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| "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] | |
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Auteur | Message |
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simla Envolée postale
Messages : 249 Inscription le : 10/01/2013 Age : 74 Localisation : Nouvelle calédonie
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 22 Fév 2013 - 8:53 | |
| Aurélien Bellanger, La théorie de l'information Voilà le premier roman d'un jeune auteur (assez beau en plus ) que j'ai trouvé très intéressant et qui m'a bluffée par ses connaissances. Ca a du représenter un travail considérable d'investigations. Il s'agit donc " de l'épopée économique française. De l'invention du Minitel à l'arrivée des terminaux mobiles, de l'apparition d'Internet au Web 2.0, du triomphe de France Télécom au démantèlement de son monopole , on assistera à l'irruption d'acteurs nouveaux, souvent incontrôlables." "La théorie de l'information raconte aussi comment un article scientifique publié en 1948 a révolutionné l'histoire des télécommunications et fait basculer le monde dans une ère nouvelle. Le héros, Pascal Ertanger, est un garçon très brillant, passionné d'informatique, un précurseur, un investisseur inspiré qui deviendra l'un des hommes les plus riches du monde. Ce roman mêle des personnages très connus sur la scène publique, des faits avérés, avec des personnages fantaisistes..du moins, on peut le supposer. Pas mal d'humour au passage, un extrait que je verrais bien appliqué aux lobbyistes : " Tout cela était relayé, à une échelle plus fine, par des milliers de clubs départementaux, qui tentaient, généralement avec succès, de préserver les décideurs locaux de la solitude du pouvoir et de la tentation autocratique". Sur le Minitel : "Le Minitel fut progressivement déployé sur tout le territoire et les services de messagerie connurent leur premier âge d'or. La France faisait chaque nuit l'équivalent d'une psychanalyse, couchée près de son terminal." Sur un des associés de Pascal Ertanger : Houillard avait environ la quarantaine. Avec ses yeux trop petits, ses cheveux gras et ses dents jaunes, il n'inspirait pas confiance. Conscient de ce handicap, il parlait à voix très basse, pour obliger ses interlocuteurs à tendre l'oreille vers sa bouche : il n'était pas possible de le voir et de l'entendre en même temps." Un livre passionnant, très instructif, j'y ai appris plein de choses | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 22 Fév 2013 - 10:59 | |
| - simla a écrit:
- Aurélien Bellanger, La théorie de l'information
[...] Un livre passionnant, très instructif, j'y ai appris plein de choses Le sujet est très intéressant et tu en es content. Un livre de plus sur ma LAL, c'est intolérable, elle s'allonge de jour en jour... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 22 Fév 2013 - 14:49 | |
| - Kannskia a écrit:
- bix229 a écrit:
- "J' aime la solitude ici. Je n' y suis jamais enfermée. Je me dilate dans un espace sans limite. C' est un pays que je suis seule à pouvoir supporter, un pays qui ne me possède pas."
J'aime beaucoup cette citation, elle me parle.
Merci pour ton commentaire Bix, je vais m'intéresser à ce livre. En tout cas c' est un livre très féminin. Et croyez moi, ce n' est en rien une critique. Simplment il y a des livres plus spécifiqument féminins. D' ailleurs, on a comparé Corinna Bille à Colette, et c' est vrai en ce sens que, comme elle, elle est éprise de la sensualité, de l' amour, de l' indépendance, de la nature... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Ven 22 Fév 2013 - 21:33 | |
| - bix229 a écrit:
- Kannskia a écrit:
- bix229 a écrit:
- "J' aime la solitude ici. Je n' y suis jamais enfermée. Je me dilate dans un espace sans limite. C' est un pays que je suis seule à pouvoir supporter, un pays qui ne me possède pas."
J'aime beaucoup cette citation, elle me parle.
