Thomas Vinterberg

Thomas Vinterberg

Photo : ©Jan Buus
Né le 19 mai 1969 à Copenhague, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma danois.

Après deux courts métrages qui connaissent un succès relatif (Last Round, un court-métrage de fin d'études nommé à l'Oscar et Le garcon qui marchait a reculons, Prix du public au Festival de Clermont-Ferrand), le cinéma et le nom de Vinterberg commencent à être connus et reconnus par tous grâce à sa collaboration avec Lars Von Trier sur le projet Dogme. Son film Festen reçoit le Prix spécial du Jury à Cannes en 1998.

Après ça, il tourne différents films qui n'ont pas autant de succès mais qui sont de bonne facture. Vinterberg filme toujours avec une certaine simplicité les acteurs, donnant une impression de réalisme à ses histoires, de vie de tous les jours, de quotidien.

Filmographie :

1996 : Les Héros (De største helte)
1998 : Festen
2003 : It's All About Love
2005 : Dear Wendy
2007 : When a Man Comes Home
2010 : Submarino



****


FESTEN


Scénario : Thomas Vinterberg ; Mogens Rukov
Année : 1998
Genre : Drame (Dogme #1)

Avec : Ulrich Thomsen (Les Heros, Le poifs de l'eau, Blueprint), Henning Moritzen (Cris et chuchotements), Thomas Bo Larsen (Les Heros), Paprika Steen (Les Heros, Open Hearts), Birthe Neumann, Trine Dyrholm (Les Heros, In your hands)…

Durée : 1h46
Pays : Danemark

Cannes 1998 : Prix spécial du Jury
Gijon 1998 : Prix du meilleur réalisateur
Rotterdam 1999 : Prix du public


Une grande fête est organisée pour les 60ans d'Helge. Toute la famille se réunit, ainsi que les amis proches de la famille. Quelques mois auparavant, c'était à l'enterrement d'une des deux filles qui avait lieu. Linda, suicidée sans laisser d'explication. Comme derrière toute famille il y a des secrets, des conflits, des violences contenues. dès le départ le ton est donné : Mickaël qui abandonne sa famille sur la route pour accueillir son frère dans la voiture surchargée. Le même Mickaël qui ne voit pas son nom inscrit sur la liste des invités… On pense qu'on a là la brebis galeuse, mais inexorablement les autres membres de la famille vont révéler leurs " défauts ". Et LE secret.

Vinterberg arrive parfaitement à faire planer le malsain à travers la fausse douceur d'une fête de famille de bons bourgeois. Il fait errer le fantôme de Linda comme un poids certain, porteur de vérités. Comme Hélène découvre une lettre après avoir suivi les indices laissés par sa sœur, le film se déliera petit à petit, étape par étape, pour révéler à chaque fois plus d'horreur, plus de violence, plus de douleurs. L'hypocrisie mise en scène est abominable. Lorsque le pire est annoncé, la fête continue tranquillement, on fait une farandole, on boit, on se complimente. On se cache la vérité, on garde contenance, il ne faut surtout pas perdre la face.

Les acteurs sont parfaits dans ce film, aucune fausse note. On voit l'alcoolique violent et frustré en Mickaël, le patriarche autoritaire en Helge, l'épouse soumise et fidèle, la fille guillerette en Hélène, et le fils prodigue en Christian. Et on voit leur terrible effondrement. La caméra à l'épaule (consigne du dogme) permet une immersion totale dans cet univers de plus en plus glauque. On sent la faiblesse de la Vérité à surgir, la fébrilité des carapaces qui s'effritent. Les âmes qui se déchirent le corps. Finalement on a l'impression d'assister à un film de famille, un petit souvenir sur pellicule et on assiste à un véritable chef d'œuvre !

Queenie a écrit:

Finalement on a l'impression d'assister à un film de famille, un petit souvenir sur pellicule et on assiste à un véritable chef d'œuvre !

Ce film est d'une force incroyable...Je l'ai vu plusieurs fois (parfois je regarde des passages), il me fascine...Chef d'oeuvre, oui, je suis assez d'accord...ou plutôt film-culte...

