Cormac McCarthy

vous avez pas trouvé que c'était un peu lourd l'attitude du père envers son fils ? un poil malsain, à faire peser sur les épaules du gamin tout ce que lui-même ne peut plus parvenir à supporter ?

En y repensant, ce gars m'énerve.

Queenie a écrit:

vous avez pas trouvé que c'était un peu lourd l'attitude du père envers son fils ? un poil malsain, à faire peser sur les épaules du gamin tout ce que lui-même ne peut plus parvenir à supporter ?

Pas du tout...Je ne rejette absolument rien de ce roman . POur moi, c'est un chef- d'oeuvre.

coline a écrit:

Queenie a écrit:

vous avez pas trouvé que c'était un peu lourd l'attitude du père envers son fils ? un poil malsain, à faire peser sur les épaules du gamin tout ce que lui-même ne peut plus parvenir à supporter ?

Pas du tout...Je ne rejette absolument rien de ce roman . POur moi, c'est un chef- d'oeuvre.

je ne rejette pas le roman. Loin de là. Je me pose des questions sur ce poids que fait peser le père à son enfant. Un poids dénoncé ? ça ne mavait pas "tilté" quand je l'ai lu mais là, soudain ça me saute à la narine droite.

coline a écrit:

chrisdusud a écrit:

La route fait partie pour moi des Grands livres et ton commentaire Epi m'a plongée un nouvelle fois dans cet unvivers. Merci.

Voilà...C'est exactement ce que je voulais te dire Epi...

Je pense pareil, c'est un livre qui fait maintenant partie de mes classiques et que je n'oublierai pas de sitôt. Un Grand Livre, oui

Queenie a écrit:

vous avez pas trouvé que c'était un peu lourd l'attitude du père envers son fils ? un poil malsain, à faire peser sur les épaules du gamin tout ce que lui-même ne peut plus parvenir à supporter ?

En y repensant, ce gars m'énerve.

Je ne l'ai pas ressenti comme ça Queenie, je pense que le père a au contraire tout fait pour que son fils soit prêt pour le jour où il se retrouverait seul car il se sait mourant. Les circonstances sont exceptionnelles et il ne peut pas lui offrir une enfance "normale" en gardant intacte son innocence d'enfant. C'est en quelque sorte lui sauver la vie, ou du moins, essayer de la prolonger le plus longtemps possible après sa propre disparition. Et il le fait avec une telle tendresse !

J'ai débuté ce matin la lecture de "La route" premier roman que je lis de l'auteur, qui mérite avant même la fin de celui là que je lise un autre livre de lui...
J'adore cette histoire, la façon, le style avec lequel elle nous est raconté...



Personnellement pour participer à la discussion plus ou moins lancée par Queenie, je pense que je serais un père comme celui du roman (j'ai trois enfants), à ne pas vouloir baisser les bras, à vouloir continuer d'espérer, même si ça n'est pas facile (et dans le livre c'est très loin de l'être), ça me semble une attitude bien plus acceptable que celle de "La mère" qui il n'y a pas d'autre mot les a abandonné.

Je me rend compte que je fais beaucoup parler mon inconscient (l'enfant abandonné qui est en moi- C'est bien là le traumatisme dont souffre cet enfant chaque fois que son père part en éclaireur en lui laissant le pistolet dans la main, non?) en écrivant cela.

Il y a tous ces dialogues entre un adulte et un enfant ignorant à poser des mots sur nos concepts complexes et pourtant sensible à les appréhender.
C'est vif concis, ampli de désespoir.
Un retour à l'état sauvage d'un homme à priori cultivé.

Moi, je vois plus dans "La route" dépeint un énorme gâchis, outre celui de notre monde, celui d'une famille qui aurait pu être et qui ne sera pas, pas seulement à cause de l'Apocalypse.

Queenie a écrit:

ça ne mavait pas "tilté" quand je l'ai lu mais là, soudain ça me saute à la narine droite.

Eternue...

Je dirais que cet homme n'a pas le choix et il ne peut pas "couver" l'enfant...Le père sait que bientôt l'enfant aura peut-être à s'assumer tout seul...Il le prépare...A la dure certes, mais il le prépare...

hum.
on ne parle pas de la même chose je crois.
Je suis d'accord sur vos trucs : pas cacher la vérité au gamin, le préparer et tout le tralala.

Moi, j'ai tout de même l'impression qu'il fait peser sur l'enfant ses propres espoirs et ne laisse pas au gamin la possibilité de se dire qu'il pourrait ne pas avoir la force, le courage de continuer seul.