Merci pour ton commentaire Bix, je vais m'intéresser à ce livre. En tout cas c' est un livre très féminin. Et croyez moi, ce n' est en rien une critique. Simplment il y a des livres plus spécifiqument féminins. D' ailleurs, on a comparé Corinna Bille à Colette, et c' est vrai en ce sens que, comme elle, elle est éprise de la sensualité, de l' amour, de l' indépendance, de la nature... Tu as l'air de bien t'y connaître en spécificités féminines ! | |
| | | simla Envolée postale
Messages : 249 Inscription le : 10/01/2013 Age : 74 Localisation : Nouvelle calédonie
| Sujet: littérature féminine Sam 23 Fév 2013 - 0:42 | |
| C'est vrai qu'elle est différente. Colette en est un excellent exemple. Je suis tout à fait d'accord avec Kannskia | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 23 Fév 2013 - 12:10 | |
| Je vous présente mon professeur à l'université au style inimitable, René Lapierre. Je vous parlais l'autre jour de Jean-Simon Desrochers une étoile montante de la littérature québécoise. Nous partageons tous deux une révérence d'ailleurs largement partagée avec ce mentor commun. Pour ma part, j'ai connu l'existence de René Lapierre par l'entremise d'un essai qu'il avait écrit sur Hubert Aquin, L'imaginaire captif. Je vous parlerai aujourd'hui de L'entretien du désespoir, un autre essai. One shot, c'est le concept... comment révéler René Lapierre? page 52 - Citation :
- Parler de la nature, chercher à tromper auprès d'un lac et d'une cabane de bois rond la hâte de surmonter, d'apparaître, ne diminue pourtant en rien l'emprise spectaculaire. Il semble au contraire que cela ne fasse que la confirmer, en soulignant par antiphrase à quel point, dans la démoralisation, le simple fait d'en avoir assez, d'en revenir, s'offre d'emblée comme déjà critique.
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| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Sam 23 Fév 2013 - 16:46 | |
| L'empire ultime - Fils des Brumes, tome 1 - Brandon Sanderson
Nous voici plongé dans un monde noir, rempli non pas de ténèbres, mais de cendres. On ne sait pas trop d'où vient toute cette cendre qui tombe, mais la terre a terriblement souffert. Le peuple skaa forme la plèbe de la société très hiérarchisée, qui commence au Seigneur Maître. Ce dernier semble immortel et dirige grâce à ses Inquisiteurs ainsi qu'aux familles de nobles. Un univers d'heroic fantasy, où le personnage principal, Vin, petite voleuse, deviendra celle qui doit prendre la tête de la révolution et renverser le Seigneur Maître. Une évolution classique mais qui n'enlève pas pour autant d'intérêt au récit. La magie présente dans cet univers est celle des métaux : l'allomancie permet, par l'absorption et la combustion, de développer des pouvoirs spécifiques. Une autre façon de les utiliser est également pratiquée par certains personnages, mais elle est moins détaillée même si son importance sera révélée par la suite. L'action se déroule principalement dans le monde des skaa, et on découvre peu à peu, par le biais de la mission d'infiltration de Vin, le mode de vie des nobles et leurs combats personnels. Les personnages ont une certaine part d'ambiguïté même s'il y a quand même des univers assez marqués, les skaa étant les victimes sympathiques quand les nobles et le Maître sont les méchants à abattre (à l'exception du jeune noble qui tombe amoureux de Vin, mais heureusement cette histoire ne prend pas trop le dessus). J'ai beaucoup aimé cet univers et les descriptions de l'utilisation de l'allomancie ; il reste encore suffisamment de mystères pour que je sois intéressée à lire les deux autres tomes. | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 10 Mar 2013 - 17:36 | |
| Comment j'ai arrêté de CONsommer : journal d'une année de lutte contre l'enfer marchand
de Frédéric MARS
L'auteur raconte son expérience : comment il a mis en place une réflexion globale au sujet de ses habitudes de consommation, et a décidé de vivre sans carte de crédit ni prélèvement, et en réfléchissant à chaque achat, lui appliquant un système de valeurs avant de se décider. Il a également commencé à valoriser les produits locaux Le ton est léger mais réaliste, on vit avec le quotidien d'une famille qui a parfois du mal à faire passer le message autour d'elle, les amis qui les croient victimes d'une idéologie, ou désargentés. A titre personnel, je ne me suis pas sentie interpellée par les options retenues, déjà parce que mes habitudes de consommation sont beaucoup plus modestes, je n'entasse pas des tas de choses devenues inutiles dans mon grenier car j'aime faire du vide régulièrement et de plus, je ne me vois pas appliquer un barème chiffré pour commencer à déterminer l'utilité d'acheter ou non quelque chose. Mais la démarche est intéressante car elle soulève pas mal de problèmes liés aux pratiques d'achat, qui sont bien souvent guidées par le marketing et non par un besoin. | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 17 Mar 2013 - 14:13 | |
