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| Hubert Haddad | |
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Auteur | Message |
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mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mar 29 Nov 2011 - 15:27 | |
| Opium Poppy- Zulma (Août 2011)-170 pages - Citation :
- Encore et encore, on lui demande comment il s’appelle. La première fois, des gens lui avaient psalmodié tous les prénoms commençant par la lettre A. Sans motif, ils s’étaient arrêtés sur Alam. Pour leur faire plaisir, il avait répété après eux les deux syllabes. C’était au tout début, à Paris. On venait de l’attraper sur un quai de gare, à la descente d’un train…
Au fil de cette traque à l’enfant, se dessine l’histoire d’Alam. Celle d’un petit paysan afghan, pris entre la guerre et le trafic d’opium, entre son désir d’apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour un frère tête brûlée et l’amour éperdu qu’il porte à une trop belle voisine… Ce surprenant roman à la précipitation dramatique haletante éclaire la folle tragédie des enfants de la guerre. « Qui aura le courage d’adopter le petit taliban ? » semble nous demander avec une causticité tendre l’auteur d’Opium Poppy .
« Les gosses, on les engage, ou on les abandonne. » « Jeune ou vieux, quand on vit dans la rue, l’essentiel est de montrer bonne figure. » « Il n’existe pas d’instance pour la mémoire piétinée. »Ma première rencontre avec l’auteur m’avait un peu déçue. Son dernier roman , m’a en revanche permis d’apprécier une écriture de qualité, et une histoire émouvante. Comment de Kaboul, aux faubourgs de Paris, la vie d’un enfant va basculer ? Hubert Haddad, va nous faire partager le quotidien d’Alam l’évanoui, qui dit son sobriquet à un épisode bien précis de son enfance, et qui porte le même prénom ue son frère. Alam, Afghan ; enfant abandonné à lui-même dans un pays qui a sacrifié sa jeune génération au nom de l’obscurantisme, la violence. Hubert Haddad a évité l’écueil de l’immobilisme, en alternant sa narration. L’Afghanistan, où les enfants sont livrés à eux-mêmes, s’adonne aux trafics, et sont souvent la cible des groupes armés ; un camp de réfugiés, non loin de Paris, où ils sont devenus d’autres cibles, sont les otages d’autres gens pas plus recommandables. Fuir la misère, le chaos, l’absence de d’avenir, pour se retrouver dans d’autres misères, sans plus d’avenir devant soi. Tel est le destin d’ Alam. Ce texte est touchant, et par des mots et images parfois durs ne cachent rien de cette réalité, tant là-bas, qu’ici ; mais l’auteur le fait malgré tout avec une certaine retenue. | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mer 14 Déc 2011 - 13:29 | |
| J'ai arrêté Palestine, qui démarrait pourtant avec fracas et action. J'ai trouvé le style fantastique, mais comment dire, un peu décalé par rapport à la violence décrite. A un moment, j'étais transportée par la magie du verbe et j'en perdais le fond ! Qui est quand même suffisamment grave et d'actualité pour mériter de ne pas être "noyé" par la littérature (oh l'horrible expression ! ). Je me rends compte que j'ai un jugement un peu brutal, mais j'ai laissé tomber car au bout du compte "je n'y ai plus cru". Il faut que je le lise sur un autre sujet.
Dernière édition par tina le Mer 14 Déc 2011 - 13:43, édité 1 fois | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mer 14 Déc 2011 - 13:40 | |
| - tina a écrit:
- J'ai arrêté Palestine, qui démarrait pourtant avec fracas et action.
J'ai trouvé le style fantastique, mais comment dire, un peu décalé par rapport à la violence décrite. A un moment, j'étais transportée par la magie du verbe et j'en perdais le fond !
Qui est quand même suffisamment grave et d'actualité pour mériter de ne pas être "noyé" par la littérature (oh l'horrible expression ! ).
Je me rends compte que j'ai un jugement un peu brutal, mais j'ai laissé tomber car à un moment "je n'y ai plus cru".
Il faut que je le lise sur un autre sujet. Je l'ai lu, mais je suis restée très en retrait par rapport à ces personnages qui ne m'ont pas touchée | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mer 14 Déc 2011 - 16:55 | |
| Opium PoppyApropos de Palestine Tina nous dit... - Citation :
- Je me rends compte que j'ai un jugement un peu brutal, mais j'ai laissé tomber car au bout du compte "je n'y ai plus cru".
