Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Jean Rhys

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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyMer 28 Avr 2010 - 8:29

J'ai vraiment la sensation que tu n'as pas acheté assez de Billy Kenavo. Il faudrait lancer une grande souscription : Sauvons les livres de Kena des cartons du grenier, parce que c'est vrai, ce n'est pas un traitement digne pour nos meilleurs amis. rire
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Epi
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyMer 28 Avr 2010 - 10:35

kenavo a écrit:
Epi a écrit:
Mais, mais, on n'enferme pas Jean Rhys dans des cartons voyons, au grenier en plus ! Ce n'est pas un traitement convenable !! Jean Rhys - Page 3 28294
Je viens de le remarquer Wink elle a bien prit sa 'revanche' en me donnant furieusement envie de la lire (et en plus que j'ai vu dans un commentaire sur internet que Goodbye Mr. Mackenzie est considéré comme un chef-d'oeuvre d'elle.. et je l'ai.. au grenier Cool
Voilà, tu es punie Jean Rhys - Page 3 460852


kenavo a écrit:
Epi a écrit:
Si Edmund White parle d'elle, je me laisserai peut-être tenter, déjà, ce que vous en dites sur le fil de la lecture commune me fait bien envie.
ah non.. pas de mots d'elle dans ce livre - c'est en faisant des recherches sur d'autres personnes dans ce livre que je l'ai 'retrouvé': Stephen Crane, dont parle ce livre de White, était à un moment donné dans sa vie ami de Ford Madox Ford.. et lui m'a ammené vers Jean Rhys Wink
Bon, je le laisse de côté pour l'instant alors.
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sopsch
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyMer 4 Jan 2012 - 22:12

Je viens de finir La Prisonnière des Sargasses (moins beau titre que l'original, wild and sea...) enthousiaste
Livre magnifique, à voir avec la folie, le sentiment d'inquiétante étrangeté, la non appartenance, l'incompréhension, la solitude, la condition féminine... Description d'un monde aboli, l'empire britannique, d'un lieu à la fois paradisiaque et infernal. J'ai appris sur des sites que le roman de Rhys était un "prequel" à Jane Eyre, l'auteur s'est glissée dans les blancs du chef d'oeuvre de Ch. Bronte pour donner corps et vie à la première madame Rochester, Antoinette Mason, devenue Bertha. J'avais lu Jane Eyre à douze ans, le nom de la "folle du grenier" était oublié... Même sans cette référence, le roman se lit très bien, extrêmement moderne. Et très triste, comme la vie peut l'être quand la chance n'est jamais au rendez vous. Ellipses, scènes sans détours, pensées fragmentaires, "on ne connait finalement rien d'autre que soi même", ai je lu quelque part... On peut s'identifier à l'héroïne, celle dont la voix ouvre le roman polyphonique. Le personnage de Rochester, beau ténébreux tourmenté dans Jane Eyre n'est ici qu'un intrigant corrompu, qu'Antoinette n'a t elle pu aller au bout de sa magie noire "obi" avec sa nourrice Christophine, sorte de Mama au foulard en madras, donnant des conseils à une Antoinette orpheline, tout comme Scarlett, mais dans une terre bien plus lourde à porter encore que Tara dans Gone with the wind. D'ailleurs le roman est court, se lit vite, s'imprime pour toujours dans la tête, va droit au but, même si bien des choses sont laissées dans le doute, sans réponse, comme dans la vie quoi... Oui c'est magnifique, et la vie de Jean Rhys semble avoir été assez mélodramatique aussi, épisodes dépressifs et alcolliques, what else ?
Les autres romans de Rhys sont de la même veine ? Lu Quatuor il y a des années, zéro souvenir...


Epi a écrit:
domreader a écrit:
Wide Sargasso Sea est un livre magnifique. C'est, dit-on, LE chef d'oeuvre de Jean Rhys. Je l'avais pour ma part adoré, un très, très bon livre.
Ayant commencé par celui-là, je ne me suis pas attaquée aux autres car j'ai eu peur d'être déçue.
Ton commentaire me fait extrêmement plaisir, je connais peu de gens qui ont lu ce livre alors quand on dit qu'on l'a adoré... swing
C'est le dernier de Jean Rhys que j'ai lu, je ne sais donc pas si on est déçu lorsqu'on lit les autres après mais je comprends que tu aies envie de rester sur cette excellente impression Very Happy
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyMer 4 Jan 2012 - 23:39

D' accord avec vous deux. Je pense que Jean Rhys a été exécutée sommairement. Essayez La Prisonnière des Sargasses, mais pas seulement...
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Epi
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyJeu 5 Jan 2012 - 11:20

Très contente que tu aies aimé Sopsch, c'est une histoire qu'on n'oublie jamais, ce livre restera pour toujours dans mon top 5.

