Shimazaki Aki

Marie a écrit:

Il faut tout lire dans l'ordre?

Je pense que oui.
Quoi que...si l'on veut corser encore plus les choses... (non, je plaisante)

Disons que les lire dans l'ordre permet de ne pas perdre le fil de l'histoire qui est un lent et long tissage de petits détails et de grands faits. On ne se lasse pas une seule seconde, je peux te l'assurer Marie

"Mitsuba"

Takashi Aoki est un Shôsha-man (un commercial, en anglo-japonais), employé-modèle et dynamique de la firme Goshima, une multinationale spécialisée principalement dans le commerce de produits électriques et pétroliers.
En ce début des années 80, l'avenir sourit à Takashi. Reconnu et apprécié par ses supérieurs, sa carrière professionnelle se présente sous les meilleurs auspices. Cet homme à qui tout réussit n'a plus qu'un rêve à réaliser pour que sa vie soit comblée : se marier.
A presque trente ans, Takashi n'a pas de petite amie et encore moins de fiancée. Sa famille, ses amis et ses collègues ont bien tenté de lui présenter des jeunes filles mais Takashi est profondément réfractaire au procédé du Miaï (rencontre arrangée en vue d'un mariage).


En vérité son coeur bat pour une jeune femme qui exerce en tant que réceptionniste à l'accueil de la société Goshima. Elle s'appelle Yûko Tanase.


Takashi a fait sa connaissance en suivant des cours de français dans une école de langues. Très vite, les deux jeunes gens ont sympathisé et ils ont depuis pris l'habitude de se rendre après les cours au café du Trèfle (Mitsuba, en japonais).


C'est au cours de l'un de ces rendez-vous que Yûko apprend à Takashi qu'elle quittera dans quelques mois son emploi à la compagnie pour se rendre à Montréal et qu'ensuite elle se mariera avec un ingénieur que ses parents ont choisi pour elle. Takashi est atterré.


Sur ces entrefaites, son supérieur hiérarchique, Mr. Toda, apprend à Takashi que la compagnie Goshima a décidé de l'affecter pendant trois ans en poste à Paris.
Le temps presse pour le jeune homme s'il veut déclarer sa flamme à Yûko avant qu'ils ne soient séparés. Il doit donc agir très vite avant qu'il ne soit trop tard mais entre temps le destin vient de frapper un coup en la personne d'un autre jeune homme qui est le fils du président de la banque Sumida, banque qui détient la majorité des parts de marché de la compagnie Goshima.



Takashi va alors tomber de déceptions en désillusions et faire l'amer constat que sa position au sein de la compagnie – si gratifiante et confortable soit-elle – n'est que relative. Son avenir professionnel pourrait en effet se trouver gravement compromis s'il ne sacrifie pas ce qui lui est le plus cher aux intérêts supérieurs de la compagnie Goshima. Il va apprendre à cette occasion les circonstances réelles qui l'ont amenées à travailler pour Goshima ainsi que la cause véritable du décès de son père – lui aussi employé de la compagnie – survenu lors d'un voyage d'affaires à Londres onze ans plus tôt.


Et qu'en est-il de cette prédiction qui lui est faite en pleine rue par un ékisha (devin, diseur de bonne aventure), prédiction qui le voit vivant à l'étranger, marié et père de deux enfants, prédiction placée sous le symbole du trèfle ?



Avec « Mitsuba », Aki Shimazaki nous livre, comme pour la pentalogie du « Poids des Secrets », un récit en forme de parabole sur le destin et l'ironie du sort. Remarquablement construit, ce court roman, sous l'aspect faussement anodin d'une histoire d'amour sur fond de réussite sociale, entraîne le lecteur dans une spirale qui le tiendra accroché jusqu'aux dernières pages.
Comme pour « Le poids des secrets » Aki Shimazaki dénonce les travers de la société japonaise, ses archaïsmes toujours présents sous le vernis de la modernité et de la technologie, son conformisme de facade, son système de castes étendu à tous les niveaux de la société , sa culture d'entreprise qui fait de chaque employé un être soumis, corvéable et malléable à volonté.



Un roman concis et virtuose, un petit chef-d-oeuvre d'habileté où Aki Shimazaki, en habile tisserande, entremêle les fils du destin avec ceux du hasard.
Dans les mythologies grecque, romaine et scandinave, le destin est représenté par la figure des Moires, des Parques ou des Nornes, trois femmes qui tissent le destin inéluctable des mortels. Si au lieu du rouet et du fuseau elles avaient été pourvues d'une plume et d'une feuille de papier, Aki Shimazaki serait assurément l'une d'entre elles.

Tsubaki

Je ne vais pas raconter l’histoire que tous les lecteurs de ce fil connaissent presque par cœur maintenant…
Même si l’écriture n’est pas exceptionnelle, ce qui peut se comprendre quand on connaît le profil de la damoiselle, elle a un ton agréable et frais, ce qui peut paraître étonnant à la vue du sujet…elle possède ce que l’on appelle un style.

Tout cela ayant un goût de trop peu, je serais donc obligé de retrouver cette damoiselle prochainement…


PS : Concernant les bombes, le roman qui m’a le plus touché malgré son ton très inhabituel pour nous les occidentaux, mais sans complaisance pour la société japonaise, est « La guerre des jours lointains » d’Akira Yoshimura, l’auteur de « Liberté conditionnelle », dont a été tiré le film « L'Anguille » (Palme d'Or au Festival de Cannes 1997).

j'ai terminé la pentalogie le poids des secrets, et je me demande si je ne vais pas finir par l'acheter, juste pour pouvoir le relire tranquillement, maintenant que j'ai tous les fils démêlés devant moi. les histoires doivent prendre un nouveau sens quand on les lit en "sachant déjà tout".