J'ai moi aussi laissé tomber Opium Poppy qui partait pourtant bien, avec un style à la fois poétique et âpre qui coulait tout seul, dans de bonnes proportions disons. Bref qui m'avait accrochée. Mais je rejoins un peu le sentiment de Tina à propos de l'écriture de Haddad. "A un moment je n'y ai plus cru" c'est exactement cela. Rien à dire sur son talent d'écrivain, mais ce que j'ai pris pour de la grâce ne m'a paru par la suite que gonflée aux bons sentiments. Atrocités en tous genres, désespérance et misère, tout y passe, l'auteur en use et en abuse à tel point qu'on se demande jusqu'où il va aller et surtout si on ne tombe pas un peu dans le cliché. L'histoire de ce jeune enfant afghan rescapé du massacre et fermé au monde suite à cette guerre sans âme m'a laissée peu à peu à quai. Dommage oui, car cet étalage (bien ficelé) d'horreurs peut sans doute être réelle et je ne saurai pas ce qu'il advient de Alam vu que j'ai stoppé ma lecture à l'arrivée de Poppy (page 110) Pas gouté l'opium qu'elle promettait, trop raplapla pour l'envol, désolée... | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Re: Hubert Haddad Dim 15 Avr 2012 - 11:57 | |
| Dans Opium Poppy, Hubert Haddad mêle habilement deux récits. Le parcours parisien du jeune héros, raconté au présent et de manière chronologique, est régulièrement entrecoupé de flashes-back au passé restituant son errance afghane et son exil vers la France et l'auteur ménage de nombreux échos significatifs entre ces deux récits car le champ de son roman ne se limite pas à l'Afghanistan. Cette construction alternant des décors variés impulse aussi du rythme à cette histoire et réussit à préserver un certain mystère jusqu'à la fin. Même si la langue est dans l'ensemble très poétique , le style est varié car la narration extérieure passe le plus souvent par les yeux des personnages qui influent sur ce dernier. Les pensées et les sensations des caïds de banlieue sont ainsi transcrites avec gouaille et familiarité tandis que celles de l'enfant s'expriment essentiellement par des images. Aussi le lecteur peut-il se sentir de ce fait plus impliqué et "y croire". La grande réussite d'Hubert Haddad, qui est avant tout un poète, c'est de réussir à dépasser l'horreur de la réalité dénoncée en révélant ce qui est enfoui au-dessous. Et c'est en cela que son écriture est authentiquement poétique. Et l'auteur ranime ainsi une maigre flamme d'humanité en faisant resurgir la beauté. Opium Poppy a reçu le prix du Cercle Interallié 2012 en mars dernier, un prix pour moi mérité. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mar 20 Nov 2012 - 23:49 | |
| Vivement le 3 janvier... Haddad au Japon avec: Le peintre d'éventail - Citation :
- C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques.
Attenant à l’auberge, avec en surplomb la forêt de bambous et le lac Duji, se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail et un subtil haïkiste. Il devient peu à peu le disciple dévoué de maître Osaki. Fabuleux labyrinthe aux perspectives trompeuses, le jardin de maître Osaki est aussi le cadre de déchirements et de passions, bien loin de la voie du Zen, en attendant d’autres bouleversements… Avec le Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous offre un roman d’initiation inoubliable, époustouflant de maîtrise et de grâce. Sublime Japon ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mer 21 Nov 2012 - 9:50 | |
| - Marko a écrit:
- Vivement le 3 janvier... Haddad au Japon avec:
Le peintre d'éventail ah oui, je suis la page internet de sa maison d'édition aussi de près et j'ai déjà noté ce roman | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hubert Haddad Dim 6 Jan 2013 - 17:02 | |
| Ce dernier roman est splendide. J'y reviens une fois termine. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mer 9 Jan 2013 - 11:42 | |
| Le peintre d’éventail - Citation :
- Présentation de l’éditeur
C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques. Attenant à l’auberge, avec en surplomb la forêt de bambous et le lac Duji, se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail et un subtil haïkiste. Il devient peu à peu le disciple dévoué de maître Osaki. Fabuleux labyrinthe aux perspectives trompeuses, le jardin de maître Osaki est aussi le cadre de déchirements et de passions, bien loin de la voie du Zen, en attendant d’autres bouleversements… Avec le Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous offre un roman d’initiation inoubliable, époustouflant de maîtrise et de grâce. Sublime Japon ! Difficile de dire plus de cette lecture enchantée et Marko l'a lu aussi et va venir avec un commentaire sublime, je n'ai donc pas besoin de faire des masses Je dirais qu’Hubert Haddad est aussi peintre. Peintre avec des mots. Parfois j’avais l’impression que les lettres touchaient à peine le papier, tellement délicat sont les mots qu’il a choisi pour décrire ce qui se passe dans ce livre. Difficile d’en dire plus parce que je pense que c’est une lecture tout à fait personnelle qui dépend des affinités du lecteur. Mais je ne peux que recommander ce livre à tous ceux qui aiment la littérature « zen » du Japon, il s’est bien « imbibé » de l’atmosphère du pays. Et je rejoins ces lecteurs qui ont donné leurs avis sur le site de Zulma : « Magnifique ! » Renaud junillon, librairie Lucioles, Vienne.
