"One shot": Un auteur/un livre... [INDEX 1ER MESSAGE]

je ne fais pas le voyage ! merci Shanidar

C'est un livre qui me tentait sans me tenter et me transformait en psychasthénique. Merci de me sortir de cette impasse, shanidar.

c'est un plaisir de faire plaisir (ça doit aussi avoir un nom médical, ça !) (mais ça fait peur ton trouble*, topocl !!).

* psychasthénique =

Citation :

Perturbation psychique qui se traduit par une difficulté et une appréhension à agir que le sujet ressent douloureusement.

C’est un trouble de la personnalité qui a un stade supérieur évolue vers une maladie névrotique : l’hypochondrie.


Ce qui la caractérise :

Tendance aux scrupules, au doute, crises de conscience, rumination mentale.
Préoccupations tristes, coupables, mentalement douloureuses.
Impuissance à agir et pauvreté de la sexualité (hyposexualité).
Fatigue permanente, le matin surtout, s’atténuant dans la journée.
Tendance à se rassurer par la minutie, le perfectionnisme.

source

shanidar a écrit:

c'est un plaisir de faire plaisir (ça doit aussi avoir un nom médical, ça !)

Oui : gentillesse.

chouette un mot médical que je connais

" Le rêve du cartographe" de James Cowan


Ce livre relate les réflexions intimes d'un moine de la fin de la Renaissance, Fra Mauro, qui a existé et a vécu au monastère de San Michèle di Murano dans la lagune de Venise et avait employé son temps à rediger une carte du monde connu de son époque.
Ce travail le moine l'entreprend alors qu'il n'a jamais voyagé de son existence et ne quittera jamais son monastère si ce n'est en imagination.
Cependant Venise à cette époque est le point de passage des voyageurs du Monde entier, l'ecclesiastique se servira des recits des autres pour dessiner les contours de sa carte. On assiste alors à la construction du Monde par un homme soucieux de comprendre les motivations des peuples qu'il découvre à l'abri de son monastère, il se revèle un homme de son temps, curieux des decouvertes, des récits mysterieux et ne laissant jamais ses convictions religieuses prendre le pas sur son désir de comprendre.
Le livre comprenant 171 pages est divisé en 22 petits chapitres qui chacun relate une histoire mystérieuse, à la limite du fantastique telle celle du fameux "Prêtre Jean" recherché vainement par Guillaume de Rubrouck à la demande de Louis XI.
L'écriture est belle, le recit fait place à l'imaginaire du lecteur, j'ai beaucoup apprécié ces petites histoires, peut être parcque moi aussi je me trouvais dans un monde clos et protégé lorsque je les ai lues, certaines m'étaient connues, au contraire d'autres comme celle des hommes qui connaissaient la langue des oiseaux ou des premiers missionnaires chrétiens à s'aventurer en Chine....

Cowan a reçu la médaille d’or de l’Association de littérature australienne pour cet ouvrage.

si ca peut aider : Giulio Minghini, est cité pages 7 et 10...Bizarre j'ai l'impression de faire de la délation...

si tu es intéressé par un fil pour cet auteur, je peux retirer ces deux messages et en créer un fil pour lui... sinon, je vais les laisser pour l'instant dans le OneShot

Ok Kenavo, laisses comme cela, je ne connais pas cet auteur...

"Sursaut" de Franck Molène



Pascal est un jeune homme un peu décalé, plutôt asocial, un peu parano, à son grand désespoir d'ailleurs car il ne rêve que d'une chose: S'intégrer à la société et trouver la paix.

Citation :

Il se rendit à l’arrêt de bus, son seul souhait étant d’être chez lui. Fort heureusement, il n’attendit pas longtemps le véhicule. Il y monta rapidement et ne trouva pas de place : trop de monde l’empruntait à cette heure-ci. Il resta donc debout. Tous le  regardaient. Il se sentait devenir autre et sa mutation allait s’achever dans ce bus, devant ces gens, impassibles, conscient de la transformation qui allait s’effectuer et ne s’en souciant guère. Il attendait, pétrifié d’angoisse et résigné. Il était seul, condamné. Qu’allait-il devenir ?

