Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Don DeLillo

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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptySam 28 Juin 2008 - 0:18

Je viens de lire vos commentaires à propos de L'homme qui tombe
et je vais le lire éventuellement, même très bientôt, je lui ferai une place parmi le lot que j'ai déjà à lire.

Spoiler:
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Aeriale
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyMer 2 Juil 2008 - 9:59

Parce que ce passage m'a fortement impressionnée, je vous le recopie.
Il dit juste.

Citation :
Chaque fois qu'elle voyait la vidéo des avions, elle avançait un doigt vers la touche d'arrêt de la télécommande. Puis elle continuait à regarder.
Le second avion surgissant de ce ciel bleu glacier, c'était la séquence qui entrait dans le corps, qui semblait lui courir sous la peau, la course brève qui emportait des vies et des histoires, les leurs et la sienne, toutes, quelque part ailleurs, loin au delà de tours.
Les ciels qu'elle gardait en mémoire étaient des spectacles, des nuages et des tempêtes en mer, ou cet éclat électrique avant le tonnerre d'été sur la ville, qui appartenaient toujours aux seules énergies météorologiques, à ce qu'il y avait la-bas, masses d'air, vapeur d'eau , mouvements d'ouest. Ceci était différent: un ciel limpide qui portait la terreur humaine dans ces appareils lancés à grande vitesse qui le zébraient, d'abord un, puis l'autre, la force d'intention de ces hommes.
Il regardait avec elle. Chaque désespoir qui se découpait sur le ciel, des voix humaines qui invoquaient Dieu, et l'horreur d'imaginer celà, le nom de Dieu sur les lèvres des tueurs et des victimes, d'abord un avion et puis l'autre, celui qui était presque un dessin animé à forme humaine, avec des yeux et des dents qui étincelaient , le deuxième avion, la tour sud.
[...]
Il dit:"on dirait encore un accident. Mëme à cette distance, loin en dehors de là, combien de jours plus tard, je suis là à me dire c'est un accident.
_Parce que c'en est forcément un.
_C'en est forcément un.
_La façon dont la caméra se montre surprise en quelque sorte
_Mais c'est seulement le premier
_Seulement le premier dit-elle.
_Le deuxième avion, quand le deuxième avion apparaît dit-il, nous somes tous un peu plus vieux et un peu plus sages."

L'homme qui tombe-Don De Lillo -
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sousmarin
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyJeu 3 Juil 2008 - 12:26

Chien galeux

Cet auteur, comme cela a déjà été dit, adopte un style déstructuré, ou désordonné suivant les opinions.
Ce roman ne fait pas exception à la règle. Nous naviguons dans des histoires qui, parfois ont des liens entre elles, parfois non, concernent des personnages s’intéressant à un film datant de 1945 et qui aurait été filmé dans le bunker d’Hitler.
nonnon je ne dirais rien de plus... chut
C’est pessimiste, désabusé, violent avec un style qui rappelle Bret Easton Ellis, même dans le typage des personnages.

Je n’apprécie pas vraiment ; ce style est trop anarchique pour moi, sans structure logique, et d’un pessimisme qui frôle le nihilisme mais, en y réfléchissant, il peut être profitable dans le type de récits croisés de L'homme qui tombe… je mets donc ce dernier sur ma PAL.
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Aeriale
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyJeu 3 Juil 2008 - 17:23

sousmarin a écrit:
C’est pessimiste, désabusé, violent avec un style qui rappelle Bret Easton Ellis, même dans le typage des personnages.

Je n’apprécie pas vraiment ; ce style est trop anarchique pour moi, sans structure logique, et d’un pessimisme qui frôle le nihilisme mais, en y réfléchissant, il peut être profitable dans le type de récits croisés de L'homme qui tombe… je mets donc ce dernier sur ma PAL.

Je comprends ta réserve car ces structures entremêlées coupent le récit, otent de l"émotion, et peuvent perdre le lecteur agacé.
Mais au final il en reste quelque chose.
Des images plus fortes, des caractères tranchés nets, des phrases qui percutent. Et tout cela force la réflexion davantage peut-être que dans un récit plus linéaire.