J'étais persuadée que Festen avait été réalisé par Lars von Trier. Mais ça y est, j'ai compris, c'est parce qu'avec Thomas Vinterberg ils inaugurent tous deux le label Dogme95 dont le texte démarre ainsi :

Citation :

« Vœu de chasteté
Je jure de me soumettre aux règles qui suivent telles qu'édictées et approuvées par Dogme 95
1. Le tournage doit être fait sur place. Les accessoires et décors ne doivent pas être amenés (si on a besoin d'un accessoire particulier pour l'histoire, choisir un endroit où cet accessoire est présent)
2. Le son ne doit jamais être réalisé à part des images, et inversement (aucune musique ne doit être utilisée à moins qu'elle ne soit jouée pendant que la scène est filmée) (...)
7. Les détournements temporels et géographiques sont interdits. (C'est-à-dire que le film se déroule ici et maintenant). (...)
De plus je jure en tant que réalisateur de réfréner mon goût personnel. ...
Et ainsi je fais mon Vœu de Chasteté /Copenhague, Lundi 13 Mars 1995

Là, on imagine Portouverte réceptionnant les nouveaux adhérants sur Parfum
Tant de rigidité, on a du mal à y croire et pourtant, Festen, Dancer in the Dark, Breaking the waves, même sur DVD c'est remarquable.

Babelle a écrit:

Là, on imagine Portouverte réceptionnant les nouveaux adhérants sur Parfum
Tant de rigidité, on a du mal à y croire et pourtant, Festen, Dancer in the Dark, Breaking the waves, même sur DVD c'est remarquable.

C'est donc que ça doit marcher! :)

Depuis le temps qu'on m'en parle de ce Festen... et dire que j'ai oublié de l'emprunter la dernière fois que je suis rentré à la maison (l'autre celle avec la famille...)

je le remonte de quelques places dans la liste des films qu'il va falloir se décider à voir depuis le temps !

Citation :

De plus je jure en tant que réalisateur de réfréner mon goût personnel. ...

je trouve cette phrase intéressante.

Animal, si je puis oser un autre conseil ( il va dire, celle là, qu'est ce qu'elle est casse-pieds!!), peut être pas un film à voir dans une réunion familiale....
A moins, bien sûr, que tu veuilles t'en servir d'introduction pour quelques sujets de discussion, mais là, c'est peut être un peu lourd?

hahaha

ce film si je ne l'ai pas vu, mon frère l'a vu et m'en avait pas mal parlé peu après... il en a donc du en parlé en long en large et en travers avec mes parents à qui il a offert le dvd !

enfin de toute façon nous avons rarement le temps de regarder "en famille" quand je rentre

mais c'est bien le genre de chose qui peut arriver !

animal a écrit:

Depuis le temps qu'on m'en parle de ce Festen... et dire que j'ai oublié de l'emprunter la dernière fois que je suis rentré à la maison (l'autre celle avec la famille...)

je le remonte de quelques places dans la liste des films qu'il va falloir se décider à voir depuis le temps !

Citation :

De plus je jure en tant que réalisateur de réfréner mon goût personnel. ...

je trouve cette phrase intéressante.

didiouu je l'ai cherché ce fil !!!

'ffectivement... réputation méritée... pour éviter d'en faire des tonnes et... parce que je ne m'y attendais pas vraiment à ça... il y a de vraiment belles images dans ce film (qui fait un peu reportage de guerre avec le montage qui va avec). je m'y attendais un peu en contenu mais pas dans la forme... il faut que je digère, j'ai à digérer ce mélange...

belles images grâce aux acteurs mais pas seulement...

c'est un peu un Steven Seagal danois ce cuisinier

animal a écrit:

c'est un peu un Steven Seagal danois ce cuisinier

contente que le film t'ai plus !

Un homme rentre chez lui (Em mand kommer hjem, Thomas Vinterberg, 2007)

Un des principaux promoteurs du Dogme danois, Thomas Vinterberg, obtient un énorme succès (mérité) avec Festen, son deuxième film (après Les héros), tourné alors qu'il n'a que 29 ans. Las, deux films américains plus tard - It's all about love et Dear Wendy -, il faut bien se rendre à l'évidence : il n'a pas tenu ses promesses. De retour au Danemark, Un homme rentre chez lui (pas sorti en France), manifeste un léger mieux, mais ce n'est pas encore ça. Cette histoire de garçon bégayant, en manque de père, en mal de mère, partagé entre deux fiancées, se voudrait une comédie mais le coeur n'y est pas. Trop de déchets dans le scénario, des changements de ton permanents, un burlesque mal maîtrisé...Pourtant, l'image est très belle et quelques scènes surnagent, celle d'un repas qui tourne au cauchemar, par exemple, qui rappelle ... Festen. Son dernier film, Submarino, est cette fois distribué en France, à partir du 1er septembre. On espère une rémission.