Citation :

Alors, à bout de forces, il téléphona à Léa ; elle ne répondit pas. Puis il appela sa mère  et il lui demanda pardon de disparaître ainsi. Il lui tint des propos incohérents sur Léa, sur Dieu, sur l’existence. Elle ne paniqua pas et le convainquit d’appeler les urgences. Quelques heures plus tard, il entrait en psychiatrie.

Alors il va bosser et lutter. Et avec le soutien de ses amis et grâce à une volonté de fer il va s'en sortir. "sursaut" de Franck Molène, est un roman initiatique qui se situe dans la société contemporaine. Les acteurs sont en proie au chômage, à la solitude, à la difficulté de vivre.

Citation :

Il marcha lentement au milieu des nombreux passants. Un peu étourdi, il observait la multitude qui s’avançait vers lui ou qui le dépassait. Tous des gens biens et respectables, en promenade, des personnes seules, des couples, parfois avec leurs enfants, Ils les enviaient, il aurait voulu être comme eux : Avoir un appartement, une femme, un travail…  Etre comme tout le monde en somme….

Citation :

Pascal alluma un cigare. Et il repensa à ses compagnons d’infortune à l’hôpital. Il comprenait mieux maintenant. Ils n’étaient pas fous, simplement sûrement plus humains que la plupart. Leur esprit avait craqué, cela lui apparaissait maintenant presque comme une marque de noblesse. Il n’avait plus honte de lui. La violence était omniprésente dans la société. Dans les journaux, par ces annonces incessantes de plans sociaux, qui étaient comme un rappel à l’ordre permanent signifiant aux citoyens qu’il valait mieux qu’ils se tiennent tranquilles pour ne pas être mis à l’écart, tout simplement. A la télévision dans cet étalage immonde et quotidien de bonheur factice, d’argent gagné à dire des conneries, à rire bêtement sur tout et n’importe quoi,  dans ces émissions ou l’on étalait la vie des stars ou des anonymes. Et que dire de tous ces films et séries où l’on voyait des psychopathes sanguinaires, plus cinglés les uns que les autre,  élevés au rang de héros et d’exemples à suivre? Cela devait nous taper sur le système se disait-il, bien plus qu’on ne le croyait. La publicité exerçait aussi un véritable lavage de cerveau avec sa présence partout, dans la rue sur les panneaux d’affichage, au travers des écrans, dans les magazines. Avant il pensait qu’il arrivait à s’y soustraire, qu’il suffisait de ne pas y faire trop attention. Il se rendait compte à présent, qu’elle l’atteignait tout le temps, au plus profond de son inconscient, et qu’il était bombardé de messages qui saturaient son esprit et ne lui laissaient jamais de repos. Il était comme tout le monde, pris au piège de cette société, sans espoir d’en sortir, condamné à consommer sous peine d’exclusion, jusqu’à la fin de sa vie. Le travail était dur à obtenir, il fallait accepter les règles du jeu. Petit à petit, une véritable civilisation totalitaire qui ne disait pas son nom, s’était imposée, lentement, sans pause, sur la planète entière depuis des décennies.  Elle s’était insinuée dans tous les esprits. On l’avait accepté, mais comment faire pour ne pas être contaminé lorsque l’on baigne dedans depuis tout petit? Que connait le poisson de l’eau de son bocal ? Le cynisme et la méchanceté de ceux qui la mettait en place étaient si absolu que pour les gens ayant un tant soit peu de valeurs morales, il en devenait inimaginable. Quand la vérité devient trop pénible, on la rejette purement et simplement. La plupart des citoyens la subissait et en souffrait. Ils voulaient vivre en paix, on ne leur offrait que la guerre. Pascal lui-même avait renoncé, depuis des années. Non pas par acceptation, mais par fatigue. Il s’était endormi, n’ayant plus la capacité de lutter. Mais, maintenant, il n’en pouvait plus des compromissions qu’il faisait chaque jour pour ne pas avoir d’ennui. Il n’en pouvait plus de participer à la curée qui laissait tout le temps plus de monde sur le carreau. Il ne savait plus quoi faire pour rester digne tout en conservant son poste. Alors il se taisait. Tous les jours, il croisait des robots en costumes, des cadres rationnels et organisés. Mais cela ne tournait pas rond dans leurs têtes, il le savait maintenant. Seulement voilà, c’est eux qui dirigeaient alors il fallait faire avec.

