Ornela Vorpsi [Albanie]

Queenie a écrit:

Je ne suis pas complètement, à 100%, persuadée par les extraits, mais je tenterais quand même le plus vite possible, comme ça, je pourrais voir sur le long ce que ça donne.

J'ai trouvé par hasard samedi dans ma librairie son livre Le pays où l’on ne meurt jamais - je veux bien le lire avant la fin du mois et je vais donc revenir avec d'autres extraits..

kenavo a écrit:

J'ai trouvé par hasard samedi dans ma librairie son livre Le pays où l’on ne meurt jamais - je veux bien le lire avant la fin du mois et je vais donc revenir avec d'autres extraits..

J'ai lu ce roman au moment de sa sortie, mais il n'en reste rien. Je regarderai mes notes. Je me souviens uniquement que ça parle de la dictature albanienne. C'est bien maigre.

Eve Lyne a écrit:

J'ai lu ce roman au moment de sa sortie, mais il n'en reste rien. Je regarderai mes notes. Je me souviens uniquement que ça parle de la dictature albanienne. C'est bien maigre.

pas tous les livres peuvent laisser une impression renversante ..
je vais en tout cas le lire les prochains jours..

kenavo a écrit:

Eve Lyne a écrit:

J'ai lu ce roman au moment de sa sortie, mais il n'en reste rien. Je regarderai mes notes. Je me souviens uniquement que ça parle de la dictature albanienne. C'est bien maigre.

pas tous les livres peuvent laisser une impression renversante ..
je vais en tout cas le lire les prochains jours..

Comme tu le dis si bien Kenavo. L'essentiel ne serait-il pas de passer un moment agréable au moment de la lecture ? Si les souvenirs s'envolent, alors on relit quelques années plus tard. Je n'ai pas abandonné cette lecture, c'est donc qu'il y avait ce petit quelque chose qui entretient l'envie de le terminer. Ce n'est déjà pas si mal finalement.

Eve Lyne a écrit:

Comme tu le dis si bien Kenavo. L'essentiel ne serait-il pas de passer un moment agréable au moment de la lecture ? Si les souvenirs s'envolent, alors on relit quelques années plus tard.

Oui.. en quelque sorte c’est certain qu’on peut être content de passer un bon moment avec un livre.
D’un autre côté je dois dire que je voudrais aussi retrouver un petit ‘plus’, quelque chose qui va me mener plus loin, dans mes pensées, mes idées.. mais ce n’est pas faisable tous les jours.. en tout cas pas pour moi.. et donc.. oui, c’est bien si on aime le moment qu’on passe avec un livre..

Eve Lyne a écrit:

Je n'ai pas abandonné cette lecture, c'est donc qu'il y avait ce petit quelque chose qui entretient l'envie de le terminer. Ce n'est déjà pas si mal finalement.

je l’ai commencé ce matin.. je crois que c’est un de ses premiers romans, sinon même le premier, et bien que je ‘reconnais’ sa voix.. elle est plus en ‘colère’ avec sa patrie que dans les romans suivants – ou peut être c’est le désespoir de voir son pays dans la situation déplorable qu’on connaît de l’Albanie..

Le pays où l'on ne meurt jamais

Citation :

Présentation de l'éditeur
Elona-Ornela-Eva, triple et pourtant unique héroïne de cette fable de la dictature, est née dans le pays qu'Enver Hoxha assujettit sous sa bonne étoile. Sur le jeu de l'oie où la voici lancée, il y a quelques cases à éviter soigneusement, notamment la prison (son père est détenu pour d'indéfinissables raisons politiques), la noyade ou la pendaison, et surtout la putinerie qui, on le lui a bien expliqué, est la nature même des filles. Somme toute, il s'agit de passer au mieux de la petite enfance à l'adolescence, de dessiner son bonheur dans l'amour de sa mère et dans le rêve de l'exil, de voir grandir son corps à la dérobée de l'avide machisme ambiant et malgré l'uniforme que la patrie vous taille déjà pour vous emprisonner les seins sous les couleurs nationales. Puis il s'agit, à la première occasion, de fuir. Alors, loin du paradis, la mémoire peut ressaisir, libre, lucide et désenchantée, les étapes de cette éducation albanaise dont le récit étonne par sa finesse et son ironie.

Je dédie ce livre au mot humilité, qui est absent du lexique albanais.
Une telle absence peut donner lieu à des phénomènes très curieux dans la destinée d’un peuple – Ornela Vorpsi


Je dirais que ces nouvelles ne sont en fait pas de la fiction. C’est ce qui est arrivé à Ornela Vorpsi, et puisque c’est le premier livre d’elle, je peux désormais aussi mieux comprendre son mélange d’amour et de haine qu’elle montrait dans ses autres livres vis-à-vis de l’Albanie.
Si elle n’a vécu que la moitié de ce qu’elle décrit dans ces nouvelles, je me demande comment elle arrive encore à éprouver qu’un petit peu d’amour

Mais il ne faudra pas juger en noir et blanc. Elle décrit certes une réalité, une réalité albanaise dont elle a vécu un côté moins bon, mais les nouvelles sont d’une telle force et beauté qu’on aime continuer à lire. On veut s’imaginer que tout cela soit terminé et on veut croire que les gens ont retrouvé une meilleure vie.. mais la voix du passé ne dois pas être oublié – et les nouvelles d’Ornela Vorpsi font partie de ce passé qu’on n’a pas le droit de ranger dans un tiroir pour oublier.