| Player One - Ernest ClineAvec Player One, nous voici embarqués dans un jeu virtuel géant. Le monde terrestre réel n'étant plus vraiment attrayant, transformé par la crise énergétique en une vaste poubelle et des ensembles urbains sans âme, les humains préfèrent vivre dans l'Oasis, réalité virtuelle où chacun est ce qu'il souhaite être. Le génial créateur de ce monde a laissé en héritage des milliards de dollars, qui échoueront à celui qui trouvera l'oeuf caché au terme d'une quête difficile... c'est ainsi que Wade, petit gamin d'un quartier pauvre, se trouve propulsé à la tête des chassoeufs et confronté en même temps à des financiers sans scrupule et sans limite, qui souhaitent mettre la main sur Oasis pour en faire des bénéfices. J'ai complètement adhéré à cet univers virtuel, qu'on dit dédié aux geek et qui est, à mon avis, carrément orienté gamers tellement les phases consacrées aux jeux vidéo sont importantes ; il y a même en final, l'affrontement avec le "monstre" inévitable pour toute fin de jeu ! Mais c'est vrai que l'on retrouve aussi énormément de références à l'univers geek avec ses films préférés, ses musiques et même si je ne suis pas une spécialiste, j'ai beaucoup aimé ce monde. Dommage que la fin soit un peu convenue, il faudrait une fin alternative ! | |
| | | simla Envolée postale
Messages : 249 Inscription le : 10/01/2013 Age : 74 Localisation : Nouvelle calédonie
| Sujet: Des cailloux dans le ventre Jeu 21 Mar 2013 - 5:15 | |
| Des cailloux dans le ventre, John Bauer Jon Bauer, un jeune anglais installé en Australie (où il y a beaucoup de jeunes auteurs talentueux mais j'en reparlerai une autre fois) a obtenu le prix du premier roman par les libraires indépendants australiens pour "Des cailloux dans le ventre" paru en 2010. L'histoire : un jeune homme de 28 ans installé au Canada revient s'occuper de sa mère restée au pays atteinte d'un cancer. Des rapports amour-haine entre la mère et le fils unique, celui-ci n'a en effet, jamais pardonné à sa mère de l'avoir délaissé au profit des jeunes enfants venus de familles en déroute, incapables de s'occuper de leurs propres enfants. Elle avait, en effet, décidé de devenir "famille d'accueil" . Une femme autoritaire et despotique qui régnait sur le mari, un brave homme,et son fils. A huit ans, celui-ci, rendu fou de colère et de jalousie envers Robert, un des jeunes garçons recueillis auquel la mère s'attache particulièrement, provoquera un drame qui bouleversera l'existence de la famille entière. Le roman se déroule à la fois dans le passé à travers la voix du petit garçon qui vit les événements au jour le jour et dans le présent, cet homme adulte s"occupant de sa mère devenue dépendante et amnésique, qui a gardé toute la colère et le ressentiment en lui. On oscille entre empathie et dégoût pour son comportement (personnellement, je ne lui pardonne pas d'avoir mis le chat dans la machine à laver ) mais c'est un bon roman. " Je disais à tout le monde que j'avais été adopté. Petit, je l'annonçais à tous les nouveaux venus, si bien que cela a fini par s'insinuer en moi comme une sorte de vérité. Une vérité qui m'habite toujours et m'empêche de me sentir à ma place. Je disais que j'avais été adopté, moi, le seul enfant chez nous à ne pas avoir été placé en famille d'accueil. Et maintenant que je suis censé être un homme, tout en moi est adopté : mon pays, le récit que je me fais de mon passé. Même dans mon enfance je n'étais pas chez moi. Pourtant je sens qu'elle est toujours là, même si j'ai déménagé à l'étranger et renié tout mon passé. Où qu'on aille, quoi qu'on fasse de ses sentiments, notre vérité nous guette. Mon enfance me hante comme mes poings hantent mes mains. Partir ne m'a pas non plus permis d'en finir avec mes parents. Je les emporte partout dans cette mémoire imposée. Maman surtout. ......"
