[Comic] Daniel Clowes

Je viens de lire Wilson et je le trouve excellent ! Cynique en effet, mais je trouve ça tellement bon de lire les péripéties d'un personnage encore plus aigri que moi dans mes mauvais moments

Je pensais que l'histoire serait racontée dans le même style que Ghost World... En fait non, chaque tranche de la vie de Wilson est abordée sur une planche, et on suit quasiment la moitié de sa vie dans tout l'album... manière de montrer, finalement, que la vie d'un personnage peut être rapidement résumée en une cinquantaine de pages. Parfois, d'une planche à l'autre, 6 années passent, sans que Clowes ne semble trouver rien de notable à rapporter.
D'une planche à l'autre également, le style de dessin change. On passe d'un style parfois enfantin à un dessin plus travaillé. C'est agréable, ça fait plaisir aux yeux.

Et la conclusion est vraiment pas mal elle aussi. Je crois que je vais finir par me transformer en Wilson. C'est Clowes qui m'a convaincue.

Quatrième de couverture a écrit:

Clay, le héros de COMME UN GANT DE VELOURS PRIS DANS LA FONTE, part à la recherche des producteurs d'un snuff movie dans lequel il a cru reconnaître sa femme, disparue quelques temps plus tôt.

Sur cette trame, Daniel Clowes organise un road movie cérébral qui abolit toute frontière entre cauchemar et réalité.

Dans ce chaos nocturne, parfois simple transposition hallucinée des peurs et des solitudes urbaines, il nous porte à entrevoir l'ombre fugitive et glaçante d'une horreur intime et universellement partagée.

Un album halluciné, une histoire que l'on suit comme dans un rêve... On ne comprend pas tout de suite ce qui se passe : rien ne nous est expliqué, les personnages ne nous sont pas présentés, ils nous resteront toujours aussi mystérieux à la fin du livre qu'au début, le temps semble s'écouler d'une manière décousue et les évènements s'enchaînent d'une manière saccadée, essoufflée.

On a l'impression d'évoluer dans un univers qui nous est connu et puis tout d'un coup quelque chose de totalement absurde surgit de ce monde réaliste auquel on croyait avoir affaire.

Il peut s'agir d'un ami souffrant d'un mal un peu étrange :

D'un chien qui ne se nourrit que d'eau :


D'une femme infestée par la vermine :

Ou d'une survie impossible :


Cet album a souvent été comparé aux films de David Lynch. Je certifie la comparaison.

Pour que vous ayez un meilleur aperçu, d'autres planches de ce livre :

et la scène de drague avec la femme-morue !

Maryvonne a écrit:

et la scène de drague avec la femme-morue !

Ouh, ouh, j'aurais dû scanner cette page aussi, tant il est vrai qu'elle est capable de provoquer l'effroi chez le lecteur de cette scène !
Morue, tu es certaine ? Je m'y connais mal en poissons, mais si tu le dis...

je suis en train de me faire la totale Clowes en ce moment!!

J'ai découvert Clowes, en même temps que la BD "underground"...Depuis, je n'arrive plus à m'arrêter!!


Mon premier Clowes, c'était "comme un gant de velours pris dans la fonte" et j'ai eu immédiatement eu envie de lire ses autres BD.

Après, la lecture de "Wilson"...je suis devenue complètement accro.
j'ai donc continué: Ghost world", "le rayon de la mort", "Ice Haven" et j'ai même apprécié "Pussey"!!

En fait, je suis atteinte de collectionnite aigue...Il me faut tous les Clowes!!! (et c'est comme cela aussi avec d'autres auteurs maintenant).

je me suis donc procurée récemment " Le monde de Lloyd Llewelling" que je n'ai pas encore lu.


Et j'attends ma dernière commande avec "David Boring" et "Eightball"...et je me laisserai bien aussi tenter par "Caricature"

Ensuite, je crois que ma collection sera complète...

Mais peut-être y'a t-il d'autres publications que je ne connais pas????

Il me semble que tu as tout cité...

Tu viendras nous en parler un peu ? Je serais curieuse de voir ce que donne Ice Haven et Le monde de Lloyd Llewelling

Moi, c'est "Le monde de Lloyd Llewelling" qui m'interesse, parce que je me demande toujours s'il vaut la peine,
ou si c'est juste des fonds de tiroirs !

Maryvonne a écrit:

Moi, c'est "Le monde de Lloyd Llewelling" qui m'interesse, parce que je me demande toujours s'il vaut la peine,
ou si c'est juste des fonds de tiroirs !

