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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 20 Mai 2008 - 19:12 | |
| Tout ceci survint à la fin du mois de septembre, alors que commençait à s’insinuer la léthargie automnale, que les heures déjà s’écoulaient plus lentes, et que le temps semblait se mettre en stagnation comme les tristes eaux des marécages de Tamoga. « Un Voyageur de commerce », dirent ou pensèrent, sans plus, tous ceux (gent morfondue et désœuvrée) qui à la tombée du jour se rassemblaient à la gare, en considérant l’énorme valise et ensuite le petit homme gîtant comiquement qui tâchait de la traîner sur le quai. « Un scarabée bousier », plaisanta quelqu’un du groupe, pour relancer une conversation mourante. Ils le regardèrent encore quelques instants et personne ne voulut plus se déranger à rajouter un mot, légèrement nostalgiques, tous, d’avoir vu s’évanouir le train dans l’interminable pluie. Cet homme, cet étranger, peut-être ne sut-il jamais lui-même pourquoi il avait choisi cette ville. Ou bien ne la choisit-il pas en réalité : ce fut le hasard, le destin, ce fut sa bonne ou sa mauvaise étoile, la fatalité de l’instant. Julián Rios Cortège des Ombres | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Au fil de nos lectures Mar 20 Mai 2008 - 23:10 | |
| Les nus de Bonnard Sa femme. Pendant quarante ans il l'a peinte. Encore et encore. Le nu du dernier tableau, Le meme que celui, si jeune, du premier. Sa femme. Comme il se la rappelait. Comme elle était jeune. Sa femme au bain. A sa table de toilette devant la glace. Dévétue. Sa femme, les mains sous les seins regardant au dehors le jardin. Où le soleil accorde chaleur et couleur. Toute chose vivante y est en fleur. Elle jeune et frémissante et très désirable. Quand elle est morte, il a peint encore un temps. Quelques paysages. Puis il est mort. Et il a été déposé auprès d'elle. Sa jeune femme. Raymond Carver. La vitesse foudroyante du passé
Dernière édition par bix229 le Mer 21 Mai 2008 - 15:31, édité 2 fois | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 20 Mai 2008 - 23:53 | |
| - bix229 a écrit:
- Les nus de Bonnard
Raymond Carver. La vitesse foudroyante du passé
Je ne veux pas 'déranger' se fil trop - parce que c'est si agréable de lire les textes des auteurs sans commentaires - mais là.. je ne peux pas rester tranquille MERCI - Bix pour cette découverte.. je n'en reviens pas que les poèmes de Carver m'avaient échappé .. je viens de passer la commande pour un recueil de ses poèmes en anglais.. c'est | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Au fil de nos lectures Mer 21 Mai 2008 - 0:50 | |
| C'est amusant Kenavo, j'ai failli te le dédier ce poème connaissant ta passion pour Bonnard... Puis je me suis dit que ce serait prétentieux de ma part... C'était à Carver de le faire... et c'est trop tard... | |
| | | Little devil Main aguerrie
Messages : 536 Inscription le : 14/05/2008 Age : 28 Localisation : Dis-z'y-mieu !
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 21 Mai 2008 - 14:08 | |
| Il ferme les yeux. Un souvenir lui revient: celui d'une humaine à la voix douce. Elle lui grattait le cou, elle lui tendait des assiettes pleines de nourriture. Elle lui faisait une place sur ses genoux, elle lui parlait. Mais un jour elle est devenue toute froide et raide. Alors il y a eu un grand remue-ménage dans la maison. On a mis la voix douce dans une grande boîte en bois. Il se souvient d'avoir suivi la boîte avec un long défilé de gens à travers le village. Puis on a descendu la boîte dans un grand trou, avec de la terre par-dessus. Après, il est revenu à la maison. Des gens allaient et venaient, fouillaient dans les tiroirs, vidaient les armoires sans faire attention à lui. Un humain a fini par lui donner un coup de pied agacé en disant: " Dégage animal!"
Janus, le chat des bois. Anne-Marie Chapouton | |
| | | Invité Invité
| | | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mer 21 Mai 2008 - 14:50 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Dim 25 Mai 2008 - 12:07 | |
| La reconstitution artisanale nous trahit. Prouvant que la justesse des jours a fui; oui, que tout passe, même le plus terre à terre de nos vies. A mesure que les ans s'évanouissent la mémoire s'effiloche, plus vite encore depuis que les miroirs cessent, avec le temps, de répercuter l'écho des visages. Et l'on a beau ouvrir le livre des vieux calendriers au siècle de Lully, nul n'y trouve les belles endormies du Louvre : pas de cigarettes gaufrées dans l'almanach du vin et des saisons.
Sophie Nauleau, la Main d'oublies. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Lun 26 Mai 2008 - 1:15 | |
| Dans un registre nettement plus léger et moins poétique:
"Après le repas, Julien tient à me montrer sa dernière acquisition, Boule de flipper de Corynne Charby. -Je croyais que tu l'avais déjà celui-là... -Oui, mais regarde l'état de la pochette, pas une éraflure, comme neuve, un vrai trésor, son propriétaire n'a pas dû l'écouter souvent. -On ne peut pas lui en vouloir. Entre deux gorgées de liqueur de fruits de mer, je repense au gros bonhomme. Son visage m'obsède et j'ai du mal à me concentrer sur la discussion qui, de toute façon, n'est pas d'un intérêt flagrant."
