Paul Vacca

domreader a écrit:

Encore un ! à découvrir !! Ca n'en finira donc jamais.............

Et c'est tant mieux!...

Kant dira-t-on…

Thierry Clermont
14/05/2009

Une communauté de kantiens intégristes implantée au Paraguay est le décor de ce roman d'amour délicieusement fantaisiste.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un drôle de philosophe, Jean-Baptiste Botul, prononce une série de conférences au Paraguay. Huit interventions portant sur la vie sexuelle d'Emmanuel Kant, et destinées à une communauté d'exilés allemands ayant décidé de suivre les préceptes et l'ascétique mode de vie du philosophe reclus de Königsberg. D'une certaine manière, des intégristes prussiens à la sauce Amish, chus dans le Nouveau Monde ; portant chemise à jabot, perruque poudrée et souliers à bascule, côté masculin ; les femmes étant lourdement vêtues comme la célèbre crémière de Vermeer. Chacun veille à respecter le rite de la promenade quotidienne du maître des Lumières. Bien sûr, chez ces kantiens purs et durs, on ignore l'électricité, l'automobile, et on attend fébrilement le verdict de Botul quant à la supposée chasteté spartiate du maître, mort dit-on, sans avoir connu la volupté… Fondements de la métaphysique des mœurs s'est substitué à la Bible…

On le voit, l'argument du roman de Paul Vacca, tiré d'un livre de Botul, dont les œuvres ont été exhumées il y a une dizaine d'années par les Éditions Mille et Une Nuits, ne manque pas d'insolite. On pouvait alors craindre d'être entraîné dans une sorte de «quignardise», où la fantaisie secoue l'érudition, en attendant d'être gagné par l'ennui ou pire : le bâillement respectueux. C'était compter sans le talent de Vacca, qui fait preuve, dans ce second roman, d'une fantaisie truculente dont on avait perdu le goût.

Avec le personnage du jeune Sébastien qui accompagne dans son expédition Botul, le roman prend l'allure d'un conte du XVIIIe, prolongeant la tradition ouverte par les récits picaresques, poursuivie par Voltaire et Diderot. Sébastien, «zazou mélancolique», féru de cinéma, d'abord sceptique face à cette communauté excentrique, s'éprend de la jeune institutrice, Sofia, laquelle le sort de son «sommeil dépressif». Et c'est là le cœur de l'histoire, dans ce drôle de pays où l'amour buissonnier se fait en montgolfière, et où nos disciples de Kant se nourrissent de «socisses» (saucisses au soja), de «moignons» (oignons trempés de mélasse) et s'abreuvent de «laivin» (un indigeste mélange de lait et de vin). Voilà Candide et Cunégonde retrouvés dans ce recoin du Nouveau Monde, ponctués de caprices dignes d'un Erik Satie. Humour, tendresse, espièglerie, déjanteries servent ce récit à la saveur capricieuse. Le livre à peine refermé, on y replonge, tête baissée. Pour le plaisir. Nueva Königsberg, dont on taira l'épilogue, c'est aussi Buster Keaton à la rescousse de nos regrettés Paul et ­Virginie. Paul Vacca, un nom à suivre, comme disent les turfistes…

source

En passant devant, j'ai vu que Paul Vacca était présent à la librairie de Paris, place de Clichy, le 25 juin vers 18h (pas très très sûre de l'heure)

La petite cloche au son grêle

Le narrateur, un jeune adolescent, a de mauvaises notes en français et sa mère se désespère de ne pas le voir lire. Elle soupçonne aussi fortement sa prof de français de ne pas l’aimer parce qu’il est fils de cafetier et n’habite pas le bon côté de la ville. Pourtant, un jour, elle le découvre endormi, un livre à ses côtés. Et quel livre ! Du côté de chez Swann de Proust, rien de moins ! Elle se prend à rêver qu’un jour il deviendra écrivain et ensemble, ils s’attèlent à la lecture de la Recherche.

La maman et le fils s’adorent, le papa aussi d’ailleurs les adore, bref, c’est une belle famille unie et aimante mais touchée par le malheur que les parents essaient, en vain, de cacher à l’enfant. Ils vont pourtant ensemble essayer de faire comme si la vie est belle et qu’elle le restera toujours. Ils passent un week end au Grand Hôtel de Cabourg que Proust a fréquenté, ils montent un petit spectacle basé sur la Recherche et réussissent même à faire lire Proust à leur entourage. C’est l’heure aussi des premières expériences amoureuses, avec ses joies et ses espoirs déçus.