Mais tous gardent l'espoir d'une vie meilleure.

Citation :

Francis souriait, condescendant, reconnaissant néanmoins des efforts que ce dernier faisait pour l’aider mais n’y prêtant guère attention. Il n’avait pas pourtant renoncé à tout espoir, attendant toujours. Non pas un miracle, il ne croyait plus en Dieu, il l’exécrait même, ne lui pardonnant pas de l’avoir laissé détruire la vie d’un autre, tout en détruisant la sienne en même temps, mais il espérait, tout simplement, de cet espoir vague et tenace, de cet espoir mystérieux qui subsiste, contre toute logique, quand tout va mal et qui entretient la vie chez les désespérés

Un livre plein d'optimisme et de volonté de vivre où tous trouvent finalement la liberté. En version numérique sur google play

L’isefra est à la poésie orientale ce que le sonnet est à la poésie occidentale. Trois strophes semblables de trois vers dont le premier et le troisième comportent syllabes et le second cinq et une structure rimée aab/aab/aab constituent les règles du jeu poétique. Dans l’idéal, le premier tercet propose le thème, le second ajoute une circonstance secondaire et le troisième donne la clé du sens, resté jusque-là en suspens.


Les isefra de Si Mohand ont ceci de particulier qu’ils sont incréés –comme le Coran- et Si Mohand ne sert que de réceptacle destiné à recevoir la parole divine –comme Muhammad. Comme lui, un ange serait apparu devant lui près d’une fontaine et lui aurait proposé : « Parle et je ferai les vers –ou fais les vers et je parlerai » ; ce à quoi Si Mohand répondit : « Fais les vers et je parlerai ». Comme l’écrit Mouloud Mammeri :  « Pour lui, la poésie n’était ni un métier, ni un accident, c’était un destin : il ne l’avait ni cherchée ni choisie, elle s’est imposée à lui comme un fatum […] ».


Cette élection le distingue des autres poètes pour qui l’écriture est au mieux une distraction, au pire un travail. Elle permet à Si Mohand de vivre la poésie comme un art total qui engage son existence : « Mohand s’est mis à remodeler sa vie de tous les jours pour la mettre en accord avec sa vocation. Il s’est mis à boire, fumer, aimer, tenter beaucoup d’expériences insolites que les convenions, les nécessités de la subsistance et d’expresses lois religieuses interdisaient aux autres ».


C’est ainsi que l’inspiration divine va donner naissance à une poésie matérielle qui s’inspire de l’expérience quotidienne et des plaisirs sensuels et qui n’échappe pas à la puissance historique. A travers les Isefra de Si Mohand, nous prendrons conscience des conséquences d’une période de colonisation triomphante. Après la répression de 1871, Si Mohand et le peuple algérien subissent l’installation du nouveau régime avec son lot de révoltes et de violences. Les rôles économiques s’inversent, destituant les anciens propriétaires et les transformant en métayers sur leurs propres champs, donnant au contraire des moyens douteux aux anciens métayers pour acquérir la terre. Le bouleversement des fortunes, dont la famille de Si Mohand sera victime de plein fouet, traduit un bouleversement également politique et social et la perversion des valeurs. La famille sera contrainte à l’exil, à l’éparpillement qui laisse Si Mohand indigné et solitaire. Ce n’est donc pas fortuit si sa poésie ressemble à celle, indignée et exaltée, d’un Saint-Augustin dénonçant la corruption des mœurs ou d’un Joachim Du Bellay déplorant la ruine civilisationnelle de Rome. Les Isefra de Si Mohand composent une vie qui ne prend conscience d’elle-même qu’à partir du moment où le malheur l’atteint, dans l’exil entre déchirement et jouissance de l’extrême liberté.