Reconnais que même des fonds de tiroirs, tu trouves que ça vaut la peine !


Ice Haven est top (même que j'en ai parlé page 1).

Faudrait que je lise pour te dire... il est tout de meme à 40 euros (et je ne peux pas le feuilleter ou je suis !).

Sachant que j'ai très envie de m'acheter "filles perdues" de Moore qui est à 47 euros.. mais pareil.. faut bien gérer les fins de mois...

T'inquiètes pas Maryvonne, un jour, tu l'auras... (et tu me le passeras )

Wilson



Wilson est un de ces anonymes comme on en croise tous les jours dans la rue, un de ceux qui marmonnent sur les passants qui frôlent sans nous calculer, s'agacent lorsque des jeunes rient bruyamment à la table voisine et finissent par ne parler qu'à leur chien. A force de regarder le monde s'agiter autour de lui il a fini par ne plus connaître les codes, et se retrouve écarté de la valse, amer et dégoûté. Lorsque parfois il s'élance et s'adresse aux inconnus masqués derrière leur écran d'ordinateur, personne ne lui répond alors l'insulte fuse et en echo le rire du lecteur!



Une caricature d'asocial forcément borné, mais Daniel Clowes va plus loin. S'il n'aime pas les gens c'est déjà parce qu'il a manqué le rapport avec son père. A sa mort apparait un nouveau Wilson, plus humain, plus fragile, qui va se démener pour se retrouver une famille, même la plus bancale ou improbable qui soit.

...

Un petit tour en prison le dégrise (non versement de pension? abandon de famille? on le suppose) et il repartira finalement ressourcé, paré pour un nouveau départ, infatiguable ce Wilson



C'est drôle, corrosif, désespéré et en même temps jamais sinistre, on sent une volonté de s'en sortir. J'imagine que Clowes a quelque chose de son personnage, et surtout une capacité à toucher de loin les faces cachées de l' homme. Derrière le trait il y a les infimes rainures, et au travers du rire la complexité de la vie. Tout l'art de suggérer sans tomber dans le trop sombre: le résultat est vraiment réussi. Le prochain pour bientôt...

Merci à Coli et les autres pour l'info!

Contente que ça t'aie plu Aériale !

Ca te donne envie de lire un autre de ses ouvrages du coup ?

colimasson a écrit:

Contente que ça t'aie plu Aériale !

Ca te donne envie de lire un autre de ses ouvrages du coup ?

Ah que oui Coli! Je viens de finir hier soir Mister Wonderful et il m'a encore plus plu

Je sens que je vais offrir toute la collection Clowes au filston (au départ c'est pour lui que j'étais venue fouiner ici)

Ah oui, celui-ci je l'ai toujours pas lu...

Bon, faut que j'aille secouer la bibliothèque pour qu'ils l'achètent rapidement !

Très bonne idée de cadeau pour le fiston en tout cas Aériale !

Il faut que tu te le procures au plus vite Coli, c'est un petit régal!

-Mister Wonderful-



L'album s'ouvre sur Marshall. Il à un rende-vous galant, des amis l'ont arrangé et il se demande avec anxiété à quoi ressemble l'inconnue. Il n'a rien du play boy, plutôt l'allure banale du quinqua solitaire, et ses pensées tournent à vide. Il se dit que si la vie ne l'a pas gâté jusque là c'est qu'il est voué aux plantages, il s'affole et panique, commence à déprimer et boit en attendant. Quand elle arrive une heure après, il est toujours là et déjà bien entamé...



Voilà pour le propos! C'est toujours drôle, cynique et très humain à la fois. Bien sûr dans l'univers de Clowes les héros ont la vie dure et se partagent l'amertume des histoires quotidiennes, mais ils finissent par trouver la brêche Ca pourrait passer pour du banal, mais le talent de l'auteur est de donner du relief à ces vies ordinaires. Le dessin (précis, soigné, très sixties) permet la distance en même temps qu'une intrusion dans l'intime. Le trait change, les bulles des pensées masquent les échanges entre nos deux éclopés, et donnent toute la magie du récit.



Angoisses du moment, rêves les plus fous -lire le quotidien en partageant un bagel!- trouvailles saugrenues- quand son double survient pour le faire réagir- bref on rit et on s'émeut. Derrières ces anonymes il y a un peu de chacun de nous et surtout la tendresse de Clowes pour ses personnages. J'ai vraiment été séduite, le meilleur des deux et le plus abouti pour moi en tout cas!