Leena Lander [Finlande]

Née en 1955, Leena Lander est une romancière finlandaise publiée chez Actes Sud.

Elle est critique littéraire, travaille pour le théâtre, la radio et la télévision, écrit des poèmes, des textes de chansons, des nouvelles, des livres pour enfants ainsi que des essais. Auteur prolifique, connue et reconnue dans le monde entier, ses romans ont été traduits dans une dizaine de langues. Son premier ouvrage publié en français, La maison des papillons noirs, a d’ailleurs reçu le Prix de littérature nordique des Boréales de Normandie.

Bibliographie succincte

* La Maison des papillons noirs, Éd. Actes Sud, 1999, Grand Prix de la littérature du Conseil nordique

* Vienne la tempête, Éd. Actes Sud, 1999

* Les Rives du retour, Éd. Actes Sud, 2000

* Obéir, Éd. Actes Sud, 2006

* La Maison des papillons noirs, Éd. Actes Sud, Collection Babel, 2008

La maison des papillons noirs

Juhani est un jeune garçon marqué par son histoire familiale faite d'alcoolisme et de violence. Se faisant sans cesse renvoyer des familles d'accueil, il sera transféré dans un centre d'éducation pour enfants difficiles sur l'île de Saari où l'attend le directeur, sa femme et ses cinq filles ainsi que les autres enfants du centre, seuls habitants de l'île.

Autoritaire, tyrannique mais également soucieux d'offrir une seconde chance à ces enfants "mal partis", le directeur rêve de transformer son domaine en jardin tropical et d’y élever des vers à soie dans l’espoir d'assister aux splendides éclosions, symboles d’une possible rédemption pour tous. Obsédé par ses rêves de réparation, le directeur s'éloigne peu à peu de sa propre famille et de son épouse, qui se sent chaque jour davantage délaissée.

Quant à Juhani, enfant différent et en marge de la communauté, il sera vite confronté aux sévices des anciens du centre. La protection d'un garçon plus âgé lui permettra de retrouver un semblant de tranquillité. Il va sans dire que la présence des filles et de la femme du directeur enflamme l'imagination des garçons jusqu'au jour où l'un d'entre eux déclare sa flamme à l'épouse délaissée. Les passions se déchaîneront pour aboutir aux événements tragiques le jour tant attendu de l'éclosion des papillons, tous frappés de mélanisme.

La maison des papillons noirs est un roman d'apprentissage très dense par la diversité des thèmes abordés (les problèmes de couple, l'enfance maltraitée, la culpabilité, la rédemption, l'amour interdit, l'héritage, la transmission, la loyauté et la question écologique). Personnages hauts en couleurs, sombres mais attachants aussi, ce roman aborde des questions intéressantes : combien de temps devons-nous payer les erreurs du passé, quelle est la force du pardon, pouvons-nous tout pardonner, quelle est notre part de responsabilité dans le cours des événements passés, présents, futurs, que transmettons-nous à nos enfants et jusqu'à quand se feront sentir les conséquences des événements subis ?

La maison des papillons noirs est le premier tome de la trilogie des Harjula (suite au tome II , Vienne la tempête et au tome III, Les rives du retour, tous publiés aux éditions Actes Sud).

Rien que la couverture donne envie d'acheter le livre Et ce que tu en écris me semble bien engageant!

O B E I R

Finlande 1918 : la guerre civile qui opposait les Rouges et les Blancs s'achève.
La guerre est finie, mais c'est l'heure des réglements de compte. Dans un climat de peur, de douleur et d'épuisement général.
Dans un ancien asile psychiatrique reconverti en tribunal militaire, trois
personnages s'affrontent dans un huis clos.
Il y a le juge, écrivain et alcolo, chargé de l'interrogatoire des prisonniers.
Et puis un militaire finlandais qui vient de conduire au tribunal une prisonnière qu'il a sauvée de justesse d'une exécution sommaire.
Le juge voudrait s'affirmer dans son role, mais le jeu pervers de l'interrogatoire ne l'interesse plus et le dégout le submerge.
Le militaire est un idéaliste fou que meme l'abjection de la guerre n'a pas
guéri.
La femme, la prisonnière, se tait.
Entre ces trois-là, la tension est vive et elle ne cese de s'exaspérer.
Les limites imposées par la civilité, la morale et l'éducation explosent,
laissant place à l'agressivité, mais aussi à l'amour, au désir, au besoin de faire confiance, d'etre cru et pardonné.
Les rapports évoluent, se compliquent, s'inversent comme ça arrive parfois
dans les relations troubles de victime à géoliers.
Peu à peu, les personnages finissent par dépasser l'ambiguité, les silences qui les ont conduits dans l'impasse.
Les mystères qui planaient sur la prisonnière et sur ses rapports avec le militaire se dissipent...
La partie est finie. Le roman aussi.
Ce livre est noir comme l'ame humaine qui n'existe pas.

La Maison des Papillons Noirs

Je ne vais pas à nouveau vous résumer ce livre, ce que Senti a fait à merveille, mais plutôt vous donner mes impressions.

Ce livre est avant tout un récit, une histoire, celle de Juhani Johansson et d'un drame sur l'île du centre de redressement par le travail. C'est une bonne histoire, qui se lit avec plaisir. Les personnages principaux sont fouillés, travaillés, ils ont une certaine densité ce qui fait que l'histoire est intéressante. La forme, elle, est plutôt simple, dépouillée - on commence par un rapport de police sur le meurtre d'une vachère - la vieille Tyyne -sur l'île maudite, puis on est 10 à 15 ans plus tard avec Juhani Johansson, le héro, en homme, cadre supérieur dans une entreprise. C'est lui qui remonte le fil de ses souvenirs et commence par un soir tragique de son enfance...à partir de là l'histoire est linéaire ou presque.
Pour ce qui est du style, plutôt simple lui aussi, pas d'envolées poéttiques, lyriques, quelques belles images, mais rien qui nous détourne des personnages.

Donc, impressions plutôt positives, ce n'est toutefois pas un chef d'oeuvre littéraire, mais un bon roman, qui se lit bien. Je suis assez tentée par Obéir, décrit plus haut par Bix, le thème me tente...