La traduction ne permettra pas de profiter pleinement de la musicalité de la version originale mais le choix du traducteur se veut fidèle plus qu’esthétique, témoignant de l’humilité de son rôle. Les Isefra surmontent le péril de la traduction en parlant le langage de l’homme livré à lui-même face à Dieu –si toutefois on peut se fier à lui.




Un poème à Dahbia sur le mode de la défoliation. Mouloud Mammeri en parle ainsi :
« Dans la défoliation, on sent le plaisir à fleur d’épiderme ; le poète déshabille l’aimée lettre à lettre et, au dernier caractère qui « clôt son nom », elle se dresse devant lui dans sa parfaite nudité. »


Présentation de Mouloud Mammeri :

Citation :

En plus d’être un grand écrivain et anthropologue de talent mondialement reconnu, Mouloud Mammeri fut un chercheur émérite. En effet, il est l’auteur de divers travaux sur l’anthropologie et l’ethnologie berbères.

Ce grand linguiste s’intéressa aussi aux touaregs dont il étudia l’idiome, variante de la langue Tamazight, il en étudia la grammaire et le lexique utilisés par eux.

Source


*Peinture d'Hilna af Klint

tu sais ce que signifie Baloua ? est-ce le Diable ?

Le Juif a là aussi le rôle du méchant , le voleur de femme dans ton extrait.

Non, je ne sais pas ce que signifie le Baloua mais ça n'a pas l'air très cool.

Le juif est stigmatisé parce qu'à l'époque de Si Mohand, il fait une ascension "scandaleuse" (selon les termes de Mouloud Mammeri) après le décret Crémieux en 1871, et il est le représentant le plus direct d'une injustice commise sur les familles qui avaient autrefois la puissance.

merci Coli pour ta réponse ; oui je comprends bien la situation.

ah ben tiens... je l'avais mis là mon avis sur Le Fil...


Les jours infinis, Claire Fuller (2015)

Un père kidnappe sa fille de 8 ans. Il l'emmène à Die Hutte. Une cabane au fin fond d'une forêt. Il lui fait croire que le monde entier a disparu, qu'il ne reste que leur petit coin, tout le reste a sombré dans le Grand Trépas.

Survivaliste, l'homme n'était pourtant pas préparé à la vie sauvage et en autarcie complète. Pourtant, l'un et l'autre vont s'accrocher à la vie. Se nourrir d'écureuil, d'eau de rivière, et de baies. Apprivoiser leur monde.

Dès le départ, on sait que Peggy/Punzen est revenue, après 8 ans, seule. Mais comment a-t-elle vécue ? Qu'est devenu son père ? Comment s'adapte-t-elle à sa nouvelle vie ? Et aussi, pourquoi son père a-t-il fait ça ?

Un roman palpitant, prenant, plein de rebondissements, et de sursauts. Le lecteur vit au jour le jour l'histoire de ce duo au milieu de nulle part. Par certains côtés, Les jours infinis m'a rappelé Le Mur Invisible de Marlen Haushofer : survivalistes "forcés" qui connaissent des situations dangereuses, affrontent les éléments, vivent un quotidien terrible et angoissant de solitude, de colère, de tristesse, et de survie. Au milieu d'une nature belle et mortelle.

Claire Fuller distille son récit de façon à ce que le lecteur soit toujours en suspens, à chercher des réponses à toutes les questions qui se posent naturellement. Raconté du point de vue de la petite fille, son regard s'affute au fil des années, s'émancipe, et découvre peu à peu toute la vérité. La terrible réalité.

Un roman très prenant. Qui se lit vite. Mais qui a peut-être manqué d'un peu plus de finesse dans la profondeur psychologique des personnages. Surtout le père. Alors qu'ils évoluent tous deux vers une certaine folie, l'auteur balaie tout ça un peu trop rapidement.
Reste tout de même que cette histoire glaçante captive le lecteur.