Les autres de Rhys sont différents et je les avais beaucoup aimés mais pas autant que Wide Sargasso Sea (ou La prisonnière des Sargasses).
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyJeu 5 Jan 2012 - 20:15

Epi a écrit:
Très contente que tu aies aimé Sopsch, c'est une histoire qu'on n'oublie jamais, ce livre restera pour toujours dans mon top 5.

Les autres de Rhys sont différents et je les avais beaucoup aimés mais pas autant que Wide Sargasso Sea (ou La prisonnière des Sargasses).

Je n'ai lu que que dernier 'Wide Sargasso Sea' que j'avais trouvé magnifique, un vrai bijou. On m'a dit que les autres romans de Jean Rhys n'ataient pas aussi bons, du coup j'ai toujours hésité à en lire un autre de peur d'être déçue. Mais il sera toujours temps de rattraper cela.
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyVen 25 Juil 2014 - 20:15

Quai des Grands-Augustins
Jean Rhys - Page 3 97820710

Julia Martin vient de se séparer de son amant. Elle avait préalablement divorcé après avoir perdu son enfant. Elle a un lourd contentieux avec sa sœur et sa mère qui est très malade. On accompagne son errance entre Paris et Londres.

Jean Rhys a écrit ce roman en 1937 et j’ai pourtant ressenti une certaine intemporalité dans ce portrait de femme « moderne » dans sa lucidité désenchantée comme dans ses excès, parfois au bord de l’hystérie. L’acuité du regard, la cruauté latente des relations humaines qui n’exclut pas un certain humour, la profonde solitude jusqu’à la névrose m’ont semblé anticiper à la fois des écrivains comme Barbara Pym pour le côté minimaliste et précis mais aussi Joyce Carol Oates (qui l’admire) pour cette immersion dans l’univers mental de cette femme paradoxale qui s’enlise et suscite l’agacement et le rejet par sa franchise et son incapacité à faire semblant.

L’écriture est elliptique et imagée, superbe dans sa concision. J’étais au départ un peu réticent devant le côté anecdotique du récit et puis j’ai été embarqué et finalement très ému. Avec le sentiment de découvrir un grand écrivain.

Quelques extraits pour donner une idée :

Elle avait l’impression que son moi réel s ‘était évadé de son propre corps, et qu’il était allé s’accroupir dans un coin de la chambre, comme un animal méfiant, pour surveiller de loin cette enveloppe vide, abandonnée sur le rocking-chair, qui discutait avec l’oncle Griffiths de l’homme qu’elle avait aimé.

Mr Horsfield commanda donc une fine, un whisky, et l’observa pendant qu’elle buvait. Elle paraissait plus âgée qu’à Paris, et nettement moins jolie. La fatigue lui tirait la bouche et les paupières. Une petite veine bleue battait contre son œil droit. Qu’on raconte ce qu’on voudra, tout ça cachait quelque chose. La façon dont ce visage trahissait sa fatigue et son âge fascinait Mr Horsfield . C’était étrange d’imaginer l’existence d’une felle comme elle. De chercher quelle genre d’image elle se faisait d’elle-même – lorsqu’elle se regardait dans une glace, par exemple. Où trouvait-elle la force de survivre, sinon dans quelques illusions déchirantes qu’elle était obligée d’entretenir savamment ? Se voyait-elle encore jeune, encore mince, encore capable de tout, persuadée qu’elle restait éternellement la même – par une sorte de miracle – alors que tout vieillissait autour d’elle ?

Il y avait un vase de tulipes dans l’entrée, des tulipes couleur feu – la plus belle de toutes les fleurs. Certaines se tenaient très droites, hautaines, virginales, presque guindées. D’autres encore, qui étaient en train de mourir, gardaient, jusque dans la mort, une grâce alanguie.
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyVen 25 Juil 2014 - 22:02

Merci pour ce commentaire mais ......une tentation supplémentaire pour moi . hs
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyDim 12 Oct 2014 - 23:44