Figurec, Fabrice CARO | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Sam 31 Mai 2008 - 16:21 | |
| - Citation :
- De vastes nuages sombres, bousculés par le vent tiède de la mousson de nord-est, courent sur la mer de Chine. La houle soulève des vagues lourdes et plombées, qui s'écrasent sur la côte. Lac baleinière de sauvetage grince en talonnant la plage et finalement chavire en éparpillant avirons et naufragés dans l'écume du ressac.
C'était le 13 février 1942, quelques jours avant la chute de Singapour. Les naufragés, des marins et des soldats, échappés de la ville agonisante sous les bombes japonaises, leur petit vapeur torpillé et coulé dans la nuit, regardaient maintenant, dans la lumière froide et cruelle de l'aube, le sable gris sur lequel la fortune les avait abandonnés. Loin à l'est, les paillotes d'un village de pêcheurs, ancrées dans les dunes, pliaient sous les rafales de pluie. A l'ouest, tout proche, un arbre mort, sentinelle avancée de l'immense forêt, se dressait contre une falaise de jungle noire qui, partant de la ligne blanche du ressac, se dissolvait dans le ciel bas. Un lieutenant, ou bien était-ce un capitaine? personne ne sait plus ni son nom ni son grade, proposa de tenter la chance vers le village, d'y attendre la nuit, de persuader les pêcheurs de les embarquer tous vers le sud, vers la Nouvelle-Guinée et l'Australie, que les Japonais n'avaient pas encore atteints... Les naufragés transis, serrés les uns contre les autres comme un troupeau mouillé, discutèrent un moment. Grognements, jurons, velléités... Mais tout ça n'a plus aucune importance. Lentement, l'un après l'autre, par épuisement, par lassitude, ils se levèrent, lourds, pour marcher vers le village. Seul un homme resta immobile. C'était un jeune gaillard roux aux yeux gris, il portait l'uniforme de l'armée et sa veste de combat, déchirée, laissait voir un étrange dessin tatoué sur sa poitrine : un aigle aux ailes déployées terrassant un dragon. Il nettoyait la culasse de son fusil, bloquée par le sable et le sel. Il ne leva les yeux que lorsque l'officier, après un haussement d'épaules, se fut éloigné à son tour, pour rejoindre le groupe en route vers le village sous la pluie. Alors, tournant le dos, l'homme au regard gris se mit en marche vers l'arbre mort et la forêt, en longeant le ressac pour que la mer efface la trace de ses pas. Tous les naufragés qui suivirent l'officier, tous, sauf un, furent tués ou moururent d'épuisement dans les prisons japonaises. Le seul survivant, un marin, réussit une nuit à voler un prahau de pêche et mis quatre mois à gagner l'Australie. Il fut, sans doute, le dernier homme blanc à quitter Bornéo. Il se souvient que l'homme aux yeux gris eut une discussion avec l'officier. Il croit même se souvenir que l'homme parla de liberté; il aurait dit quelque chose comme : - Maintenant nous sommes libres, sir, libres de trouver notre propre chemin... Ou peut-être avait-il simplement dit : - Maintenant je suis libre. Ceci non plus n'a pas beaucoup d'importance, parce que la grande île de Bornéo va s'enfoncer dans la nuit japonaise. Pendant quatre ans, elle sera invisible aux yeux de l'Occident, comme rayée de la carte du monde. L'Adieu au roi, prologue, Pierre Schoendoerffer | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Mar 3 Juin 2008 - 21:39 | |
| - Citation :
- Le soir nous campâmes dans une vaste clairière au-dessus de la rivière, jouissant de ce luxe des Muruts : un ciel libre. Les Commanches firent rôtir un porc sauvage et cuire du riz dans des bambous creux. La nuit était limpide, la pluie en fin d'après-midi avait lavé le ciel. Nous étions heureux. Après lerepas, nous nous étendîmes sur le dos près des braises rougeoyantes et nous contemplâmes les étoiles en mâchonnant des brins d'herbe. Le monde était silencieux. Nous bavardions de choses lointaines, tout ce qu'on peut dire à la lueur des étoiles quand on est heureux... de l'amitié! J'avais sorti mes jumelles pour observer de plus près Orion et Altaïr et je voyais poindre d'autres petites lueurs, invisibles à l'oeil nu. Et il y en avait d'autres encore, que même le plus grand télescope n'eût pas révélées... C'était une de ces nuits bénies où l'on oublie que l'homme est un étranger de passage sur cette terre, que la vie, l'amitié, la mort n'ont pas plus d'importance que la destinée de ces brins d'herbe, où nous mordions; que la nature n'est ni douce, ni cruelle, qu'elle n'est rien...
L'Adieu au roi, pp132-133, Pierre Schoendoerffer | |
| | | Nibelheim Main aguerrie
Messages : 389 Inscription le : 02/09/2007 Age : 36 Localisation : Cambrai
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 5 Juin 2008 - 18:48 | |
| - Citation :
- "Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le 'moi', sous une autre forme, continue l'œuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit de pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres ; - le monde des Esprits s'ouvre pour nous."
Gérard de Nerval, Aurélia, 1ers mots de la 1ère Partie. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Au fil de nos lectures Jeu 5 Juin 2008 - 19:19 | |
| Sublimes lignes d'un très grand poète, merci Nibelheim de les partager avec nous! |
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| Sujet: Re: Au fil de nos lectures | |
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