Au début, l'écriture ultra simpliste, sans me gêner ou me déranger, m'a laissé un peu... indifférente, vraiment spectatrice. Et puis, l'histoire prend au corps, et la simplicité des mots renforce d'autant plus l'opacité et la complexité des rapports des personnages entre eux.

Un livre qui est d'une profonde humanité, où Shimazaki parvient à dépeindre des hommes et des femmes avec une tendresse communicative. Moi j'ai carrément craqué pour la mignone Yukiko et j'ai limite pleurnichée lorsque Yukio a découvert la vérité sur son amour d'enfance.

Quand on raconte le résumé de cette oeuvre, on peut avoir l'impression que ça va être un peu lourd, compliqué, plein de psychodrames. Hiroshima, tremblement de terre, morts, multi générationel. Et pourtant Shimazaki parvient à décrire tout ça avec une mélancolie légère, sans en faire des tonnes pour nous mettre la larme à l'oeil et sans tirer des bouts de ficelles pour nous tenir en haleine.

J'ai pris un réel plaisir à lire ces livres... merci beaucoup beaucoup Nezumi

Mais de rien Queenie . Contente que Shimazaki fasse l'unanimité!

J'ai retiré momentanément son dernier, Mitsuba, du cerclage pour le prêter à une collègue, mais je le recerclerai un peu plus tard si tu es intéressée.

C'est en effet le tour de force de Shimazaki de nous toucher autant avec une telle économie de moyens et ,comme tu le dis, sans verser dans le pathos. Pour moi c'est la marque des grands romanciers et j'attends avec impatience sa production future...

Juste pour signaler que Tsubame (Le poids des secrets, #3) vient de paraître en poche, avec une bien belle couverture, comme d'habitude.

Je te remercie beaucoup Nézumi pour m'avoir fait connaître cet auteur.
Si j'ai bien aimé Le Poids des Secrets, j'ai de beaucoup préféré Mitsuba. Peut-être parce qu'il était mon premier roman japonais ou que sa fin est tellement merveilleuse . Ce livre était un bonheur à lire parce que les évènements s'enchaînaient très bien les uns aux autres.
Pour le Poids des Secrets, c'était différent. D'un livre à l'autre, les personnages nous apparaissaient à différents stades de leur vie. Difficile j'ai trouvé de suivre des fois, surtout quand la lecture est des fois interrompue.
J'aimerais beaucoup découvrir d'autres titres de cet auteur.

Wasurenagusa :

J’adore ce titre, plus poétique que les autres de la pentalogie Le poids des secrets, qui s’insère parfaitement dans l’histoire.
Je confirme mon impression de Tsubaki, Aki Shimazaki a un style qui lui est propre, épuré à l’extrême, très émotionnel…ne s’attachant pratiquement qu’à l’intériorité émotionnelle du personnage principal. Dans ce domaine, l’auteure est excellente mais le genre a ses limites.

Il manque le climat…plus exactement, l’instauration d’un climat où les personnages peuvent ensuite s’exprimer, se mouvoir, ressentir…nous errons dans une esquisse d’environnement où les émotions nous sautent à la gorge mais sans réel contexte, sans terre nous permettant de les cultiver…
Il manque aussi des personnages secondaires plus riches, qui en accompagnant le personnage principal, plutôt que le servir, le relativiserait, le ferait exister dans un contexte humain complexe plus consistant.

Nous sommes dans une espèce intermédiaire entre poésie et roman ; agréable à lire mais où il manque toujours quelque chose.

PS : Cette division en 5 volumes très courts (seulement une centaine de page, écrit sur une langueur de page très étroite) m’horripile surtout quand on en voit le prix…12 euros.

Tsubaki a été adapté au théâtre. Il y en aura deux représentations, les vendredi 28 et samedi 29 mars à 20h00, à la Maison de la Culture du Japon à Paris.
Plus de détails, informations sur : http://www.mcjp.asso.fr/pjanv2008/spect/camelia/index.html

eXPie a écrit:

Tsubaki a été adapté au théâtre. Il y en aura deux représentations, les vendredi 28 et samedi 29 mars à 20h00, à la Maison de la Culture du Japon à Paris.
Plus de détails, informations sur : [url=http://www.mcjp.asso.fr/pjanv2008/spect/camelia/index.html

http://www.mcjp.asso.fr/pjanv2008/spect/camelia/index.html[/quote[/url]]

Le genre de spectacle qu'il me plairait de voir...
Tu vas y aller EXpie?

j'essayerai d'y aller.

Je ne sais pas si j'irai...
Peut-être, ça peut être rigolo, en plus ça me mettrait dans l'ambiance, un tout petit peu avant mon départ (vacances, youpi !) pour le Japon (si tout se passe bien).

Ca y est, je suis définitivement convaincue et je pense que je vais me jeter sur la pentalogie dès que possible, vous m'avez tous et toutes convaincue !!

eXPie a écrit:

Tsubaki a été adapté au théâtre. Il y en aura deux représentations, les vendredi 28 et samedi 29 mars à 20h00, à la Maison de la Culture du Japon à Paris.
Plus de détails, informations sur : http://www.mcjp.asso.fr/pjanv2008/spect/camelia/index.html

réservations faites pour le vendredi soir. Si d'autres viennent, on pourrait s'y retrouver