Dernière édition par mimi54 le Jeu 21 Mar 2013 - 5:35, édité 1 fois (Raison : déplacement du sujet, et rendu du message plus visible) | |
| | | simla Envolée postale
Messages : 249 Inscription le : 10/01/2013 Age : 74 Localisation : Nouvelle calédonie
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Jeu 11 Avr 2013 - 6:24 | |
| [b] Le mauvais rêve de Francesca d'Aloja
Un premier roman d'une jeune auteure italienne qui est comédienne et réalisatrice, paru en 2008.
Un très bon livre,avec en toile de fond les années 70 où l'Italie a connu les bandes armées, des organisations terroristes constituées de jeunes révolutionnaires.
Il s'agit donc de l'histoire de Pénélope, jeune fille de bonne famille, devenue héroïnomane à la suite de circonstances familiales assez douloureuses, elle décroche et rencontre Edoardo avec qui elle vit des relations assez paisibles. Néanmoins, sa meilleure amie Margherita devenue membre d'une organisation terroriste a disparu depuis de longues années et elle veut absolument la retrouver. Elle se rend donc à la prison romaine de Rebibbia sous prétexte d'écrire un livre consacré à l'univers carcéral pour y rencontrer Riccardo Serventi, l'ancien chef de l'organisation terroriste dont son amie a fait partie.
Au fil de ses visites, elle développe des liens assez étroits avec cet intellectuel qui lui ressemble à bien des égards et elle décide de partir également à la recherche du frère de celui-ci, Emanuele, qui avait une liaison amoureuse avec Margherita.
Ces deux rencontres vont changer sa vie.
"Mêlant histoire d'amour et sensibilité politique, le mauvais rêve[i] est le portrait magistral de quatre êtres poursuivis par leur passé. A travers leurs parcours, Francesca d'Aloja y dresse le bilan des années du terrorisme en Italie, un bilan sans concession aux fors accents de vérité ".
" Riccardo savait écouter. Il avait une conception différente du temps, modelée par les années passées en prison. Il savait gérer les pauses et n'était pas pressé de les remplir. Il s'était construit une solide carapace laissant croire qu'il était dépourvu d'émotions, mais Pénélope savait qu'il n'en était rien. Il y avait en lui une combustion interne invisible au reste du monde, un long travail de soustraction. Depuis longtemps il ne se sentait plus heureux comme sur le bord du plongeoir, depuis longtemps il n'était plus mondé dessus et ne regardait plus les autres d'en haut. Maintenant c'est lui qui était au fond de la piscine, et ils étaient nombreux à le fixer de la-haut".