Ce que j'ai lu de Submarino m'a donné envie, j'espère que ce sera à la hauteur !

Queenie a écrit:

Ce que j'ai lu de Submarino m'a donné envie, j'espère que ce sera à la hauteur !

Trailer.

Submarino de Thomas Vinterberg

Citation :

Deux frères mènent, dans la même ville, des existences parallèles, séparés à jamais par les blessures de l’enfance. Pourront-ils un jour se retrouver et changer le cours de leur destin ?

Perdu depuis quelque temps dans des productions américaines insipides (Dear Wendy, It's all about love), Thomas Vinterberg est revenu tourner au Danemark. Après un tour de chauffe peu convaincant (Un homme retourne chez lui, pas sorti en salles chez nous), Submarino nous redonne espoir dans un cinéaste qui a quand même réalisé Festen dans un passé pas si lointain. Pourtant, la première partie du film a tout du mélodrame sordide, noir comme la suie, avec trauma d'enfance et dérive inexorable de deux frères, qui dans l'alcool, qui dans la drogue. Tout change avec un flashback inattendu, quasi incompréhensible à son entame, qui annonce peu à peu comme un semblant d'éclaircie dans ces existences vouées à la tragédie. Ce n'est pas grand chose, pas même synonyme d'espoir, mais le basculement est tel qu'il fait prendre conscience de l'intelligence du scénario et de la qualité de la mise en scène, d'une sobriété exemplaire. En même temps, Vinterberg assume le caractère sacrificiel de son histoire et ne recule pas devant un dénouement forcément fatal et terrible. Mais, paradoxe, la lueur qui trouait ce brouillard opaque semble alors gagner en force. Dans ce bloc de souffrances partagées, il y aurait sans doute la place pour un peu de tendresse, symbolisée par la paternité. Est-ce une vision trop optimiste des choses ? Peut-être, ou peut-être pas. En tous cas, on en a sacrément besoin, au moins autant que les personnages déchus de Submarino.

traversay a écrit:

Submarino de Thomas Vinterberg

Citation :

Deux frères mènent, dans la même ville, des existences parallèles, séparés à jamais par les blessures de l’enfance. Pourront-ils un jour se retrouver et changer le cours de leur destin ?

Voilà un film bien noir, que j'ai assez aimé dans l'ensemble surtout pour la première partie conscacrée à l'ainé des deux frères. L'acteur Jakob Cedregren est vraiment excellent, son regard pénétrant vaut à lui seul tous les discours et reflète tragiquement la destinée de cette famille. J'ai moins accroché à la partie réservée au plus jeune, je l'ai trouvée, malgré la présence du petit garçon qui donne un peu de lumière à cette noircitude, vraiment trop sinistre. Vinterberg ne nous épargne rien de ces rituels sordides propres aux junkies et sans doute par réflexe d'auto protection ma compassion première s'est un peu changée en extrême lassitude. Rien de nouveau donc dans cette descente aux enfers.

Par contre je reconnais comme traversay une maîtrise scénaristique impeccable et une sobriété de ton qui forcent le respect. La rugosité des personnages et celle de l'histoire laissent parfois filtrer de beaux moments d'émotion d'autant plus forts qu'ils nous prennent par surprise, de même que l'humour qui parfois jaillit à quelques reprises et qui dénote dans cet amoncellement de malheurs.

En résumé même si le film aurait gagné en coupures je retiens une indéniable humanité et surtout le personnage de Nick, taiseux au grand coeur, figure rebelle et tendre telle qu'on les aime, qui porte presque à lui seul toute l'aura du film.

Submarino.

Frappée par le scénario et le montage de celui-ci, ça nous embarque complètement dans une histoire dont les fils se nouent les uns aux autres petit à petit. Rien que pour ça, je suis en accord avec Traversay et Aériale, et je dis : Bravo !

Ensuite, les histoires sont parfaitement bien tenues, avec cette simplicité qui fait penser que ça pourrait être nous, notre pote, notre frère, notre voisin de palier. On est tout de suite attendris par ces gars écorchés, à la blessure qui n'arrive pas à se colmater, et encore moins en serrant très fort les poings.

De beaux portraits d'hommes fragiles et durs, j'ai été tourneboulée, émue. Et j'ai versé ma petite larme à la fin.

En plus Thomas Vinterberg, sans prévenir, nous sort des images, des couleurs, des plans, qui nous font tourner de l'œil devant la beauté de ce que l'on voit.

Un film à voir !