En tout cas c'est ce que j'ai ressenti pour L'homme qui tombe
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptySam 19 Juil 2008 - 19:08

Je viens de terminer "Cosmopolis"

L'histoire :
Un homme jeune,riche, fin stratège de la finance et tout particulièrement du cybercapital circule dans sa limousine où il reçoit successivement ses différents collaborateurs. Ses gardes du corps sont vigilants en ce jour car une menace crédible sur sa vie est annoncée. Cette journée est particulièrement mouvementée, entartage, revendications dans la rue, manifestation en l'honneur de la mort d'un rappeur que d'ailleurs il connaissait et contre ses prévisions la montée du yen d'où résulte sa ruine.
Ayant jusqu'à présent réussi ses anticipations sur le futur il se découvre une satisfaction de cette chute et il l'éprouve en perdant volontairement l'héritage de sa riche Femme.
Le hasard le conduira dans les mains de son assassin, un de ses anciens employés qui le hait pour de nombreuses raisons et notamment parce qu'il suscite son admiration.

Ce que j'en pense : Tout d'abord l'histoire de ce "prédateur"de la finance m'a intéressée.
L'écriture de ce livre est belle, efficace et dangereuse. Dangereuse parce que les mots, la composition étonnante des phrases sont captivants et que j'ai été captive de ce livre.

Bref je n'ai qu'une envie rencontrer l'auteur dans d'autres livres.

quelques extraits :

Je voulais l'argent de ses poches pour ses qualités personnelles, pas tellement pour sa valeur. Je voulais son intimité et son contact, son contact, la souillure de sa saleté personnelle. Je voulais frotter les billets sur mon visage pur me rappeler pourquoi je l'avais abattu.

Peut-être y-a-t'il de l'humour dans certaines parties du corps alors même que leur dysfonctionnement vous tue lentement, les êtres chers rassemblés autour du lit, au-dessus des draps souillés, et d'autres qui fument dans le hall.

Qui viendrait le voir gisant ? (Terme embaumé en quête du cadavre correspondant) Des hommes qu'il avait écrasés pour alimenter leur rancoeur.Ceux qu'il avait considérés comme du papier peint, pour le regarder d'en haut et ricaner. Il serait le corps poudré dans le cercueil de la momie, celui qu'ils auraient tous vécus assez longtemps pour tourner en dérision.

Il se sentait merveilleusement bien.Il tenait son poing serré dans son autre main. C'était une sensation magnifique,ça piquait, c'est rapide et brûlant. Son corps lui chuchotait des choses, une chanson qui montait de l'action, de l'assaut contre les photographes, des coups de poing qu'il avait lancés, de la poussée du sang, du battement de coeur, de la grande beauté des poubelles qui se renversaient. Il avait retrouvé des couilles d'airain.

Don DeLillo - Page 3 Cosmop11
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptySam 19 Juil 2008 - 22:34

Bédoulène, je sens qu'il faut que je lise cet auteur et j'ai ton extrait m'en donne vraiment envie.
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptySam 19 Juil 2008 - 22:58

chrisdusud a écrit:
Bédoulène, je sens qu'il faut que je lise cet auteur et j'ai ton extrait m'en donne vraiment envie.

Je trouve vraiment bien L'homme qui tombe...Mais je n'ai pas encore fini de le lire...
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptySam 26 Juil 2008 - 18:16

Voilà...j'ai un peu tardé à écrire mon commentaire...

L’homme qui tombe

« Ce n’était plus une rue mais un monde, un espace-temps de pluie et de cendres et de presque nuit. Il marchait vers le nord dans les gravats et la boue et des gens le dépassaient en courant, avec des serviettes de toilette contre la figure ou des vestes par-dessus la tête. Ils pressaient des mouchoirs sur leur bouche. Ils avaient des chaussures à la main, une femme avec une chaussure dans chaque main, qui le dépassait en courant. Ils couraient et ils tombaient, pour certains, désorientés et maladroits, avec les débris qui tombaient autour d’eux, et il y avait des gens qui se réfugiaient sous des voitures. Le grondement était encore dans l’air, le fracas de la chute. Voilà ce qu’était le monde à présent. »

Couvert de cendres et criblé d'éclats de verre, cet homme qui marche c’est Keith. Il travaillait dans un bureau du World Trade Center lors de l'attaque. Ayant échappé à l’effondrement de la tour nord, il marche, une mallette à la main, une mallette qui ne lui appartient pas. Ses pas le guident sans qu’il sache pourquoi chez son ex-femme, Lianne dont il est séparé.
Il est le personnage principal du roman autour duquel gravitent, au milieu du chaos, tous les autres:
- Lianne, angoissée, anime un atelier d'écriture pour malades d'Alzheimer.
- Justin , leur fils , avec ses amis , des jumeaux, scrute le ciel à la jumelle et évoque un certain Bill Lawton. Les trois enfants prétendent que les tours ne se sont pas écroulées. .
La mère dit : «Il ne l’a pas vu à la télé. Je n’ai pas voulu qu’il le voie. Mais je lui ai dit qu’elles étaient tombées.»
- Nina, la mère de Lianne, de santé fragile vit depuis longtemps une liaison avec Harry, un marchand d'art Européen, plutôt mystérieux, qui fut peut-être lié aux terroristes de la Bande à Baader.
- Une autre femme, Florence, la propriétaire de la mallette, rescapée comme Keith de l'enfer des tours.

