins c'est ce que j'en ai déduit puisque plus jamais ne vient sauf pour les adieux des hommes combien étions-nous qui se saluent dans la foule une dernière fois avant de sauter
quel carnaval»
César Vallejo je te salue ils se sont moqués de toi mais jamais à ton égal ne purent-ils fermer leurs bouches sur la brûlure du silence
Paul Bélanger, Fenêtres et ailleurs, 1996, Montréal : Le Noroît, p. 67-68. | |
|
| |
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 30 Sep 2013 - 14:28 | |
| .
Regardez
Marcher longuement capable de conserver les choses d’alentour capable de conserver infiniment les choses d’alentour
Pour lui seul pour conserver pour préserver cette fausse familiarité avec la parole pour sourire
Rue Breteuil musique lointaine écho tout proche légèreté de la parole cigarette cigarette cigarette banderole posée sur l’énoncé même des choses
Et tout près des banderoles le rire d’une autre fille qu’il faudrait aimer rouge éperdu écarlate carmin cramoisi ocre ce que cache la main
Erreur physique de l’image ou bévue ou vertige concret ou fibres de verre brisées fragments isolés de muscles
Ou encore nerfs défaits sans retenue lourdement Vieux Port premières heures du jour premiers verres et pousser à la mer
Les premières zoologies les premiers chars l’éphémère couverture du ciel l’émotion légère derrière les premiers bruits
Regardez
Démesure provisoire d’une liberté provisoire retour à la mémoire Vauban la sueur sur les dents les pavés posés aux pieds des murs l’eau pour le café
Dans les casseroles les affiches l’Indochine l’Algérie le goudron le sel le poisson les odeurs du soleil la poésie au service du peuple
Et dans l’écriture il n’y avait pas de morale et dans le poème il n’y avait pas d’objet une soupe verte égyptienne un pigeon farci
Une assiette renversée moules crues recouvertes de poivre course pieds joints Cours d’Estienne d’Orves montée vers Notre Dame comment savoir quelle disposition
Pour les œuvres de poésie quelle différence avec celles du passé quelles exclusives quelles exclusives aujourd’hui dans l’immédiat
Lorca Césaire livres déchirés tête de biais posée dans ce mouvement qui lui est propre d’avant en arrière tête à lui seule
Sans couleurs sur de larges surfaces couches accumulées d’un vocabulaire non seulement écrasé par le désir de connaissance
Non seulement par les pratiques par les incertitudes non seulement à côté et sans ignorer l’apparence des corps
Regardez
Sur l’instant les écritures indépassables le Péano la majuscule interdite le soleil découpé et pour finir quel régime
Quelle barricade factice vision analogique du poème décomposé en son entier quel cri quel fantasme en un mot derrière la parodie
Place de l’Opéra rien de grave Gérald pas de panique ne jamais faire semblant de ne rien dire se taire
Le hasard viendra la mort peut-être aussi
longtemps
Gerald Neveu
(Poème inédit)
| |
|
| |
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mer 2 Oct 2013 - 19:43 | |
| Ouf ! j'ai trouvé ce poème laborieux... pas toi Constance ? | |
|
| |
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Jeu 3 Oct 2013 - 13:34 | |
| - colimasson a écrit:
- Ouf ! j'ai trouvé ce poème laborieux... pas toi Constance ?
Euh, non ... J'aime la manière dont ils jettent les mots nés de ses visions et pensées fugaces, et je déambule avec lui dans les rues de Marseille. Gerald Neveu, quasi clochard dormant les porches, son mal-être existentiel pour seul viatique, hantait ces rues en quête de lui-même. | |
|
| |
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 5 Oct 2013 - 13:44 | |
| Justement, j'ai un peu de mal avec le jet de mots... question d'habitude sans doute. Et c'est peut-être plus facile aussi en connaissant un peu l'univers du bonhomme. | |
|
| |
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mar 15 Oct 2013 - 18:23 | |
| .
Il y en a qui prient, il y en a qui fuient
Il y en a qui prient, il y en a qui fuient, Il y en a qui maudissent et d’autres réfléchissent, Courbés sur leur silence, pour entendre le vide, Il y en a qui confient leur panique à l’espoir, Il y en a qui s’en foutent et s’endorment le soir Le sourire aux lèvres.
Et d’autres qui haïssent, d’autres qui font du mal Pour venger leur propre dénuement. Et s’abusant eux-mêmes se figurent chanter. Il y a tous ceux qui s’étourdissent …
Il y en a qui souffrent, silence sur leur silence, Il en est trop qui vivent de cette souffrance. Pardonnez-nous, mon Dieu, leur absence. Il y en a qui tuent, il y en a tant qui meurent.
Et moi, devant cette table tranquille, Écoutant la mort de la ville, Écoutant le monde mourir en moi Et mourant cette agonie du monde.
René Tavernier
(Poème paru dans Positions, 1943) | |
|
| |
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Ven 18 Oct 2013 - 10:01 | |
| .
Impromptu
Je vis le rêve d'une ombre dans l'eau : ombre de branches vertes, de maisons renversées, encore des nuages … tout tremble : l'arête blanche d'un mur dans le ciel d'azur aveuglant, une corde qui le traverse, un réverbère, et le tronc noir d'un arbre, coupé en deux par une feuille jaune de papier qui surnage … Ombre dans l'eau – ville liquide … frisson lumineux, immensité le ciel si clair, vert vert vert du feuillage – tout semble bouger et il reste il vit et il l'ignore l'ignore l'eau, l'ignorent les arbres l'ignorent le ciel et les maisons … Un pauvre homme seul le sait, qui va sur le quai triste du canal.
Luigi Pirandello
| |
|
| |
jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Ven 18 Oct 2013 - 10:16 | |
| Étonnant de voir Pirandello en poète... Il me semblait plus le voir en homme théâtral, Constance. | |
|
| |
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie | |
| |
|
| |
| Coup de coeur et bar de la poésie | |
|