« Le plaisir de lecture est immense. » Manuel Hirbec, Librairie l'Armitière, Yvetot.
« Un délice ! » Louise Theobald, librairie l'Autre rive, Nancy.
« " L'harmonieux vertige" de l'art de la suggestion. Ce superbe roman "par une manière d'enchantement continu ourdi de surprises et de distractions" captive, envoûte le lecteur médusé par tant de beauté à la fin violemment contrariée par les terribles secousses de la nature,"dans l'éclat délectable de la perfection" d'une écriture poétique bercée par des haikus inspirés. » Anne Brouilhet, Fnac Paris Montparnasse.
« Écrit tout en délicatesse, Le Peintre d'éventail est un livre à part, nostalgique et grave, mais aussi aérien, baigné de spiritualité. » Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Hubert Haddad Sam 12 Jan 2013 - 10:22 | |
| peut-être un extrait pour vous donner envie de découvrir ce petit bijou:
» Chaque hiver, c’est la même surprise, comme s’il fallait recommencer à partir de rien la grande fresque du temps. Il neige sur le monde comme sur la mémoire. Là-haut, derrière une vitre, le visage fripé d’Aé-cha s’émerveille. A travers toute cette blancheur, on croirait celui d’une petite fille à peine éveillée. Une vapeur aux lèvres, Matabei jauge d’un coup d’oeil la charge de neige sur les branches fragiles des cerisiers. Les saules, eux, ne risquent rien. Le long des ruisselets, des efflorescences de gel se pressent en bouquets. Le silence trouve son fil dans un chuchotis d’eau vive, à peine trois notes par le bec et l’embouchure d’un pipeau de glace. L’une après l’autre, dissonantes, deux pies viennent fracturer un seau de verre dans le châtaignier.
A l’intérieur, côté atelier, Matabei s’est remis à l’énigme d’un éventail. Peindre n’a guère d’autre signification qu’un prolongement indéfini du regard - « | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Hubert Haddad Sam 12 Jan 2013 - 14:22 | |
| - kenavo a écrit:
- peut-être un extrait pour vous donner envie de découvrir ce petit bijou:
Ah oui!...J'aime bien les extraits!... Celui-ci d'ailleurs me conforte dans l'envie que j'ai de lire le roman! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Hubert Haddad Sam 12 Jan 2013 - 16:05 | |
| Tu as raison Kenavo. Il faut absolument donner envie de lire Haddad qui est l'un de nos meilleurs écrivains avec une oeuvre déjà impressionnante derrière lui. Je reviendrai parler de ce Peintre d'éventail. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Hubert Haddad Sam 12 Jan 2013 - 16:15 | |
| - coline a écrit:
- Ah oui!...J'aime bien les extraits!...
Celui-ci d'ailleurs me conforte dans l'envie que j'ai de lire le roman! tu vas adorer, j'en suis certaine... - Marko a écrit:
- Tu as raison Kenavo. Il faut absolument donner envie de lire Haddad qui est l'un de nos meilleurs écrivains avec une oeuvre déjà impressionnante derrière lui. Je reviendrai parler de ce Peintre d'éventail.
ah mais oui, faut que tu viens en parler, tu sauras faire beaucoup mieux que moi et tout le monde va avoir envie de le lire | |
| | | Emmanuelle Caminade Envolée postale
Messages : 204 Inscription le : 06/11/2009 Age : 74 Localisation : Drôme provençale
| Sujet: Re: Hubert Haddad Mer 16 Jan 2013 - 10:47 | |
| - kenavo a écrit:
- peut-être un extrait pour vous donner envie de découvrir ce petit bijou:
» Chaque hiver, c’est la même surprise, comme s’il fallait recommencer à partir de rien la grande fresque du temps. Il neige sur le monde comme sur la mémoire. Là-haut, derrière une vitre, le visage fripé d’Aé-cha s’émerveille. A travers toute cette blancheur, on croirait celui d’une petite fille à peine éveillée. Une vapeur aux lèvres, Matabei jauge d’un coup d’oeil la charge de neige sur les branches fragiles des cerisiers. Les saules, eux, ne risquent rien. Le long des ruisselets, des efflorescences de gel se pressent en bouquets. Le silence trouve son fil dans un chuchotis d’eau vive, à peine trois notes par le bec et l’embouchure d’un pipeau de glace. L’une après l’autre, dissonantes, deux pies viennent fracturer un seau de verre dans le châtaignier.