Quai des Grands-Augustins


Jean Rhys nous emmène de façon poignante dans les ressentis d'une femme de trente-six ans, Julia, qui vient d'être éconduite par son dernier amant. Elle se retrouve seule et en détresse, mesurant la profondeur de la solitude. Même auprès de sa famille, elle ne ressentira que rejet et indifférence. Cette femme a pourtant été une petite fille heureuse comme presque toutes les petites filles, sautillantes et insouciantes.
Mais non, la vie n'est pas faite d'insouciance, la vie est dure; d'ailleurs sa jeunesse et tout espoir s'en vont en même temps que décède sa mère...
Jean Rhys nous décrit les déconvenues, la tristesse, l'espoir disparu de Julia, mais cela aurait pu être ceux de n'importe quel adulte, tout à coup sur la sellette, qui se rend compte de la dureté de la vie où l'Autre ne voit que son propre intérêt. Personne n'a intérêt à se frotter à quelqu'un qui a des soucis... Terrible constat ! Quelle société... comment ne pas devenir aigri(e) ?
Livre émouvant, qui résonne terriblement pour qui a vécu les vicissitudes de la solitude et d'un destin brisé à un moment de sa vie.
Pour mon premier livre de Jean Rhys, j'ai été gâtée !
J'adore l'écriture de cette écrivain, toute en finesse.
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyLun 13 Oct 2014 - 17:18

Je suis content que vous appéciez Jean Rhys. Je pense qu' elle le mérite !
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 EmptyMar 14 Oct 2014 - 11:49

Jean Rhys - Page 3 Quatuo10 Quatuor

L'argent.
Les femmes.

Voici les deux grandes thématiques qui inspirent Quatuor. Avec ces deux éléments Jean Rhys propose toutes les combinaisons possibles.

Marya est une jeune anglaise pauvre, devenue une 'girl' dans une revue de music hall. Elle rencontre Stephan, un polonais, qui tombe amoureux d'elle et lui propose de l'épouser. Ils partent vivre à Paris et Stephan souligne combien il est dur pour une femme de vivre sans fortune (un homme, lui, peut toujours se débrouiller). Et c'est ce qu'il fait Stephan, joyeux et taciturne, amoureux et menteur, il se débrouille. Dans le Montmartre des années 30, le couple dépense sans compter dès qu'il a quelques sous et s'arrange des vaches maigres quand la disette survient.

Marya passe beaucoup de temps seule, à marcher dans les rues de Paris ou à fréquenter des bouges que Stephan lui a pourtant interdit. Lui, il est gentil, roublard, aventureux, pas très loquace. Elle, timide, évanescente, mélancolique.

Au bout de quatre ans de cette vie de bohème, une amie de Marya lui présente un couple d'étrangers : les Heidler. Et quand Stephan se retrouve en prison, c'est tout naturellement que Marya va se tourner vers ce couple solide, riche, artiste mais qui se veut honnête. Toujours honnête. Et même quand Heidler devient l'amant de Marya (grâce aux arrangements quelque peu pervers de Loïs, la femme de celui-ci), il faut jouer le jeu des apparences et faire comme si tout cela n'existait pas.

Le malheur c'est que Marya va tomber follement amoureuse de ce Heidler aux grosses mains boudinées, qui ne quittera jamais sa femme pour une grue. Car de girl en grue, dans ce Paris des années trente, pour une femme sans le sou, il n'y a qu'un pas à franchir.

Et peu importe les sentiments de Marya, son cœur souffrant à la rendre malade. Il faut jouer le jeu, sacrifier aux apparences, à l'honnêteté, à la bienséance.

Un livre qui retrace donc l'aventure de cette jeune Marya, d'une écriture hâchée, distanciée, saccadée, qui m'a tenue en partie à l'extérieur de ce roman, tout comme Marya semble à l'extérieur de sa vie, incapable de se prendre en main, tenue malgré elle par le problème de l'argent, qu'elle n'a pas, qui l'aiderait (mais s'en rend-elle-même compte ?). Jeune femme légère, mélancolique, brisée dès sa naissance malgré sa grande beauté, elle sera roulée par les uns, insultée par les autres et finalement grossièrement abandonnée par tous.

Les personnages passent leur temps à boire des pernods ou des fines dans des cafés, à chercher des chambres d'hôtels et des taxis dans un Paris pluvieux, tristounet, celui d'une bohême impécunieuse et volage dans lequel un couple malsain se joue de la fragilité des êtres.

Les personnages quand ils se parlent, semblent se parler à eux-mêmes, n'attendant jamais la réponse de leur interlocuteur, ne l'entendant même pas et bien souvent de toute manière la réponse parait caduque, décalée et bizarre.


Et c'est également le sentiment que j'éprouve après la lecture de ce livre, une lecture loin d'être désagréable mais un peu désincarnée, décalée comme si la grande fatigue de vivre qu'éprouve Marya (qui pourtant ne fait pas grand-chose de ses journées ni de ses nuits) envahissait le lecteur et finissait par l'engourdir insidieusement...
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MessageSujet: Re: Jean Rhys   Jean Rhys - Page 3 Empty

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