" Qui sait, si j'étais né à Florence ou à Naples, peut-être que je ne serais pas ici aujourd'hui..." Peut-être. Rome était devenue folle. Elle était divisée en quartiers. Rouges et noirs. Avoir un journal dans la poche pouvait vous envoyer à 'l'hôpital, et parfois il suffisait d'un jean, d'une écharpe, d'une coupe de cheveux. Les gamins se baladaient armés, aux meetings on distribuait les pistolets avec désinvolture, comme si c'était des tracts. Chaque jour un attentat, une explosion, des tirs, des barres de fer, les grosses clés anglaises Beta 36, P38, Molotov, M12.....et les groupes terroristes de droite comme de gauche.........la peur, l'adrénaline, la folie. Une génération perdue". | |
| | | SCOman Envolée postale
Messages : 102 Inscription le : 08/06/2012 Age : 38 Localisation : Tours
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Mer 17 Avr 2013 - 2:17 | |
| CHIEN DU HEAUME, de Justine NiogretOriginal et mystérieux : voici les deux premiers qualificatifs qui me viennent à l’esprit pour évoquer Chien du heaume de Justine Niogret. Original de par son style d’écriture, un style cru, précis, à la puissance évocatrice certaine, assurément plus à l’aise dans la description que dans la peinture des scènes d’action. Pour son premier ouvrage Justine Niogret s’affirme d’ores et déjà comme une auteure extrêmement talentueuse, tant par sa capacité à planter des décors qui frappent l’esprit que par son aisance à manier le verbe moyenâgeux. L’intérêt de Chien du heaume réside ainsi bien plus dans l’ambiance dans laquelle il transporte le lecteur que par son scénario, somme toute assez linéaire. C’est cette ambiance d’âge sombre et de bas moyen-âge qui induit le mystérieux. Se plaçant à l’orée de la fantasy et du fantastique, sans jamais en emprunter réellement les codes, l’histoire de Chien, femme mercenaire à la hache acérée, ne fait que ressasser légendes, souvenirs et réminiscences des temps passés. Conte sauvage, Chien du heaume couvre ses personnages de multiples zones d’ombre, dont la plupart ne seront pas levées par le narrateur. La mort plane constamment sur ces protagonistes que l’ont croirait tout droit issus de runes vikings, à l’image de l’effroyable Salamandre, guerrier de l’apocalypse paré des plus sombres ténèbres. Voici un livre rempli de violences et nimbé de tristesse, où les hommes s’écharpent comme des animaux mais où les vieilles pierres chantent encore. Ce n’est pas un hasard si l’héroïne du récit se prénomme Chien et si elle finit par se mettre au service du chevalier que l’on surnomme le Sanglier. L’animalité sourde au fin fond de chaque personnage et s’exprime par le fer des mercenaires et par le feu de la forge de Regehir, autre compagnon de route de Chien. Alors que cette dernière se lance dans la quête de son véritable nom et de l’identité de son père, gageons qu’il lui faudra plus d’une fois cracher le sang et Mordre le bouclier avant de trouver réponse à toutes ses questions. Chien du heaume a reçu le Grand prix de l’Imaginaire 2010 et le Prix des Imaginales 2010. | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 21 Avr 2013 - 20:21 | |
| - Citation :
- A trente ans à peine, Pierre Rey a toutes les apparences d'un jeune homme heureux, il fait partie de ceux qui ont "réussi". Chroniqueur dans un quotidien, joueur invétéré vivant très au-dessus de ses moyens, il mène une vie mondaine et frivole dont le plaisir est l'unique objet. Pourtant, ses angoisses se multiplient, sa peur d'affronter le vide grandit. Alors, il décide de faire table rase du présent, quitte travail et amis et gravit les marches de pierre usées du 5 rue de Lille qui conduisent chez Lacan. Et c'est là, pendant dix ans, qu'il effectuera sur le divan du célèbre analyste le plus long de ses voyages.
Une autre approche de la psychanalyse que les livres théoriques, obscurs pour la plupart, du moins ceux de Lacan. Je dirai que c'est un livre intéressant pour ceux qui s'intéressent de près ou de loin à cette approche. Cela amène pas mal de pistes de réflexion. Quelques extraits. Si ça vous intéresse je peux en mettre d'autres.. - Citation :
- La culture, c’est la mémoire de l’intelligence des autres.
