Ainsi résonne l’écho infini des montagnes
Une excellente lecture !
L’ auteur est très habile à égrener cette histoire, celle d’une famille Afghane, qui débute sur un conte prémonitoire. Du printemps 49 à l’hiver 2010, les différents protagonistes se racontent et se rencontrent divulguant les destins des uns et des autres, les autres dont la présence aléatoire est pourtant essentielle pour la liaison et la continuité de l’histoire.
Le déroulement n’est pas chronologique et c’est, à mon sens, l’un des intérêts du récit que de distiller la découverte au lecteur.
Bien que ces destins nous amènent en différents lieux, USA, île Grecque, France, l’âme de ce récit et de cette famille demeure en Afghanistan.
Les rapports entre les personnages, notamment ceux parents/enfants sont finement appréhendés. L’auteur dévoile pudiquement l’homosexualité d’un des personnages ; c’est aussi avec sensibilité que les lâchetés acceptées sont évoquées.
C’est donc à la fois le » portait » de l’Afghanistan à différentes époques et celui des protagonistes de l’histoire qui rendent palpable la respiration de ce pays.
Extraits
« Le temps leur était compté. Il contempla ses cinq enfants d’un air abattu. Un doigt devait être coupé pour sauver la main. Il ferma les yeux et tira un caillou au sort. »
« J’ai été très gêné lorsque les gens se sont massés pour la voir. Il y avait là Baitullah, un ami d’enfance, qui l’observait depuis le bord d’un toit, accroupi à côté de ses frères. Ils formaient comme une rangée de corbeaux, mâchonnant tous du tabac naswar. »
« Il lui décrit sa blessure, le manque de moyens de l’hôpital Wazir-Khan. Il lui confie l’engagement qu’il a pris envers Amra et la fillette. En même temps qu’il prononce ces mots à voix haute, il sent sa promesse peser sur lui comme cela n’avait pas été le cas à Kaboul, quand Amra l’avait embrassé sur la joue, et il est troublé de faire le rapprochement avec les remords que peut susciter un achat inconsidéré. »
« Je n’ai pas mentionné Nila Wahdati, ni sa fuite à Paris après l’attaque de son mari, ni toutes les années que Nabi a passées à prendre soin de Suleiman. Cette histoire là. Ele comporte trop de parallèles qui appellent un retour de bâton. Ce serait comme lire à voix haute mon propre chef d’inculpation. »
« Voilà ce qui coince avec la gentillesse de Mama, ce qui ternit ses interventions en faveur des autres et ses gestes de bravoure. La dette qui les accompagne. Les exigences, les obligations qu’elle impose en contrepartie. Sa façon de monnayer ces actes, de réclamer en échange votre loyauté et votre allégeance. «