C’est plein de bons sentiments, ce n’est pas très crédible, cela a des allures de conte mais c’est tout tendre, délicat, d’une écriture pleine de grâce.

Un passage qui m’a beaucoup émue, lorsque, pour faire une surprise à sa mère, le jeune garçon fait venir Pierre Arditi, pour une lecture au bar :

Citation :

Après avoir interprété une bonne douzaine de personnages, l’acteur se fige au centre du café, recueillant les applaudissements.
On croit alors que c’est terminé. Mais on n’a assisté qu’au hors-d’œuvre.
L’acteur laisse patiemment refluer les applaudissements, permettant au silence de s’installer, et il te fixe longuement dans l’assistance.
Sotto voce, il reprend alors la parole.
- «  Longtemps je me suis couché de bonne heure… »

Une lecture rapide mais très agréable quand on a envie d’une petite histoire mignonne, qui parle de littérature et d’amour, triste et lumineuse à la fois et qui finalement fait du bien.
A noter pour une LC de noël par exemple ou tout simplement si on a besoin d’un peu de douceur.

Merci pour ton commentaire

Epi a écrit:

Une lecture rapide mais très agréable quand on a envie d’une petite histoire mignonne, qui parle de littérature et d’amour, triste et lumineuse à la fois et qui finalement fait du bien.
A noter pour une LC de noël par exemple ou tout simplement si on a besoin d’un peu de douceur.

en effet, c'est un livre fait pour ces occasions!

J'ai parcouru un peu le fil et je vois qu'il y a une deuxième livre, Nueva Königsberg, je serais curieuse de le lire, j'ai l'impression que c'est complètement différent.

Epi a écrit:

Nueva Königsberg, je serais curieuse de le lire, j'ai l'impression que c'est complètement différent.

ah oui, tout à fait différent, rien à voir avec La petite cloche au son grêle

Intéressant, il faudra que je voie ça.

Comment Thomas Leclerc 10 ans 3 mois et 4 jours est devenu Tom l'Eclair
et a sauvé le monde.

Tom est un petit garçon autiste. Aucune émotion n'apparaît sur ses traits. Il s'attache aux faits, aux détails et aux chiffres, plutôt qu'aux autres. Puis il tombe sur un Comic. Le monde des super héros le fascine aussitôt, et il décide d'en devenir un. Pour cela, il va devoir s'intéresser aux autres, les aider, et donc... s'ouvrir au monde.
Le livre de Paul Vacca tient plus du joli conte que de la chronique social, même si quelques éléments très réalistes et durs y surgissent. Beaucoup de tendresse et d'humour sur un quotidien plein d'aventures humaines. L'empathie fonctionne à 200% pour ce petit gars qui veut sauver le monde, que tout file droit, comme il faut.
Par la douceur et la légèreté de l'écriture de son écriture, Paul Vacca parvient à parler d'une société bancale, dangereuse et difficile à vivre sans jamais tomber dans le pathos ou la leçon de morale.
Tom l'éclair est un très livre au charme suranné (il se déroule dans les années 60) sur les relations humaines, leur complexité et leur charme.

Mais un élément m'a gêné : Tom rencontre et se lie avec des personnes, pendant un temps, et du jour au lendemain il en rencontre un autre, et c'est comme si le précédent n'existait plus. Le livre manque de continuité. L'impression de lire une succession de nouvelles mises bout à bout ou reliées à la va vite. Je me suis dis que c'était peut-être un reflet du comportement autiste, mais sans en être certaine, et du coup, c'était gênant.

A part ça, c'est un très joli livre.

La petite cloche au son grêle.

C'est exactement ce qu'en disait Epi : un livre doux et tendre, légèrement facétieux, qui ressemble plus à un conte à se lire au coin du feu, pour sourire et apporter un peu de douceur à une journée grise.
Pour l'amour de la littérature (Proust en tête. Tout un village qui se passionne pour cet auteur, c'est irréellement beau et drôle. Et ... ça m'a donné envie de le lire... alors !), pour l'amour d'un fils pour sa mère, pour l'amour de la famille tenu à bras le corps par le père.

La simplicité d'un moment agréable.