(ouais, peut être qu'en fait c'est parce que je n'ai rien contre l'abandon en règle général, du coup ça me "choque" un peu cette attitude de vouloir absolument que son enfant continue ce qu'on a commencé. Et, consciemment, je me rends compte que ça va au-delà de ce livre, au-delà de cette situation post-apocalyptique. Donc peut être que je dérive sur un truc qui n'a rien à voir)

Queenie a écrit:

Moi, j'ai tout de même l'impression qu'il fait peser sur l'enfant ses propres espoirs et ne laisse pas au gamin la possibilité de se dire qu'il pourrait ne pas avoir la force, le courage de continuer seul.

Je crois que le père n'a aucun espoir justement et s'il continue, c'est parce qu'il n'a pas le courage d'utiliser le pistolet contre son fils. Il ne peut pas laisser le petit décider seul s'il a la force ou pas de continuer parce qu'il est encore trop jeune pour avoir à prendre une telle décision. Il le prépare justement à prendre cette décision une fois qu'il sera seul et plus mûr. Je le vois comme ça mais c'est vrai que chacun peut interpréter cela différemment

Epi a écrit:

Queenie a écrit:

Moi, j'ai tout de même l'impression qu'il fait peser sur l'enfant ses propres espoirs et ne laisse pas au gamin la possibilité de se dire qu'il pourrait ne pas avoir la force, le courage de continuer seul.

Je crois que le père n'a aucun espoir justement et s'il continue, c'est parce qu'il n'a pas le courage d'utiliser le pistolet contre son fils. Il ne peut pas laisser le petit décider seul s'il a la force ou pas de continuer parce qu'il est encore trop jeune pour avoir à prendre une telle décision. Il le prépare justement à prendre cette décision une fois qu'il sera seul et plus mûr. Je le vois comme ça mais c'est vrai que chacun peut interpréter cela différemment

Je vois les choses comme Epi...
Mais c'est indiscutable nous mettons beaucoup de nos projections personnelles dans la lecture...

Epi a écrit:

Queenie a écrit:

Moi, j'ai tout de même l'impression qu'il fait peser sur l'enfant ses propres espoirs et ne laisse pas au gamin la possibilité de se dire qu'il pourrait ne pas avoir la force, le courage de continuer seul.

Je crois que le père n'a aucun espoir justement et s'il continue, c'est parce qu'il n'a pas le courage d'utiliser le pistolet contre son fils. Il ne peut pas laisser le petit décider seul s'il a la force ou pas de continuer parce qu'il est encore trop jeune pour avoir à prendre une telle décision. Il le prépare justement à prendre cette décision une fois qu'il sera seul et plus mûr. Je le vois comme ça mais c'est vrai que chacun peut interpréter cela différemment

D'accord également avec cette affirmation, j'irai un peu plus loin, il n'a pas le courage d'utiliser le pistolet contre lui, non plus que contre son fils...

Autrement je suis de l'avis de tout le monde l'appréciation d'un livre se fait fonction des échos que celui ci réveille en nous, fonction de nos expériences personnelles, de nos chemins de vie.

Je viens de terminer "La route"... J'ai encore le gout de la cendre dans la bouche.

La puissance de ce roman, dans tous les aspects, est inouïe.

Marqué, définitivement marqué...

Concernant La Route :

J'ai une amie qui vient de me l'offrir, le problème c'est qu'elle m'a dit qu'il n'y avait aucune ponctuation ou presque... J'ai donc peur d'avoir des difficultés à lire ce roman, qui semble pourtant exceptionnel...

Avez-vous été gêné par ce fait ? Si fait-on vite ?
Je n'aimerai pas passé à côté d'un chef-d'oeuvre....

Non seulement "l'absence" de ponctuation n'est jamais gênante pour la compréhension, mais elle participe grandement à l'élaboration du texte, structuré par son "oralité". C'est un livre à entendre, à murmurer, dans la lumière lunaire d'une nuit d'hiver.


Le reste de son œuvre fait maintenant partie de ma LAL.

Malorie a écrit:

Avez-vous été gêné par ce fait ? Si fait-on vite ?
Je n'aimerai pas passé à côté d'un chef-d'oeuvre....

Comme le dit Sydney, cette non ponctuation sert le récit, à l'immersion totale.
On est forcément pris, englouti même, par le sujet.
Et ce n'est pas une mince affaire!

J'ai souffert avec eux sur cette route, j'étais mal, j'étouffais presque.
Quand il dit (toujours Sydney) qu'il a encore le goût de cendre dans la bouche c'est tout à fait ça.
Mais j'aurais raté un grand moment si je n'avais pas tenté l'expérience.
Ce livre est un de ceux qui m'a le plus marquée cette année...