Jacques Réda

"Une des dispositions constantes de l'homme, c'est souhaiter etre ailleurs que là où il est".
Jacques REDA

Jacques Réda est né à Lunéville en 1929.
Il est l'auteur de poémes en vers ou en prose, de récits. D'un ouvrage
magistral sur le jazz et les musiciens de jazz qu'il a choisis, L'improviste. Un texte pointu et poétique sur le jazz comme on en trouve peu !

Et puis, avant tout peut etre, Réda est un voyageur... Enfin une sorte de voyageur...

Depuis un demi siècle, il parcourt les rues des villes et particulièrement de
Paris, son Paris à lui. Et il adore arpenter les espaces hors les murs...
Il lui arrive de s'identifier aux chats errants et retournés à l'état sauvage...
Et puis les campagnes, de préférence non urbanisées. A pied, à vélo ou
à solex. En bus, et en train.
Presque toujours sans but prédéfini. Comme si voyager était la fin en soi.
Et l'errance, ressentie comme essentielle au moment où elle a lieu.

Il est sensible aux odeurs, aux ambiances, aux rencontres...
Il sait magnifier les petits bonheurs, les incidents de la route et les personnages de rencontre.
Il est aussi de ces voyageurs immobiles pour qui le voyage commence
dans sa chambre, dans sa tete et dans l'anticipation du voyage.
Et dans les haltes aussi qui sont autant d'échappées belles...
Dans l'étonnement de se touver dans un monde un peu flou, et
qu'il importe de préciser, de matérialiser en le décrivant.

"Je me sens pris entre deux espaces : l'un intérieur, agité de mouvements
imprévisibles comme un radeau, un dehors que je m'efforce de juger stable et ferme."

Sa poésie parait simple tant elle est suggestive. Une poésie qui allierait
la simple force d'etre encore parmi les choses entre "l'éclat de l'insolite"
et la "douceur du familier."

Et puis il y a l'amateur de jazz et de blues qui me touche infiniment lorsqu'il écrit :

"Je découvris qu'au fond de l'Alabama et du Mississippi, des péquenots
inspirés... avaient élaboré la seule chanson vraiment faite pour mon coeur,
pour mes nerfs, pour donner vie dansante à l'espéce de champignon de
couche que sans elle, je serai resté."

Bibliographie partielle :

- La tourne. - Gallimard

- Les ruines de Paris. - Idem

- L'Improviste. -Idem

- Hors les murs. - Idem

- Le bitume exquis. - Fata Morgana

- L'herbe des talus. - Gallimard

- Celle qui vient à pas légers. - Fata Morgana

- Chateau des courants d'air. - Gallimard

- Recommandations aux promeneurs. - Gallimard

- Un paradis d'oiseaux : Fata Morgana

- Le sens de la marche. - Gallimard

- Aller aux mirabelles: Gallimard

- La sauvette : Verdier

- La liberté des rues. - Gallimard

- Le lit de la reine. - Idem.

Les titres de ses livres sont une invitation aux voyages de lenteur que
propose Jacques Réda.

Les extraits que tu cites et tes ressentis me sont attirants.

merci Bix

Moi, je ne vais plus dire merci
Tu me tentes trop.. et L'improviste est déjà noté

Je le savais Kenavo !

Et je n'ai pas tout dit :

Jacques Réda est non seulement un grand écrivain et poète. Mais aussi
un voyageur et un promeneur, et un grand amateur de jazz...

Mais en plus, il a pérégriné au Luxembourg, ayant collaboré à RTL pendant
une dizaine d'années ! Celà, je viens de l'apprendre à l'instant.

Jacques Réda : il est fait pour toi. Je te conseillerais L'herbe des talus ou
le récit de ses déambulations parisiennes. La photographe que tu es adoreras !

bix229 a écrit:

Mais en plus, il a pérégriné au Luxembourg, ayant collaboré à RTL pendant
une dizaine d'années ! Celà, je viens de l'apprendre à l'instant.