Le récit est hanté par L'Homme qui Tombe. Un artiste en costume-cravate qui se précipite d’un immeuble ou d’un pont dans le vide et reste suspendu, tête en bas. Chacun y voit bien sûr une évocation des personnes qui se sont jetées par les fenêtres des tours en feu. Alors la police le traque.

Il y a aussi les terroristes, comme Hammad, prêts à mourir en martyr pour Allah. «Tous les péchés de ta vie sont pardonnés dans les secondes à venir. Il n'y a rien entre toi et la vie éternelle dans les secondes à venir. Tu souhaites la mort et maintenant elle est là dans les secondes à venir».

Le récit va s’étendre sur trois ans…
Et l’on va voir comment chacun va survivre, continuer, avec les stigmates de l’attentat, de véritables « shrapnels » psychiques, ou psychologiques.

« Quelqu’un ôta les débris de verre de son visage. L’homme parlait sans interruption, tout en maniant un instrument qu’il appelait une lancette pour extraire les éclats de verre qui n’étaient pas incrustés trop profondément.[…] Il dit qu’il allait utiliser un clamp pour les fragments plus profonds.
- Là où il y a des attentats suicide. Peut-être que vous ne voulez pas entendre ça.
-Je ne sais pas.
- Dans les endroits où ça arrive, les survivants, les gens à proximité qui sont blessés, quelquefois, des mois plus tard, ils ont des grosseurs, disons, faute d’un autre terme, et on s’aperçoit que ça vient de petits fragments, de fragments minuscules du corps du kamikaze. Le terroriste explose en morceaux, il est littéralement atomisé, et les fragments de chair et d’os sont projetés à une telle vitesse et une telle force qu’ils heurtent les gens qui se trouvent à proximité et s’enfouissent dans leur corps. Vous imaginez ? Une étidiante est assise dans un café. Elle survit à l’attentat. Et puis, des mois plus tard, on découvre ces petites, quoi, ces esquilles de chair humaine, qui se sont incrustées dans sa peau. Des shrapnels organiques, qu’on appelle ça.
A mon avis, c’est pas un truc que vous devez avoir, dit-il »



Incontestablement il s’agit d’un très bon roman mais le récit est aussi éclaté que le monde qu’il décrit. Pour cela, j’ai trouvé sa lecture prenante certes, mais parfois pénible.
Je me suis quelque peu ennuyée aux fréquentes évocations des jeux de poker.
Et par ailleurs, je comprends assez mal la froideur, la distance avec laquelle l’auteur rapporte le drame et ses conséquences. Comment dire ?...Le récit me paraît presque plus irréel que celui totalement imaginaire de La route de Cormac Mc Carthy.
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 28 Juil 2008 - 10:38

coline a écrit:
Incontestablement il s’agit d’un très bon roman mais le récit est aussi éclaté que le monde qu’il décrit. Pour cela, j’ai trouvé sa lecture prenante certes, mais parfois pénible.
Je me suis quelque peu ennuyée aux fréquentes évocations des jeux de poker.
Et par ailleurs, je comprends assez mal la froideur, la distance avec laquelle l’auteur rapporte le drame et ses conséquences. Comment dire ?...Le récit me paraît presque plus irréel que celui totalement imaginaire de La route de Cormac Mc Carthy.

Assez d'accord Coline là dessus. Il y a des moments un peu longs (les parties de poker c'est vrai) mais cette distance qu'il prend participe, je crois, à cette impresion de choc, d'ébranlement général que De Lillo tente de reproduire. Tous ces personnages me donnent l'impression d'être sonnés, désarmés, sans réelles connections avec le monde ou ce qu'il en reste. Et là je trouve qu'il parvient au but: Nous mettre en condition pour ressentir cet effroi du monde.

Lorsqu'on le lit on est un peu comme eux, désorientés, sans émotions particulères si ce n'est ce malaise persistant. Il faut un peu du temps pour que tout prenne écho en nous. Mais l'effet est saisissant.