Il ne me reste plus que Tessons roses à lire de cette auteure.. et plus que jamais je sais que je veux le faire. Une voix en littérature qui me plait et qui me donne du chagrin parce que je dois dès à présent attendre du nouveau…

BUVEZ DU CACAO VAN HOUTTEN

Dans ces nouvelles brèves, Ornela Vorpsi dit crument la vérité, sa vérité
en tout cas.
Elle a vécu en Albanie où c' était pire que tout, mais on a l' impression
que ni l' Italie ni la France ne l' ont vraiment consolée.
La réalité est moche et la nature humaine laisse à désirer partout.
Pourtant ses personnages ont des illusions, ils en ont vraiment besoin,
meme une petite ferait leur affaire...
Mais la vérité est là et les illusions s' effondrent.
Ornela Vorpsi a froid au coeur et son style est sec et sobre.
Et c' est très suffisant.

A bien y songer, peut etre que mon gout pour les mensonges imprimés sur les boites de thé était lié au fait que j' avais grandi
dans un pays qui n' habillait pas de reves les aliments.
C' était tout à fait inutile : la nourriture était rare, elle se vendait fort
bien meme quand elle était exécrable.
Combien de fois ma grand mère était revenue de l' épicerie avec du
fromage blanc moisi et de la viande qui se résumait à quelques os, et qui allait fondre encore et ne fournir qu' une maigre soupe.
Tout se jouait entre deux dispositions antagonistes et parfaitement
simples : si tu as faim, oui ou non ?
Tu prends ou tu laisses.

Le Prix du thé, p. 55

contente de voir remonter ce fil..

je me demande ce qu'elle fait à l'instant.. en tout cas j'espère qu'elle continue d'écrire

Pour Ordrey :
Buvez du cacao Van Houten, n' est pas un conseil, encore moins une pub...

Voilà l' explication qu' elle en donne :

A l' époque lointaine de 1910, il existait en ce monde un homme comme tant d' autes, condamné à mort pour je ne sais quelle raison.
Ce qui est sur, c' est que l' homme fut exécuté en plein air, face à la foule.
Puis il y avait une société, elle produisait du cacao et s' appelait Van Houten.
Van Houten a besoin de publicité.
Je ne sais commenty se portaient à l' époque les affaires de l' entreprise, toujours est il qu' elle décide d' accheter le dernier voeu d' un condamné :
Van Houten versa une forte somme à la famille de la victme, si avant de
mourir, elle criat à la foule curieuse, en guise de dernier voeu :
Buvez du cacao Van Houten.
Et il l' a criée.

Voilà une hstoire qui symbolise bien la morale des sociétés occidentales.
Quant à Maiakowski qui vivait en Union soviétique, il se suicida pour
avoir cru à une utopie meurtrière.

Ci-gît l'amour fou

Citation :

Le point de vue des éditeurs
Rien de plus captivant, pour la jeune Tamar, que la maison de sa voisine : contempler ses fils si nombreux, et parmi eux le beau Dolfi, créature inaccessible pour qui se damneraient les jeunes femmes du quartier. Mais Tamar n'est que spectatrice, son corps juvénile ne suscite ni attention ni caresse, et pour elle "l'amour passe au loin". Côtoyer Dolfi, se perdre dans le souvenir d'un frère noyé, se chercher dans le regard d'une mère vénérée : son existence est un miroitement de sensations incertaines.
C'est la mort énigmatique d'une soupirante de Dolfi qui va illuminer la langueur quotidienne et frapper des esprits déjà fragiles. Tamar se glisse dans les pas de la défunte, revit son embrasement et sa souffrance. Elle nous livre sa lecture tourmentée d'un monde dérivant vers de mystérieux abîmes, où ceux qui ont trop aimé goûtent les délices de la consomption, laissant aux vivants l'inextinguible soif d'éprouver d'identiques vertiges. Car tel est le sortilège, l'élixir morbide et de jouvence dont la poésie lumineuse d'Ornela Vorpsi distille le vivifiant venin.

Je retrouve ma traductrice bien aimée : Nathalie Bauer

Voilà une auteure que je suis les yeux fermés depuis ma première lecture d’un de ses livres. Et j’ai été contente de la retrouver avec du nouveau.
Mais je dois dire que j’étais déroutée lors des premières 50 pages. Je la savais parfois ‘flou’ dans ses écrits, pas déterminée dans le ‘message’ de ses livres, mais je percevais à travers son talent pour la langue un plaisir de lecture qui me donnait envie de poursuivre.
Ici j’ai peiné un peu... et en quelque sorte j’ai été récompensé de ma persévérance. Je suis arrivée au bout de ce livre avec la certitude qu’il s’agit d’un texte fort et bien mené, mais je suis trop détachée du sujet et je n’ai donc pas eu tout à fait le plaisir d’une lecture plus « intuitivement »

Néanmoins une belle lecture et je ne vais pas oublier Tamar de sitôt.