Ben oui.. toutes les personnes d'une certaine importance sont passé par ici

bix229 a écrit:

Jacques Réda : il est fait pour toi. Je te consillerais L'herbe des talus ou
le récit de ses déambulations parisiennes. La photographe que tu es adoreras !

je me suis aussi noté Les Ruines de Paris - puisque j'ai fait déjà le 'tout Paris' avec Modiano, j'aime les petits textes plus photos de Philippe/Martine Delerm.. j'ai adoré Le Galant de Paris de Frédéric Clément.. bref.. tout cela pour dire que j'adore le sujet Paris et vais donc essayer de le parcourir avec Monsieur Réda

Comme promis - je voulais lire cet auteur - L'improviste est pour l'instant pas disponible.. mais il y avait Les Ruines de Paris:

Déjà vers le fond traversé de présences heureuses qui s’attardent, passent, reviennent, gens du soleil, l’espace demeure méticuleusement creusé dans cette matière friable et mate : le jour de Paris en hiver. A l’angle de la rue de Vaugirard une petite boucherie, seul souvenir du faubourg ancien, et ça pourrait être autrement n’importe quel carrefour, n’i9mporte quel immeuble, plus bas, celui-là que j’observe, avec au cinquième étage l’éternel balcon des adieux. Je ne serais pas étonné d’y voir une main réapparaître, mais cette fois pour m’appeler, et le temps redeviendrait alors une longue pente de sable, très pâle et très fin comme il en existe en forêt, lumineux encore dans la nuit qui veut qu’on se sépare, et qu’une main de nouveau s’éternise pour ce geste d’adieu. Je ne suis plus moi-même à présent qu’un souvenir qui divague, se perdant de rue en rue jusqu’à l’éblouissement des ponts, parmi ces passants que le soleil hivernal imagine.
Les Ruines de Paris

ACCIDENTS DE LA CIRCULATION

Je viens de commencer ce recueil de récits poétiques et de petits voyages piétonniers de Jacques Réda.
Et je retrouve comme toujours, sa fantaisie légère et ses bonheurs d'expression. Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer quelques extraits...
Avec ces quelques lignes en préambule :

"A première vue, penserez-vous sans doute en lisant ce livre (mais lisez le d'abord), ce sont plutot des incidents que des accidents qu'il raconte.
Mais "incidents de circulation", ça ne se dit pas, alors qu'il existe cette belle expression : "incidents de frontière", qui peut etre aurait mieux convenu. Gardons-la pour un autre livre. Et d'ailleurs : quelle frontière ?
Eh bien, celle qui passe par exemple entre le troisième et le dixième arrondissement de Paris, entre Montreuil et Bagnolet, le long d'une voie ferrée désaffectée en Bourgogne ou dans un jardin botanique de Madrid.
Car (on a beau circuler) c'est toujours et partout la meme : invisible,
certaine, de plus en plus proche.
Est-ce qu'on va enfin la franchir ? Oui, mais rien ne presse."

A ajouter à sa bibliographie:

Les cinq points cardinaux

Je l'ai lu et vous le recommande. C'est le genre de lecture que l'on peut laisser et reprendre à n'importe quel moment sans en perdre le fils. Il se base sur ses 5 sens.
Vous connaissez?

"Il m'a semblé en m'éveillant ce matin que je naissais. Ou devrai-je dire
que je m'éveillai parceque je venais de naitre ?
En tout cas je naissais à un age d'adulte déjà vieux, sans rien des cris de
souffrance et des larmes de joie qui, d'habitude, accompagnent un tel
évenement.
Durant quelques minutes, je vis penché tout contre le mien un énorme visage obscur, indéchiffrable : c'était ma mère la nuit qui, son affaire faite,
se retirait en silence entre deux peupliers plantés là comme deux candélabres encore un peu funèbres, deux gardiens commis à ma surveillance et à ma protection"...

Rue Titon in : Accidents de la circulation, p. 53

Anne a écrit:

A ajouter à sa bibliographie:

Les cinq points cardinaux

Je l'ai lu et vous le recommande. C'est le genre de lecture que l'on peut laisser et reprendre à n'importe quel moment sans en perdre le fils. Il se base sur ses 5 sens.
Vous connaissez?

Je viens de le découvrir, grâce à Bix, connais pour l'instant rien d'autre que Les Ruines de Paris

Viennent de paraitre :

- La Physique amusante, Gallimard

- Battues, Fatra Morgana

- Battement, Fata Moragana

bix229 a écrit:

Viennent de paraitre :

j'espère qu'ils vont aussi se décider de faire une nouvelle édition de L'Improviste

kenavo a écrit:

bix229 a écrit:

Viennent de paraitre :

j'espère qu'ils vont aussi se décider de faire une nouvelle édition de L'Improviste

ils m'ont lu

va paraître le 10/06/2010

Bravo !

Poésie et jazz se conjuguent bien avec Jacques Réda !