Hormis quelques appareils digestifs exceptionnels, elle ne produit que de la culture, une discours sur un discours, à l’infini, qui se déploie dans les limites sans surprise du registre de la loi : la nier, la combattre ou la subir, dans tous les cas, c’est encore la reconnaître. - Citation :
- Il avait écrit : “On est ce qu’on fait.” J’avais la certitude absolue du contraire : on est ce qu’on ne fait pas. Je savais de quoi je parlais : je n’avais commencé à être qu’en cessant de faire. Depuis quatre ans, ma vie était une non-action parfaite. Je ne faisais strictement rien. J’étais devenu un buveur de temps. Je l’aspirais au goutte-à-goutte, attentif à sa coulée, dont j’ignorais le sens et le goût quand j’étais supposé ne pas le perdre, du temps que je ne prenais jamais le temps d’avoir le temps. Les creux se meublaient d’actions futiles comme les logements médiocres de guéridons surchargés de bibelots idiots qui, par compensation métaphorique, comblent le vide mental de ceux qui les empilent. Je ne savais pas encore dire non.
- Citation :
- Malheureusement, il y avait des absurdités qui ne passaient pas. depuis que je m’étais placé sous le signe du “Je suis parce que je ne fais pas”, j’avais appris qu’il n’y a pas de temps objectif puisque, à loisir, je pouvais le rendre élastique, le réduire à néant pendant que tournaient les étoiles ou en faire un infini le temps d’une étincelle.
Le “non-faire” m’avait apporté ce présent royal, pouvoir donner au temps la durée de son désir. Selon mon humeur, je créais des temps végétaux où je me transformais en arbre, des temps mammifères où j’étais chien, des temps terrestres qui me faisaient nuage, des temps cosmiques pour la métamorphose d’une vibration et des temps minéraux où je devenais enfin pierre, avec ou sans majuscule. L’enjeu donnait accès directement au “je” sans quoi le “tu”, le “vous”, le “ils”, nous restent à jamais interdits. | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 21 Avr 2013 - 20:30 | |
| - shéhérazade a écrit:
- Citation :
- A trente ans à peine, Pierre Rey a toutes les apparences d'un jeune homme heureux, il fait partie de ceux qui ont "réussi". Chroniqueur dans un quotidien, joueur invétéré vivant très au-dessus de ses moyens, il mène une vie mondaine et frivole dont le plaisir est l'unique objet. Pourtant, ses angoisses se multiplient, sa peur d'affronter le vide grandit. Alors, il décide de faire table rase du présent, quitte travail et amis et gravit les marches de pierre usées du 5 rue de Lille qui conduisent chez Lacan. Et c'est là, pendant dix ans, qu'il effectuera sur le divan du célèbre analyste le plus long de ses voyages.
Une autre approche de la psychanalyse que les livres théoriques, obscurs pour la plupart, du moins ceux de Lacan. Je dirai que c'est un livre intéressant pour ceux qui s'intéressent de près ou de loin à cette approche. Cela amène pas mal de pistes de réflexion.
Quelques extraits. Si ça vous intéresse je peux en mettre d'autres..
- Citation :
- La culture, c’est la mémoire de l’intelligence des autres.
Hormis quelques appareils digestifs exceptionnels, elle ne produit que de la culture, une discours sur un discours, à l’infini, qui se déploie dans les limites sans surprise du registre de la loi : la nier, la combattre ou la subir, dans tous les cas, c’est encore la reconnaître. - Citation :
- Il avait écrit : “On est ce qu’on fait.” J’avais la certitude absolue du contraire : on est ce qu’on ne fait pas. Je savais de quoi je parlais : je n’avais commencé à être qu’en cessant de faire. Depuis quatre ans, ma vie était une non-action parfaite. Je ne faisais strictement rien. J’étais devenu un buveur de temps. Je l’aspirais au goutte-à-goutte, attentif à sa coulée, dont j’ignorais le sens et le goût quand j’étais supposé ne pas le perdre, du temps que je ne prenais jamais le temps d’avoir le temps. Les creux se meublaient d’actions futiles comme les logements médiocres de guéridons surchargés de bibelots idiots qui, par compensation métaphorique, comblent le vide mental de ceux qui les empilent. Je ne savais pas encore dire non.
