David Lodge

Hors de l'abri

Un roman avalé en une journée !
Si l'évocation de l'abri pendant la seconde guerre mondiale semble trop bref et enfoui dans la brume de l'enfance, la séquence allemande d'Heidelberg qui constitue l'essentiel du récit trouve immédiatement le ton juste. La perception de l'adolescence, entre émerveillement et interrogations, élans et renoncements, se construit dans un environnement en forme de pont entre l'Allemagne et le monde anglophone. L'occupation apparait presque invisible mais sa symbolique marque la portée d'un quotidien à la fois lancinant et mémorable.
La veine autobiographique est explicite mais la vibration des souvenirs est au service d'images romanesques. Hors de l'abri convoque alors la rigueur d'un apprentissage au milieu d'instants fugaces.

Un homme de tempérament

Comme traversay, j'ai trouvé cette biographie romancée souvent passionnante. Lodge plonge dans l'effervescence d'une époque et suit la trace de Wells avec une remarquable aisance, mélange de précision et de légèreté. Il explore une cohérence entre ses passions amoureuses, son enthousiasme face au désir sexuel et l'ensemble de ses engagements littéraires puis socio-politiques.
Les débats au sein de la société fabienne en Angleterre, reflet d'une vision progressiste vers un socialisme au début du XXème siècle, sont alors liés aux coups d'éclats de Wells et particulièrement à sa perception de l'Amour Libre. Elle provoque plusieurs ruptures et moments de solitude, met en danger sa personnalité d'homme public mais lui permet de toujours renouveler un appétit face à la vie, de partager émotionnellement et intellectuellement la recherche d'un accomplissement personnel.
Lodge aborde une multitude de thèmes, d'une enfance construisant des ambitions et l'idée d'une revanche, jusqu'à l'impact des deux conflits mondiaux sur son oeuvre. Ce tourbillon narratif produit forcément des séquences plus inégales mais laisse le plus souvent une agréable sensation d'euphorie et de vertige.