A l’intérieur, côté atelier, Matabei s’est remis à l’énigme d’un éventail. Peindre n’a guère d’autre signification qu’un prolongement indéfini du regard - « Merci pour cet extrait qui incite vraiment à la lecture. Ca fera un livre de plus sur ma PAL ! | |
| | | Aaliz Main aguerrie
Messages : 424 Inscription le : 07/11/2012 Age : 44 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Hubert Haddad Dim 24 Fév 2013 - 17:41 | |
| Opium Poppy
Intriguée par le résumé, je me suis laissée tenter par ce petit ouvrage qui me permettait, par la même occasion, de découvrir Hubert Haddad dont j’avais entendu tant de bien. Et effectivement, l’auteur est un grand écrivain à la plume magnifique de poète. De ce côté là, je ne suis donc pas déçue, de très belles pages m’ont été offertes à la lecture.
Concernant le sujet, j’en attendais plus. Et je me rends de plus en plus compte que j’ai beaucoup de mal avec les romans de moins de 200 pages. Je suis restée sur ma faim. Le récit est sombre, le fait qu’Hubert Haddad ait choisi un enfant comme personnage principal attendrit le lecteur mais ce n’est pas suffisant. Je suis restée assez extérieure à l’histoire d’Alam. Vous savez, c’est un peu comme au journal télévisé, on nous montre les atrocités de la guerre à l’autre bout du monde. Alors oui, ça nous chagrine, nous révolte mais voilà … on ne se sent pas vraiment concerné. J’ai eu cette même impression à la lecture d’Opium Poppy. Je mets ça sur le compte de la brièveté du récit.
Concernant l’histoire en elle-même, elle est intéressante mais aurait mérité d’être plus développée. Je n’ai pas su m’attacher à ce petit garçon. Mais peut-être est-ce un « fait exprès » de l’auteur pour insister sur le peu de cas qui a été fait de ce petit être qui n’a pas eu de vie ni même de nom, que la guerre a dépossédé de tout, d’un toit, d’une famille, de la subsistance, d’une identité. Il ne comprend pas le monde qui l’entoure, il ne comprend pas ce qu’on attend de lui. Il suit alors ce qu’il connaît, la filière de l’opium, des champs de pavots de son père en passant par les transporteurs et aboutit aux bas-fonds de la banlieue parisienne parmi les drogués et les petits dealers. L’ennui, c’est que justement, ce trajet a été un peu trop survolé. Après un trajet caché au fond d’un camion, on retrouve Alam dans les égouts de Rome et il atterrit en France dans un centre d’accueil on ne sait pas trop comment. Il faut dire qu’Hubert Haddad a choisit un récit alterné, entre les chapitres situant l’action en Afghanistan et ceux se déroulant en France. Ce qui fait qu’au final, il manque des pièces au puzzle et ça m’a gêné. Néanmoins les passages relatifs à l’Afghanistan sont très intéressants par leur évocation de la vie quotidienne dans un pays en guerre, par le joug des barons de l’opium sur les communautés villageoises, par le sort réservé aux femmes qui osent braver les interdits, par la terreur inspirée par les troupes rebelles mais aussi par celles des troupes occidentales.
J’ai lu de nombreuses critiques qui reprochaient à Hubert Haddad d’exagérer dans l’accumulation de malheurs. Je ne suis pas du tout de cet avis. A quelques reprises, l’auteur nous laisse espérer une sortie de secours pour Alam mais le destin s’acharne, c’est vrai. Mais d’un autre côté, vivre dans un pays en guerre et choisir l’immigration clandestine, ce n’est pas Disneyland ! L’histoire d’Alam se rapproche de près de l’histoire de nombreux réfugiés. Ce qui m’aurait choquée, moi, c’est que l’auteur nous fasse justement une happy end , le petit afghan adopté par un gentil couple français. Ça, ça n’aurait pas été très crédible à mes yeux même si c’est meilleur pour le moral.
Au final, je retiens de cette lecture un récit violent et sombre mais très réaliste servi par un style descriptif des plus poétiques et imagés rendant les scènes très vivantes. Malheureusement, j’aurais voulu que ce soit plus long car je ressors avec le sentiment que la vie d’Alam a été insignifiante alors qu’elle a été marquée de l’horreur de la guerre et de l’exil. Un texte qui fait réfléchir sur le sort qu’on réserve bien souvent aux réfugiés dans les pays d’accueil. En tout cas, je relirai à coup sûr Hubert Haddad et pourquoi pas avec son dernier roman Le peintre d’éventail qui semble conquérir nombre de lecteurs.
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