- Citation :
- Malheureusement, il y avait des absurdités qui ne passaient pas. depuis que je m’étais placé sous le signe du “Je suis parce que je ne fais pas”, j’avais appris qu’il n’y a pas de temps objectif puisque, à loisir, je pouvais le rendre élastique, le réduire à néant pendant que tournaient les étoiles ou en faire un infini le temps d’une étincelle.
Le “non-faire” m’avait apporté ce présent royal, pouvoir donner au temps la durée de son désir. Selon mon humeur, je créais des temps végétaux où je me transformais en arbre, des temps mammifères où j’étais chien, des temps terrestres qui me faisaient nuage, des temps cosmiques pour la métamorphose d’une vibration et des temps minéraux où je devenais enfin pierre, avec ou sans majuscule. L’enjeu donnait accès directement au “je” sans quoi le “tu”, le “vous”, le “ils”, nous restent à jamais interdits. Décision du jour : il sera dans ma PAL très prochainement grâce à toi Schéhérazade , merci !!!! | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: "One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE] Dim 21 Avr 2013 - 20:39 | |
| Allez un autre petit extrait pour la route... - Citation :
- On est ce qu’on désire.
Mais ce qu’on désire, on l’ignore. Et ce désir, dont nous ignorons en quoi il consiste, mais que nous subissons comme la frappe la plus singulière de notre “moi”, nul d’entre nous n’a choisi qu’il nous habite. Il est “écrit”. Il nous précède. Nous entrons dans son champ par le biais du langage. Avant même de naître, nous sommes voués, heur ou malheur, à en devenir un jour le gestionnaire. D’où la faille. Car ce désir qui nous structure n’est pas nôtre. Il est, par le biais du discours, désir de l’Autre, désir d’un Autre désirant. C’est pourquoi, êtres de désir, notre destin est de ne pouvoir accéder qu’au manque-à-être. A cinq ans, je peignais. A quatorze, je rêvais de vieillir. La vieillesse me serait douce. Chaque jour écoulé me rapprocherait de la maîtrise totale, cet instant énigmatique où les créateurs de génie accèdent enfin à l’intensité de la couleur pure pour pénétrer, à l’orée de la mort, au coeur absolu de leur vibration. A vingt-huit, un soir de novembre, dans le tumulte des appels, le staccato des Remington et le brouillard des cigarettes, par une espèce de dédoublement foudroyant, je devins soudain spectateur de moi-même et me “vis”, mégot aux lèvres, une effroyable pile de papiers sur mon bureau, un téléphone à chaque oreille pour écouter sans les entendre des gens dont j’ignorais l’identité. La question me transperça : Où étais-je ? Dans les bureaux d’un quotidien. Pour y faire quoi ? Des chroniques dites “parisiennes”. C’était absurde, j’étais peintre. Alors ? L’inconscient ne s’inscrit pas sur une droite. Mon père, pour enrichir ce qu’il appelait mon “bagage” (ce qui empêche d’avancer sitôt qu’on se déplace) rêvait pour moi d’un savoir universel. Un matin, il eut cette phrase étrange : - Tu devrais peut-être apprendre la sténo. - Pourquoi ? je suis peintre. - On ne sait jamais. Si un jour tu voulais faire du journalisme... Cet échange n’avait duré que dix secondes. Je l’avais complètement oublié. Quinze ans plus tard, il me revenait en mémoire alors que le voeu secret de mon père, à travers moi, lui aussi devenir autre, était déjà réalisé.
Tel était le fatum des Grecs, vivre dans le réel l’inconscient de l’Autre. Leur discours. | |
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