Tu parles de la Route, ça a été la même chose pour moi, à sa lecture. La résonance est très forte après.
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 28 Juil 2008 - 13:45

aériale a écrit:
Tous ces personnages me donnent l'impression d'être sonnés

C'est exactement ce que j'aurais dû écrire...J'y ai pensé cette nuit...D'où leurs réactions étranges...L'auteur semble encore lui-même sous le choc...Ou en tout cas donne l'impression de l'être...ce qui explique la distance qu'il met pour relater les faits et évoquer les personnages de son roman...
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 28 Juil 2008 - 18:19

De mon côté terminé MAO 2 et je reste encore passablement énervé.Je crois en fait que je n'ai rien compris au récit, je me suis accroché. Mais je me laisse le temps de la digestion.
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 28 Juil 2008 - 18:23

soliman a écrit:
De mon côté terminé MAO 2 et je reste encore passablement énervé.Je crois en fait que je n'ai rien compris au récit, je me suis accroché. Mais je me laisse le temps de la digestion.
Oui digère Soliman, digère laugh

Je ne connais pas ce livre mais le style de De Lillo n'est pas toujours clair.
Il y a des tas de choses dans L'homme qui tombe qui sont restées pour moi dans le flou, mais disons que cela servait cette impression de chaos général, d'incertitude...
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soliman
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 28 Juil 2008 - 18:40

Ma première impression c'est la confusion. De toute façon une exploration plus approfondie s'impose .Pas tout de suite...
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MessageSujet: Re: Don DeLillo   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 28 Juil 2008 - 19:58

soliman a écrit:
Ma première impression c'est la confusion. De toute façon une exploration plus approfondie s'impose .Pas tout de suite...

Nous attendrons le résultat de ton exploration... content
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swallow
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MessageSujet: L´homme qui tombe   Don DeLillo - Page 3 EmptyLun 1 Sep 2008 - 19:35

Roth m´a entraînée à ce sport de l´auteur qui oblige son lecteur à se mettre dans la tête de ses personnages, sans toutefois avoir à supporter la moindre introspection, ni auto-analyse de leur part. DeLillo fait de même.
On passe d´un personnage à l´autre. Ces derniers n´ont aucun but, ce qui ne les empêche pas d´avancer, et le lecteur avec.. Ils se croisent, se parlent sans vraiment se rencontrer.
Il y a tout un réseau de correspondances entre les protagonistes, mais seul le lecteur en est conscient. Eux, déambulent, perdus dans leur vie qu´ils ne comprennent pas. ( ni après l´attentat ni avant, d´ailleurs.).
Le style est haché, difficile, déstructuré, interruptions et cassures constantes de l´histoire.
Alors j´ai misé sur Keith et Lianne ( il me fallait bien un fil conducteur dans tout ce désordre) un couple séparé depuis 2 ans. Ils vivaient chacun de leur côté. Keith, l´avocat, se trouvait dans l´une des tours, le 11 septembre. Le visage plein de débris de verre, hagard, il se dirige comme par instinct chez son ex-femme qui vit maintenant seule avec leur fils. Ils redorment ensemble.
Plus que ce qui se trouve dans la serviette que porte Keith, et à qui elle pourrait bien appartenir, je vais observer les méandres de ce couple, car le livre démarre par une hypothèse de reconstruction conjugale. C´est le positif en pleine catastrophe. Je n´y crois pas trop, mais il s´agit d´une seconde chance. Nouvelle opportunité qui n´est pas le fruit d´une décision mutuelle, d´une réconciliation arrangeante que les conjoints se seraient offerts. C´est l´heure de suivre le cours de l´histoire, le moment dans lequel situation et contexte de l´attentat et le chaos les ont plongés, conduits. Nouvelle donne. La chance qui niche dans la catastrophe.
C´est l´impact de la Vie sur la vie personnelle, cela m´intéresse. Le problème des personnages de Don Delillo c´est que dans le fond ils ne savent ni qui ils sont ni ce qu´ils veulent. Ils ne peuvent ( ils ne savent pas) saisir la chance quand elle se présente ( comme le ferait un personnage d´Auster). ils flottent dans la vie engourdis, passifs, découragés d´avance.
Coline je crois que le Poker a son importance dans ce livre. Les êtres déboussolés reprennent pied quand on se met tous d´accord- le temps d´une partie- sur les règles à suivre, quand on choisit une tactique, un rôle, une attitude, un but. C´est ce qui caractérise tout jeu. C´est comme un échantillon de vie, un abrégé. On oublie la vraie vie, et là, cela pourrait même ressembler à la lecture.
Mais je n´ai pas encore terminé le livre. Des éléments me manquent, Ma conclusion pour plus tard.
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